Liste des produits et biographie de T-BONE WALKER
T BONE WALKER
L'omniprésence de la guitare électrique est si forte à l'échelle de toute la planète, l'instrument a tellement infiltré, colonisé et, hélas, perverti les musiques du monde entier qu'il semble avoir toujours fait partie de l'environnement quotidien. Du moindre pâté de maisons d'une quelconque banlieue au fin fond de la brousse la plus perdue (mais alimentée par le courant !), quelqu'un triture fébrilement une guitare et essaie, envoûté par elle, de l'apprivoiser. La guitare électrique est devenue l'instrument populaire par excellence, celui qui fascine chaque adolescent attiré par la musique. Mais sait-il d'où elle vient ?
Dans son "Electric Guitar Story" (EPM/Jazz Archives n°158522), Jacques Morgantini nous retrace les origines et l'évolution de cette guitare "amplifiée" devenue un instrument soliste dans le jazz. Si sa place dans cette musique est incontestée et reconnue, ses grands maîtres ne sont connus que des amateurs et n'ont eu d'influence que dans leur domaine avant la période dite jazz rock (forme déjà vulgarisée et abâtardie) des George Benson, John McLaughlin et autres Pat Metheny. Mais le courant majeur qui a conduit l'instrument à se tailler sa place durant la période du rhythm and blues et à éclater avec le rock'n'roll vient du blues et très largement d'un seul musicien : T-Bone Walker.
T-Bone Walker n'a pas découvert fortuitement, sur un coup de chance, ni son instrument, ni son jeu, ni son style à 32 ans lorsqu'il enregistre son premier solo. Non, tout cela est le résultat d'une longue maturation dont les origines vont se chercher dans sa petite enfance.
Aaron Thibeaux Walker naît le 28 mai 1910 à Linden (Texas) dans une famille de musiciens. Sa mère (qui le surnomme "Ti' Beau"), bonne guitariste, s'installe deux ans plus tard à Dallas avec un certain Marco Washington qui joue à peu près de tous les instruments à cordes et anime un string band. Cette émulation favorise évidemment la curiosité du Ti' Beau qui apprend les claquettes et commence à chanter avec son beau-père.
Le dimanche était le jour réservé à la musique et, après l'office à l'Holy Ghost Church, parents et amis se réunissaient pour jammer ensemble. L'un des fidèles de ces réunions dominicales est un chanteur-guitariste aveugle du nom de Blind Lemon Jefferson, celui-là même qui va devenir quelques années plus tard l'un des plus grands et des plus populaires bluesmen des Etats-Unis. Ti' Beau lui sert souvent de guide le long de Central Avenue à Dallas où Lemon fait la manche au début des années 20. On n'a pas besoin de spéculer beaucoup pour avancer que le jeu fin, précis, délié et en arpèges de Jefferson marque probablement le jeune garçon qui, vers 12 ans, commence à apprendre la guitare (en même temps que le banjo et avant la mandoline et le violon). A partir de 1923 il anime déjà des parties locales puis entre dans le Dr Breeding's Big B Tonic Medicine Show avec lequel il tourne à travers le Texas en tant qu'artiste à tout faire : chanteur-musicien-comédien-danseur. Vers la fin de 1925, Walker a l'occasion de jouer brièvement du banjo avec l'une des chanteuses les plus célèbres de l'époque, Ida Cox, alors en tournée et, en 1929, ses talents doivent être suffisamment reconnus pour que la Columbia, de passage à Dallas, permette à ce jeune chanteur-guitariste de 19 ans de graver deux titres au milieu d'une pléthore d'artistes de tout genre. C'est par ce disque sorti sous le nom de Oak Cliff T-Bone — Oak Cliff est une banlieue de Dallas — dans lequel Walker s'inscrit dans une lignée Lonnie Johnson/Scrapper Blackwell, les guitaristes de blues qui alors donnent le ton, que s'ouvre notre chronologie.
