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Joséphine BAKER : J'AI DEUX AMOURS
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3 CD -75 TITRES / TOUS LES SUCCÈS D'UNE CHANTEUSE HORS DU COMMUN / DE BROADWAY À PARIS / COLLECTION ROUGE & NOIR
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Joséphine BAKERFrida J. McDonald (03/06/1906 - 12/04/1975) CD1 L'AMÉRICAINE DES ANNÉES FOLLES 1926-1931+ 01 Who?02 I Wonder Where My Baby Is Tonight? 03 Sleepy Times Gal04 Dinah 05 I Want To Yodel06 You're The Only One For Me 07 I Love My Baby08 Always 09 I Found A New Baby10 Where'd You Get Those Eyes?11 Bye Bye Blackbird 12 After I Say I'm Sorry13 Then I'll Be Happy 14 Lonesome Lovesick Blues15 Blue Skies16 Hello Bluebird 17 I'm Leaving For Alabamy18 Suppose!19 Pretty Little Baby20 King For A Day21 You're Driving Me Crazy22 My Fate Is In Your Hands23 Confessin'24 The Loveliness Of You25 If You Were The Only Girl In The World/It's a Long Way to Tipperary CD2L'ÉTOILE NOIRE DU MUSIC-HALL 1930-1940 01 Dis-moi Joséphine02 Voulez-vous de la canne à sucre ?03 J'ai deux amours04 La Petite Tonkinoise 05 Pardon si je t'importune06 Aux Îles Hawaï 07 Madiana 08 Si j'étais blanche 09 Sans amour10 Les Mots d'amour 11 Le Ram-Pam-Pam12 C'est lui13 Haïti 14 Sous le ciel d'Afrique15 Espabilate 16 Partir sur un bateau tout blanc17 Nuit d'Alger18 Mayari 19 La Conga Blicoti20 C'est un nid charmant21 Comme une banque22 J'ai un message pour toi23 De temps en temps 24 O Mon Tommy !25 Mon cœur est un oiseau des îles CD3LA VOIX DU MONDE, DE PARIS À PARIS 1944-1961 01 Paris chéri02 C'est vous 03 Besame Mucho04 Brazil 05 Tambo tambo06 Nature Boy07 Minuit08 Bahiana09 Paris Paris10 Romance aux étoiles11 Pecadora 12 Sérénade céleste13 Piel Canela14 Dans mon village15 Quand on s'aime16 Paris mes amours17 Tomatoes18 Terre sèche 19 Clopin-Clopant20 J'attendrai21 Mon manège à moi22 Je pars23 Ni toi ni moi24 Souvenir d'Italie25 En avril à Paris/April in Paris Conception et réalisation : Jean Buzelin
Un destin hors du commun Née dans une famille pauvre de St.Louis (Missouri), Joséphine Baker va devenir d'un coup la première diva noire internationale. Obligée, très jeune, à faire des ménages pour aider sa famille, souvent maltraitée, elle va vite la quitter par amour de la danse et du spectacle. Figurante dans une troupe de théâtre, elle atteri à Broadway en 1921. Simple chorus girl dans “Chocolate Dandies” en 1924, elle danse et fait le clown au Plantation Club dans “Shuffle Along”, la revue de la grande chanteuse Ethel Waters en 1925. Engagée dans une troupe de 25 membres, elle quitte New York pour la France le 16 septembre.Le 2 octobre, jour de la générale de la “Revue Nègre” au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, tout bascule. Arrivée anonyme au sein de la troupe, et aidée par le coup de crayon de Paul Colin qui la croque sur son affiche, Joséphine va immédiatement imposer son personnage félin et gracieux, son espièglerie et ses dons comiques, et faire admirer sa plastique et ses facéties devant un public médusé, parfois indigné, souvent ébloui. Scandale et triomphe !En quelques mois, Joséphine Baker devient la coqueluche du tout-Paris et une immense vedette. En 1926, les Folies-Bergères l'engagent dans la revue “Folies d'un jour”. C'est là qu'elle dévoile sa fameuse ceinture de bananes, laquelle ne doit pas masquer, outre son talent inné, l'apport que Joséphine amène au music-hall : dansant le charleston, elle devient l'ambassadrice de la nouvelle musique noire, le jazz hot. Suit “Un Vent de Folies” (CD1/3) en 1927, puis “En Super-Folies” en 1936 (CD2/16-17). Danseuse et fantaisiste, la “Perle noire” devient chanteuse et est rapidement invitée à enregistrer des disques, révélant une voix aussi souple et aérienne que ses chorégraphies scéniques. En septembre 1926, elle grave une première série de chansons américaines tirées du répertoire des standards.À son tour, le Casino de Paris la réclame : “Paris qui remue” en 1930 où elle crée sur scène ses premières chansons françaises (CD2/1-4), “La Joie de Paris” en 1932 (CD2/8-11).Le cinéma la sollicite dès 1927 ; elle tournera dans quelques films, dont “Zouzou”, avec Jean Gabin, en 1934 (CD2/12-13), et “Princesse Tam-Tam” en 1935 (CD2/14)..Mais au-delà des apparences et de ses robes somptueuses de meneuse de revues, Joséphine Baker, qui a pris la nationalité française en 1937, fait montre d'un caractère affirmé et affiche une intelligence et une conscience qui l'amènent à s'engager dès le début de la guerre, puis résister et travailler pour la France Libre en Afrique du Nord – elle sera gradée et décorée – avant de prendre son bâton de pèlerine de retour dans son pays où, intransigeante sur le sujet des discriminations raciales que son statut d'artiste connue ne lui épargne pas, elle n'hésite pas à réclamer des salles mixtes bien avant les luttes pour les droits civiques Mariée au chef d'orchestre Jo Bouillon en 1947, elle effectue, cette même année, une tournée aux Amériques. Lors d'un second voyage aux États-Unis en 1951, où elle sera applaudie à Harlem, elle provoque l'incident dans un club qui applique la ségrégation. En 1955, à l'aéroport de New-York, on lui fait des difficultés en l'accusant de faire de la propagande anti-américaine. Ces retours au pays ne sont pas faciles, malgré l'accueil que lui fait le public en 1960 et 61. En 1963, elle vient soutenir Martin Luther King lors de la grande marche de Washington, participant ensuite à un benefit concert au Carnegie Hall..Un one-woman-show à succès à Broadway l'année suivante lui apportera enfin la considération. Et elle fêtera ses 50 ans de carrière lors d'une dernière tournée en 1973.Mais son cœur reste à Paris. Joséphine retrouve les Folies-Bergères en 1948 dans “Féeries et Folies” (CD3/7-8). Elle triomphe dans “Paris mes amours” à l'Olympia en 1959/60 (CD3/16-18). Son répertoire, moins personnel qu'avant-guerre, tient compte de ses voyages ; elle chante en castellano, en anglais, en italien... et en français, sa chanson Dans mon village racontant la merveilleuse aventure du château des Milandes acquis en 47 et l'adoption, avec Jo, de douze enfants venus de tous les coins du monde. Image sans doute utopique de la fraternité universelle qui se terminera en faillite en 1968.Elle remonte sur scène pour une dernière revue à Bobino. La première a lieu le 24 mars 1975. Mais, tandis que l'affiche du spectacle orne toutes les colonnes Morris de Paris, Joséphine Baker, à bout de fatigue, s'éteint quelques jours plus tard.Entrée dans la légende de son vivant, elle reste inoubliable.
