Françoise Hardy est une chanteuse française, née le 17 janvier 1944 à Paris.
Auteure, compositrice et interprète, elle poursuit une carrière essentiellement discographique. Sur des mélodies mélancoliques qu’elle affectionne, le répertoire de Françoise Hardy est en grande partie le reflet des doutes, des interrogations et de l’anxiété que suscitent en elle les tourments des relations sentimentales et de la nostalgie en général.
Parallèlement à l’écriture de chansons, elle porte de l'intérêt à l’astrologie, qu’elle appréhende comme complément à la psychologie.
Biographie
La jeunesse de Françoise Hardy se déroule en vase clos au 24 rue d'Aumale, dans le 9e arrondissement de Paris1, auprès d’une mère aide-comptable, Madeleine Hardy, restée célibataire, et d’une sœur, sa cadette d’un an et demi.
Son père, directeur d'une fabrique de machines à calculer, frère d'un jésuite, résistant, déporté à Dachau4, est issu d'une famille bourgeoise de Blois. Marié à une autre femme, il est rarement présent et oublie souvent de payer la pension alimentaire ou les frais scolaires. Il ne reconnaîtra ses filles que bien plus tard.
Complexée et sentimentale, subissant les brimades répétées de sa grand-mère maternelle, la jeune Françoise se réfugie dans la lecture et l'écoute des chansons diffusées à la radio. C'est sa découverte du rock 'n' roll sur une radio étrangère qui lui fait choisir, à seize ans, une guitare en récompense de sa réussite à son premier bac en juin 19608.
« J'avais demandé une guitare quand j'ai été reçue à mon premier bac. On m'a demandé ce que je voulais comme récompense alors j'ai demandé une guitare. Et puis, une fois que j'ai eu mon deuxième bac, alors je me suis occupée de la guitare que j'avais délaissée pendant un an, enfin dont je ne m'étais pas occupée du tout pendant un an, et puis j'ai fait quelques chansons. »
Aidée d’une méthode d'apprentissage sommaire, elle s’essaye à poser quelques accords sur des mots qui traduisent ses états d’âme et se met à rêver d’un métier ayant un rapport, de près ou de loin, avec le milieu musical.
Après une première année d’études supérieures à la Sorbonne, en allemand, une annonce dans le journal France-Soir retient toute son attention : une maison de disques souhaite auditionner de jeunes chanteurs. Françoise obtient un rendez-vous et passe un essai qui reste sans suite. Avant de contacter d’autres sociétés, elle s'inscrit au Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, elle y restera deux ans.
Elle se présente ensuite chez les disques Vogue, un label qui possède Johnny Hallyday dans son catalogue et qui souhaite trouver son pendant féminin. Intéressé par son style, le responsable des auditions l’invite à se perfectionner et lui donne des cours de solfège. Quelques mois après, le 14 novembre 1961, le directeur artistique de Vogue lui fait signer un contrat.
Débuts dans la chanson : les années « Vogue »
Les cours prodigués par le Petit Conservatoire de la chanson font l’objet d’une émission télévisée hebdomadaire, intitulée En attendant leur carrosse et diffusée sur l'unique chaîne en noir et blanc de la RTF. « Mademoiselle Hardy » y fait sa première apparition le 6 février 1962 avec une chanson titrée La Fille avec toi. L’enregistrement de son premier 45 tours est bouclé le 25 avril. Sur ce disque se trouve l'adaptation française d’une chanson américaine (Oh oh chéri), sur laquelle mise la production, et trois de ses propres compositions. Peu avant sa sortie chez les disquaires, la chanteuse le présente avec fierté à Mireille dans l’émission du 5 juin 1962. Les quatre titres ne tardent pas à être diffusés par la radio. Bien accueillis par la jeunesse, 2 000 exemplaires du 45 tours sont achetés en trois mois.
Pour le grand public, la chanteuse se révèle dans la soirée du dimanche 28 octobre 1962. Ce soir-là, de nombreux téléspectateurs attendent les résultats du référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République ; dans l’un des intermèdes musicaux Françoise Hardy apparaît pour chanter Tous les garçons et les filles. Dès le lendemain et les jours suivants, ce titre va se démarquer des trois autres sur les ondes radios et dans les juke-boxes et devenir un « tube » incontournable. À la fin de l’année, 500 000 exemplaires du 45 tours seront vendus.