Au début des années 30, les activités musicales de T-Bone Walker prennent de l'ampleur. Il travaille avec le Coley Jones Dallas String Band, formation locale qui a laissé un certain nombre d'enregistrements, puis remporte un concours d'amateurs lors du passage de Cab Calloway, ce qui lui permet d'obtenir avec son banjo un engagement de deux semaines avec l'orchestre de la vedette. En 1933, il rencontre pour la première fois Charlie Christian, un jeune voisin de Dallas, qui va le remplacer dans le Lawson Brooks Band avec lequel T-Bone jouait alors régulièrement dans les environs. En 1934, il a l'occasion d'accompagner durant trois soirées la grande chanteuse Ma Rainey au Colosseum de Fort Worth. A cette époque il tourne beaucoup dans le Sud avec l'orchestre de Count Bulaski puis avec celui de Milt Larkins, très coté dans la région. C'est également en 1934 qu'il décide de s'installer sur la Côte Ouest, travaillant très régulièrement au Little Harlem Club dans le quartier de Watts à Los Angeles jusqu'en 1939. Il se produit également vers 1936/37 au Trocadero de Hollywood où il rencontre son futur chef d'orchestre, le saxophoniste Big Jim Wynn.
C'est vers 1935/36 que T-Bone Walker commence à étudier les possibilités d'une guitare "électrifiée" et, en 1939, lorsqu'il croise à nouveau Charlie Christian au moment où celui-ci enregistre avec Benny Goodman, il est très impressionné par la révolution accomplie par son ami en quelques années. Cette rencontre lui fait probablement effectuer un grand pas en avant dans la recherche et le développement de son propre jeu.
En 1939, T-Bone entre dans le Les Hite Cotton Club Orchestra qui écume les dancings et les clubs du Midwest. Avec ce big band de réputation nationale qui se produit au Joe Louis' Hurricane Club de Chicago, à l'Apollo de Harlem et est en résidence au Golden Gate Ballroom de New York, T-Bone enregistre en 1940 un (seul) morceau, T-Bone Blues, où il ne fait que chanter ; Les Hite, qui n'appréciait guère le son de sa guitare au sein de l'orchestre, utilisait Walker au banjo et lui laissait chanter quelques blues en attraction. Ici, l'introduction de guitare est jouée par Frank Pasley qui reprend le style "hawaïen" rendu célèbre par Floyd Smith dans son Floyd's Guitar Blues avec Andy Kirk.
De retour sur la Côte Ouest, T-Bone Walker monte sa propre formation puis entre dans le grand orchestre du pianiste Freddie Slack avec lequel il participe à trois séances d'enregistrement en 1942 et 1944. Dans toutes les faces en big band, il ne joue que de la guitare acoustique et se distingue à peine de la section rythmique. Par chance, uniquement avec le trio piano-basse-batterie, il grave pour la première fois deux blues, I Got A Break Baby et Mean Old World en s'accompagnant à la guitare électrique. Ces deux pièces révèlent un jeu qui, déjà, a atteind sa maturité, signe d'une longue période d'apprentissage et de recherche d'une voie personnelle. Tout le futur T-Bone est contenu dans ces deux blues superbes : le phrasé, le placement et la construction rythmique, l'équilibre, l'élasticité et les riffs typiques, de même que, dans le chant, l'inflexion et les nuances d'une voix qu'il ne forcera jamais.
Durant les années 1942/45, outre de nombreuses prestations dans les clubs de Hollywood et de Los Angeles (il se produit notamment avec l'orchestre de Fletcher Henderson au Club Plantation), Walker effectue une tournée dans les bases de l'armée américaine et se rend souvent à Chicago où il joue au Rhumboogie avec un orchestre dirigé par Marl Young. Avec ce pianiste et sur le label portant le nom du club, T-Bone réalise deux séances de disques à Chicago, la première en la possible compagnie de membres de l'orchestre d'Henderson dont Young est un des arrangeurs. Les dix morceaux gravés offrent un échantillonage complet de la palette du guitariste malgré un accompagnement de big band un peu touffu lors de la première session. Tant sur les blues extrêmement décontractés que sur les boogies rapides qu'il aborde sur disque pour la première fois, son jeu étincelant lors de solos parfaitement construits, la qualité rare de la sonorité, la rondeur, la clarté et la résonnance de la note, éclatent à chaque mesure. De par son expérience, T-Bone se montre également très à l'aise dans les ballades (le classique Evening et I'm Still In Love With You, composition personnelle qu'il gardera à son répertoire) qu'il chante de façon parfaitement juste avec cette retenue qu'il affectionne.
