MOZART / LA FLÛTE ENCHANTÉE
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LA FLÛTE ENCHANTÉE
Opéra en deux actes
Musique de Wofgang Amadeus Mozart
Livret d’Emmanuel Schikaneder
Intégrale des scènes chantées
Sarastro Josef Greindl
Tamino Anton Dermota
L’Orateur Paul Schöffler
Premier Prêtre Fred Liewehr
Second Prêtre Franz Höbling
La Reine de la Nuit Wilma Lipp
Pamina Irmgard Seefried
Première Dame Christel Goltz
Seconde Dame Margherita Kenney
Troisième Dame Sieglinde Wagner
Papageno Erich Kunz
Papagena Edith Oravez
Monostatos Peter Klein
Premier Garçon Hannelore Steffec
Deuxième Garçon Luise Leitner
Troisième Garçon Friedl Meusburger
Premier Homme d’armes Hans Beirer
Second Homme d’armes Franz Bierbach
Mise en scène Oscar Frtiz Schuh
Décors et costumes Caspar Neher
Direction artistique Sami Habra
Enregistrement public à Salzbourg Felsenreitschule 1951
Chœurs de l’Opéra de Vienne, Orchestre Philarmonique de Vienne
Direction Wilhelm Furtwängler
LA FLÛTE ENCHANTÉE
Synopsis
Acte I
Égaré en voyage dans un pays inconnu, le prince Tamino est attaqué par un serpent. Alors qu'il s'évanouit, sûr de mourir, il est sauvé par les trois dames d'honneur de la Reine de la nuit. Pendant que le prince est encore évanoui, les trois dames chantent la beauté du jeune homme. Elles décident d'aller porter la nouvelle à leur reine, mais chacune d'elles veut rester près de Tamino proposant aux deux autres de porter le message. Après s'être disputées, elles disparaissent. Le prince se réveille et voit le corps inanimé du monstre. Se demandant s'il a rêvé ou si quelqu'un lui a sauvé la vie, il entend soudain un air de flûte de Pan (petite flûte de la forêt). Il se cache et voit arriver Papageno l'oiseleur. Au cours de leur premier dialogue, Papageno se vante d'avoir tué le serpent. Les trois dames réapparaissent et le punissent de ce mensonge en lui donnant de l'eau à la place du vin et une pierre à la place du pain sucré qu'elles lui donnent d'habitude. Pour finir, elles le réduisent au silence en lui fermant la bouche avec un cadenas d'or.
Les trois dames révèlent à Tamino qu'elles lui ont sauvé la vie. Elles lui parlent ensuite de Pamina, la fille de la Reine de la nuit. Elles lui montrent son portrait, et disparaissent. À la vue du portrait, Tamino tombe amoureux de la jeune fille et songe au bonheur qui l'attend. Réapparaissent les trois dames qui lui disent de qui Pamina est prisonnière. Aussitôt, Tamino veut la délivrer. Elle dit finalement à Tamino que si elle le voit revenir vainqueur, Pamina sera sienne pour l'éternité. Puis elle disparaît.NApparaît alors Papageno, triste de ne plus pouvoir parler. Les trois dames réapparaissent et le libèrent de son cadenas, en lui faisant promettre de ne plus mentir. Elles remettent également à chacun un instrument qui leur est envoyé par la Reine. Les deux hommes partent en quête de Pamina chacun de son côté.
Dans le palais de Sarastro, le serviteur maure Monostatos poursuit désespérément Pamina de ses assiduités. Survient Papageno. Le Maure et l'oiseleur se trouvent face à face. Chacun effraie l'autre, croyant être en présence du Diable. Monostatos s'enfuit, et Papageno se trouve seul avec Pamina. Il lui révèle alors qu'un prince va venir la délivrer, en ajoutant que le prince est devenu follement amoureux d'elle sitôt qu'il a vu son portrait.