La presse s'empare du phénomène. Paris Match la met en couverture de son numéro du 5 janvier 1963 et la consacre nouvelle « idole » de la chanson. Ce succès, porté par la vague « yéyé », lui vient également de ses talents d’écriture et de composition, peu courants chez les nouveaux interprètes de ce début des sixties. La chanteuse enregistre d’autres disques et Claude Lelouch, alors inconnu, la filme pour un des tout premiers Scopitones. Le 23 mars 1963, à Londres, elle défend les couleurs de Monaco au Concours Eurovision de la chanson avec une de ses nouvelles compositions, L’Amour s’en va (qui se classe à la 5e place). Le cinéaste Roger Vadim la remarque et la fait débuter au cinéma dans Château en Suède, une adaptation de la pièce de théâtre éponyme écrite par Françoise Sagan. Après divers galas et tournées, Françoise Hardy fait ses premiers pas sur la scène de l'Olympia durant huit semaines à partir du 7 novembre 1963, en covedette avec Richard Anthony, pour un « Musicorama » organisé par Europe 1.
Fin 1963, le 45 tours, en tête des ventes durant onze semaines, atteint le million de disques vendus. La chanson Tous les garçons et les filles franchit alors les frontières. Traduite en Quelli della mia età, elle connaît sensiblement le même succès en Italie. Dans une moindre mesure, L'amore va (L’Amour s’en va) est le second titre qui séduit le public italien. À la suite de ces succès, la chanteuse sera sollicitée pour participer en chanson à quelques films musicaux, genre très prisé du public italien. Ses interprétations en anglais sont également bien accueillies outre-Manche, principalement la reprise d’un standard américain, Catch a Falling Star en 1964.
Sa popularité atteint l'Espagne, les Pays-Bas, le Danemark, le Canada, le Japon et les États-Unis où le magazine de mode Vogue publie un reportage de quatorze pages illustrées de photographies réalisées par William Klein. D’autres succès suivent : C'est à l'amour auquel je pense, Le temps de l'amour d'André Salvet et Lucien Morisse (sur une musique de Jacques Dutronc, Fort Chabrol, joué par le groupe Les Fantômes), Ton meilleur ami, Le premier bonheur du jour, L'amour d'un garçon, Saurai-je ?, Va pas prendre un tambour, Le sais-tu ?, Pourtant tu m'aimes, Je veux qu'il revienne, Mon amie la rose, Dis-lui non, Dans le monde entier, Ce petit cœur, L’amitié, Le temps des souvenirs, La maison où j'ai grandi, Je ne suis là pour personne, Voilà, Rendez-vous d'automne, Ma jeunesse fout l'camp, Des ronds dans l'eau, Je ne sais pas ce que je veux, À quoi ça sert ?, etc. Des chansons certes, mais l’image aussi : les minijupes, les boots blanches et le visage sous la frange des cheveux. Image qui évolue sous l’influence de son compagnon Jean-Marie Périer, photographe de la revue Salut les copains. Des couturiers, comme André Courrèges, Yves Saint Laurent, Paco Rabanne, la choisiront comme ambassadrice de mode, comme Marc Bohan qui réalisera pour elle une robe d'artiste à partir des dessins de Sonia Delaunay. Jean-Marie Périer la conseille dans tout ce qui touche à sa carrière, l’incitant aussi à accepter d'autres rôles au cinéma. Par ailleurs, il lui fait découvrir et aimer la Corse et lui suggère d’y faire construire une maison sur les hauteurs du village de Monticello.
L'année 1965 débute par une tournée française avec Hugues Aufray, où elle étrenne une tenue de scène créée par le couturier Courrèges. Cette année-là, elle conforte sa renommée en Grande-Bretagne où deux adaptations de ses compositions, However Much (Et même) et surtout All Over the World (Dans le monde entier), sont honorablement classées au Hit-parade pendant plusieurs semaines, de janvier à mars 1965. Il en est de même en Allemagne, où la chanson Frag’ den Abendwind gagne la faveur du public au lendemain d’un show télévisé qui lui est consacré fin avril.