De retour en Californie, T-Bone réalise, en 1946, la première d'une extraordinaire suite de séances pour Black & White et c'est de celle-ci que sortira son premier hit, Bobby Sox Blues, qui va le lancer dans le circuit du Rhythm & Blues naissant. Et c'est avec elle que notre intégrale des débuts enregistrés de T-Bone Walker s'achève.
Le chanteur-guitariste a également trouvé le type d'environnement musical qui lui convient : quelques vents et une rythmique souple qui donnent une assise et une coloration jazzy à ses blues, à ses boogies, à ses tempos médium/shuffle sur lesquels il excelle et où il développe avec une apparente désinvolture ses chapelets de notes qui semblent ne jamais s'achever malgré la concision de ses improvisations.
T-Bone est lancé ! Son jeu sert de modèle à tous les guitaristes de blues du Texas à la Californie : Gatemouth Brown, Pee Wee Crayton, Lowell Fulson, Pete Lewis, Johnny Moore... tandis qu'il constitue un orchestre de neuf musiciens qui va parcourir le pays en long et en large jusqu'au début des années 50, ère qui va marquer la fin de ses succès discographiques. En 1955, une opération d'ulcères à l'estomac compromet ses activités. Dès lors il se cantonne à des activités réduites et locales, le Blue Flame de San Francisco restant son port d'attache de 1956 à 1960. Sa carrière est relancée par le blues revival et T-Bone participe à la toute première tournée européenne de l'American Folk Blues Festival en 1962. Il reviendra fréquemment sur le Vieux Continent : en 1965 en Angleterre avec une incursion dans notre Sud-Ouest, en 1966 avec le Jazz At The Philharmonic, en 1968 et en 1972 de nouveau avec l'AFBF tandis qu'il prolonge ses séjours français en 1968/69 (aux Trois Mailletz notamment) et enregistre deux disques pour Black & Blue et Polydor. Il revient à Nice en 1971, au festival de Montreux en 1972 mais, tuberculeux et fatigué, il se contente le plus souvent de s'accompagner au piano. Il est également à l'affiche de plusieurs grands shows américains avant de mourir d'une pneumonie le 16 mars 1975 à Los Angeles.
On pourrait dire, parlant du jeu de guitare de T-Bone Walker, qu'il a du style et de l'élégance. On a l'impression que chaque note qu'il égrenne est soigneusement, non seulement choisie, mais polie, amoureusement travaillée, à la fois arrondie mais conservant des angles d'attaque vifs qui lui permet d'accrocher celle qui la précède et amorcer celle qui va suivre sur un fil conducteur comme les perles d'un collier. Proche du jazz par une pratique solide de cette musique et l'influence évidente du phrasé d'Eddie Durham, de Charlie Christian et, avant eux, de Lonnie Johnson, il n'en conserve pas moins de fortes racines rurales qui lui feront, en fin de compte, préférer le blues à toute autre forme d'expression. Un blues certes sophistiqué et de forme achevée, feutré mais pas allangui et paresseux comme chez Charles Brown/Johnny Moore, autre source d'influences majeure sur la West Coast ; ses irrésistibles jump blues, nerveux, merveilleusement swingués, puissamment rythmés et impeccablement mis en place illustrent la facette exhubérante d'un musicien qui, ancien danseur, était aussi un véritable showman, accomplissant le grand écart sur scène tout en jouant sur sa guitare posée sur ses épaules ! Inversement, lorsqu'il se concentrait sur ses improvisations, Walker tenait son instrument à plat, comme un clavier ou une steel guitar, mais serré contre lui (voir la photo) comme s'il avait besoin de sentir, de regarder ses doigts frôler, caresser, pincer, sonner et courir sur les cordes, à la manière d'un artisan qui a la satisfaction du travail bien fait.
