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MA RAINEY / THE MOTHER OF THE BLUES
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1 CD / 1923-1928 / Blues Collection / Historic Recording
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Ma Rainey
1 New bo-weavil blues
2 Moonshine blues
3 Barrel house blues
4 Dream blues
5 Lucky rock blues
6 Jealous hearted blues
7 See see rider blues
8 Jelly bean blues
9 Countin’ the blues
10 Chain gang blues
11Jealousy blues
12 Mountain Jack blues
13 Blues oh blues
14 oh papa blues
15 Deep moanning blues
16 Daddy, goodbye blues
17 Blame it on the blues
18 Black eye blues
19 Man and Pa poorhouse blues
20 Big feeling blues
Jean Buzelin
"Peut-être que je suis partial, mais en ce qui me concerne, Ma était la plus grande des chanteuses de blues." (Thomas A. Dorsey)
Au milieu de l'aéropage de reines, de princesses et autres duchesses que dominait, du haut de son trône, leur impératrice, les chanteuses de blues ont eu leur mère. Plus âgée que la plupart d'entre elles, elle pouvait être aussi bien la mère, celle qui rassemble et maintient la cohésion de la famille — et l'on sait que dans la société afro-américaine (comme dans beaucoup d'autres) c'est la mère qui est le pivot de la structure familiale — comme celle qui transmet un savoir, des connaissances, dont elle est la dépositrice, sinon l'inventeuse. Il fallait que le blues, terme flou, informel, sans signification musicale précise, passe entre les mains et dans la voix d'une mère pour être, d'abord adopté et modelé, puis ensuite transmis aux générations à venir.
En fait le blues — sa diffusion — est né comme il se doit d'un père et d'une mère. Le "Père du Blues", le compositeur et chef d'orchestre W.C. Handy, avait entendu une mélopée bizarre interprétée par un chanteur-guitariste dans une petite gare du Mississippi en 1903. De cette découverte, il avait fait une entreprise rentable par le biais de l'édition, à partir de 1912, de ses compositions destinées avant tout à enrichir le répertoire des orchestres et des fanfares. La "Mère du Blues", alors âgée de 16 ans (!), avait vécu une expérience similaire à peu près en même temps dans une bourgade du Missouri en 1902. Elle avait entendu, raconta-t-elle au musicologue John W. Work, une "plainte étrange et poignante" chantée par une jeune fille. Fortement impressionnée par l'effet que lui avait produit la chanson, elle l'avait incluse à son répertoire en guise de bis à la grande satisfaction de son auditoire.
Petit à petit, ce genre vocal qu'elle baptiste elle-même blues — le nom était dans l'air! — va prendre de plus en plus d'importance dans son tour de chant. Tournant partout dans le Sud et dans le Middle West, Ma Rainey va colporter le genre et le propager abondamment et en direct (live). En "bonne mère", elle en fait don à son public qui, souvent familiarisé avec des pratiques locales encore informelles, le lui réclame. On peut donc admettre que cette expression musicale, alors en gestation dans divers endroits reculés du Sud profond — en particulier dans le delta du Mississippi —, ne se serait pas aussi rapidement et largement répandu sans le concours d'une véritable vedette de la scène, d'une locomotive qui pouvait la faire circuler d'un bout à l'autre des états du Sud comme en auraient témoigné des articles de journaux parlant de "blues" dès 1905 à propos des performances de Ma Rainey. Peut-être ne serait-il resté qu'une musique folklorique qui n'aurait pas évolué et aurait sans doute à présent disparu ?
Ainsi la "Mère du Blues" n'est-elle pas uniquement la doyenne de toutes ces chanteuses à succès des années 20, mais aussi celle qui a largement permis l'émancipation de tous "ses" enfants du Sud, les authentiques country bluesmen. C'est dire son importance dans l'Histoire !
