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Liste des produits et biographie de Mildred BAILEY
Chanteuse de jazz américaine
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Pour un interprète de musique de jazz, se voir attribuer un titre de noblesse est un signe de reconnaissance populaire honorifique même si ce titre n'est le plus souvent qu'un surnom familier. Ainsi nous trouvons successivement, du côté des messieurs, des rois : Joe "King" Oliver, Nat "King" Cole, le Roi du swing Benny Goodman, puis un duc : Edward "Duke" Ellington, un comte : William “Court" Basie. Nous trouvons aussi un président : Lester "Prez" Young et aussi, tant qu'à faire, un génie : Ray Charles "The Genius". La liste n'est pas limitative. Du côté des dames, les nuances sont plus subtiles. Il y a l'Impératrice du blues, Bessie Smith, la Reine du blues, Dinah Washington et aussi une diva, Sarah Vaughan 'The Divine", Quelques-unes ont été élevées à la distinction de "Dames" : Billie Holiday "Lady Day", Aretha Franklin "Lady Of Soûl", Ella Fitzgerald "The first Lady Of Song", Là non plus la liste n'est pas limitative. Pourtant il est une Dame, bien oubliée de nos jours, qui pendant près de deux décennies eût une grande notoriété sur la scène du jazz. Cet album est dédié à sa mémoire : 'The Rockin' Chair Lady" Mildred Bailey. Ce surnom lui fut donné après qu'elle eût créé et popularisé la célèbre chanson écrite par Hoagy Carmichael, Rockin' Chair pendant son séjour dans la formation de Paul Whiteman. Née à Tekoa, dans l'état de Washington, le 27 février 1907, Mildred Bailey, de son vrai nom Mildred Rinker, était métisse de race blanche et de race indienne. Elle fit des études supérieures au Gonzaga University de Spokane, pensant se destiner à l'enseignement. Un premier mariage en décida autrement et l'amena à résider à Los Angeles où, pour gagner sa vie, ayant un joli brin de voix et le sens de la scène, elle se produisait dans des spectacles, revues et tours de chant en cabarets retransmis par la radio locale. C'est durant l'hiver de 1926 que Mildred voit débarquer son frère Alton en compagnie d'un ancien de l'université de Spokane, un certain Harry Lillis Crosby, "Bing” pour les intimes. Ils ne roulent pas sur l'or. Non seulement Mildred va les héberger, les nourrir, mais elle leur procurera un peu de travail en tant que duettistes d'occasion jusqu'au jour où le célèbre Paul Whiteman les remarque, les entend, puis les engage en compagnie du chanteur et pianiste Harry Barris, formant le trio vocal de l'orchestre, 'The Rhythm Boys".Un bienfait n'est jamais perdu. En juste retour, Alton Rinker va plaider la cause de sa sœur auprès de son chef pour qu'il l'engage comme chanteuse de l'orchestre. Whiteman n'avait jusqu'ici jamais envisagé une place pour une chanteuse au sein de sa formation, déjà très médiatisée, mais l'idée le séduisit et Mildred fut engagée en 1929. Elle y restera jusqu'en 1933. Le style de Mildred Bailey était en opposition totale avec celui qui caractérisait les "hot marnas", la plus célèbre d'entre elles étant Bessie Smith. La voix de Mildred n'était que douceur, délicatesse, légèreté, flexibilité sans mièvrerie ni effets, chargée d’une émotion véritable. Une voix faite pour distiller d'harmonieuses ballades aux textes subtils avec juste ce qu'il faut de swing discret mais perceptible. La justesse, le contrôle du volume, la mise en valeur des notes et des mots, le tempo intérieur furent ses qualités majeures instinctives, sans aucune tricherie. En 1934, après avoir épousé en troisièmes noces Kenneth Norville, mieux connu sous le nom de Red Norvo, xylophoniste de l'orchestre Whiteman, le couple décida de monter son propre groupe, au personnel variable mais toujours Comprenant des solistes de grande qualité, voire de premier plan. Sur les scènes des clubs de New York aussi bien qu'en tournées leur succès ne tarda pas à s'imposer. Ils furent baptisés parleur public "Mr. and Mme Swing". Sur disques ils enregistrèrent indifféremment sous leur deux noms d'artistes. Avec les conseils de son producteur John Hammond, Mildred choisissait soigneusement les chansons de son répertoire. Un regard sur le programme de ce disque nous éclaire sur la notoriété des auteurs et compositeurs des interprétations ainsi que sur la valeur des musiciens accompagnateurs. A part son séjour dans la formation de Paul Whiteman, à ses débuts, Mildred fut rarement une "chanteuse d'orchestre", celle assise devant l'orchestre, sur le côté, qui va sagement reprendre son siège après avoir chanté le refrain vocal. Une de ces exceptions sera sa participation- dans l'orchestre de Benny Goodman. Ce dernier assurait le programme musical hebdomadaire d'une émission publicitaire "Camel Caravan" sur les ondes du réseau NBC. Mildred, invitée de Benny, s'y produisit du 7 octobre au 30 décembre 1939, l'émission étant enregistrée sans public dans les studios de la station. A la même période, Benny et l'orchestre furent engagés au Waldorf-Astoria, un hôtel de grand luxe à la clientèle huppée. Mildred n'apparut jamais aux soirées du Waldorf. Elle ne devait pas avoir le "look" requis pour la circonstance. En compensation Benny Goodman ne manqua pas de faire appel à Mildred pour ses séances d'enregistrement de disques. L'amitié existante entre eux permit ainsi la gravure de huit titres en cette fin d'année 1939. Trois d'entre eux figurent ici, notamment la superbe chanson Dam That Dream écrite par Jimmy Van Heusen et Eddie DeLange pour la comédie musicale "Swinging The Dream", parodie du "Songe d'une nuit d'été" de William Shakespeare, qui fut un échec sur Broadway après seulement treize représentations. Les enregistrements de 1940, avec Roy Eldridge, et ceux de 1941, avec une formation réduite, sont d'une qualité remarquable de swing et d'émotion. Dans cette courte présentation sommaire il ne sera pas question de l'aspect physique de Mildred Bailey. Cette omission est volontaire car d'autres n'ont pas manqué de se charger de la besogne. Heureusement cela n'affecte en rien le talent dont la "Rockin'Chair Lady" fit preuve durant toute sa carrière et plus spécialement dans le contenu de cet album. C'est bien là l'essentiel.
Jacques Lubin
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