Pendant ce temps, Tamino est conduit vers les trois temples de la Sagesse, de la Raison et de la Nature par trois génies qui lui recommandent de rester « ferme, patient et discret ».,Tamino, saisi par la solennité de la cérémonie, veut la comprendre et se met à poser des questions aux prêtres. Il saisit sa flûte magique et en accompagne son chant. Il se retrouve alors entouré de bêtes sauvages sorties de leur repaire, et qui viennent se coucher à ses pieds, charmées par le son de l'instrument. Seule Pamina ne répond pas aux sons cristallins de la flûte, mais Papageno répond à Tamino sur sa flûte de Pan. Réjoui, le prince essaie de les rejoindre. De leur côté, Papageno et Pamina espèrent retrouver Tamino avant que Monostatos et ses esclaves les rattrapent. Les voici qui surgissent tout à coup, et le Maure ordonne que les fugitifs soient enchaînés. Papageno se rappelle qu'il possède un carillon magique et s'en sert pour envoûter Monostatos et ses esclaves, qui se mettent à danser et à chanter avant de disparaître. Comme elle a décidé de dire la vérité, elle explique alors à Sarastro qu'elle tente d'échapper à Monostatos. Celui-ci refait alors son apparition, traînant avec lui Tamino qu'il a capturé. Aussitôt qu'ils se voient, Pamina et Tamino se jettent dans les bras l'un de l'autre en présence de Monostatos et des prêtres. Ce dernier les sépare et se prosterne devant Sarastro pour ensuite vanter ses mérites personnels. Il s'attend à être récompensé, mais est au contraire condamné à recevoir soixante-dix-sept coups de fouet.
Acte II
Sarastro annonce aux prêtres que les Dieux ont décidé de marier Tamino et Pamina. Mais auparavant, Tamino, Pamina et Papageno devront traverser des épreuves avant de pénétrer dans le Temple de la Lumière qui leur permettra de contrer les machinations de la Reine de la nuit. Sarastro prie Isis et Osiris d'accorder aux candidats la force de triompher de ces épreuves.
Leur première épreuve consiste en une quête de la Vérité. Les prêtres leur enjoignent de conserver le silence complet et les laissent seuls La Reine de la nuit apparaît alors dans un coup de tonnerre, faisant fuir Monostatos. Elle donne un poignard à sa fille et la somme de tuer Sarastro, menaçant même de la renier si elle ne lui obéit pas (Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen : La vengeance de l'Enfer bouillonne dans mon cœur). Et la Reine de la nuit disparaît. Monostatos revient alors vers Pamina et tente de la faire chanter. Mais Sarastro apparaît et renvoie Monostatos sans ménagement. Le Maure décide d'aller trouver la mère de Pamina. Sarastro déclare alors à Pamina qu'il fera payer sa mère. Pamina entre et, ignorante de leur vœu de silence, s'approche des deux hommes. Les prêtres réapparaissent et proclament que Tamino sera bientôt initié. Sarastro le prépare à ses dernières épreuves. Pamina est introduite les yeux bandés après qu'on lui a dit qu'elle verrait Tamino pour qu'il lui fasse un dernier adieu. Il s'agit en fait d'une épreuve et Sarastro s'applique à rassurer Pamina, mais elle est trop abattue pour comprendre le sens de ses paroles.
Pendant ce temps, Papageno se voit accorder le droit de réaliser un vœu. Il demande un verre de vin, mais prend conscience qu'il aimerait par-dessus tout avoir une compagne. Il chante alors son désir en s'accompagnant de son carillon magique. La vieille femme réapparaît, et menace Papageno des pires tourments s'il ne consent pas à l'épouser. Il lui jure alors fidélité et elle se transforme en une jeune et belle femme. Mais un prêtre les sépare sous prétexte que Papageno ne s'est pas encore montré digne d'elle. Les prêtres conduisent Tamino vers ses deux dernières épreuves : celle du feu et celle de l'eau. Pamina se joint à lui, et le guide à travers ses dernières épreuves. Ils sont accueillis triomphants par Sarastro et les prêtres.
