Liste des produits et biographie de Roy ELDRIDGE

Roy ELDRIDGE

ROY ELDRIDGE

La formule est connue. Elle est encore employée de nos jours par la plupart des critiques de musique de jazz du monde entier : "Roy Eldridge est un trompettiste de transition. Il est le lien, le chaînon manquant entre Louis Armstrong et Dizzy Gillespie".

Ce n'est pas mal dit.

Mais il y a mieux. Certains spécialistes faisant autorité, de ceux qui "causent dans le poste" et/ou s'écoutent écrire citent volontiers : "Roy Eldridge est, sans le savoir (!) le géniteur spirituel, l'initiateur du style Be-Bop avant la lettre".

Ça c'est du garanti sur facture.

Revenons à la réalité. Roy Eldridge (1911-1989) possède une forte personnalité, tout comme étaient Louis Armstrong et Dizzy Gillespie.

En dehors de la scène Roy est un homme assez réservé, voire même souvent timide. La scène est donc pour lui un exutoire où il se libère et s'extériorise. Pour ce faire il utilise deux atouts majeurs : une brillante sonorité, fortement cuivrée et une véloce technique hors du commun qu'il met au service de conceptions musicales audacieuses très personnelles.

Bien sûr il a écouté les trompettistes Louis Armstrong et Henry "Red" Allen mais il se démarque d'eux très rapidement. Même s'il est influencé par la technique de William "Rex" Stewart, Roy Eldridge va développer un style éminemment original, sa marque de fabrique en quelque sorte, qui va le distinguer de ses confrères d'alors, Charlie Shavers et Jonah Jones.

En 1935 Dizzy Gillespie fut un fidèle auditeur des émissions radiophoniques "Coast-to-Coast" du réseau NBC auxquelles participait l'orchestre de Teddy Hill. Roy, vingt-quatre ans à l'époque, en était déjà l'attraction vedette. Dizzy dira plus tard, dans son livre de souvenirs To Be Or Not To Bop (1) : "Roy était mon idole, j'essayais de jouer comme lui, je n'y arrivais pas (...) Je faisais tout mon possible pour sonner comme Roy en ajoutant un peu de moi-même, ce qui donnait une curieux mélange".

Ceci est confirmé par Roy Eldridge lui-même dans le même ouvrage: "Diz avait déjà trouvé son truc. Une chose que j'apprécie chez lui, même s'il m'a beaucoup copié, c'est qu'il a continué de chercher et a fini par mettre de la cohérence dans ses idées pour aboutir à un style qui a donné un nouveau genre".

Ce n'est donc pas un fait du hasard si Dizzy Gillespie prit place dans les rangs de l'orchestre de Teddy Hill. Toujours dans le même ouvrage, ce dernier témoigne : "Lorsque Roy Eldridge et Leon "Chu" Berry me quittèrent pour aller jouer dans l'orchestre de Fletcher Henderson, Dizzy briguait la place de Roy, comme tant d'autres. Je l'ai convoqué à une répétition et je l'ai engagé...".

Voilà pour le "chaînon manquant" et pour le "géniteur spirituel".

Le reste fait partie de l'histoire du jazz, dans tout bon ouvrage spécialisé et les nombreux dictionnaires disponibles sur le marché.

Les enregistrements les plus significatifs concenant la carrière de Roy Eldridge entre 1935 et 1944 sont contenus dans ce disque.

Au moment où il se termine, Roy va entrer dans l'orchestre d'Artie Shaw puis ce seront les nuits fièvreuses et ardentes des concerts du J.A.T.P. de Norm Granz, avec des duels mémorables qui ne se concluent pas toujours en faveur de Roy car, comme à l'accoutumée, il prend d'énormes risques alors que, l'âge allant, ses moyens physiques s'altèrent. On ne joue pas "en force", par défi, sans qu'à la longue de graves conséquences deviennent limitatives.

A peine assagi, mais toujours aussi inspiré, Roy Eldridge eût l'occasion de se produire à Paris, d'y séjourner et d'y enregistrer en 1950. Une petite laitue est restée célèbre pour l'humour dont Roy était loin d'être dépourvu lorsqu'il chantait (cf Knock Me A Kiss au sein de l'orchestre de Gene Krupa).

Signalons aussi sa participation aux "Jazz Giants 1956" en compagnie de Lester Young, Teddy Wilson et Vic Dickenson entre autres, avec deux chefs-d'œuvre: I Guess I'll have To Change My Plan et I Didn't Know What Time It Was, deux titres à revisiter.

En 1964, Au Festival International de Jazz à Juan-Les-Pins, il accompagne merveilleusement Ella Fitzgerald, bref il poursuit sa carrière, toujours aussi prolifique, toujours agité du désir de s'affirmer, se provocant, se défiant lui-même, tels les grands artistes se remettant chaque fois en question.