Son histoire à elle commence le 26 avril 1886 à Columbus (Géorgie). Ce jour-là naît Gertrude Pridgett, fille d'un couple de minstrels, artistes à tout faire (comédiens, chanteurs, danseurs, etc.) des spectacles itinérants qui enchantent alors la population libérée de l'esclavage. Dans cette famille qui comptera cinq enfants et où la grand-mère a aussi tâté de la scène, la jeune Gertrude ne pouvait que se retrouver sur les planches. Ainsi dès 1900, elle chante et danse dans «A Bunch of Blackberries», un show programmé au Springer Opera House de sa ville natale, puis commence à "faire" la route (ce qui lui permet de rencontrer le blues dès 1902). Elle n'a pas 18 ans losqu'elle épouse, le 2 février 1904, un "vieux" minstrel, William "Pa" Rainey qui sera son partenaire pendant une bonne dizaine d'années. Elle devient donc, malgré son jeune âge, "Ma" Rainey, et se produit sous les chapiteaux (tent shows) et sur les scènes des cabarets et des théatres comme le célèbre 81 d'Atlanta où la jeune Bessie Smith apparaît au même programme que le duo. Ils tournent souvent au sein de troupes connues comme le Moses Stokes Show en 1912, les Rabbit Foot Minstrels en 1915 ou encore le Tolliver's Circus & Musical Extravaganza entre 1914 et 1916 où le couple se présente sous le nom de «Rainey & Rainey, The Assassinators of the Blues», tout un programme qui finira par une séparation !
"Madame" Rainey, comme elle aime se faire appeler, a 30 ans et elle peut désormais voler de ses propres ailes, des ailes où les plumes sont d'ailleurs fortement lestées par une surcharge de diamants, de bijoux et d'un lourd collier de pièces d'or ! Difficile de suivre sa piste à cette époque mais on la signale vers 1917 à Dallas avec les New Orleans Minstrels de Silas Green, tandis qu'un peu plus loin, «Madam Gertrude Rainey & Her Georgia Smart Sets» tournent dans le Sud...
1920 : Crazy Blues, à la fois le titre de Mamie Smith (et le premier race record) et la frénésie qui s'empare du show business avec la découverte d'un marché afro-américain et le filon qu'il représente. Au début de ces "années folles", on enregistre à tour de bras des chanteuses dites de blues, en fait des artistes de variété, de vaudeville, qui font les belles soirées des cabarets et des revues des music halls des grandes villes du Nord et que les gens de spectacle ont sous la main car tous les disques sont réalisés dans les studios de New York ou de Chicago. Ma Rainey n'est pas de la partie — elle n'est la vedette que des Noirs du Sud — pas plus que les trois autres grandes chanteuses de blues véritable, Bessie Smith, Clara Smith et Ida Cox qui a parfois partagé les mêmes scènes que Ma. Ce n'est qu'en 1923 qu'elles vont être enregistrées, les deux "Smith" à New York pour Columbia respectivement en février et en mai, les deux autres à Chicago pour Paramount, Cox en juin et Rainey, bonne dernière, en décembre. Elles sont toutes deux accompagnées par la formation de la pianiste Lovie Austin où se distingue un jeune et talentueux trompettiste de la Nouvelle Orléans, Tommy Ladnier. C'est peut-être à Chicago que Ma Rainey rencontre pour la première fois Louis Armstrong, autre trompettiste néo-orléanais au brillant devenir. Celui-ci fréquentait les parties organisées par un certain Richard Morgan, oncle de Lionel Hampton. Le futur roi du vibraphone se souvenait que Ma Rainey n'y chantait qu'accompagnée par Jelly Roll Morton ! (1) Dommage qu'aucun disque n'en ai témoigné, dommage aussi que la chanteuse n'ait enregistré toute sa production (une centaine de faces) que pour la maison Paramount, sans doute l'une des plus importantes dans le domaine de la musique noire mais dont le souci de rentabilité primait sur celui de la qualité : prise de son médiocre, gravure peu soignée, pressage de disques bas de gamme, etc., heureusement sauvés en partie grâce à un directeur artistique noir de talent, J. Mayo Williams, qui aura souvent la possibilité d'offrir à la chanteuse d'excellents accompagnateurs.
