Liste des produits et biographie de TOMMY LADNIER
TOMMY LADNIER
Tommy Ladnier est considéré par beaucoup comme le plus grand trompette de style Nouvelle-Orléans, aux côtés de son maître King Oliver et bien sûr de Louis Armstrong. Dès les premières notes d'un solo de Tommy Ladnier, on est impressionné par son assurance et la parfaire construction de chacune de ses phrases. Ses chorus sont bâtis avec rigueur, équilibrés, solidement posés sur le temps. Il touche aussi par la flamme, l'émotion qui animent toute sa musique, surtout lorsqu'il joue le blues, dont il est un des plus grands interprètes. C'est un artiste fougueux, ardent, dramatique aussi, qui ne peut laisser indifférent. Ses variations vont toujours à l'essentiel, étant exprimées avec logique et simplicité!
Né près de la Nouvelle-Orléans le 28 mai 1900, il commence à jouer de la trompette très jeune, mais manquant d'argent il est souvent obligé d'emprunter un instrument pour assurer un engagement! Il devient musicien professionnel vers 1921 à Chicago aux côtés de Milton Vassar, puis de King Oliver qui sera sa principale source d'inspiration. Sa collaboration avec la pianiste Lovie Austin lui donne l'occasion d'enregistrer de nombreux disques avec des chanteuses de blues, dont Ma Rainey, Ida Cox, Edmonia Henderson, Alberta Hunter, Ethel Waters…
Avec Ma Rainey son entente, sa complicité sont étonnantes. Malgré l'enregistrement acoustique de l'époque (1923!) la trompette est très présente tout au long du sombre Bad Luck blues, répondant avec chaleur au chant majestueux de Ma Rainey. Tommy se détache dans Ma Rainey Mystery Record pour un chorus en solo qui est un modèle de blues joué à la trompette. Ce morceau au titre intriguant, cachait simplement un concours lancé par la marque Paramount parmi ses clients, afin de récompenser ceux qui proposeraient le meilleur titre possible! On n'a rien inventé!
A cette époque Tommy est le plus renommé de tous les trompettes pour jouer le blues, aussi le "Trumpet King Of The Blues "est-il particulièrement sollicité par les marques de disques et les chanteuses.
On le trouve aux côtés de Bessie Smith pour deux blues qui sont des chefs-d'œuvre : Dyin' By The Hour et Foolish Man Blues. Ces deux admirables interprètes de blues étaient parfaitement faits pour s'entendre et conjuguer leurs talents, la trompette ne faisant qu'un avec le chant douloureux et dramatique de "l'Impératrice du Blues"; Hélas, ce sont les deux seuls morceaux qu'ils aient gravés ensemble! Toujours à Chicago, il enregistre quelques morceaux instrumentaux avec Lovie Austin, dont Mojo Blues y faisant preuve de son autorité coutumière tant en solo que pour mener les ensembles. Pour se rapprocher du phrasé des grandes chanteuses qu'il avait l'habitude d'accompagner, Tommy utilisait souvent la sourdine avec efficacité, ce qui lui permettait de faire "parler" son instrument comme une voix humaine, ce qui a toujours été l'ambition avoué et recherchée de tous les jazzmen voulant jouer le blues avec l'authenticité indispensable.
Avec le batteur Ollie Powers (ou Powell ?) il grave Play That Thing, blues au cours duquel on constate que dès 1923, il était déjà en pleine possession de ses moyens. Tout au long de ses deux chorus, il "prêche" avec véhémence avant de céder la place à un autre grand de la Nouvelle-Orléans, le clarinettiste Jimmie Noone.
En 1925, il rejoint Sam Wooding pour une tournée importante en Europe qui ira jusqu'en Russie. De retour à New-York en 1926 il rallie l'orchestre de Billy Fowler qui comprenait Benny Carter et Jimmie Harrison. Fin 1926, on le trouve pour un peu plus d'un an, dans la prestigieuse formation de Fletcher Henderson. Heureusement, c'est une période faste pour l'orchestre qui enregistre abondamment, pour diverses marques, de nombreux disques qui mettent souvent Tommy en évidence.
L'enregistrement électrique qui se généralise alors, permet d'apprécier pleinement sa belle sonorité éclatante au volume impressionnant. Sa fougue et son swing sont palpables dans de nombreux titres: emporté dans St-Louis Shuffle, recueilli et poignant tout au long de The Chant. Attention, dans Snag It, c'est bien lui qui joue les deux premiers chorus, et de quelle façon, mais à partir du break, c'est Joe Smith excellent lui aussi quoique moins "low-down", qui interprète le 3ème chorus de trompette. C'est l'impétueux Tommy qui s'illustre dans chacun des solos de Wang Wang Blues y faisant preuve de sa maîtrise habituelle!
