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Liste des produits et biographie de Georgia WHITE
Chanteuse américaine de blues
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GEORGIA WHITE
Une idée couramment émise et partagée fait s'éteindre le blues féminin à la fin des années 20, emporté par la crise et remplacé, soit par le jazz vocal, soit par le blues traditionnel, celui des hommes! Or, bien qu'oubliées pour la plupart - le nom et la personnalité de Memphis Minnie elle-même n'évoquaient pas grand-chose aux jeune amateurs il y a vingt-cinq ou trente ans - les chanteuses de blues furent bien présentes sur la scène et sur le disque durant les années 30. Certes, l'ère des divas du blues classique, habituées aux grands théâtres noirs et aux longues tournées dans le Sud, laissa la place à des pratiques urbaines plus discrètes, plus localisées et cantonnées dans les petits clubs des ghettos; plus authentiques et rudes aussi chez Memphis Minnie ou Lucille Bogan, plus proches parfois des airs populaires légers chez Lil et Merline Johnson (The Yas Yas Girl). Mais la plus versatile, la plus complète, celle qui couvrait le champ d'expressions le plus large s'appelait Georgia White.
Rien n'est connu de la jeunesse de Georgia White qui, née en Géorgie le 9 mars 1903, d'où son surnom, monta à Chicago au cours des années 20. Elle acquiert la notoriété en 1929 en chantant avec le Jimmy Noone's Apex Club Orchestra dans le club du même nom et en d'autres lieux du South Side. Le When You're Smiling qu'elle enregistre avec le grand clarinettiste en mai 1930 et qui constitue sa première trace discographique, fait entendre une vocaliste encore peu assurée. Mais, quelques années de cabaret et une solide expérience pianistique aidant, c'est une artiste totalement épanouie, mature et pleinement maîtresse de ses moyens qui enregistre ses premiers morceaux au printemps 1935. Gravés une première fois le 13 mars sous le nom de Georgia Lawson (son vrai nom?), Your Worries Ain't Like Mine (cf. Blues Fireworks/EPM CAD 465) et You Done Lost Your Good Thing Now, peaufinés le 10 avril, sont publiés par Decca.
Le succès obtenu par ce premier disque marque le début d'une belle aventure phonographique. Un jeu de piano solide et chantant, dynamique et swinguant hérité de la tradition barrelhouse, et une forte voix de contralto parfois rauque à l'intonation mordante et parfaitement contrôlée (ni exagération mélodramatique, ni raillerie canaille) révèlent une véritable artiste et une femme décidée. Très persuasive dans les blues profonds (Honey Dripper, Your Hellish Ways, Dead Man's Blues...) ou plus osés (I Just Want Your Stingaree) où elle rejoint, avec plus de nuances, une Memphis Minnie, elle aborde sans complexes un répertoire léger, dans la tradition hokum/jive music que lui imposent sans doute en partie ses producteurs : Hot Nuts (lancé par Lil Johnson), Daddy Let Me Lay It On You, I'll Keep Sittin' On It... sont des chansons au contenu plus que paillard qu'elle interprète sans effets appuyés mais juste avec ce qu'il faut de malice et aussi de réalisme -certain morceaux traitent ouvertement de la prostitution ou de l'homosexualité féminine. Ces risqué songs établissent sa réputation auprès de la clientèle noire mais c'est sa reprise en 1936 du classique Trouble In Mind, créé par Bertha Chippie Hill dix ans plus tôt, qui sera son plus important et plus durable succès. Le compositeur du thème lui-même, Richard M. Jones, la remplace au piano. Par ailleurs le trio de Jones, qui comprend l'étonnant et prodigieux guitariste Ikey Robinson (auteur de superbes solos), devient le groupe régulier de la chanteuse lors de nombreuses séances de studio.
La notoriété de Georgia White à cette époque lui permet de figurer en première place sur les catalogues Decca Race Records et elle contribue fortement à relancer la popularité du blues féminin, un blues très urbain, volontiers sophistiqué et aux résonances jazzy. Rosetta Howard, Blue Lou Barker, Rosetta Tharpe, Wee Bea Boose, Lill Green (cf. EPM/Blues Collection 158212) sont quelques-unes des nombreuse chanteuses à débuter tandis que d'anciennes gloires de la période dite classique comme Monette Moore, Alberta Hunter, Trixie Smith ou Ida Cox retrouvent le chemin des studios.