Ses premiers disques, Bo-Weavil Blues et Moonshine Blues (2) obtiendront un succès tel que Bessie Smith elle-même reprendra les deux titres sur disque quelques mois plus tard. A Chicago, Ma Rainey se produit au Grand Theater avec le pianiste Thomas A. "Georgia Tom" Dorsey qui va devenir son directeur musical. Vers la fin de l'année 1924, elle se rend à New York pour une séance de deux jours où elle est accompagnée par des musiciens de l'orchestre de Fletcher Henderson dont Louis Armstrong qui, à cette occasion, dialogue à la trompette pour la première fois sur disque avec une chanteuse. Elle grave See See Rider, adaptation personnelle d'une vieil air qui deviendra un grand classique de la musique populaire noire grâce aux versions de Wee Bea Booze (en 1942), de Chuck Willis (en 1957), de LaVern Baker (en 1962) et de bien d'autres. Ma Rainey chante au Lincoln Theater mais elle repart vite en tournée. De 1924 à 1928, à la tête de son Georgia Jazz Band (en fait les Wild Cats de Dorsey), elle sillonne inlassablement le Sud et le Midwest (Cleveland, Nashville, Pittsburgh, Birmingham...). C'est là que se situe son public, celui qui achète ses disques et va vibrer, pleurer et appaudir son idole sur scène. Elle ne chante que rarement dans le Nord, de préférence à Chicago qui abrite une forte communauté noire d'origine rurale et où elle enregistre la plupart de ses disques avec son Georgia Band, en fait souvent un mélange entre son orchestre régulier (Dave Nelson, Al Wynn, Lucien Brown) et quelques solides musiciens de studio pour le renfort (Shirley Clay, Kid Ory, Johnny Dodds, les pianistes Jimmy Blythe et Claude Hopkins ou encore le guitariste Blind Blake, autre vedette de la Paramount). Une seule séance a lieu à New York, en décembre 1925, avec une nouvelle fois quelques membres fameux du big band de Fletcher Henderson : Joe Smith, Charlie Green, Buster Bailey, Coleman Hawkins... et le chef au piano, lesquels enrichissent également les disques de Bessie Smith.
En 1927, Ma Rainey promène sa revue «Louisiana Blackbirds» dans tous les théatres du Sud et achève, juste avant un ultime duo avec Papa Charlie Jackson, ses enregistrements en septembre 1928 avec la paire Tampa Red/Georgia Tom, nouveaux rois du hokum blues et précurseurs du Chicago Blues urbain. Une page se tourne, les goûts du public évoluent et l'heure du vaudeville blues est passée. D'autres genres musicaux sont apparus, à la fois plus sophistiqués, jazzy, et plus enracinés comme le blues traditionnel qui va prendre enfin sa véritable place et demeurer un élément fort de la musique vocale populaire noire. En 1928, Ma Rainey n'a que 42 ans mais la crise de 29 n'est pas loin qui marque la fin d'une époque et balaie d'un revers de main les anciennes divas du "blues classique".
Si elle n'enregistre plus, Ma Rainey s'en tire plutôt bien. Ses revues «Bandanna Babies» (1930) et «Arkansas Swift Foot» déplacent toujours les foules, son Georgia Jazz Band tourne à plein régime et le chapiteau du Al Gaines Carnival Show présente en vedette la chanteuse dans tout le Sud Ouest (1933-35). C'est pourtant à ce moment, peut-être à cause des décès coup sur coup de sa mère et d'une de ses sœurs, que Ma se retire de la vie musicale pour retrouver son frère, Thomas Pridgett Jr, diacre à la Friendship Baptist Church de Columbus dont elle va renforcer la chorale.
Contrairement à nombre de ses consœurs, elle avait sû mener sa barque ; propriétaire de deux théatres, elle avait également acheté une grande maison pour sa famille. C'est là, dans sa ville natale que la Mère du Blues laissera ses "enfants" orphelins le 22 décembre 1939, suite à une crise cardiaque. Elle avait 53 ans.