L'apport de T-Bone Walker au développement de la guitare électrique est considérable et n'a certainement pas été perçu dans sa réelle dimension. Il a rebondi par paliers successifs à tous les niveaux de la musique populaire, à commencer bien sûr par le blues avec le coup de main que lui a donné B.B. King. Certes, et mis à part les surprenants solos de George Barnes, la guitare électrique a été pratiquée dans le blues de Chicago dès 1938 avec Casey Bill puis Big Bill Broonzy, Tampa Red, Memphis Minnie et d'autres, mais celle-ci restait collée à leur chant et aucun de ces guitaristes n'a créé un langage aussi original et définitif sur son instrument. Mais directement ou par le relais de B.B. King qui, à ses débuts a façonné son style sur celui de son aîné avec sa manière de faire "chanter", de faire respirer la note, le jeu de T-Bone Walker se retrouve chez Chuck Berry dont les solos en riffs répétés sont calqués note pour note sur les siens et feront à leur tour les choux gras des guitaristes de rock. Tout se tient. T-Bone est présent chez Johnny Guitar Watson, Albert Collins, Johnny Copeland et même Jimi Hendrix comme chez Duane Allman, Jeff Beck, Mike Bloomfield, Eric Clapton, Duke Robillard, Johnny Winter... bien que parfois dénaturé, trop stylisé, altéré voire dégénéré.
Tel est le destin du chercheur, du créateur, du visionnaire : il expérimente, découvre, jette les bases, développe, perfectionne, peaufine et arrive à faire corps avec sa création au moment où le contact, la convergence entre la pensée, l'idée et l'esprit se matérialise par le corps et la main. C'est à ce point de rencontre que nous touchons à l'œuvre. Le créateur en fait alors don au monde, elle ne lui appartient plus...
Jean Buzelin
Nous remercions Jacques Morgantini et Jacques Périn pour les disques qu'ils ont bien voulu nous prêter.
The electric guitar has now assumed a prominent role in today’s popular music world-wide … an all-pervading influence that some would argue has not always been a positive one. It has become an object of fascination for teenagers attempting to pick out a few chords in imitation of their pop idols.
In his "Electric Guitar Story" (EPM/Jazz Archives 158522), Jacques Morgantini traced the origins and evolution of the amplified guitar and its development into a solo jazz instrument. While its place in jazz is recognised and accepted, the great players are known to only a handful of ardent fans and their influence was restricted to their own field up until the time of the jazz-rock of George Benson, John McLaughlin and Pat Metheny among others. However the major current that helped this instrument to carve out a place for itself during the Rhythm and Blues era came from the blues and, in particular, from a single musician: T-Bone Walker.
By the time T-Bone Walker made his first solo record at the age of 32 he was completely at home with his instrument and his style had been long maturing. He was born Aaron Thibeaux Walker on 28 May 1910 at Linden, Texas, into a family of musicians. Two years later his mother (who nicknamed him “Ti’ Beau), no mean guitarist herself, moved to Dallas to live with a certain Marco Washington who could play almost any string instrument and had his own string band. Not to be outdone T-Bone took up tap-dancing and started singing with his step-father.
