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Liste des produits et biographie de Erroll GARNER
Musicien, compositeur et pianiste de jazz américain
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Erroll Garner
La réputation d'Erroll Garner dépasse depuis longtemps le petit cercle des amoureux du jazz. Et comme on peut se douter qu'un homme assis devant un piano n'a a priori pas grand chose d'un showman — à moins qu'il n'y mette le feu comme Jerry Lee Lewis — il faut bien lui trouver des qualités purement musicales pour expliquer son succès durable.
Autodidacte, Erroll Garner se lança pourtant très tôt dans la carrière, puisque dès l'âge de dix ans, il se produisit à la radio, au sein d'un orchestre d'enfants. Quant au jazzman, c'est à partir de 1938 qu'il apparut, travaillant pour un certain Leroy Brown. A partir de 1944, établi à New York, il acquit rapidement une jolie réputation sur la 52e Rue, où les plus grands jazzmen se côtoyaient. L'année suivante, il monta son propre trio. Cette époque-là fut par excellence une époque charnière; le be-bop était en train de naître, tandis que le jazz que l'on dit aujourd'hui "classique" dessinait un magnifique coucher de soleil.
Garner révéla très tôt toute l'étendue de son talent et l'on pourrait même dire qu'en 1947, année où il eut l'occasion d'enregistrer pour Charlie Parker, il avait déjà donné au jazz plusieurs disques "majeurs", même si le mot peut paraître trop grave lorsqu'il s'applique à un art aussi "léger". Encore faudrait-il préciser que ce qui peut nous sembler s'apparenter aux bulles d'un champagne musical chez lui, repose sur une miraculeuse fusion d'éléments disparates, empruntés à différents styles de jazz (et même à la musique afro-cubaine), sans que l'ensemble trahisse jamais le collage. Du moins chez le meilleur Garner, car en effet peut apparaître chez le Garner des ballades, une tendance à la "facilité" qui put en faire à certaines époques (en tout cas pas celle qui nous concerne présentement), une sorte de bête noire de la critique spécialisée, et pas seulement puisque l'on peut trouver des avis vraiment autorisés, tels que celui du pianiste Johnny Mehegan, pour voir deux Garner, le génial s'opposant au lénifiant (sur tempo lent). On ne devrait jamais en théorie parler du génie d'un musicien en rappelant ses faiblesses, du moins n'est-ce pas, par convention, le rôle de celui qui présente un disque?
Il nous semble pourtant que le "génie" de Garner n'apparaît jamais si bien, dans sa diversité et dans sa fraîcheur (irrésistible en cette seconde moitié des années 1940) que lorsqu'il donnait libre cours à sa fantaisie, laissant parler sa main droite, créant ce fameux décalage avec la senestre, qui apparaît comme sa signature. Ce qui ne devrait pas non plus nous laisser négliger tant d'autres caractéristiques de son "originalité" — si le commentaire sur Garner appelle les guillemets, sa musique est riche en détours —, tels que sa prodigieuse aisance en soliste absolu, ses invraisemblables introductions, son effarante logique (quasi carrollienne, en référence à Lewis Carroll et à Joe Carroll, le chanteur, autre virtuose du sens), son art de funambule, son humour (tel qu'il se déployait dans la citation) et sa belle capacité de renouvellement rythmique. Cette liberté garnerienne peut également être symbolisée par sa relation à l'histoire du jazz. Si le bebop et sa révolution appartinrent à sa jeunesse (cf. les faces avec Charlie Parker), il y "résista", et d'ailleurs il résista à beaucoup de choses, au temps qui passe et corrode le plaisir, aux classifications et même, répétons-nous, aux
infidélités de la critique spécialisée.
Enfin, on l'aura compris, Garner n'est pas prêt d'être oublié et s'il est passé depuis vingt ans déjà le temps où l'on pouvait se précipiter à ses concerts, ses disques en constituent un écho irrésistible.
François Billard
Erroll Garner’s reputation goes way beyond the admiration of a small circle of jazz aficionados. Yet a pianist—other than perhaps a flamboyant Jerry Lee Lewis—has little opportunity for showmanship. So the reasons for his enduring popularity must lie in his musical ability.
A completely self-taught musician who never learned to read music, Erroll Garner started his career at the age of ten, appearing on radio with a children’s orchestra. The jazzman first made his appearance in 1938, working for a certain Leroy Brown. From 1944 onwards, already settled in New York, he rapidly made a name for himself on 52nd Street, where all the biggest names in jazz rubbed shoulders. He formed his own trio the following year during a period that was to prove a turning-point in the history of jazz: while bebop was taking its first tentative steps, “classic” jazz was on the decline but still trailing clouds of glory in its wake.
Garner soon revealed the wide-ranging scope of his talent and, by 1947 when he was given the chance to record for Charlie Parker, he had already cut several major jazz records. “Major” is no exaggeration when one considers that these apparently frothy, light pieces were based on a miraculous fusion of disparate elements, borrowed from various jazz styles (even Afro-Cuban music), resulting in a perfect whole. While this is true of Garner at his best, he was also capable of resorting to a certain “facility” on some ballads, which occasionally (although not during the period that concerns us here) resulted in bad reviews. And not only the critics objected to this easy approach. For pianist Johnny Mehegan there were two Garners—the genius and the smooth pianist (slow tempo).
While any commentator worthy of the name must mention both the weaknesses and strengths of an artist, the present CD reveals all the diversity and freshness of Garner’s playing in the late 40s. He gives his imagination free reign, his right hand taking over the melody, his left lagging behind to produce that tremendous swing which was his hall-mark. Not forgetting all the other characteristics that went to make up the Garner style—his superbly nonchalant solos, his incredible introductions, his sometimes illogically logical approach, his daring, humour and huge capacity to “kick” the beat. This freedom is reflected in the position he holds in the history of jazz. He remained true to himself, resisting influences—even that of bebop which was part of his youth (cf. the sides with Charlie Parker)—as he resisted the passing of time and unsympathetic critics.
Yet he is far from being forgotten and, although we can no longer rush out to catch one of his concerts, we can at least sit back and enjoy these wonderful recordings.
Adapted from the French by Joyce Waterhouse
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