Après une courte participation dans la dernière scène du film Quoi de neuf, Pussycat ? (What's New Pussycat?) de Clive Donner, elle se produit pendant deux semaines de juin 1965 au cabaret de l’hôtel Savoy à Londres où elle porte une variante de l’ensemble blanc de Courrèges. Suivent le tournage en Grèce d’Une balle au cœur — film réalisé par le jeune cinéaste Jean-Daniel Pollet, une tournée estivale de juillet à mi-septembre (France, Espagne, Allemagne, Suisse, Italie) et le deuxième passage à l’Olympia, en « vedette américaine » des Compagnons de la chansonNote 2, à partir du 28 octobre. L'année 1965 se clôt le 26 décembre avec un divertissement télévisé, tourné à Londres, qui lui est entièrement consacré : Piccadilly Show.
Du 27 au 29 janvier 1966, elle participe au 16e Festival de la chanson de Sanremo puis fait une tournée en Allemagne de l'Ouest, du 27 février au 3 avril (Berlin, Munich, etc.). En juin, deuxième tour de chant au Savoy de Londres — sa tenue de scène : le smoking, créé par Yves Saint Laurent. Reconnaissant en elle l’un des personnages qu'il a en tête pour son futur film, le metteur en scène John Frankenheimer l'engage sur le tournage de Grand Prix, une superproduction sur les courses automobiles. Cinq mois durant, elle est présente sur pratiquement tous les circuits de Formule 1 : Monaco, Spa-Francorchamps, Zandwoort, Monza, etc. Pour la première projection publique du film, elle est invitée par la Metro-Goldwyn-Mayer avec la vedette française qui joue l’un des premiers rôles, Yves Montand, à se rendre à New York, le 21 décembre 1966. À cette occasion, la Warner, en accord avec Vogue, diffuse ses disques sur le marché américain. Pour les promouvoir, Françoise Hardy participe à quelques shows télévisés et fait l'objet de reportages dans les magazines. Elle figure sur la « photo du siècle » regroupant 46 vedettes françaises du yéyé en avril 1966.
Jacques Dutronc, 1966
En 1967, elle crée « Asparagus », sa propre maison de production et signe un nouveau contrat avec Vogue pour la distribuer. En mars, elle chante à nouveau pendant trois semaines au cabaret du Savoy. En septembre 1967, lors d'un séjour dans la maison corse de la chanteuse en compagnie de Jacques Dutronc et sa bande de copains, le couple Dutronc-Hardy se forme, mais elle se rend compte rapidement que leurs longues séparations lui sont éprouvantes, d'autant plus qu'il a de nombreuses aventures. Femme idéaliste, elle évoque toutes ces frustrations dans ses chansons. Les tournées se font à un rythme soutenu : 73 récitals en France, 15 galas au Canada (ces derniers, en compagnie d'Udo Jürgens) et une tournée africaine en Guinée, au Gabon, en Côte d'Ivoire avec Jean-Jacques Debout en vedette américaine.
En février 1968, Françoise Hardy se produit dans les universités britanniques : Brighton, Cambridge, Liverpool, Durham, Birmingham et Southampton. Du 26 février au 16 mars, elle effectue un périple en Afrique du Sud : Pretoria, Johannesburg, Durban, Le Cap. À partir du 22 avril, elle se produit pour la quatrième fois pour trois semaines au cabaret du Savoy de Londres. Le couturier Paco Rabanne lui « façonne » pour l’occasion une impressionnante combinaison métallique (d'un poids imposant de 38 kg qui fait sensation. Le couturier poursuivra sa collaboration avec la chanteuse et créera l’événement en lui faisant porter « la mini-robe la plus chère du monde » — faite de plaquettes d’or incrustées de diamants —, lors de l’inauguration de l'Exposition internationale de diamants, le 15 mai 68, alors que la révolte étudiante gagne la France. Face aux « événements » qui prennent de l’ampleur, son directeur artistique lui conseille de s’éloigner de la capitale. Elle regagne alors sa maison en Corse avec Jacques Dutronc. Le calme à peu près revenu dans l’Hexagone, la chanteuse s’envole pour le Congo, afin d’honorer trois galas prévus à Kinshasa, les 7, 8 et 9 juin27.