Au vu de son surnom, bienveillant et rassurant, et des photos qui nous montrent une assez inénarrable mémé bien enveloppée, plutôt moche — les témoignages sont unanimes! — et attifée avec un "mauvais" goût certain, on a toujours tendance, aidé d'ailleurs par l'Histoire, par ses enregistrements souvent datés et inaudibles et parce qu'on ne l'a jamais connue jeune — elle a 37 ans sur ses premiers disques — à considérer en fait Ma Rainey comme une grand-mère. On a même un peu de mal à se rendre compte qu'elle fut une véritable star à son époque, et ceci bien avant et sans l'appui du disque, mais une star des petites gens, des pauvres, des déshérités, de toute cette population rurale qu'elle savait si bien représenter et dont elle parlait le langage. Ses blues leur contait leurs problèmes, leurs difficultés, les faisait pleurer et équarquiller les yeux. Le faste de ses spectacles, ses mises en scène, ses costumes, ses bijoux, ses diamants, ses tiares invraisemblables étaient pour eux chose palpable et représentaient le décor imaginaire de leurs rêves, un décor dressé pour un soir réellement chez eux, là où la ségrégation les maintenait habituellement.
Ma Rainey possédait une voix de contralto profonde et chantait avec un sens du tragique qui a directement influencé Bessie Smith et a marqué ultérieurement des vocalistes comme Big Mama Thornton et même Dinah Washington. Elle était l'auteur d'une grande partie de son répertoire et son nom a survécu grâce à sa jeune sœur Melissa Nix "Rainey" qui chanta durant plusieurs années dans les clubs de Harlem et à Lillie Mae Glover, dite "Big Memphis Ma Rainey" qui enregistra quelques disques à partir des années 50.
Gertrude "Ma" Rainey appartient à l'Histoire, elle fut la première et n'a jamais été oubliée.
Jean Buzelin
Notes:
(1) Rapporté par Florence Martin in Bessie Smith, Ed. du Limon, Paris 1994.
(2) Plutôt que les versions originales de très mauvaise qualité, nous avons préféré ouvrir notre recueil par les reprises de Bo-Weavil et de Moonshine réalisées en 1927 dans de meilleures conditions techniques. De même nous avons été obligé de faire l'impasse sur quelques titres fameux de la chanteuse mais l'état des disques ne permettait pas leur réédition ; heureusement le choix était suffisamment large pour nous permettre d'effectuer une bonne sélection retraçant toute la carrière phonographique de Ma Rainey.
MA RAINEY—THE MOTHER OF THE BLUES (1923-1928)
“Well, maybe I’m partial but, as far as I’m concerned, Ma was the greatest of the blues singers.” (Thomas A. Dorsey)
Within the Afro American social structure, as in so many other ethnic groups, the mother plays a dominant role, passing on to her descendants knowledge distilled from her heritage and her own experience.
Female blues vocalists likewise had their mother-figure, the first to take up the “blues”—a term that hitherto had no real musical connotation—and shape it into a form that she would pass on to her younger followers.
In fact, the blues had two parents. The “Father of the Blues”, composer and bandleader W.C. Handy had heard a singer/guitarist interpreting an unusual melody at a small Mississippi train station in 1903, a discovery that later led him to set up a profitable business in 1912, publishing his compositions for orchestras and brass bands.
Round about the same time, the “Mother of the Blues”, then 16 years old, had a similar experience in 1902 in a small Missouri town. She told musicologist John W. Work that she had heard a young girl singing “a strange, poignant lament” which made such an impression on her that she included it in her shows as the grand finale, to the delight of her audiences.
Gradually she began to feature this type of vocal, which she herself called “the blues”, more and more in her repertory. During her constant tours throughout the South and Mid West, Ma Rainey propagated the form far and wide with her live performances to a public, already familiar with the genre on a local, informal level, clamouring for more. While the blues had already thrust down roots in far-flung corners of the Deep South—the Mississippi Delta in particular—they would never have spread so rapidly without the help of a star performer, able to bring them to the attention of a wider Southern audience. By 1905, newspaper articles were already speaking of “blues” in connection with Ma Rainey’s concerts. Otherwise, the blues might have remained just another strand of folk music, soon forgotten, never to exert that profound influence on jazz, rock and most of today’s pop music!