Même si son répertoire déborde largement du cadre des "douze mesures" la prégnance du blues authentique chez Georgia White montre son attachement à ses grandes devancières et à leur répertoire. Elle n'hésite pas, après Trouble In Mind, à reprendre d'anciens succès que l'on croyait passés de mode, Moonshine Blues (Ma Rainey), Careless Love et T'Ain't Nobody's Business (Bessie Smith), Alley Boogie (Lucille Bogan) et même Crazy Blues (le disque historique de Mamie Smith), Jazzin' Babies Blues (Ethel Waters) ou Late Hour Blues (Sara Martin) en leur donnant une nouvelle lecture.
Chanteuse la plus enregistrée de la période 1935/41 (plus de 90 faces) que Decca présente comme étant The World's Greatest Blues Singer, Georgia White est vraiment la blueswoman qui aura fait le lien entre deux époques. Cette position justifie-t' elle son oubli rapide alors que son œuvre n'a étonnamment pas vieilli? Après une seule séance, superbe, en 1940 avec un Jonah Jones particulièrement brillant et incisif, et une autre en 1941 qui nous laisse, en guise de testament artistique, un Territory Blues où elle demeure seule à son clavier, le couvercle du piano se referme et l'aiguille s'arrête sur le sillon après When You're Away, une bien jolie chanson... C'est fini, nous n'entendrons plus jamais Georgia White sur disque.
Ses activités musicales se poursuivent néanmoins. Elle forme un all-girl band - la formule est alors très populaire - avec une trompettiste de Chicago (peut-être Dolly Jones) puis fait partie du Bill Broonzy's Laughing Trio avec le batteur Alfred Wallace. Big Bill se souvient : "J'ai joué avec Georgia White dans une boite de nuit à Chicago en 1949 et un petit peu en 1950. Je n'ai jamais fait aucun enregistrement avec elle, mais je l'accompagnais parfois au studio." (*) Sa carrière de pianiste-chanteuse se poursuivra dans les clubs de Chicago - Le Downer's Grove en 1959 est le dernier connu- puis elle se retirera discrètement. Certains pensent que Georgia White s'est envolée vers d'autres cieux vers 1980.
Jean Buzelin
Après un disque consacré à Lil Green, le choix de Georgia White s'imposait car, comme elle, elle ne fut jamais connue du public blanc, ni à son époque ni après. Sans rechercher l'exhaustivité, il fallait que son œuvre, par sa densité, sa qualité et sa diversité, soit mieux appréciée des amateurs. Avec l'aide des collectionneurs passionnés Jacques Demêtre, Jacques Morgantini et Etienne Peltier (que nous remercions chaleureusement), nous avons pu réunir pour la première fois en CD, même en écartant plusieurs beaux disques un peu "fatigués", un panorama rare et représentatif de la musique de Georgia White.
(*) W.L.C. Broonzy & Yannick Bruynoghe, Big Bill Blues (Ludd, Paris, 1987)
It is all too commonly believed that women blues-singers virtually disappeared with the 1920s, swept away by economic crisis and replaced either by vocal jazz or the traditional blues of male singers. Although now largely forgotten — even the name of Memphis Minnie meant little to young blues fans of 25-30 years ago —, women blues-singers were very much present on the 1930s entertainment and recording scene. True, the era of the classic blues-singers, women accustomed to the glamour of working in the largest black theatres of the South, made way for that of less renowned artists of more local repute, whose “stage” was the dingy clubs of the ghettos. The songs these women sang ranged from the roughest and most authentic blues (Memphis Minnie, Lucille Bogan) to popular melodies of the day (Lil and Merline Johnson, the latter known as The Yas Yas Girl). But by far the most versatile and the most complete, the one with the broadest repertoire, was Georgia White.
Nothing is known of the childhood and youth of Georgia White, except that, born in Georgia on 9 March 1903, she headed for Chicago during the 1920s. She first came to real notice in 1929, when she sang with Jimmy Noone’s Apex Club Orchestra in the club of that name, as well as appearing at other South Side nightspots. The When You’re Smiling she recorded with the great clarinettist in May 1930, her first known studio date, reveals a singer still somewhat unsure of herself. But several years of working the cabaret circuit, allied to her undoubted pianistic talents, mean that it is an already mature, self-assured artist we discover on the first records made under her own name in the spring of 1935. Cut for a first time on 13 March under the name of Georgia Lawson (her real family name?), Your Worries Ain’t Like Mine (cf. Blues Fireworks, EPM CAD 465) and You Done Lost Your Good Thing Now, re-cut in more polished versions on 10 April, were released by Decca.