Après ces dernières prestations, Françoise Hardy, soutenue par son manager Lionel Roc, remet en cause les conditions de son contrat concernant la société « Asparagus ». Un procès entre les parties est engagé. Les tournées sont alors temporairement interrompues.
F. Hardy : « En mon for intérieur je savais que cette pause dans les tournées serait prolongée indéfiniment car le trac récurrent m’obsédait, les voyages incessants et les séparations m’étaient éprouvants. ». En attendant le dénouement du procès, Françoise Hardy se consacre à l’enregistrement de chansons en anglais, allemand et italien, tout en poursuivant la préparation de son album en français.
Son temps libre est mis à profit pour suivre un temps des cours de psychologie avant de se tourner vers l'astrologie traditionnelle. Ce choix est guidé par une première expérience faite en 1963, où un concours de circonstances lui avait fait consulter l’astrologue André Barbault. Les révélations qu’il avait faites sur sa personnalité secrète l’avaient troublée et avaient piqué sa curiosité.
Retardées par les « événements de mai », les publications de son neuvième album et de l’édition française de son deuxième album chanté en anglais paraissent en décembre. Le premier est porté par la chanson Comment te dire adieu, dont le texte a été écrit par Serge Gainsbourg. Le second ne bénéficiera d’aucune promotion et passera inaperçu.
Françoise Hardy a gagné son procès ; les conditions du contrat, jugées abusives, ont été revues en sa faveur. Le cours des enregistrements se poursuit, mais devant la persistance de divergences de vues avec ses associés, Françoise Hardy n'a pas l'intention de renouveler son contrat avec les Disques Vogue. Celui-ci va prendre fin en novembre 1969, mais avant tout elle veut faire reconnaître ses droits sur ses compositions passées. Pour ce faire, elle engage une seconde bataille judiciaire.
La chanson Comment te dire adieu est un des gros succès de l'année 1969. Ce retour au sommet du hit-parade redonne un coup de fouet à sa carrière mais ne fait pas plier sa volonté de ne plus se produire sur scène. Ses prestations ne se font plus que sur les plateaux de télévision et, autant que possible, en play-back. La rumeur sur son désir de délaisser la scène au profit du disque se propage.
Fin 1969, le verdict du procès tombe : la firme Vogue est déclarée propriétaire des chansons produites de novembre 1962 à novembre 1967. Ne sont donc concédés à la chanteuse que les droits sur celles produites par la société « Asparagus ». La rupture étant consommée, Françoise Hardy fonde sa propre société de production, « Hypopotam » et, pour préserver les droits éditoriaux de ses chansons, crée la société d’édition « Kundalini ». Sans tarder, elle publie les chansons qu’elle a enregistrées en langues étrangères au cours de l’année écoulée : pour le marché anglophone l’album One-Nine-Seven-Zero, pour l'Allemagne l’album Träume, et pour l'Afrique du Sud la compilation Françoise in Italian.
En 1970, Françoise Hardy s’associe avec la société Sonopresse pour assurer la distribution de ses futures productions sur le territoire français.
Ce nouveau départ en tant que productrice à part entière est inauguré par une compilation sobrement intitulée Françoise et par l'album Soleil. En 1971 paraît l'album La Question, et en 1972 l'album Et si je m'en vais avant toi suivi d'un single intitulé T’es pas poli, un duo chanté avec le comédien Patrick Dewaere. Malgré l'entière satisfaction qu'ils ont apportée à la chanteuse, les albums n'ont pas emporté l'adhésion du public et restent confidentiels. Son contrat avec Sonopresse n’est pas reconduit. Françoise Hardy édite alors son 4e album chanté en anglais, sous label de sa société « Kundalini ». Par ailleurs, l’intérêt qu’elle porte à l'astrologie s’ébruite. Si bien qu’elle reçoit des propositions de travail qu’elle trouve prématurées mais qu’elle accepte pour se perfectionner auprès d’astrologues confirmés.
Un nouveau contrat est signé en 1973 avec WEA. La chanteuse, qui aspire à changer de registre, se met en quête de mélodistes. La collaboration avec l'auteur-compositeur Michel Berger sera une étape marquante dans sa carrière. Après la naissance de son fils Thomas le 16 juin, elle entre en studio pour l'enregistrement de l'album Message personnel. L'important succès qu'il rencontre lui permet de faire un retour remarqué.
