Liste des produits et biographie de JEAN DRÉJAC
Jean Dréjac, nom de plume de Jean André Jacques Brun, né à Grenoble le 3 juin 1921 et mort à Paris 8e le 11 août 2003, est un parolier, et occasionnellement compositeur-interprète français.
Il est notamment le parolier de Ah ! Le petit vin blanc, Sous le ciel de Paris et La Chansonnette (pour Yves Montand), d'adaptations françaises comme L'Homme à la moto pour Édith Piaf ou Bleu, blanc, blond pour Marcel Amont, ainsi que de nombreuses chansons pour Serge Reggiani (avec Michel Legrand comme compositeur).
Il a été secrétaire adjoint de la SACEM de 1967 à 1969, avant d'en être alternativement administrateur et vice-président du conseil d'administration entre 1977 et 2002.
Jean Dréjac est issu d'une famille de gantiers de Grenoble. Après des études au lycée et dans une école privée, il s’implique très jeune dans la chanson comme interprète et fait partie, alors qu'il n'a pas encore 17 ans, du groupe amateur « Cinfonia ». Son répertoire est composé de ses propres chansons et d'autres empruntées à Charles Trenet et à Paul Misraki.
Il vient d'avoir dix-sept ans en juin 1938 et, peu après, il négocie avec ses parents la possibilité de partir tenter sa chance comme chanteur à Paris. Accompagné par sa mère, il quitte Grenoble en train avec, dans sa valise, son unique « costume d'artiste ». Il obtient des engagements dans des revues comme celle du Petit-Casino, chante gratuitement en lever de rideau aux Folies-Belleville passe au Concert Pacra...
Pour son nom d'artiste, il prend les trois dernières lettres de son second prénom André, et les trois premières lettres de son troisième prénom, Jacques.
Lauréat du concours de chansons de Radio Cité en interprétant Si le nez de Cléopâtre, il obtient un engagement de cinq semaines pour se produire dans les salles de cinéma sponsorisées par la station de radio. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il auditionne pour un tout petit rôle dans le prochain film de Fernandel, L'Héritier des Mondésir et, sélectionné par les productions UFA, il part en Allemagne où le film se tourne aux studios de Babelsberg, ce sera son unique rôle au cinéma (1939).
De retour en France, il passe de nouveau au Petit-Casino, puis la guerre est déclarée. Ce ne sont pas encore les restrictions ; il est engagé au théâtre de l'Abri et passe en vedette au Concert Mayol où il interprète ses propres chansons et imite Maurice Chevalier, prestation remarquée par un journaliste.
Puis c'est l'exode de 1940 en France et Jean Dréjac part pour Biarritz. Quand il revient à Paris, parallèlement à la reprise de son activité au music-hall, il s'inscrit aux Cours Simon où il a comme camarades de classe Daniel Gélin, Maria Casarès et Martine Carol. Il passe en vedette avec Damia au théâtre des Optimistes. Mais la prestation de ce chanteur de 20 ans attire l'attention du service du travail obligatoire (STO) institué par les Allemands et, en raison de son refus d'y participer, Jean Dréjac doit cesser toute activité publique. Il profite de son inactivité pour écrire des textes de chansons. Grâce à un gain aux courses de chevaux, il s'octroie un petit séjour en banlieue dans une auberge des bords de Marne face à l'Île d'amour. C'est le printemps et le petit vin blanc aidant, l'inspiration vient. Il a l’occasion de présenter ses textes au compositeur Charles Borel-Clerc. Celui-ci est déjà célèbre grâce à ses chansons à succès interprétées par Félix Mayol (La Mattchiche, 1903), Dranem et par Maurice Chevalier à la fin des années 1930 (Le Chapeau de Zozo, Ma pomme, etc.)
Il écrit avec Charles Borel-Clerc une chanson qui s’inscrit immédiatement dans le patrimoine français, c'est Ah ! Le petit vin blanc, interprétée par Lina Margy. Plus d’un million de partitions vendues en 1943, ce qui constitue un record en ces temps-là. Ils enchaînent avec des succès pour Georges Guétary (Le P’tit bal du samedi soir, 1946), pour Jean Lumière (Maman vous êtes la plus belle et Je parle à la nuit), et pour Alibert (C'est un petit square).
En 1947 il écrit Les Quais de la seine interprété par Lucienne Delyle, Lina Margy et Danièle Darrieux.