Il cessera de se produire régulièrement au cours des années 80, pour raisons de santé, puis nous laissera le souvenir d'un fier pionnier doublé d'un gentleman de qualité : Little Jazz David Roy Eldridge. Jacques Lubin

(1) "To Be Or Not To Bop - Memoirs"  by Dizzy Gillespie with Al Fraser Doubleday & Co, Inc. - Garden City, New York (1979). et pour l'édition française, traduction de Mimi Perrin. Presse de la Renaissance, Paris (1981).

David Roy Eldridge, dit Little Jazz, est un trompettistechanteur et chef d'orchestre de jazz américain né à Pittsburgh le 30 janvier 1911 et décédé à New York le 26 février 1989. Il est une des figures marquantes du jazz classique ou (dans son appellation populaire) du swing

Roy Eldridge commence par apprendre la batterie puis se tourne vers la trompette et le tuba. Il joue dans un orchestre dès l'âge de seize ans, où il pratique les trois instruments. À la fin des années 1920, il se consacre uniquement à la trompette. Il joue alors dans différentes formations.
Il s'installe en 1930 à New York où il joue dans l'orchestre de Elmer Snowden aux côtés du saxophoniste alto Otto Hardwick qui, en raison de sa petite taille le surnomme little jazz. Puis, en 1933, il forme un orchestre avec son frère Joe Eldridge, saxophoniste alto.

Après quelques escapades dans divers groupes, notamment en 1936 chez Teddy HillFletcher Henderson et les McKinney's Cotton Pickers, il forme un grand orchestre de 1937 à 1940 tout en accompagnant divers musiciens. Il accompagne ainsi dans plusieurs sessions Billie Holiday. En 1941, il entre dans l'orchestre de Gene Krupa. Il joue toujours de la trompette, se lance également comme chanteur et fait quelques duos célèbres avec la regrettée Anita O'Day. À l'automne 1943, il monte un octet avec lequel il enregistre un titre qui témoigne de sa grande maitrise technique de la trompette dans ses deux approches, ouverte et avec sourdine : The gasser puis dirige quelque temps un grand orchestre, contexte que Roy apprécie pour la liberté d'expression apportée à son tempérement de musicien généreux et inventif. Au début 1944, il participe au fameux concert du Metropolitan Opera house où il partage l'affiche avec Louis Armstrong Coleman Hawkins et Art Tatum. Il rejoint ensuite l'orchestre du clarinettiste Artie Shaw en 1944-1945. Il tente de reformer un grand orchestre, mais les grands orchestres ne sont plus rentables (il faut payer tous ces musiciens !), Roy revient en petite formation, avant d'intégrer le Jazz at the Philharmonic de Norman Granz, puis en 1949 l'orchestre de Gene Krupa.

En 1950, il fait un séjour de quelques mois en France. Il enregistre avec des musiciens locaux Une petite laitue. Il retourne aux Etats-Unis, où il mène une carrière d'accompagnateur auprès de divers musiciens comme Ella FitzgeraldOscar PetersonDizzy GillespieBenny CarterColeman HawkinsJohnny HodgesSidney Bechet… En 1955, rencontre au sommet en studio avec le pianiste Art Tatum. Il crée aussi ses propres combos et continue à tourner dans le J.A.T.P. En 1958, il participe à la musique du film de Marcel Carné Les Tricheurs.

En 1980, il est victime d'un accident cardiaque lui interdisant de reprendre la trompette. Il continue de se produire comme pianiste et chanteur, jusqu'à sa mort en 1989.

Sa musique

Roy Eldridge influencé par le saxophone dont il jouait en amateur, prisait le grand phrasé légato avec un ambitus très large dans une riche structure harmonique souvent modulante et teinté de chromatismes subtils et expressifs ; à l'aise dans tous les registres du grave au suraigu, dans tous les tempi de la ballade médium-lent comme dans son cheval de bataille Stardust, ou les calvalcades endiablées comme dans After you've gone avec Gene Krupa il apprécie le doublement de tempo, comme dans Body and soul en octobre 1944, suivi d'un retour à la vitesse normale. Parfois critiqué pour sa fougue et ses acrobaties, de très nombreux trompettistes de la génération suivante citent volontiers Roy Eldridge comme le trompettiste ayant exercé sur eux une influence majeure. Son style brillant, audacieux et profondément logique a beaucoup marqué le jeune Dizzy Gillespie, comme dans Hot mallets en 1939 avec Lionel Hampton. Roy Eldridge restera dans l'histoire de la trompette, le digne héritier de Louis Armstrong et le mentor efficace de Dizzy Gillespie, en résumé le maillon essentiel entre classicisme et modernité.

Récompenses

  • National Endowment for the Arts - NEA Jazz Master : nomination et récompensé en qualité de Jazz Master en 19821 (N.B. : la plus prestigieuse récompense de la nation américaine en matière de jazz).

Pièces

Discographie

  • 1939: Roy at the Arcadia Ballrom Musidisc
  • 1943: Little David the Goliath MCA
  • 1950: Une petite laitue Vogue
  • 1952: Daile's wail Verve
  • 1955: Roy Eldridge et Art Tatum Pablo
  • 1960: Body and Soul avec Eric Dolphy dans Quiet Please
  • WIKIPÉDIA
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