Fin 1974, l’astrologue Jean-Pierre Nicola lui demande de travailler avec lui pour une revue spécialisée. Elle tracera ainsi son chemin en experte qui l’amènera à ce que Michel Bassi, alors directeur de Radio Monte-Carlo, lui confie en 1980 une émission hebdomadaire qu'elle animera avec son mentor, Jean-Pierre Nicola. Parallèlement, sont enregistrés son unique album-concept, “Entr’acte”, et trois 45 tours dont celui de la bande originale du film de Claude Lelouch Si c'était à refaire, dans lequel elle apparaît, le temps de chanter Femme parmi les femmes.
L’éducation de son enfant lui fait délaisser l’écriture de chansons. Chez EMI, le tandem Gabriel Yared / Michel Jonasz lui concocte trois albums aux colorations funky et jazzy. Nous sommes en 1978, en pleine période « Disco », et le succès de J'écoute de la musique saoule lui attire un plus jeune public. Le 30 mars 1981, le couple Hardy-Dutronc se marie devant le maire de Monticello en Corse. Tamalou est sur toutes les ondes. Françoise Hardy renoue, certes, avec le succès mais ces chansons ne la satisfont guère.
En 1982, la graphologie éveillant son intérêt depuis quelque temps, Françoise Hardy la conjugue avec l’astrologie, avec la collaboration de la graphologue Anne-Marie Simond, dans une nouvelle émission radiophonique, Entre les lignes, entre les signes. Au printemps sort son album Quelqu'un qui s'en va, la chanson Tirez pas sur l'ambulance sort en single et en vidéo-clip à la télévision : la silhouette est inchangée mais les cheveux sont maintenant coupés plus court. La quarantaine est proche et elle ne se voit pas chanter au-delà de cet âge. Cependant, elle reprend la plume et sort deux 45 tours : Moi vouloir toi, sur une musique de Louis Chedid en 1984, et V.I.P. en 1986, dont elle écrit les paroles sur une composition de Jean-Noël Chaléat. Avant de sortir le duo Et si je m'en vais avant toi avec Étienne Daho, à l'occasion d'une émission Les Enfants du rock consacrée à ce dernier, elle écrit également des chansons pour Diane Tell (dont Faire à nouveau connaissance) et Julien Clerc (dont Mon ange).
En 1988, au bout de vingt-six ans de carrière, Françoise Hardy arrête la chanson, en déclarant que Décalages sera son dernier album (elle en a écrit tous les textes). Porté par le titre Partir quand même (sur une musique de Jacques Dutronc), cet album devient disque d'or en quelques semaines.
Tenant tout de même à garder un contact avec le milieu de la chanson, elle écrit pour Julien Clerc (Fais-moi une place), Patrick Juvet, Viktor Lazlo, Jean-Pierre Mader (En résumé, en conclusion) et Guesch Patti, puis crée des versions nouvelles pour une compilation de ses chansons. Elle participe à des disques caritatifs ou collectifs ; en 1992, elle s'investit dans la production et la promotion du premier album d'Alain Lubrano, qu'elle soutient notamment en chantant en duo le titre Si ça fait mal, dans diverses représentations, dont l’émission télévisée Taratata. Elle répond aux demandes de collaboration de Malcolm McLaren (Revenge of the Flower) en 1994, et de Damon Albarn du groupe Blur (To the End) en 1995. D’autre part, même si son contrat avec RMC n’est pas renouvelé, Françoise Hardy continue à mener de front son activité d’astrologue ; coauteur de quelques ouvrages sur le sujet, elle collabore à des revues spécialisées, et tient durant cinq années une rubrique quotidienne sur la station de radio RFM.
Retour à la chanson
Stimulée par le directeur artistique Fabrice Nataf et le chanteur Étienne Daho, qui voudraient la voir enregistrer de nouveau, Françoise Hardy se met en quête de maisons de disques prêtes à l’accueillir. Son choix se porte sur la société Virgin. Le contrat est signé en décembre 199432. L’album de son retour, Le Danger, paraît en avril 1996. Il est axé sur des mélodies rock, composées par Alain Lubrano et Rodolphe Burger, et confirme que la plus grande source d’inspiration de la chanteuse a été et sera toujours la souffrance et la douleur des sentiments. Mais les critiques positives de la presse auront peu d'influence sur les ventes.