C’est lors d’une tournée en Égypte en 1949 où il passe en vedette à l’Auberge bleue d’Alexandrie qu’a lieu « la rencontre des trois Jean ». C’est effectivement là qu’il fait la connaissance de Jean Marais et Jean Cocteau. Ce dernier lui témoigne toute son amitié en lui offrant un dessin du célèbre « profil œdipien » promptement exécuté sur une enveloppe de fortune.
C’est également à Alexandrie où, découvrant dans les vitrines des partitions de succès parisiens tels que À Paris de Francis Lemarque et Mademoiselle de Paris (notamment interprétée par Jacqueline François), lui vient l’inspiration de La Chanson de Paris grâce à laquelle il remportera en 1950 le Grand Prix de la chanson française de l’ABC.
Mais à l'orée des années 1950, Jean Dréjac confirme sa renommée grâce à une autre chanson mythique. Remarqué par le scénariste Henri Jeanson au cours de l'émission Télé-Paris, durant laquelle il interprète La Chanson de Paris, Jean Dréjac est alors convoqué avec le compositeur Hubert Giraud par le réalisateur Julien Duvivier qui recherche la chanson-thème pour son film en cours, Sous le ciel de Paris. Dans les jours qui suivent, ils lui apportent au Jardin des Tuileries — où Duvivier est en plein tournage — leur chanson Sous le ciel de Paris, qui est immédiatement acceptée par le réalisateur.
Créée dans le film par Jean Bretonnière, puis reprise par Anny Gould, la romance devient internationale grâce à des interprètes prestigieux qui la portent sur les scènes du monde entier : Les Compagnons de la chanson, Jacqueline François, Juliette Gréco, Yves Montand et Édith Piaf. Le style « Dréjac » est né : des rimes poétiques dotées d’une veine populaire. Il va s'imposer grâce à une multitude d'interprètes les plus divers durant les décennies à venir.
Sous le ciel de Paris est adapté en anglais sous le titre Under Paris Skies. Notamment interprétée par Andy Williams et Paul Anka, la chanson remporte un grand succès aux États-Unis. De nombreux jazzmen comme Duke Ellington, Toots Thielemans et Coleman Hawkins enregistrent la version instrumentale.
Jean Dréjac poursuit sa collaboration avec Hubert Giraud, ils écrivent La Dame en gris pour Jean Sablon, Une petite île et Le Petit Remorqueur pour le trio Do ré mi, et, pour Jacques Hélian et son orchestre, Musique en tête, L'amour vient de naître, L'amour se joue, Tambour battant et Dites-nous monsieur Jacques.
Pour Édith Piaf, il écrit Le Chemin des forains sur une musique de Henri Sauguet et les adaptations françaises de deux chansons américaines, L'Homme à la moto et Soudain une vallée. À cette époque, il adhère aux Rose-Croix où Édith Piaf le suivra.
Avec Jean Constantin, il écrit Fleur de Papillon pour Annie Cordy et Ma petite rime interprété par le compositeur lui-même.
Pour Yves Montand, il écrit avec le compositeur Philippe-Gérard, La Chansonnette, Rengaine ta rengaine et La Musique.
Pour Marcel Amont, il écrit Le Bal de ma banlieue, Il a le maillot jaune, Flamenco Rock et Bleu, blanc, blond, un grand succès de 1960.
Pour Dalida, il écrit avec Hubert Giraud L'Arlequin de Tolède.
Il signe les paroles et la musique de La Cuisine pour Juliette Gréco, de Ma muse pour Jean-Claude Pascal et Faut pas gamberger pour Patachou.
Jean Dréjac entame une longue collaboration avec Michel Legrand. Ils écrivent pour Serge Reggiani (Rupture, Édith, C’est comme quand la mer se retire, Contre vents et marées, Le Vieux Costume, Les Vieux Gamins)'. Ils écrivent également pour Dalida, Mireille Mathieu, Jean-Claude Pascal. Avec Henri Salvador, il écrit plusieurs titres, Un air de France, Comme un Prince et Quand un artiste.
Jean Dréjac enregistre ponctuellement des disques avec quelques-unes de ses œuvres, notamment à l’occasion des festivités organisées pour ses 30 ans de chanson à Bobino en 1976.
Jean Dréjac fête ses cinquante ans de chansons à l’Olympia en 1994.
Sur des musiques de Michel Legrand, Jean Dréjac écrit tous les textes du dernier album de Serge Reggiani, Enfants soyez meilleurs que nous.