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Michel BÜHLER / HELVÉTIQUEMENT VOTRE
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Michel BÜHLER / HELVÉTIQUEMENT VÔTRE / ANTHOLOGIE 1969-2016
Titres Années
CD 1
Helvétiquement vôtre 1969
La Chanson à Nono 1969
La garrigue 1969
Le pays qui dort 1971
Berceuse pour un enfant qui vient 1971
Etranger 1971
La ballade de Monsieur Saint-Pierre 1974
La Côte nord 1974
Les immigrés 1976
Les p'tits les gros 1976
Rue de la Roquette 1976
Ici 1977
On se retrouvera 1977
Ma mère la Suisse 1977
Simple histoire 1978
Djamel 1978
Jean d'en Haut 1978
On fait des chansons 1980
Le cœur du même côté 1980
Deux qui s'aiment 1980
CD 2
Rasez les Alpes 1986
Comme un goût de solitude 1986
Ainsi parlait un vieil indien 1987
Le Bœufs 1987
Il aimait les rires 1987
Les grandes manœuvres 1987
La Gina 1988
Déjà le jour s'en va 1988
Sahara 1990
Que sont devenues nos chansons 1990
Tout près de la Villette 1993
La vieille dame 1993
En Haïti 1993
Il suffit d'être con 1993
C'est la montagne 1993
Tribulations d'un chanteur en Suisse 1997
Chanson nécessaire 1997
Le péquenot 1997
Chanson pour Yvan Leyvraz 1997
Nanou 1997
Giovanna 2000
Vulgaire 2000
Kosovo 2000
CD 3
Mondialisation 2002
Un village 2004
Guantanamo 2004
Les beaux lourdauds 2004
En Palestine 2004
L'espoir 2004
Chanson pour Camille 2004
Matin d'automne 2008
Démocratie 2008
Les poissons sont cons 2008
Coming out 2008
Café arabe 2008
En Avignon 2012
Les Ardéchois 2012
Je me bats 2012
Est-ce écrit 2012
La vague 2016
Ca m' gonfle 2016
Les nouveaux pauvres 2016
Eoliennes 2016
La chanson de Michel Bühler est à l’opposé du tout-venant, de ces insipides ritournelles que pissent en continu les robinets du showbiz et des médias asservis. De ce qu’ils n’osent même plus qualifier de «chanson» mais de «son». De ce son dont on nourrit les ânes.`Cet Helvète puise son art dans d’autres origines, entre Commune et Communale. Commune comme ces soixante-et-onze jours d’utopie qui imaginèrent une démocratie directe, hélas furtive, vite réprimée ; commune comme un chant commun, mutualisé. Communale pour l’instit’ qu’il fut, pour encore cette idée de partage, de transmission…
Le chant de Bühler est, sinon de combat, au moins d’engagement. À l’évidence d’utilité publique. Il n’existe pas pour franchement distraire, encore que, mais pour témoigner, instruire, à la manière d’une gazette. Pour bien le situer, il nous faut tirer de l’oubli ce terme si beau d’éducation populaire qui, en des temps pas si lointains, allait de pair avec la chanson. Avant que celle-ci, par abandon autant que par vouloir, ne devienne majoritairement outil d’abrutissement…
Ça fait cinquante ans que, avec un succès fluctuant digne des montagnes suisses, il chante les gens, la marche de ce monde qui ne sait vraiment que reculer, les méfaits de la mondialisation, la lutte des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un chant toujours remis sur le métier, tissé d’humanité, frappé au coin du bon sens. Qui plus que jamais, se heurte au silence, à l’indifférence, et vit dans le maquis où il partage le sort des siens, d’autres artistes de sa trempe, de son caractère, rebelles et insoumis au seul fait qu’ils osent chanter quand rien ne les invite à le faire encore.
Ce qui frappe au premier abord chez Bühler, c’est l’évocation des gens, des petites gens. Ceux qui, justement, n’ont jamais voix au chapitre. En cela, Michel Bühler est parent des François Béranger, Anne Sylvestre, Gilles Vigneault, Michèle Bernard et autres encore, qui font large place dans leurs vers à ces vies anonymes, aux espoirs et aux souffrances des peuples, aux lieux où ils vivent. Bühler est empathie, dont le chant rend justice aux déclassés, leur rend la dignité dont on les a spolié. Dans ses vers, les gens existent. Au moins, là, ils ne sont pas invisibles.
Le chant de Bühler n’est pas «moderne» au sens des canons, des dogmes du moment : programmateurs et journaleux le raillent pour ça. Mais lui comme nous s’en contrefoutent : il est sans âge et survivra aux modes dérisoires et futiles, aux chanteurs qu’on produit en batterie, hors sol, aux chansons à l’obsolescence programmée, à peine chantée déjà oubliées. Il est d’un chant puissant qui existe depuis toujours et existera longtemps encore, qui trouvera toujours les sillons, les sentiers, les maquis s’il le faut, pour exister, pour instiller une différence qui, à ben l’écouter, n’est jamais qu’une expression de bon sens.
Michel Bühler est de cette tradition de colporteurs de nouvelles, de chansons, de presque facteur qui nous donnent des nouvelles des gens. Qui, en parlant des siens, parlent de nous. En cela, Bühler est un peu journaliste, en tout cas plus que les porteurs de carte qui presse qui désinforment à longueur d’éditions.
Je crois Bühler nécessaire, indispensable même. C’est un artisan de la vie, de la chanson, dont la force n’a d’égale que sa modestie. Michel Kemper