De son côté, Papageno est toujours à la recherche de Papagena. Désespéré, l'oiseleur envisage de se pendre à un arbre. Les trois génies apparaissent alors, et lui suggèrent d'utiliser son carillon magique pour attirer sa compagne. Profitant de ce qu'il joue de l'instrument, les trois génies vont quérir Papagena et l'amènent à son amoureux. Après s'être reconnu, le couple peut enfin converser dans la joie. À la faveur de l'obscurité, Monostatos mène la Reine de la nuit et ses dames vers le temple pour une dernière tentative contre Sarastro. Mais le ciel est alors inondé de lumière et elles s'évanouissent dans les ténèbres ainsi que lui. Sarastro et le chœur des prêtres apparaissent pour vanter les mérites des nouveaux initiés, et louer l'union de la force, de la beauté et de la sagesse (Stärke, Schönheit, Weisheit). Wikipedia
Enfant prodige, il est produit en public dès l'âge de sept ans à travers l'Europe où il subjugue les assistances. Mort à trente-cinq ans, il laisse une œuvre considérable (893 œuvres sont répertoriées dans le catalogue Köchel). Selon le témoignage de ses contemporains, il était, au piano comme au violon, un virtuose.
Wolgang Amadeus Mozart a écrit dans tous les genres musicaux de son époque et a excellé dans chacun d'eux. On reconnaît généralement qu'il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie et la sonate, qui devinrent après lui les principales formes de la musique classique : il fut l'un des plus grands maîtres de l'opéra. Son succès ne s'est jamais démenti et son nom est passé dans le langage courant comme synonyme de génie et de virtuosité.
Mozart naît le 27 janvier 1756 à 8 heures du soir au numéro 9 de la Getreidegasse à Salzbourg. Il est le fils de Léopold Mozart, musicien, compositeur et pédagogue originaire d'Augsbourg, ville libre d'Empire, qui occupe alors la fonction de vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, et d'Anna Maria Pertl, sa femme, fille d'un fonctionnaire de la cour de Salzbourg.
Comme Trèves, Cologne ou Mayence, Salzbourg est une principauté ecclésiastique du Saint-Empire, sous l'autorité d'un prince-archevêque, et rattachée au Cercle de Bavière. Elle est alors une petite ville (10 000 habitants), sur un des itinéraires joignant l'Empire et l'Italie, et tout entière centrée avec ses familles nobles, ses bourgeois, ses petits fonctionnaires et ses artisans sur la cour du prince-archevêque. Souabe par son père, salzbourgeois par sa mère et sa naissance, Mozart ne se dira jamais autrichien ou bavarois, mais toujours allemand.
Wolfgang est le cadet de sept enfants. Trois enfants sont morts en bas âge avant la naissance de sa sœur aînée Maria Anna (surnommée « Nannerl », née en 1751), et deux autres sont encore morts de maladie entre la naissance de Nannerl et la sienne.
Wolfgang est baptisé le lendemain de sa naissance dans une chapelle de la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. Son acte de baptême porte les prénoms de Joannes Chrysost[omus] Wolfgangus Theophilus. Theophilus, signifiant « aimé de Dieu », a des équivalents, allemand (Gottlieb, prénom que son père lui attribue un mois après sa naissance), italien et latin (Amedeo prénom adopté lors de son voyage en Italie en décembre 1769). Wolfgang se fera appeler généralement « Wolfgang Amadè Mozart », mais s’amuse tout au long de sa vie à déguiser et à déformer ses différents noms en de Mozartini, Gangflow (Wolfgang à l’envers), Trazom, etc.. Mais les signatures de sa correspondance ne comportent jamais le prénom Amadeus, qui ne sera employé qu'après sa mort.
Mozart est un petit garçon émotif et tendre, joignant la plus attentive docilité à une spontanéité primesautière, avide de tout apprendre (les mathématiques) et racontant des histoires avec une imagination débordante. Il s'épanouit au sein d'un foyer uni et aimant. Il joue avec sa sœur Nannerl, de peu son aînée et bonne musicienne, et reçoit l'enseignement du remarquable pédagogue qu'est son père. Dès l'âge de trois ans, il révèle des dons prodigieux pour la musique : il a l'oreille absolue et certainement une mémoire eidétique. Ses facultés déconcertent son entourage et incitent son père à lui apprendre le clavecin dès sa cinquième année. Le jeune Mozart apprend par la suite le violon, l'orgue et la composition. Il sait déchiffrer une partition a prima vista et jouer en mesure avant même de savoir lire, écrire ou compter. À l'âge de six ans (1762), il compose déjà ses premières œuvres (menuets KV. 2, 4 et 5, allegro KV. 3 inscrits dans le Nannerl Notenbuch, « cahier de musique pour Nannerl »).