Avec le pianiste Clarence Williams et Jimmie Harrison, nous avons Senegalese Stomp qui compte parmi ses meilleurs disques de l'époque, que ce soit en solo ou pour mener avec punch les ensembles.
Il repart pour l'Europe avec Sam Wooding en juin 1928, puis passe chez Noble Sissle. De retour au USA, il quitte Sissle pour fonder avec son vieux copain Sidney Bechet les "New-Orleans Feetwarmers" qui firent pendant quelques mois les beaux jours du Savoy Ballroom de Harlem (Sweetie Dear). Lassé du commercialisme et de la vie harassante de New-York, Tommy s'éloigne de la grande ville et quitte la scène du jazz. Il séjourne dans le Connecticutt y donnant des leçons de trompette et jouant occasionnellement dans des petits orchestres locaux. C'est alors qu'Hugues Panassié, aidé de Milton Mezzrow, le recherche avec obstination en 1938, désirant l'enregistrer pour une série de disques de style Nouvelle-Orléans, jugeant qu'en dehors de Louis Armstrong, c'est Tommy le trompettiste idéal. Les musiciens de New York sont mobilisés, mais les indices sont minces. Enfin, à la suite de cette enquête digne des meilleurs polars, Tommy Ladnier est retrouvé, les enregistrements légendaire connus sous le nom de "Ladnier-Mezzrow" peuvent commencer!
On y trouve alors un Tommy Ladnier dont le jeu a acquis une sérénité, une plénitude, un dépouillement qui sont les marques d'un artiste arrivé au sommet de son art. Il donne à chaque note, à chaque inflexion le maximum de poids et d'intensité. La plénitude de son jeu, l'émotion qui se dégage de sa musique ont été ressenties par des générations d'amateurs qui virent dans Weary Blues, Really The Blues ou If you See Me Comin 'des disques indispensables, au point que pendant les années 40, temps de pénurie, ces cires mythiques étaient recherchées, traquées avidement, par tous les collectionneurs, faisant souvent l'objet d'échanges et de tractations épiques!
L'incontestable vedette de cette magnifique série de disques est, certes, Tommy Ladnier absolument souverain, atteignant sa plus haute inspiration, mais il faut aussi louer le rôle important de ses partenaires, Milton Mezzrow bien sûr, et Sidney Bechet rayonnant à la clarinette dans Weary Blues et grandiose au saxo-soprano dans Really The Blues. Les sections rythmiques méritent aussi des éloges avec Manzie Johnson irréprochable à la batterie, Pops Foster ou Elmer James à la basse, sans oublier l'apport de la guitare lancinante et profondément blues de Teddy Bunn.
Le succès de ces disques relança l'intérêt pour le style Nouvelle-Orléans, mais aussi la carrière de Tommy. Avec Sidney Bechet il participe avec succès au concert "From Spirituals To Swing" de John Hammond en Décembre 1938. Ensuite, il enregistre 4 faces avec Mezz, Zutty Singleton et James P. Johnson pour accompagner la chanteuse Rosetta Crawford, dont Double Crossing Papa qui contient un chorus entier de lui. Ce sera son ultime enregistrement! L'avenir s'annonçait pour lui, sous les meilleurs auspices, lorsque le 4 juin 1939, il meurt subitement dans l'appartement de Mezz!
Un des plus grands swingmen de la trompette, un des plus émouvants aussi, venait de s'éteindre à l'âge de 39 ans!
Jacques Morgantini
Many jazz fans and critics consider Tommy Ladnier to be one of the best ever New Orleans trumpeters, on a par with his master King Oliver and, of course, Louis Armstrong. From the very first bar of a solo, his assurance and phrasing are strikingly evident. His choruses are densely structured, symmetrical, solidly rhythmic. His music is also full of feeling, intensely moving at times — especially when he plays the blues, placing him among the greatest blues players of all time. It is impossible to remain unmoved by this spirited, fiery, even dramatic artist. His improvisations, pared to essentials, are expressed simply and logically.
Born near New Orleans on 28 May 1900, he took up the trumpet at an early age but, always short of money, he often had to borrow an instrument before he could play a gig! He became a professional musician around 1921 in Chicago, working first with Milton Vassar and then with King Oliver who was to become his major source of inspiration. His collaboration with Lovie Austin gave him the opportunity to record with female blues singers, including Ma Rainey, Ida Cox, Edmonia Henderson, Alberta Hunter, Ethel Waters … .