Sunday was the day put aside for music and, after attending service at the Holy Ghost Church, parents and friends met up to jam together. The blind singer-guitarist Blind Lemon Jefferson, later to become one of the greatest and most popular of American bluesmen, was a regular at these Sunday gatherings. The young Ti’ Beau often acted as his guide along Dallas’ Central Avenue where Jefferson used to busk in the early 20s. It goes without saying that the latter’s delicate, precise and nimble use of arpeggios left an indelible mark on the boy who, when he was around 12 years old, started to teach himself guitar and banjo before going on to the mandolin and violin. By 1923 he was already playing for local parties and then he joined Dr. Breeding’s Big B Tonic Medicine Show, touring Texas as an all-round entertainer: singer-actor-musician-dancer. Towards the end of 1925 he toured briefly as banjoist with Ida Cox, one of the most famous singers of the time. Then in 1929 his talents were recognised by Columbia, in Dallas to record a mixed bag of musicians. T-Bone was given a couple of tracks which he filled in the style of Lonnie Johnson/Scrapper Blackwell. The ensuing record, issued under the title of Oak Cliff T-Bone - Oak Cliff being a suburb of Dallas - opens the present selection.
By the early 30s T-Bone Walker’s career was really taking off. He worked with the Coley Jones Dallas String Band, a local formation which made several records and then he won a talent contest held when Cab Calloway was in town which got him a 2-week stint playing banjo with the star’s orchestra. In 1933 T-Bone met Charlie Christian for the first time, another Dallas youngster who later replaced him in the Lawson Brooks Band. The following year he was invited to accompany the great Ma Rainey for three nights at Fort Worth’s Colosseum. Around this time he was making regular tours of the South with the orchestras of Count Bulaski and the very popular Milt Larkins. In the same year he decided to settle on the West Coast, working regularly at the Little Harlem Club in the Watts district of Los Angeles until 1939. Around 1936/1937 he also appeared at the Trocadero in Hollywood where he met his future band leader, saxophonist Big Jim Wynn.
As early as 1935 T-Bone was already considering the possibilities offered by an “electrified” guitar and when he met up again with Charlie Christian in 1939, who was recording at the time with Benny Goodman, he was very impressed by what Christian had achieved in only a few years. This meeting probably encouraged him to re-examine and develop his own style.
That same year he played in the dance-halls and clubs of the mid-West with the Les Hite Cotton Club Orchestra, the big band with a nation-wide reputation that appeared regularly at the Joe Louis Hurricane Club in Chicago, the Harlem Apollo and had a residency at the Golden Gate Ballroom in New York. He recorded one title with them in 1940, T-Bone Blues but only supplied the vocal: Les Hite did not really appreciate the sound of a guitar in his orchestra preferring to use Walker on banjo and letting him sing the occasional blues which seemed to go down well with the customers. On this track the guitar introduction is played by Frank Parsley in the “Hawaiian” style made famous by Floyd Smith on Floyd’s Guitar Blues with Andy Kirk.
Back on the West Coast T-Bone Walker formed his own group before joining pianist Freddie Slack’s big band with which he took part in three recording sessions in 1942 and 1944. On all the big band tracks he plays only acoustic guitar and does not really stand out in the rhythm section. But he did get the chance to cut his first blues, with only a piano-bass-drums backing, I Got A Break Baby and Mean Old World, accompanying himself on electric guitar. Both these superb blues reveal all the talent of T-Bone Walker: a mature, very personal style with an intense rhythmic drive, beautifully punctuated by those typical riffs, balanced by the convincing authority of an earthy voice that never sounds forced.
From 1942 to 1945, in addition to numerous appearances in Hollywood and Los Angeles clubs (notably with Fletcher Henderson’s Orchestra at the Plantation Club), Walker toured American army bases and often played at the Rhumboogie in Chicago with a band fronted by pianist Marl Young. With the latter, on a label named after the club, T-Bone recorded two sessions in Chicago, the first one possibly in the company of members of the Henderson orchestra in which Young was one of the arrangers. These ten titles cover the entire range of the guitarist’s repertoire, even though the big band backing is somewhat heavy-handed on the first session. Whether on the most laid-back blues or on the fast boogies, which he records here for the first time, T-Bone treats us to a brilliant display of his flamboyant solo technique that bursts forth on every track with its dazzling runs and the full, clear, resonant sound so typical of this artist. He is equally at home with ballads (the classic Evening and his own composition I’m Still In Love With You) beautifully sung with his habitual restraint.