Un destin hors du commun Née dans une famille pauvre de St.Louis (Missouri), Joséphine Baker va devenir d'un coup la première diva noire internationale. Obligée, très jeune, à faire des ménages pour aider sa famille, souvent maltraitée, elle va vite la quitter par amour de la danse et du spectacle. Figurante dans une troupe de théâtre, elle atteri à Broadway en 1921. Simple chorus girl dans “Chocolate Dandies” en 1924, elle danse et fait le clown au Plantation Club dans “Shuffle Along”, la revue de la grande chanteuse Ethel Waters en 1925. Engagée dans une troupe de 25 membres, elle quitte New York pour la France le 16 septembre.Le 2 octobre, jour de la générale de la “Revue Nègre” au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, tout bascule. Arrivée anonyme au sein de la troupe, et aidée par le coup de crayon de Paul Colin qui la croque sur son affiche, Joséphine va immédiatement imposer son personnage félin et gracieux, son espièglerie et ses dons comiques, et faire admirer sa plastique et ses facéties devant un public médusé, parfois indigné, souvent ébloui. Scandale et triomphe !En quelques mois, Joséphine Baker devient la coqueluche du tout-Paris et une immense vedette. En 1926, les Folies-Bergères l'engagent dans la revue “Folies d'un jour”. C'est là qu'elle dévoile sa fameuse ceinture de bananes, laquelle ne doit pas masquer, outre son talent inné, l'apport que Joséphine amène au music-hall : dansant le charleston, elle devient l'ambassadrice de la nouvelle musique noire, le jazz hot. Suit “Un Vent de Folies” (CD1/3) en 1927, puis “En Super-Folies” en 1936 (CD2/16-17). Danseuse et fantaisiste, la “Perle noire” devient chanteuse et est rapidement invitée à enregistrer des disques, révélant une voix aussi souple et aérienne que ses chorégraphies scéniques. En septembre 1926, elle grave une première série de chansons américaines tirées du répertoire des standards.À son tour, le Casino de Paris la réclame : “Paris qui remue” en 1930 où elle crée sur scène ses premières chansons françaises (CD2/1-4), “La Joie de Paris” en 1932 (CD2/8-11).Le cinéma la sollicite dès 1927 ; elle tournera dans quelques films, dont “Zouzou”, avec Jean Gabin, en 1934 (CD2/12-13), et “Princesse Tam-Tam” en 1935 (CD2/14)..Mais au-delà des apparences et de ses robes somptueuses de meneuse de revues, Joséphine Baker, qui a pris la nationalité française en 1937, fait montre d'un caractère affirmé et affiche une intelligence et une conscience qui l'amènent à s'engager dès le début de la guerre, puis résister et travailler pour la France Libre en Afrique du Nord – elle sera gradée et décorée – avant de prendre son bâton de pèlerine de retour dans son pays où, intransigeante sur le sujet des discriminations raciales que son statut d'artiste connue ne lui épargne pas, elle n'hésite pas à réclamer des salles mixtes bien avant les luttes pour les droits civiques Mariée au chef d'orchestre Jo Bouillon en 1947, elle effectue, cette même année, une tournée aux Amériques. Lors d'un second voyage aux États-Unis en 1951, où elle sera applaudie à Harlem, elle provoque l'incident dans un club qui applique la ségrégation. En 1955, à l'aéroport de New-York, on lui fait des difficultés en l'accusant de faire de la propagande anti-américaine. Ces retours au pays ne sont pas faciles, malgré l'accueil que lui fait le public en 1960 et 61. En 1963, elle vient soutenir Martin Luther King lors de la grande marche de Washington, participant ensuite à un benefit concert au Carnegie Hall..Un one-woman-show à succès à Broadway l'année suivante lui apportera enfin la considération. Et elle fêtera ses 50 ans de carrière lors d'une dernière tournée en 1973.Mais son cœur reste à Paris. Joséphine retrouve les Folies-Bergères en 1948 dans “Féeries et Folies” (CD3/7-8). Elle triomphe dans “Paris mes amours” à l'Olympia en 1959/60 (CD3/16-18). Son répertoire, moins personnel qu'avant-guerre, tient compte de ses voyages ; elle chante en castellano, en anglais, en italien... et en français, sa chanson Dans mon village racontant la merveilleuse aventure du château des Milandes acquis en 47 et l'adoption, avec Jo, de douze enfants venus de tous les coins du monde. Image sans doute utopique de la fraternité universelle qui se terminera en faillite en 1968.Elle remonte sur scène pour une dernière revue à Bobino. La première a lieu le 24 mars 1975. Mais, tandis que l'affiche du spectacle orne toutes les colonnes Morris de Paris, Joséphine Baker, à bout de fatigue, s'éteint quelques jours plus tard.Entrée dans la légende de son vivant, elle reste inoubliable.