Mozart ne reçoit pas d'autre éducation que celle donnée par son père. C'est cependant moins au génie en herbe qu'au virtuose que sa famille prend garde. Léopold a envie de faire connaître cet élève hors de pair et son maître, le prince-archevêque, autorisera des tournées qui feront honneur à sa cour.
Le jeune musicien émerveille les cours et les souverains, les dilettantes et les curieux. Il est cajolé et récompensé, parfois en espèces mais plus souvent en bagues ou en montres difficilement monnayables. On admire la simplicité naturelle dont il fait preuve avec les princes. Pour mieux éprouver sa virtuosité, on lui fait accomplir des prouesses comme jouer sur un clavier recouvert d'un drap. À Londres, le naturaliste Daines Barrington tente de montrer que Wolfgang n'est qu'une sorte de singe savant exhibé par son père devant la noblesse européenne et qu'il s'agit d'une supercherie, mais les épreuves auxquelles il soumet l'enfant révèlent qu'il est bien un prodige. Le jeune Mozart démontre ses qualités exceptionnelles de virtuose non seulement au clavecin, et plus tard au pianoforte, mais aussi au violon et à l'orgue.
Jamais un apprentissage aussi riche et divers n'a été offert à un jeune musicien. Il rencontre deux musiciens qui vont le marquer définitivement : Johann Schobert à Paris, et Johann Christian Bach, fils cadet de Jean-Sébastien Bach, à Londres. Ce dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle, et l'opéra italien ; il lui apprend également à construire une symphonie. C'est déjà la moisson des premières œuvres : seize sonates pour violon et clavier, onze symphonies et en 1767, à l'âge de onze ans, un premier opéra, Apollo et Hyacinthus (K.38), une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée dépendant de l'université de Salzbourg.
De retour à Salzbourg, Mozart se rend régulièrement à Vienne, et, durant l'été 1768, compose deux autres opéras : Bastien et Bastienne et La finta semplice ; il n'a alors que douze ans. L'année suivante, le prince-archevêque Schrattenbach le nomme Konzertmeister (l'équivalent de premier violon). Onze plus tard, il n'aura toujours pas monté en grade.
Son père obtient un congé sans solde ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie à son fils. De 1770 à 1773, il effectue trois voyages successifs en Italie : Vérone, Florence, Rome, Naples, Bologne, Venise et surtout Milan. Alors qu'il visite Rome, il entend le Miserere de Gregorio Allegri le mercredi de la Semaine Sainte, le 11 avril 1770. Après une seule audition, il aurait parfaitement retranscrit l'œuvre, morceau célèbre mais complexe, d'une durée d'un quart d'heure et alors non publié. Une autre version de l'anecdote mentionne une seconde écoute le Vendredi Saint, Mozart regardant cette fois sa transcription et y apportant quelques modifications. Le pape Clément XIV le nomme chevalier dans l'ordre de l'Éperon d’or.
À Bologne, le père Martini, érudit illustre, l'initie au vieux style sévère et le fait recevoir à l'Académie philharmonique qui n'admet en principe que des membres âgés de plus de vingt ans. Mozart a alors quatorze ans et c'est la dernière haute distinction qu'il recevra de sa vie.
En Italie, Mozart étudie l'opéra, genre musical dans lequel il excellera, mais découvre surtout la bouffonnerie et le travestissement des masques, la concision dense et la netteté du trait, le brio d'une vivacité jamais alourdie. La musique italienne l'instruit moins qu'elle ne le révèle à lui-même en libérant son tempérament des docilités de l'enfance. Il italianise en Amadeo le dernier de ses prénoms, Gottlieb.