The success of this first disc ensured this would be only the beginning of a distinguished recording career. Ms. White’s good, solid, rocking piano-style, rooted in the best barrelhouse tradition, and her strong, biting, occasionally throaty (yet always perfectly controlled) contralto voice, reveal a true artist and an evidently determined woman. A very convincing performer of both lowdown blues (Honey Dripper, Your Hellish Ways, Dead Man’s Blues…) and deliberately daring material (I Just Want Your Stingaree) — in the manner of Memphis Minnie, but more subtle —, she does not hesitate to tackle the lightweight repertoire of hokum and jive-music, this no doubt at the behest of her producers. Hence such ribald songs as Hot Nuts (first performed by Lil Johnson), Daddy Let Me Lay It On You and Keep Sittin’ On It, which she interprets in admirably laid-back manner with just the right touch of impish mischief. (Certain songs deal openly with prostitution and female homosexuality.) Although these risqué songs no doubt established her reputation with black audiences, it was her 1936 revival of Trouble In Mind, a classic blues made famous ten years earlier by Bertha “Chippie” Hill, that would prove her greatest, and most enduring, success. The composer himself, Richard M. Jones, takes over the piano chair on this memorable recording, and it was the Jones trio (with the prodigious Ikey Robinson on guitar) that would henceforth be the singer’s regular backing-group on her numerous studio dates.
Georgia White’s fame was now such that she occupied the number-one spot in Decca Race Records catalogues, and she played a key role in reviving the popularity of women blues-singers. Their material deliberately urbane and jazzy, Rosetta Howard, Blue Lou Barker, Rosetta Tharpe, Wee Bea Booze and Lil Green (cf. EPM Blues Collection 158212) were just a few of the many singers to launch their careers, while old-timers of the so-called classic era — Monette Moore, Alberta Hunter, Trixie Smith, Ida Cox and so on — jumped at the opportunity to make their studio comebacks.
Although her repertoire extends well beyond the traditional 12-bar framework, the predominance of authentic blues in the Georgia White book amply demonstrates her attachment to the work of her eminent predecessors. After Trouble In Mind, this popular artist had no hesitation in offering new renderings of old hits such as Moonshine Blues (Ma Rainey), Careless Love and Ain’t Nobody’s Business (Bessie Smith), Alley Boogie (Lucille Bogan), Crazy Blues (the historic piece associated with Mamie Smith), Jazzin’ Babies Blues (Ethel Waters) and Late Hour Blues (Sara Martin).
The most recorded female blues-artist of the 1935-41 period, and promoted by Decca as The World’s Greatest Blues Singer, Georgia White was the linkwoman between two eras. Does this perhaps explain her rapid demise, despite the fact her work has remained astonishingly fresh? After one single, and superb, session in 1940 in the company of a particularly inspired and incisive Jonah Jones, and the 1941 date that gave us her solo rendering of Territory Blues and the very pretty When You’re Away, the lid of the Georgia White piano came down for good. Never again would the lady’s manifest talents be captured on record.
She did continue her live appearances, however, first forming an all-girl band — then a very popular formula — with a Chicago trumpeter (perhaps Dolly Jones), and then moving on to make up Bill Broonzy’s Laughing Trio with drummer Alfred Wallace. Big Bill (in his book Big Bill Blues, W.L.C. Broonzy & Yannick Bruynoghe) recalled: “I played with Georgia White in a Chicago nightclub in 1949 and a bit in 1950. I never made no recording with her, but I sometimes went along to the studio with her.” Georgia carried on her Chicago club career for several more years at least, her last known appearance being at the Downer’s Grove in 1959. She then vanished, unheralded, from the scene, and it is believed she passed away in about 1980.
Adapted from the French by Don WATERHOUSE
Following our CD of Lil Green (cf. EPM Blues Collection 158212), it seemed essential to direct our attention to Georgia White, another singer totally unknown to white audiences, whether in her day or since. Without any desire to be exhaustive, we felt her work remained of sufficient substance, quality and diversity to merit greater attention from blues enthusiasts. With the aid of those avid collectors Jacques Demêtre, Jacques Morgantini and Etienne Peltier — to whom our warmest thanks —, we have been able to assemble for the first time on CD (while perforce omitting some rather “tired” copies of excellent material) a rare and representative collection of the wonderful music of Georgia White.
Adapted from the french by don Waterhouse.
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