oséphine Baker est née en 1906 dans le Missouri. Elle est la petite fille d'esclaves originaires du Sénégal transités par la Martinique, avant d'être vendus dans le sud. Elle supporte très tôt le mal qu'elle ne cessera de dénoncer: Le racisme. Dès son enfance, elle découvre déjà sa vocation pour le spectacle. Avec son frère et ses deux sœurs, elle offre aux gosses des environs, des représentations sur un tréteau, fait de caisses et encadré d'oripeaux. A seize ans, Joséphine quitte sa famille et Saint-Louis. Elle se fait engager comme petite girl et habilleuse dans une tournée de troisième ordre; allant ainsi de ville en ville, d'hôtel en hôtel minable. Deux ans plus tard, Joséphine Baker fait partie de la troupe du “Musical - Shuffle Along” qui se rôde à travers les grandes villes d'Amérique. C'est alors qu'on lui propose un engagement au “Plantation”, cabaret réputé de Broadway. En Octobre 1925, Joséphine Baker débarque au Havre, puis se révèle aux parisiens au théâtre des Champs-Elysées, avec la troupe de la mémorable “Revue Nègre”, dont Paul Colin en dessine la célèbre affiche. Tout Paris court voir Joséphine se trémousser en roulant des yeux, pendant que joue divinement un musicien inconnu du nom Sidney Bechet. Enlevée à prix d'or à la “Revue Nègre”, Joséphine remporte un triomphe aux Folies-Bergère en 1926. Son beau corps ceint du légendaire pagne de bananes, elle lance son fameux charleston. Puis c'est le Casino de Paris, où Henri Varna en fait une éblouissante meneuse de revue. En 1934, elle joue une opérette d'Offenbach: “La Créole” au théâtre Marigny. Elle tourne également quelques films. Le monde entier la réclame et s'ensorcelle de son charme irrésistible. Mais à l'un de ses retours, Joséphine trouve l'Europe en guerre. Elle gagne alors Alger et sert dans les Forces Françaises Libres, ce qui lui vaut la Légion d'Honneur et la Croix de la Résistance. Au lendemain de la Libération, Joséphine adopte quartorze enfants, malheureuses victimes du rascisme. Pour les loger, elle acquiert le domaine des Milandes, en Périgord. Malgré tous ses efforts, cette entreprise merveilleuse tourne à l'échec. Le Domaine des Milandes est vendu. La dernière apparition de Joséphine Baker sur une scène parisienne a lieu à Bobino le 24 Mars 1975, dans un spectacle de André Levasseur. Elle est âgée de soixante-neuf ans. L' assistance, debout, l'ovationne. Ce dernier triomphe est brutalement interrompu à la quinzième représentation du spectacle. Joséphine est subitement victime d'une “atteinte neurologique grave”. Le Vendredi 12 Avril 1975, Joséphine Baker cessera de vivre
Biographie
Années de jeunesse
Freda Josephine McDonald enfant.
Freda Josephine McDonald, alias Joséphine Baker est née dans le Missouri, d'origine espagnole, afro-américaine et amérindienne. Elle descendrait probablement d'Eddie Carson, musicien de rue itinérant aux origines espagnoles. Artistes, ses parents ont monté ensemble un numéro de chant et de danse mais Eddie Carson abandonne sa famille en 19074. Carrie McDonald, sa compagne, se remarie avec un ouvrier, Arthur Martin, dont Joséphine prend le nom.
La jeune femme passe une partie de son enfance à alterner l'école et les travaux domestiques pour des gens aisés chez qui sa mère l'envoie travailler.
À cette époque, Joséphine Baker n'a d'autre choix que de contribuer, par son salaire, à faire vivre la fratrie dont elle est l'aînée ; la famille est très pauvre et s'est agrandie : Carrie et Arthur ont eu trois enfants - Richard, Margaret et Willie Mae, qu'il faut nourrir. Joséphine quitte l'école en février 1920 pour se marier, comme le mentionnent les registres de l'établissement public qu'elle fréquente à St-Louis, avec Willie Wells. Lui et Joséphine, alors âgée de 13 ans, vivent dans la maison des Martin8.
Débuts au music-hall
Artiste de rue
Après la fin de son premier mariage, en 1920, Joséphine Baker, qui danse depuis qu'elle est toute petite, rejoint un trio d'artistes de rue appelé le Jones Family Band, qui est ensuite intégré dans la troupe itinérante des Dixie Steppers. C'est au moment où leur tournée s'arrête à Philadelphie que Joséphine fait la rencontre de Willie Baker, qu'elle épouse en 1921 et avec qui elle s'installe. Pour gagner sa vie, elle danse au Standard Theater, où elle gagne 10 dollars par semaine.
Danseuse à Broadway
Mais Joséphine Baker voit grand, et l'envie de danser à Broadway la pousse, âgée d'à peine 16 ans, à quitter son second mari pour aller tenter sa chance à New York. Une fois sur place, elle met peu de temps à se présenter au music-hall de Broadway, sur la 63e rue, le Daly's 63rd Street Theatre (en). Là, elle essuie plusieurs refus de la part du directeur avant d'enfin se voir offrir un rôle sommaire. Elle joint donc la troupe de la comédie musicale Shuffle Along, un spectacle populaire à la distribution entièrement noire. Au bout de deux ans de tournée, elle change d’allégeance et s'associe aux Chocolate Dandies, qu'elle quitte à leur tour pour entrer au Plantation Club, où elle fait la rencontre de Caroline Dudley Reagan. Cette mondaine, épouse de l'attaché commercial de l'ambassade américaine à Paris, Donald J. Reagan, voit en Joséphine Baker un grand potentiel. Elle lui offre donc un salaire de 250 dollars par semaine si celle-ci accepte de la suivre en France, où Reagan veut monter un spectacle dont Joséphine Baker sera la vedette et qui fera d'elle une star : la Revue nègre.