Les œuvres de cette période correspondent bien à cette découverte personnelle : symphonies, musiques de chambre, un premier opera seria, Mitridate (1770), une réussite formelle de virtuosité vocale, un oratorio, La Betulia liberata (1771, composé à Salzbourg entre deux voyages), un spectacle de cérémonie, Ascanio in Alba, un autre opera seria plus personnel, Lucio Silla (1772) qui ne reçoit qu'un demi-succès.
Le jeune Mozart qui a parcouru l'Europe n'a plus d'autre horizon que Salzbourg. Cette perspective est rendue d'autant plus étouffante par l'avènement, le 22 juin 1772, du nouveau prince-archevêque Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Prince éclairé et progressiste par certains côtés, le prince-archevêque Colloredo, à la différence de son prédécesseur Schrattenbach, est entiché de la seule musique italienne et bien décidé à mettre au pas les Mozart père et fils qu'il trouve arrogants et trop souvent absents. Son nouvel employeur lui impose la forme des pièces qu'il doit composer pour les cérémonies religieuses. À dix-sept ans, Mozart a du mal à accepter ces contraintes, et ses relations avec le prince-archevêque vont en se dégradant au cours des trois années qui suivent.
Mozart réagit à cette situation par une surabondance créatrice : son premier vrai concerto pour piano, son premier quintette à cordes, trois symphonies dont la première (K.183) des deux symphonies qu'il écrira en sol mineur, une partition pour le drame de Thamos. Cette poussée créatrice marque le début de la première maturité mozartienne. Une accentuation et une mobilité nouvelle dans l'expression des sentiments se fait jour, parfois jusqu'au tragique le plus brutal. Avec un dramatisme aigu et un art personnel pour combiner rythmes et mélodies, l'art du jeune Mozart ne ressemble déjà plus à aucun autre.
C'est à cette époque qu'il fait la connaissance, à Vienne, de son illustre aîné Joseph Haydn, avec qui il entretiendra tout au long de sa vie une correspondance et une amitié teintée d'admiration, réciproque. Mozart lui donnera le surnom affectueux de « papa Haydn », resté aujourd'hui encore vivace. Joseph Haydn à Léopold Mozart qui le rapporte :
« Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »
Wolfgang Amadeus Mozart à propos de Joseph Haydn :
« Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon âme. »
En 1776, Mozart qui a alors vingt ans, décide de quitter Salzbourg. Mais le prince-archevêque refuse de laisser partir son père et lui impose de démissionner de son poste de maître de concert. Après une année de préparatifs, il part avec sa mère, tout d'abord à Munich où il n'obtient pas de poste, puis à Augsbourg, et enfin à Mannheim, où il se lie d'amitié avec de nombreux musiciens au premier rang desquels Christian Cannabich dont il dira dans une lettre du 9 juillet 1778 qu'il était le meilleur chef d'orchestre qu'il ait jamais connu. Toutefois, ses démarches pour obtenir un poste restent là encore infructueuses. C'est à Mannheim également qu'il tombe éperdument amoureux de la cantatrice Aloysia Weber, ce qui suscite la colère de son père, qui lui demande de ne pas oublier sa carrière. Couvert de dettes, Mozart comprend qu'il doit reprendre ses recherches et part pour Paris, au mois de mars 1778.
À Paris, Mozart espère trouver de l'aide auprès de Friedrich Melchior Grimm, qui s'était occupé de sa tournée lorsqu'il avait sept ans, mais sans succès ; l'homme de lettres lui reprochant "un manque de savoir-faire pour se mettre en valeur". Grimm met fin, déçu, au séjour de son jeune protégé. Mozart ne trouve pas non plus de poste qui lui convienne, et a même du mal à se faire payer ses leçons d'un noble qui le traite avec condescendance ; comportement des nobles en général qui marquera Mozart. Lors de ce séjour, sa mère Anna Maria tombe malade et meurt le 3 juillet 1778 rue du Gros-Chenet (actuellement au 8 rue du Sentier où se trouve une plaque commémorative) à Paris. Elle est inhumée à Paris après une messe à l'église Saint-Eustache en présence de son fils qui signe le registre paroissial de cette église.