Le 4 octobre 1997, Julien Clerc, qui fête ses cinquante ans au Palais des sports de Paris, invite quelques grands noms de la chanson française dont Françoise Hardy et réussit à la faire chanter à ses côtésNote .
En 2000, elle enregistre Clair-obscur après quatre ans de silence. Son fils, Thomas Dutronc, l'accompagne à la guitare sur quelques morceaux de cet album composé de duos et de reprises. Le disque de la chanson Puisque vous partez en voyage, reprise de Mireille33, chantée en duo avec Jacques Dutronc, contribue à le propulser disque d'or et à ce qu'il soit nommé aux Victoires de la musique 2001, dans la catégorie « meilleur album de l’année ». Aussitôt après, elle se met à la rédaction d’un exposé sur l’astrologie, Les Rythmes du zodiaque, publié à la fin mars 2003 et qui rencontre un certain succès.
En janvier 2004, Françoise Hardy se voit diagnostiquer un lymphome, heureusement celui-ci s'avèrera peu agressif. Néanmoins, elle reprend le chemin des studios d’enregistrement. Son fils fait à nouveau partie de l’aventure en tant que musicien et réalisateur de quelques titres. À l’automne, le disque Tant de belles choses donne l’opportunité à Françoise Hardy de faire un come-back dans les pays voisins (plus particulièrement en Allemagne) et au Canada. Grâce à cet album, certifié disque d'or un mois après sa sortie, elle est distinguée comme artiste interprète féminine de l'année aux 20e Victoires de la musique, le 5 mars 2005Note .
Dans les médias, le mot « idole » est depuis longtemps tombé en désuétude. Celui d’« icône » l’a remplacé. Françoise Hardy devient une référence reconnue et une inspiratrice revendiquée, aussi bien en France qu’en Grande-Bretagne ou au Québec[réf. nécessaire]. Pour couronner une carrière d’auteur et d'interprète depuis plus de quarante ans, la chanteuse est reçue le 30 novembre 2006 sous la coupole de l’Institut de France pour lui remettre la grande médaille de la chanson française, décernée par l'Académie française. À ce moment sort Parenthèses, album de chansons interprétées en duo avec Maurane, Julio Iglesias, Henri Salvador, Alain Souchon, Alain Bashung, Arthur H, Ben Christophers, Benjamin Biolay, l’acteur Alain Delon et la pianiste Hélène Grimaud, ses propres titres ou ceux de Charles Trenet, Brigitte Fontaine ou Benjamin Biolay. Cinq mois plus tard, l'album est certifié disque de platine].
En 2007, poussée par les Éditions Robert Laffont, Françoise Hardy s'attelle à la rédaction de ses mémoires. Le livre paraît en octobre 2008 sous le titre Le Désespoir des singes… et autres bagatelles. Certains aspects de sa vie professionnelle et privée sont ainsi révélés, comme l'euthanasie de sa mère ou son « coup de foudre » pour un artiste « particulièrement brillant et ambigu », ce qui transforme sa relation physique avec Dutronc en rapport fraternel.
« Je me suis évertuée à restituer la vérité avec autant d'exactitude et de sensibilité que possible38 J’espère seulement avoir été impudique… avec pudeur. »
Placé dans le peloton de tête des ventes au cours des trois mois suivant sa parution, l’ouvrage se trouve être l’un des plus lus en 2008 selon le palmarès L'Express-RTL40 et fait partie des six titres en lice pour le prix Essai France Télévisions 2009Note 8.
Dès le début de l’année 2009, la chanteuse commence à chercher des chansons pour un prochain album. La Pluie sans parapluie paraît au printemps 2010. Pour cet album, Françoise Hardy est nommée aux Victoires de la musique 2010 dans la catégorie « Artiste interprète féminine de l’année » mais ne remporte pas de trophée.
Le 10 mars 2011, le contrat qui la lie à EMI Music France est prolongé pour que soit entreprise la réalisation d’un autre album.