Carrière française
Joséphine Baker par Henri Manuel.
Joséphine Baker et sa troupe embarquent pour la capitale française le 25 septembre 1925 sur le Berengaria13, paquebot transatlantique effectuant la traversée New-York-Cherbourg. Peu de temps après son arrivée, les répétitions commencent. Le 2 octobre 192514, elle passe en première partie dans la Revue nègre au Théâtre des Champs-Élysées et fait rapidement salle comble. Quasiment nue, vêtue d'un simple pagne et de fausses bananes, elle danse le charleston, dans un décors de savane et au rythme des tambours. Elle y interprète un tableau baptisé La Danse sauvage. « Il s’agit bien ici de se moquer des blancs et de leur manière de gérer les colonies car la France, bien que moins raciste que les Etats-Unis, a tout de même des progrès à faire concernant les gens de couleurs et leur insertion dans la société ! » Pour elle, ce voyage sera vécu comme une libération. Elle dira à ce sujet : « Un jour j'ai réalisé que j'habitais dans un pays où j'avais peur d'être noire. C'était un pays réservé aux Blancs. Il n'y avait pas de place pour les Noirs. J'étouffais aux États-Unis. Beaucoup d'entre nous sommes partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça… Je me suis sentie libérée à Paris »
Joséphine, après plus d’une centaine de représentations en France et à l’étranger casse son contrat et accepte de signer, en 1927, pour la première fois avec le théâtre des Folies Bergère pour une revue où elle joue un des premiers rôles. Dans « La Folie du Jour », elle porte plumes roses et ceinture de bananes, visible aujourd'hui au Château des Milandes [archive]. Elle est accompagnée d'un guépard dont l'humeur fantasque terrorise l'orchestre et fait frémir le public. Cette même année, la jeune star se lance dans la chanson et, suivant les conseils de son nouvel impresario et amant, Giuseppe Abatino (dit « Pepito »), elle participe au film La Sirène des tropiques. Giuseppe ouvre le club « Chez Joséphine » et organise la tournée mondiale de la chanteuse en 1928.
Giuseppe Abatino était un tailleur de pierre originaire de Sicile. Il fut souvent qualifié de « gigolo ». Sa liaison avec Joséphine Baker durera dix ans, de 1926 à 193617. En plus d'être son impresario, il jouera le rôle de manager et sera son mentor pendant toute la période de son ascension.
Dans le même temps, elle devient l'égérie des cubistes qui vénèrent son style et ses formes, et suscite l'enthousiasme des Parisiens pour le jazz et les musiques noires. À cette époque, elle rencontre Georges Simenon, qu'elle engage comme secrétaire.
Actrice du mouvement de la Renaissance de Harlem
Article détaillé : Renaissance de Harlem.
La carrière de Joséphine Baker était intimement liée au mouvement dit de Renaissance nègre dont elle fut une militante acharnée. Mouvement d'abord littéraire qui a prit sa source à Harlem, le mouvement de renouveau de la culture afro-américaine, dans l’Entre-deux-guerres prônait l'émancipation des Noirs américains confrontés à la ségrégation raciale depuis l'abolition de l'esclavage en 1865. Il regroupait des intellectuels et écrivains comme Alain Locke ou Marcus Garvey, des mécènes tels qu'Arthur Schomburg surnommé le père de l'histoire noire américaine, des photographes et sculpteurs ainsi que des musiciens comme Louis Armstrong, Duke Ellington ou Fats Waller.
Les lieux emblématiques du mouvement de Renaissance de Harlem comptait le célèbre Cotton Club ou le mythique Apollo Theater.
Danseuse vedette de la Revue nègre
Article détaillé : Revue nègre.
« La Revue nègre, 1925 » [archive], sur museefrancoamericain.fr - Musée Franco-Américain de Blérancourt (consulté le 13 mars 2021)
Alexandre Sumpf, « Joséphine Baker et la Revue nègre » [archive], sur histoire-image.org - L'histoire par l'image, octobre 2006 (consulté le 13 mars 2021)
Au XIXe siècle, la colonisation a véhiculé en France une image négative de l’homme noir. C’est avec la Première Guerre mondiale que le regard porté sur les Noirs va se modifier. 193.000 Noirs - dont 180 000 tirailleurs sénégalais - sont recrutés par l’armée française. À l’image du sauvage bestial et monstrueux, soupçonné de cannibalisme, se substitue celle du «bon nègre», courageux, sociable et naïf, que la publicité vulgarise à travers les célèbres affiches Banania.
Dans le Paris des années folles, l’esthétique nègre est désormais à la mode. En 1925 est organisée la première exposition d’art nègre, un art qui va influencer considérablement les Fauves et les Cubistes. C’est le peintre cubiste Fernand Léger qui conseille à André Daven, administrateur du Théâtre des Champs-Élysées, de monter un spectacle entièrement exécuté par des Noirs : la fameuse Revue nègre. L’Américaine Caroline Dudley constitue la troupe à New York : vingt-cinq artistes dont douze musiciens - parmi lesquels Sidney Bechet -, et une danseuse vedette, Joséphine Baker (1906-1975).
L’affichiste Paul Colin est chargé de la réalisation de l’affiche de la revue visible au Musée National de l'Histoire de l'Immigration [archive]. Joséphine Baker y apparaît dans une robe blanche ajustée, les poings sur les hanches, les cheveux courts et gominés, entre deux hommes noirs, l’un portant un chapeau incliné sur l’œil et un nœud papillon à carreaux, l’autre arbore un large sourire. Cette œuvre est l’une des plus grandes réussites de l’Art déco dans la mesure où les déformations cubistes rendent admirablement le rythme du jazz, nouveau en France à cette époque.