He and Ma Rainey developed an amazing complicity. In spite of poor acoustic recording conditions in 1923, his trumpet is very much in evidence throughout the melancholy Bad Luck Blues, warmly echoing the majestic voice of Ma Rainey. His outstanding solo chorus on Ma Rainey Mystery Record is a perfect example of trumpet blues. The intriguing title of the piece simply resulted from a competition organised by Paramount, offering a prize to the customer who came up with the best possible title!
At the time, Tommy Ladnier was the most famous of all blues trumpeters so, as “Trumpet King of the Blues”, he was in great demand by record labels and female vocalists. Dyin’ By The Hour and Foolish Man Blues with Bessie Smith are absolute masterpieces, these two admirable blues artists having a perfect understanding of each other, the trumpet at one with the painful and dramatic vocal of the “Empress of the Blues”. Alas, these are the only two titles that they recorded together. Still in Chicago, Ladnier recorded a few instrumentals with Lovie Austin, including Mojo Blues, again revealing his customary authority both on his solos and when leading the ensembles.
In an attempt to match the phrasing of the vocalists he so often accompanied, Tommy frequently resorted to a mute, enabling him to make his instrument “talk” like the human voice, something that all jazzmen have always aspired to when playing the blues.
The blues Play That Thing, cut in 1923 with drummer Ollie Powers, confirms that already he was a fully-fledged musician. He “preaches” vehemently throughout his two choruses before handing over to that other New Orleans great, clarinettist Jimmie Noone.
In 1925 he accompanied Sam Wooding on an important European tour that took them as far as Russia. Back in New York in 1926 he joined Jimmy Fowler’s band, playing alongside Benny Carter and Jimmy Harrison and then, at the end of the year, we find him in the ranks of Fletcher Henderson’s prestigious formation, where he stayed for over a year. It was a time when the orchestra was enjoying its heyday, recording prolifically for various labels and cutting numerous sides that often featured Tommy Ladnier.
The advent of electrical recording around this time enables us to appreciate to the full his burnished tone, impressive volume and not least his fine sense of swing, exemplified on titles such as St. Louis Shuffle and the reflective and poignant The Chant . But listen carefully to Snag It where, while it is certainly Ladnier who plays the first two choruses — and how! — it is the excellent but not quite so “low-down” trumpet of Joe Smith that takes over after the break. However, all of the trumpet solos on Wang Wang Blues are taken by a Tommy Ladnier on top form! Senegalese Stomp, with pianist Clarence Williams and Jimmy Harrison remains one of his best records from this period.
In June 1928, he returned to Europe with Sam Wooding where he then went on to work with Noble Sissle. He quit Sissle on his return to the States and, with his old friend Sidney Bechet, set up the “New Orleans Feetwarmers”, a group which was to delight audiences at Harlem’s Savoy Ballroom for many months with such numbers as Sweetie Dear. And then, sick of the commercialism and hassle of New York, Ladnier left both the city and the jazz scene for Connecticut where he gave trumpet lessons and played the odd gig with local bands. It was in 1938 that Hugues Panassié, with the aid of Mezz Mezzrow, determined to flush him out to record a series of New Orleans sessions, convinced that Tommy, second only to Louis Armstrong, was the ideal trumpeter for the job. New York musicians lent a hand in the search but they had few clues as to Tommy’s whereabouts. Finally, in a search that reads like the plot of a detective story, he was found and the legendary Ladnier-Mezzrow recordings could begin!
And now we hear a Tommy Ladnier at the height of his powers, playing with the clarity, richness and fullness of tone of all great artists. Each note is given its full weight and intensity. The depth of feeling in his music has moved generations of fans who regard Weary Blues, Really The Blues and If You See Me Coming as an indispensable part of any discography. Indeed, in the 40s, when they became very scarce they were much sought-after by collectors who would go to any lengths to obtain them!
While Tommy Ladnier is without doubt the star of these magnificent sessions, the important role played by his partners should not be forgotten: Mezz Mezzrow himself and Sidney Bechet’s dazzling soprano sax on Really The Blues. All backed by an excellent rhythm section comprising Manzie Johnson on drums, Pops Foster or Elmer James on bass and the piercing, “bluesy” guitar of Teddy Bunn.
The success of these recordings rekindled interest in New Orleans jazz and also in Tommy Ladnier’s career. Together with Sidney Bechet he took part in John Hammond’s “From Spirituals to Swing” concert in December 1938. Then he recorded four sides with Mezz, Zutty Singleton and James P. Johnson, accompanying the vocalist Rosetta Crawford and including Double Crossing Papa on which he plays an entire chorus. This was to be his final recording for, just when his future seemed so bright, he died suddenly on 4 June 1939, in Mezz Mezzrow’s apartment. And thus we lost one of the greatest trumpet swingers, and one of the most moving, at the age of only 39!
Adapted from the French by Joyce Waterhouse
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