Cinquante ans de carrière et 28e album
Françoise Hardy en 2012. Depuis la parution de son premier album, Tous les garçons et les filles, en novembre 1962, cinquante années se sont écoulées. Pour célébrer ce jubilé, deux publications, intitulées toutes deux L’Amour fou, paraissent fin octobre et début novembre 2012 : un roman et un nouvel album.
« Les anniversaires n’ont jamais été ma tasse de thé mais publier en même temps un album qui me ressemble plus que les autres et le récit de l’histoire que j’aurai vécue toute ma vie et qui aura inspiré la plupart de mes textes, est ma façon de marquer le coup. »
Le 8 février 2013, à la 28e cérémonie des Victoires de la musique, la chanteuse est nommée dans la catégorie « Artiste et interprète féminine de l'année », L’Amour fou dans la catégorie « Album de chansons de l'année », mais aucun trophée n’est remporté.
La chanteuse s’octroie une année sabbatique.
Début novembre 2013, l’album Message personnel, l’un des albums marquants de son parcours musical, est réédité sous un coffret spécial anniversaire quarante ans après sa première édition.
Françoise Hardy fête ses 70 ans en janvier 2014. Voilà un peu plus de dix ans qu’elle se bat contre un lymphome ; les symptômes s’étant aggravés, elle ne se sent pas la force d’entrer à nouveau en studio d’enregistrement. Lorsqu'elle évoque la suite de sa carrière, elle juge ne pouvoir faire mieux que ce qu’elle a fait, dit ne plus avoir d’inspiration : « Je crois que j’en suis arrivée à ce point. […] Il faudrait qu’il se passe quelque chose d’inattendu, d’insolite, ou que je recouvre un peu d’énergie parce qu’avec mes problèmes de santé qui ont augmenté ces dernières années… ».
Son année sabbatique prenant fin, elle se met alors à rédiger un essai où elle revient sur son parcours, fait part de ses admirations, de ses agacements, de son amour pour la littérature, livre ses réflexions sur la société, la maladie et la vieillesse. L'ouvrage est publié le 5 mars 2015 sous le titre Avis non autorisés…. Lors de la promotion de cet essai, certains organes de presse annoncent l'arrêt de sa carrière musicale. De fait, lors d’entretiens accordés à quelques médias, Françoise Hardy, qui apparaît très amaigrie, avec quelques difficultés à marcher, laisse entendre qu’elle a tourné le dos à la chanson, refusant ce qui lui est proposé dans ce domaine.
Moins d’un mois après sa parution, le livre atteint les 62 000 exemplaires vendus mais, victime d’une mauvaise chute survenue entre-temps (le 9 mars), Françoise Hardy se voit contrainte d’en interrompre la promotion. Comme elle est fragilisée par cet accident venu se greffer sur les ennuis de santé, une hospitalisation prolongée s'avère nécessaire. Sortie de l’hôpital à la mi-juillet, Françoise Hardy poursuit ses traitements médicaux en clinique.
Allant mieux quelques mois plus tard, elle accepte la proposition du journaliste Marc-Olivier Fogiel d’être son invitée pour un prochain numéro du Divan. L’émission est diffusée en seconde partie de soirée sur France 3, le 16 février 2016.
Un éventuel retour en studio d’enregistrement est-il envisageable ? Un temps, la promotion de l’album collégial, It's a Teenager Dream, initié et réalisé par le producteur Dominique Blanc-Francard (sorti le 10 juin 2016), où elle reprend True Love Ways (en), un standard de Buddy Holly, laisse croire qu’elle a renoué avec les studios. Mais dans les interviews qu’elle accorde, elle tient à préciser que l’enregistrement de la chanson a été exécuté en février 2014 (voir la section « Collaborations »).
Un an et demi après son accident de santé, Françoise Hardy relate cet épisode dans un livre intitulé Un cadeau du ciel. L’ouvrage paraît le 3 novembre 2016. Elle y témoigne de la lutte contre la maladie et livre des réflexions sur l’amour, l’amitié, la spiritualité, la médecine quantique…
Quant au retour en studio : « Ça je ne sais pas. Je ne peux pas dire ‘‘plus jamais’’. »
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