The present selection of the early recordings of T-Bone Walker ends with the first of the outstanding Black & White sessions which he recorded on his return to Chicago in 1946, including his first hit Bobby Sox Blues that was to launch him on the nascent Rhythm & Blues circuit.
The singer-guitarist had finally found the environment that suited him: a few horns and a swinging rhythm section to provide a jazz backing for his blues, his boogies and the shuffle tempos at which he excelled, developing with deceptive ease a seemingly never-ending, breathtaking cascade of notes.
His playing served as a model for every blues guitarist from Texas to California: Gatemouth Brown, Pee Wee Crayton, Lowell Fulson, Pete Lewis, Johnny Moore …. Meantime he put together his own group of nine musicians who played the length and breadth of the States up to the early 50s which marked the end of his recording success. In 1955 an operation for stomach ulcers severely curtailed his activities and he limited himself to a few local gigs, the Blue Flame in San Francisco remaining his regular stomping ground from 1956 to 1960. He was “re-discovered” thanks to the blues revival and came to Europe with the first American Folk Blues Festival package in 1962. He subsequently made several trips to Europe: England and south-west France in 1965, with Jazz At The Philharmonic in 1966, again with the American Folk Blues Festival in 1968 and 1972 and he stayed over in France 1968/69, playing at the Trois Mailletz and making two records for Black & Blue and Polydor. He returned to Nice in 1971 and to the Montreux Jazz Festival in 1972 but, already burnt-out and exhausted by tuberculosis, he generally accompanied himself on piano only. He continued to appear on several big American shows before his death from pneumonia on 16 March 1975 in Los Angeles.
T-Bone Walker’s technique can be summed up in two words: style and elegance. Every chord he picks out seems to be not only carefully chosen but polished and lovingly thought-out, each meticulously placed in a brilliantly exciting whole.
While it is undeniable that his music is very close to jazz and his phrasing clearly influenced by the likes of Lonnie Johnson, Eddie Durham and Charlie Christian, he remained faithful to his country roots preferring the blues to any other form of expression. A sophisticated, polished blues it is true, still smooth but very different from the languid, lazy blues of Charles Brown/Johnny Moore, the other major West Coast influences. His spirited jump blues with their irresistible swing, driving rhythms and faultless arrangements testify to the exuberance of a musician who was not only a skilled dancer but also an inveterate showman, doing the splits on stage while continuing to play his guitar above his head! On the other hand, when concentrating on his improvisations, he held his instrument flat, like a keyboard or steel guitar, tight up against his body (see photo) as if he needed to feel, to watch his fingers skimming, caressing, plucking and slipping across the strings.
The extent of T-Bone Walker’s contribution to the evolution of the electric guitar has never been fully appreciated. His influence infiltrated popular music on all levels, beginning with the blues and B.B. King who early on made his guitar “talk” in a way very reminiscent of the older man. Admittedly, even apart from George Barnes' amazing solos, the electric guitar was being used in Chicago blues from 1938 onwards, first by Casey Bill then Big Bill Broonzy, Tampa Red, Memphis Minnie among others but for them the vocal remained all-important and none of these musicians succeeded in creating a specific language for the instrument. There are also clear echoes of T-Bone in Chuck Berry’s playing that may have come directly from the man himself or via B.B. King and certain of Berry’s solos and riffs, which later rock guitarists were only too happy to make use of, appear to have been copied note for note. These echoes, although at times distorted and over-stylised, continue to reverberate in the music of Johnny Guitar Watson, Albert Collins, Johnny Copeland and even Jimi Hendrix, as well as Duane Allman, Jeff Beck, Mike Bloomfield, Eric Clapton, Duke Robillard, Johnny Winter …
Just one more example of a great innovator, in this case “the father of the electric guitar” who, having perfected his creation, bequeaths it to others because it is no longer his alone.
Adapted from the French by Joyce Waterhouse
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