“The Mother of the Blues” was not only the forerunner of all those successful female vocalists of the 20s but was, to a large extent, responsible for the emancipation of all “her” Southern progeny, the real country bluesmen. Hence her important historical role.
She was born Gertrude Pridgett, on 26 April 1886 in Columbus (Georgia). Her parents performed in the travelling minstrel shows so popular with black audiences at the time, and her grandmother had also appeared on stage so it is hardly surprising that, in 1900, she was already singing and dancing in the show “A Bunch of Blackberries” at the Springer Opera House in her hometown. She then began touring around (which is how she discovered the blues in 1902) and, on 2 February 1904, married long-time minstrel “Pa” Rainey. Although still only 18, she thus became “Ma” Rainey, appearing in tent shows and at clubs and theaters, such as the famous 81 in Atlanta where the young Bessie Smith was billed on the same programme as the duo. They frequently appeared with such well-known groups as the Moses Stokes Show in 1912, the Rabbit Foot Minstrels in 1915 and Tolliver’s Circus and Musical Extravaganza from 1914 to 1916, in which they were billed as “Rainey & Rainey, the Assassinators of the Blues”—yet all this was finally to end in separation.
“Madame” Rainey, as she liked to be known, was now 30 and felt it was time to stand on her own two feet, aided not a little by the collection of diamonds and jewellery, including a gold necklace, that she had amassed en route! It is not easy to trace her movements during this period but she is mentioned around 1917 in Dallas with Silas Green’s New Orleans Minstrels while, a little further away, “Madame Gertrude Rainey & Her Georgia Smart Sets” were touring the South…
1920: Mamie Smith’s Crazy Blues, the first race record, typifies the excited reaction on the part of the show business world to the emergence of an Afro-American market and the gold mine it represented. At the beginning of the “Roaring Twenties”, female blues singers were prolifically recorded, transformed into variety artists, vaudeville performers, appearing in clubs and music-hall revues in all the big northern cities so as to be on hand for the New York and Chicago studios where all the records were made. Ma Rainey was not among them—a star only in the eyes of black Southern audiences—neither were the other three great blues singers: Bessie Smith, Clara Smith and Ida Cox, the latter having occasionally been on the same bill as Ma Rainey. It was not until 1923 that the two “Smiths” recorded for Columbia in New York, in February and May respectively, the two others in Chicago for Paramount, Cox in June and, last but not least, Ma Rainey in December. Both were accompanied by pianist Lovie Austin’s formation, including a young and talented New Orleans trumpeter, Tommy Ladnier. It may have been in Chicago that Ma Rainey encountered Louis Armstrong for the first time. He was often at parties organised by one Richard Morgan, Lionel Hampton’s uncle. The future vibraphone king remembers that Ma Rainey would only sing there if accompanied by Jelly Roll Morton! (1) What a pity that no recordings of this exist…a pity too that the singer’s entire recording output (a hundred or so sides) was made solely for Paramount; admittedly one of the most important labels in the field of black music but more concerned with profitability than quality: mediocre sound quality, careless cutting, low-grade pressings etc., fortunately partly saved by a talented black artistic director, J. Mayo Williams, who often provided the singer with excellent accompanists.
Her first sides, Bo-Weavil Blues and Moonshine Blues (2), became such hits that Bessie Smith herself recorded them a few months later. In Chicago, Ma Rainey appeared at the Grand Theater with pianist Thomas A. “Georgia Tom” Dorsey who was to become her musical director. Towards the end of 1924, she went to New York for a two-day session on which she was accompanied by musicians from the Fletcher Henderson orchestra, including Louis Armstrong who, for the first time on record, used his trumpet to “talk” to a vocalist. She cut See See Rider, her own adaptation of an old tune destined to become a black popular classic, thanks to versions by Wee Bea Booze (in 1942), Chuck Willis (in 1957), LaVern Baker (in 1962) and countless others. Ma Rainey sang at the Lincoln Theater but soon set off again on tour. From 1924 to 1928, at the head of her Georgia Jazz Band (in fact, Dorsey’s Wild Cats), she crossed and recrossed the South and Mid West (Cleveland, Nashville, Pittsburgh, Birmingham…). This was where her public was, those who bought her records and came to be thrilled by, to weep with and to applaud their idol on stage. She sang only rarely in the North, in particular in Chicago with its large black community that still retained its rural roots and where she made most of the records with her Georgia Band, often a mix between her regular band (Dave Nelson, Al Wynn, Lucien Brown), backed up by reliable studio musicians (Shirley Clay, Kid Ory, Johnny Dodds, pianists Jimmy Blythe and Claude Hopkins or guitarist Blind Blake, another Paramount star). There was a single New York session in 1925, once more with some of Fletcher Henderson’s sidemen: Joe Smith, Charlie Green, Buster Bailey, Coleman Hawkins…and the leader on piano, all of whom had also enhanced some of Bessie Smith’s recordings.