À l’instar de Joséphine Baker et Sidney Bechet, d’autres artistes afro-américains ont séjourné en Europe : des peintres - Loïs Malou Jones, Henry Ossawa Tanner -, des sculpteurs - Augusta Savage, Nancy Elisabeth -, des poètes comme Langston Hughes ou des romanciers comme Claude Mac Kay. Ils trouvent à Paris le lieu où prolonger la Renaissance nègre de Harlem et y apprécient une société libérale et, par-dessus tout, l’absence de ségrégation.
Joséphine Baker dansant le charleston aux Folies Bergère à Paris lors de la Revue nègre en 1926
Magie noire
À cette époque elle aurait inspiré à Paul Morand une des huit nouvelles de Magie Noire (1928), celle qui met en scène la danseuse afro-américaine Congo, initiée aux pratiques vaudoues dans le Harlem des années 1920 ; dans cet ouvrage marqué par le fantastique et l'érotisme, l'écrivain rend hommage au génie de la culture noire, au moment où « l'art nègre » fait fureur dans certains milieux artistiques et mondains.
De la chanson J'ai deux amours à la seconde guerre mondiale
Henri Varna, directeur du Casino de Paris par l'intermédiaire de son imprésario Émile Audiffred, l'engage pour mener la revue de la saison 1930-1931 et lui achète un guépard, nommé Chiquita. En 1931, elle remporte un succès inoubliable avec la chanson J'ai deux amours composée par Vincent Scotto.
Quelques rôles lui sont proposés au cinéma par des cinéastes, tel Marc Allégret. Elle tourne ensuite dans deux films qui lui sont consacrés et dont Abatino écrit le scénario : Zouzou avec Jean Gabin, Yvette Lebon, puis Illa Meery qui fut un temps la maîtresse du chef de la Gestapo française Henri Lafont, et la fameuse chanson Fifine (composée par Vincent Scotto, Henri Varna et Émile Audiffred) puis Princesse Tam Tam qui ne rencontrent pas le succès espéré. Sur les planches du music-hall, en revanche, elle rassemble un plus large public en chantant et en dansant même le tango Voluptuosa de José Padilla.
Sa tournée de 1936 aux États-Unis ne rencontre pas non plus la réussite escomptée. L'Amérique est sceptique et certains lui reprochent de parler parfois en français, ou en anglais avec un accent français. Pepito et Joséphine Baker se séparent après l'échec de ces Ziegfeld Follies.
Elle rentre en France et acquiert la nationalité française en épousant, le 30 novembre 1937 à Crèvecœur-le-Grand, le jeune courtier en sucre Jean Lion18 (la société Jean Lion et Compagnie existe encore), Giuseppe Abatino étant mort d'un cancer à l'automne 1936. Jean Lion est juif, et aura à souffrir des persécutions antisémites. Le nouveau couple s'installe au château des Milandes.
Au service de la France libre
Joséphine Baker en 1939.
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, Joséphine Baker devient un agent du contre-espionnage, traité par Jacques Abtey (chef du contre-espionnage militaire à Paris). À cet effet, elle fréquente la haute société parisienne, puis se mobilise pour la Croix-Rouge19,20. Après la bataille de France, elle s'engage le 24 novembre 1940 dans les services secrets de la France libre, toujours via le commandant Abtey, qui reste son officier traitant jusqu'à la Libération21, en France puis en Afrique du Nord où elle est sous la protection de Si Ahmed Belbachir Haskouri, chef du cabinet khalifien du Maroc espagnol.
Installée au Maroc entre 1941 et 1944, elle soutient les troupes alliées et américaines et se lance dans une longue tournée en jeep, de Marrakech au Caire, puis au Moyen-Orient, de Beyrouth à Damas, y glanant toutes les informations qu'elle peut auprès des officiels qu'elle rencontre.
Joséphine Baker en 1948.
Elle s'acquitte durant la guerre de missions importantes, et reste connue pour avoir utilisé ses partitions musicales pour dissimuler des messages. Lors de sa première mission à destination de Lisbonne, elle cache dans son soutien-gorge un microfilm contenant une liste d'espions nazis, qu'elle remet à des agents britanniques. Engagée ensuite dans les forces féminines de l'armée de l'air, elle débarque à Marseille en octobre 194421.
À la Libération, elle poursuit ses activités pour la Croix-Rouge, et chante pour les soldats et résistants près du front, suivant avec ses musiciens la progression de la 1re armée française. Ses activités durant la guerre lui vaudront, après les hostilités, la médaille de la Résistance française avec rosette (par décret du 5 octobre 1946), et quelques années plus tard les insignes de chevalier de la Légion d'honneur et la Croix de guerre 1939-1945 avec palme qu'elle reçoit des mains du général Martial Valin. L'ensemble de son action en tant que résistante au service de la France libre est détaillé dans l'ouvrage de Charles Onana, Joséphine Baker contre Hitler.
Ambassadrice de la haute couture française
Joséphine Baker est l'une des premières ambassadrices de la haute couture française, « spécialement après la Seconde Guerre mondiale. La France était très pauvre, il n'y avait donc pas beaucoup d'argent pour promouvoir la haute couture française. Cependant, Joséphine Baker était une très bonne amie de Christian Dior et de Pierre Balmain et ils adoraient l'habiller. Alors, lorsqu'elle était revenue des États-Unis en 1949-1950, Joséphine avait bien porté - dans un spectacle, sur scène - ces robes fabuleuses ».
Rêve d'une fraternité universelle
Joséphine Baker en 1961 au Château des Milandes.
Après une grossesse à l'issue de laquelle Joséphine Baker accouche d'un enfant mort-né, elle contracte une grave infection post-partum et doit subir une hystérectomie à Casablanca en 194128.
Avec Jo Bouillon, qu'elle épouse en 1947, elle achète le château des Milandes en Dordogne qu'elle loue depuis 1937 et où elle vivra jusqu'en 196929. Elle y accueille douze enfants de toutes origines30 qu'elle a adoptés et qu'elle appelle sa « tribu arc-en-ciel ».