In 1927, Ma Rainey took her revue “Louisiana Blackbirds”, to every theater in the South and in September, just before a final duo with Papa Charlie Jackson, completed her recordings with the Tampa Red/Georgia Tom tandem, the new kings of hokum blues and precursors of urban Chicago Blues. A page was being turned, public tastes were changing and the knell was sounding for the now outmoded vaudeville blues. Other musical forms appeared, more sophisticated, jazzy, with roots as deep as those of traditional blues which were finally to take their true place as a strong element in black popular vocal music. In 1928, Ma Rainey was only 42 but the 1929 Crash was not far off. It would mark the end of an era and sweep away the old classic blues divas.
Although she made no more recordings, Ma Rainey still managed to do pretty well. Her revues “Bandanna Babies” and “Arkansas Swift Foot” continued to draw the crowds, her Georgia Jazz Band was working full time and she starred in the Al Gaynes Carnival Show throughout the South West (1933-35). And yet, this was the moment that Ma Rainey chose, perhaps as a result of the successive deaths of her mother and one of her sisters, to retire from the musical scene and rejoin her brother Thomas Pridgett Jr., deacon of the Friendship Baptist Church in Columbus, where she sang in the choir.
Unlike many of her contemporaries, she had managed her business affairs cleverly. Owner of two theaters, she had also bought a large house for her family. It was here, back in her hometown after so many wanderings, that the “Mother of the Blues” succumbed to a heart attack on 22 December 1939. She was 53 years old.
The combination of her homely, reassuring nickname and photos revealing a slightly comic, plump old girl, not exactly prepossessing, dolled up in the worst possible taste, has led us to view Ma Rainey as a grandmother-figure. An impression reinforced by her often dated and inaudible recordings and by the fact that we never knew her when she was young—she was 37 when she made her first records. It is even hard for us to realise that she was a star in her time, well before the advent of the phonograph, but a star in the eyes of the “small folk”, that vast poverty-stricken rural population whose language was her language. Her blues spoke of their problems, their difficulties, drew tears from their eyes. The splendour of her shows, the decor, her costumes, jewellery, diamonds and incredible tiaras were the stuff their dreams were made of that, for the space of one night, was spread before them—they were part of it, no longer segregated.
Ma Rainey had a deep contralto voice and the tragic overtones in her singing directly influenced Bessie Smith and later marked vocalists such as Big Mama Thornton and even Dinah Washington. She wrote many of her own songs and her name lived on, thanks to her younger sister Melissa Nix “Rainey” who sang for several years in Harlem clubs and to Lillie Mae Glover, known as “Big Memphis Ma Rainey” who made a few records in the 50s.
Gertrude “Ma” Rainey has earned a place in History, she was the first and has never been forgotten.
Adapted from the French by Joyce Waterhouse
(1) Reported by Florence Martin in Bessie Smith, ed. du Limon, Paris 1994.
(2) Rather than using the original versions on which the quality is extremely poor, we have opened this compilation with versions of Bo-weavil and Moonshine recorded in 1927 in improved technical conditions. Also, the poor state of the records meant that we had to exclude several of the singer’s well-known titles. Fortunately, the choice was sufficiently wide to enable us to present a wide-ranging selection that fully illustrates Ma Rainey’s recording career.