Séparée de Jo Bouillon en 1957 (le couple divorce en 1961), elle engloutit toute sa fortune dans le domaine des Milandes, où elle emploie un personnel nombreux, et doit multiplier les concerts pour poursuivre son œuvre.
Cause des Afro-Américains
Elle retourne aux États-Unis en 1947 et 1951 pour tenter de renouer avec le succès. Elle y est victime de la ségrégation raciale, notamment lors de l'incident du Stork Club (en) le 16 octobre 1951 : alors qu'elle accuse le journaliste présent, Walter Winchell, de ne pas l'avoir défendue, ce dernier agacé décide de briser sa réputation, la traitant de communiste, d'ennemie du peuple noir.
En 1955, elle amplifie en Europe la vague d'indignation soulevée par le meurtre (dans le comté de Tallahatchie, Mississippi, États-Unis) du jeune afro-américain Emmett Till, suivi de l'acquittement des deux assassins, puis de leurs aveux cyniques après le jugement, une fois assurés de l'impunité34. Joséphine Baker est initiée, le 6 mars 1960, au sein de la loge maçonnique « La Nouvelle Jérusalem » de la Grande Loge féminine de France[réf. nécessaire]. En 1964, Joséphine retourne aux États-Unis pour soutenir le mouvement des droits civiques du pasteur Martin Luther King. Elle participe en 1963 à la Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté organisée par Martin Luther King, lors de laquelle elle prononce un discours, vêtue de son ancien uniforme de l'armée de guerre et de ses médailles de résistante24. À cette époque, elle est engagée depuis un moment dans l'action de la LICA qui deviendra la LICRA en 197924.
Cuba
En 1931, le poète Alejo Carpentier publie un article où il rend compte de l'influence de la rumba cubaine sur les chansons de Joséphine Baker. Lors de ses tournées en Amérique latine, la chanteuse se produit à Cuba en 1950, en janvier 1951 puis en janvier 1952 mais lors de cette dernière date, elle est confrontée au racisme quand on lui refuse une chambre à l'hôtel Nacional. Deux mois plus tard, Fulgencio Batista revient au pouvoir par un coup d'État. Joséphine Baker s'était alors engagée à créer une organisation en Amérique latine contre le racisme : proche du couple présidentiel argentin, Juan et Eva Perón, elle ouvre une antenne à Buenos Aires et cherche à essaimer dans le sous-continent, notamment à Cuba. Elle est reçue par Batista, mais celui-ci, mis en garde par le Federal Bureau of Investigation (FBI) et la mafia, la traite avec mépris. Le fait que des militants anti-Batista assistent à ses shows n'aide pas sa situation. Le 13 février 1953, alors qu'elle est de nouveau en tournée à La Havane, se tient une manifestation étudiante sur le Malecón, violemment réprimée par le régime, et un jeune homme est tué. Sa dépouille est déposée dans le grand amphithéâtre de l'université et Joséphine s'y rend, afin d'assister à la veillée funèbre. Le lendemain, le corps est emmené au cimetière lors d'un défilé de plusieurs dizaines de milliers de manifestants, conduit par Fidel Castro. Joséphine Baker aurait ensuite décidé d'offrir les bénéfices d'un concert au parti castriste. Le 18 février, elle est arrêtée par les services de renseignement militaires de Batista, interrogée et finalement relâchée grâce à des diplomates français. Questionnée sur son prétendu communisme, elle nie, même si le FBI indique qu'elle s'était produite pour la SFIO pendant le Front populaire et qu'elle avait effectué une tournée en URSS en 1936. Si elle finit sa tournée le même mois au Teatro Campoamor, elle promet de ne plus revenir à Cuba tant que le régime de Batista ne sera pas tombé.
De décembre 1965 à janvier 1966, elle est invitée à Cuba par Castro, qui a pris le pouvoir quelques années plus tôt. D'autres personnalités sont présentes, comme les écrivains Alberto Moravia et Mario Vargas Llosa et le couple Régis Debray et Elizabeth Burgos. Il se tient alors à La Havane un évènement d'importance, un rassemblement de dirigeants du Tiers monde (d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine), la Conférence tricontinentale, qui vise à émanciper ces pays des sphères d'influence soviétique et chinoise. Le FBI de Hoover, qui dispose d'un dossier sur Joséphine Baker à cause de son soutien aux Afro-Américains35, pourrait avoir pensé qu'elle y était l'envoyée du général de Gaulle, dans un contexte où la France envisage de faire sortir son pays de l'OTAN. De même, le contre-espionnage cubain cultive des doutes. En réalité, sa présence est, elle l'affirme, la poursuite de ses engagements antiracistes. Elle déclare ainsi dans une interview au quotidien Granma : « La Tricontinentale, c'est formidable avec ces gens de tous les pays, toutes les langues, toutes les couleurs. C'est une chance inouïe d'avoir un public pareil. Toute la race humaine réunie en une seule famille ». Avant le début de la conférence, elle rencontre Fidel Castro, et le met en garde sur le fait qu'on va essayer de l'assassiner. On ne sait pas de qui elle tient cette information mais il est à noter qu'au même moment, des réseaux anti-Castro et des tentatives d'attentats sont neutralisés. Elle se fait remarquer pour son enthousiasme politique, chantant au siège de la délégation du Nord-Vietnam, se faisant acclamer place de la Révolution et jouant au Teatro Garcia Lorca devant Castro. L'une de ses prestations est même diffusée en direct à la télévision cubaine et elle enregistre un disque. Avant son départ, Castro l'invite à se rendre à la baie des Cochons, où un débarquement soutenu par les États-Unis avait échoué en 1961. Devant les journalistes, elle déclare : « Je suis heureuse d'avoir été le témoin du premier grand échec de l'impérialisme américain ! ».
Elle quitte l'île à la fin du mois, mais promet de revenir en juillet, invitée par Castro à y passer ses vacances avec ses enfants. Victime de problèmes de santé à l'intestin, elle est hospitalisée à son retour à l'hôpital américain de Paris. De Gaulle lui envoie une immense gerbe de fleurs. L'été, elle retourne donc à Cuba et retrouve le Lider Maximo. On lui remet un brevet de lieutenant des forces armées révolutionnaires cubaines. En 1967, après la mort de Che Guevara, elle écrit une lettre de condoléance à Castro.
Années difficiles
Salvatore Adamo, Lou van Rees (nl) et — en costume de scène — Joséphine Baker au Grand Gala du disque (nl), le 4 octobre 1964, au Concertgebouw à Amsterdam.
Le 10 septembre 1969 à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol
Fonds des Archives nationales (Pays-Bas).
En juin 1964, Joséphine Baker, criblée de dettes et harcelée par le fisc, lance un appel pour sauver sa propriété de Dordogne, où vivent ses enfants ; la mise en vente aux enchères du château est annoncée.
Émue et bouleversée par sa détresse, Brigitte Bardot participe immédiatement dans les médias au sauvetage, et envoie un chèque important à cette collègue qu'elle ne connaissait pourtant pas directement. Cependant le château est finalement vendu pour un dixième de sa valeur en 1968. Faisant jouer la loi française, après avoir dû vivre dans la seule cuisine du château, et même passer une nuit dehors devant la porte, elle obtient néanmoins un sursis qui lui permet de rester dans les lieux, jusqu'au 15 mars 1969.
Jean-Claude Brialy la prend sous son aile et l'accueille dans son cabaret La Goulue pour se produire régulièrement à Paris. Suite à son expulsion violente des Milandes, elle est hospitalisée un temps mais trouve rapidement les forces nécessaires pour assurer le spectacle. Le lundi, son jour de relâche, Joséphine parcourt l'Europe en solitaire pour aller honorer des engagements à Bruxelles, Copenhague, Amsterdam ou Berlin.
Alors que Joséphine Baker est pratiquement ruinée, la princesse Grace de Monaco, amie de la chanteuse d'origine américaine et artiste comme elle, lui offre alors un logement à Roquebrune pour le reste de sa vie et l'invite à Monaco pour des spectacles de charité.
Aidée aussi par la Croix Rouge, Joséphine Baker remonte sur la scène parisienne de l'Olympia, en 1968, puis à Belgrade en 1973, au Carnegie Hall en 1973, au Royal Variety Performance, au Palladium de Londres en 1974. À Paris, elle est au Gala du cirque en 1974.
En 1968, au cours des évènements de mai qui font tanguer le régime gaulliste, elle participe en tête de cortège à la grande manifestation de soutien au président sur l'avenue des Champs-Élysées.
Le 24 mars 1975, pour célébrer ses cinquante ans de carrière, elle inaugure la rétrospective Joséphine à Bobino, dont le prince Rainier III et la princesse Grace figurent parmi les mécènes. Dans la salle se trouvaient entre autres Alain de Boissieu, gendre de Charles de Gaulle, Sophia Loren, Mick Jagger, Mireille Darc, Alain Delon, Jeanne Moreau, Tino Rossi, Pierre Balmain et la princesse Grace de Monaco, invitée d'honneur. Le spectacle, pour lequel toutes les places avaient été vendues des semaines à l'avance, ne recueillit pratiquement que des critiques extasiées. Après le spectacle, deux cent cinquante personnes étaient invitées à souper au Bristol.
Elle retrouve son appartement parisien le 9 avril 1975 alors que le rideau vient de tomber devant une salle enthousiaste pour sa quatorzième représentation40. Le lendemain matin, 10 avril, Joséphine Baker, victime d'une attaque cérébrale (hémorragie) est transportée dans un coma profond à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où elle meurt, le 12 avril, à 68 ans.
Elle reçoit les honneurs militaires et des funérailles catholiques sont célébrées le 15 avril 1975 à l'église de la Madeleine, à Paris. Après des obsèques le 19 avril 1975 à l'église Saint-Charles de Monte-Carlo, elle est enterrée au cimetière de Monaco.
Artiste
Bien qu'initialement Joséphine Baker ait été perçue comme une sensation exotique, une charmante afro-américaine au déhanchement incroyable48, elle a su se forger une solide réputation dans les hautes sphères de la société parisienne, pour qui elle en vint à incarner le personnage d'une Vénus d'ébène. Elle a su intelligemment se servir de cette image et la manipuler à sa guise, façonnant elle-même son personnage public synonyme d'émancipation, symbolisant toute forme de liberté (du swing jusqu'aux droits civiques, en passant par la lutte contre le fascisme), et ne définissant sa destinée qu'à sa façon.
Jean-Gabriel Domergue la peignit nue dans un tableau (1936)50 qui passa en vente publique à Lille le 28 mars 1999 (reproduction dans La Gazette de l'Hôtel Drouot no 11 du 12 mars 1999, p. 177).
Œuvres
Filmographie
1927 : La Folie du jour de Joe Francis
1927 : Die Frauen von Folies Bergères de Joe Francis et Max Obal (version allemande du film précédent)
1927 : La Revue des revues de Joe Francis et Alex Nalpas
1927 : La Sirène des tropiques d'Henri Étiévant et Mario Nalpas : Papitou
1928 : Le Pompier des Folies Bergère (court métrage - réalisation anonyme)
1934 : Zouzou de Marc Allégret : Zouzou
1935 : Princesse Tam Tam d'Edmond T. Gréville : Aouïna du 92
1940 : Moulin-Rouge d'Yves Mirande et André Hugon
1945 : Fausse Alerte de Jacques de Baroncelli : Zazou Clairon
1954 : An jedem Finger zehn d'Erik Ode : une chanteuse
1955 : Carrousel des variétés (Carosello del varietà) d'Aldo Bonaldi et Aldo Quinti
Opérettes et comédies musicales
1935 : La Créole, opérette en trois actes de Jacques Offenbach, adaptation française d'Albert Willemetz, reprise au Théâtre Marigny51,52.
Chansons
Sur scène à Oran en 1943.
1930 : J'ai deux amours, paroles de Géo Koger et Henri Varna sur une musique de Vincent Scotto. En écoutant attentivement les enregistrements de l'époque, on se rend compte qu'elle modifia le premier vers du refrain de sa chanson fétiche (« J'ai deux amours, mon pays et Paris… »), qui devint après la guerre « J'ai deux amours, mon pays, c'est Paris… »
C'est la chanson de Joséphine Baker, et jusqu'à la fin de sa vie, lorsqu'elle pénètre sur une scène, un plateau de télévision ou même dans un restaurant ou une boîte de nuit, l'orchestre s'arrête et se met à jouer invariablement les premières mesures du thème de cette chanson. Une scène de ce type est reprise dans le film La Rumba, la chanteuse Vivian Reed (en), jouant le rôle de Joséphine Baker.
1930 : La Petite Tonkinoise, adaptation de la chanson créée par Polin en 1906, paroles de Georges Villard, musique d'Henri Christiné et Vincent Scotto.
1934 : C'est lui, tirée du film Zouzou.
1934 : Haïti, tirée du film Zouzou. Musique : Vincent Scotto, auteur : Émile Audiffred
1935 : Sous le ciel d'Afrique, paroles d'André de Badet et musique de Jacques Dallin, tirée du film Princesse Tam Tam, avec les Comedian Harmonists.
Et aussi : Dis-moi Joséphine (adaptation française par Marc Cab, Léo Lelièvre et Henri Varna de la chanson hongroise Gyere Josephine, paroles de Laszlo Szilagyi et musique de Zerkovitz Bela), Chant d'amour de Tahiti, Doudou, Mon cœur est un oiseau des îles, Nuit d'Alger, Sans amour, Bye Bye Blackbird, Dans mon village, C'est si facile de vous aimer, Paris...Paris, De temps en temps, Vous faites partie de moi (I've Got You Under My Skin), C'est un nid charmant, Si j'étais blanche, Sur deux notes, J'attendrai (chanson), La conga blicoti, Chiquita Madame, Sérénade Céleste, Donnez-moi la main, Paris, mes amours, Bésame mucho, You're driving me crazy, Voulez-vous de la canne à sucre ?, Mayari, Madiana etc.
Vie amoureuse
Joséphine Baker photographiée par Carl Van Vechten en 1949.
Parmi les hommes qui ont fait partie de la vie amoureuse de Joséphine Baker, on compte :
Willie Wells : 1919-1920 (divorce). Elle se marie, à treize ans, avec cet ouvrier fondeur et travaille comme serveuse. Leur union se termine avec la bouteille que Joséphine lui fracasse sur la tête.
William Howard Baker : 1921-1923 (divorce). Suivant dans le nord des États-Unis la troupe des « Dixie Steppers », elle épouse, à quinze ans, William Baker, garçon chez Pullman, à Philadelphie. Elle le quitte pour partir à Paris, conservant son nom qui passe ainsi à la postérité.
Giuseppe (dit « Pepito ») Abatino : 1926-1936. L'union entre l'actrice et ce tailleur de pierre italien se prétendant comte n'a jamais eu de fondement légal. Il organise pour elle une tournée mondiale qui débute en mars 1928. Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Danemark, Roumanie, Tchécoslovaquie, Allemagne, Pays-Bas, Argentine, Chili, Uruguay, Brésil : partout, son passage suscite la controverse, aiguisant sa popularité et contribuant fortement à la vente de ses disques et de ses Mémoires. L'échec des Ziegfeld Follies précipite leur rupture.
En 1929, sur le bateau qui les ramenait du Brésil, l'architecte Le Corbusier eut un coup de foudre pour Joséphine Baker. Il reste de leur rencontre des dessins de Joséphine réalisés par l'architecte, encore célibataire à cette date, mais il semble bien qu'une éventuelle liaison reste du domaine de la légende.
Jean Lion : 1937-1940 (divorce). En épousant le 30 novembre 1937 à Crèvecœur-le-Grand, ce jeune courtier juif de vingt-sept ans qui a fait fortune dans le sucre raffiné, Joséphine reçoit la nationalité française.
Jo Bouillon : 1947-1961 (séparation en 1957, divorce en 1961). Ce chef d'orchestre originaire de Montpellier accompagne Georgius, Mistinguett, Maurice Chevalier et Joséphine à Paris et en tournée. Elle vit avec lui aux Milandes. Elle subit à ses côtés une fausse couche très violente. Alors, ils forment et réalisent ensemble leur projet d'adopter des enfants de nationalités différentes, afin de prouver que la cohabitation de « races » différentes peut fonctionner54. Finalement, ils adoptent douze enfants, qui deviendront sa « tribu arc-en-ciel ».
Robert Brady : 1973-1974. Elle fait la connaissance de cet artiste et collectionneur d'art américain durant un de ses séjours aux États-Unis. Vu les échecs de ses quatre mariages précédents, ils décident d'échanger leurs vœux de mariage dans une église vide à Acapulco, Mexique, mais se séparent un an plus tard.
Joséphine Baker était bisexuelle. Mariée à plusieurs hommes, elle a également eu des relations amoureuses avec des femmes tout au long de sa vie d'adulte. Elle n'a cependant jamais révélé au grand public cet aspect de sa personnalité. Parmi ses amantes célèbres figurent les écrivaines française Colette et Frida Kahlo. Jean-Claude Baker (en), l'un de ses enfants, mentionne dans la biographie sur sa mère, six de ses amantes qu'elle a toutes rencontrées au cours de ses premières années sur scène aux États-Unis : Clara Smith, Evelyn Sheppard, Bessie Allison et Mildred Smallwood, sa compatriote afro-américaine expatriée Bricktop et la romancière française Colette après son déménagement à Paris.
Malgré sa propre bisexualité et son engagement contre le racisme (notamment avec sa participation à certaines actions du mouvement afro-américain des droits civiques), elle a fait preuve d'homophobie56 en chassant de son foyer un de ses fils, Jarry Bouillon Baker, pour l'envoyer chez son père, car il était homosexuel. Selon celui-ci, elle craignait qu'il ne contamine ses frères.
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