Mozart rentre alors à Salzbourg où son père réussit à convaincre le prince-archevêque de le reprendre à son service. Sur le trajet de son retour, il passe par Munich où vit la famille Weber. Mais Mozart apprend qu'Aloysia aime un autre homme. Après tous ces événements malheureux, il arrive déprimé à Salzbourg le 29 janvier 1779. Il retrouve son ancien poste de Konzertmeister auquel Colloredo ajoute la fonction d'organiste de la Cour pour 450 florins par an.
En novembre 1780, il reçoit une commande pour l'opéra de Munich où il se rend comme son contrat l'y autorise. La création, le 29 janvier 1781, de Idomeneo, re di Creta (Idoménée, roi de Crète), opera seria, est accueillie très favorablement par le public. De retour à Salzbourg, Mozart doit suivre son employeur à Vienne, où le prince-archevêque le traite publiquement, après des remarques du jeune musicien jugées impertinentes, de « voyou » et de « crétin » avant de le congédier le 9 mai 1781. Mozart s'installe alors dans la capitale autrichienne, dans la pension de Madame Weber, comme compositeur indépendant.Mozart vIsita trois fois la ville de Mayence jusqu'en 1790.
Désormais débarrassé de l'autorité de son père et de son employeur, Mozart peut enfin composer plus librement, mais doit établir sa notoriété à Vienne.
Le 24 décembre 1781, à l'invitation de l'empereur Joseph II, il participe devant la cour à une joute musicale au pianoforte contre Muzio Clementi, célèbre virtuose du clavier tout juste arrivé à Vienne. Mozart a la préférence de l'empereur, Clementi celle de la grande-duchesse Marie-Louise. Les deux pianistes improvisent sur des thèmes imposés, déchiffrent à vue une partition autographe de Paisiello et jouent des morceaux de leur composition. Mozart interprète des variations sur le thème de Ah vous dirais-je maman !. L'empereur déclare la joute nulle et remet cinquante ducats à chacun. Le pianiste Ludwig Berger se souviendra de Clementi lui disant en 1806 de Mozart : « Jamais jusqu'alors je n'avais entendu quelqu'un jouer avec autant d'esprit et de grâce. J'ai été particulièrement impressionné par un adagio et par plusieurs de ses variations extempore, dont l'empereur avait choisi le thème, et que nous devions concevoir alternativement. »
En 1782, Joseph II commande un opéra à Mozart. Ce sera Die Entführung aus dem Serail (L'Enlèvement au sérail), en langue allemande, qui incitera Gluck, compositeur et directeur des concerts publics à Vienne, à féliciter Mozart et sera l'opéra de Mozart le plus joué à Vienne. Joseph II est enchanté, voilà l'opéra allemand dont il rêve.
Mozart a fait la connaissance de la troisième fille de madame Weber, Constance, et décide de l'épouser sans attendre le consentement écrit de son père qui en sera furieux. Le mariage est célébré à Vienne le 4 août 1782 à la cathédrale Saint-Étienne. Peu après, le baron van Swieten, directeur de la bibliothèque impériale, lui fait découvrir deux compositeurs qui sont alors tombés dans l'oubli : Bach et Haendel. Mozart, homme de théâtre tout comme Haendel, admire les effets musicaux créés par ce dernier pour accentuer le caractère dramatique de ses œuvres. Il est en outre fasciné par l'art du contrepoint de Bach, qui influence directement sa Grande messe en ut mineur KV. 427, et nombre de ses œuvres par la suite. La même année, il commence une série de six quatuors dédiés à son ami Joseph Haydn, qui se terminera en 1785.
Pétri des idées des Lumières, Mozart entre le 14 décembre 1784 en franc-maçonnerie dans la loge Zur Wohltätigkeit (la Bienfaisance), et accède au grade de maître, le 13 janvier 1785. Très épris des idéaux de la maçonnerie qui diffusent cette philosophie des Lumières, il écrit par la suite une douzaine d'œuvres pour ses frères maçons, dont Die Maurerfreude (La Joie des maçons, K. 471) en février 1785, la Maurerische Trauermusik (Musique funèbre maçonnique, K. 477) en novembre 1785, et surtout, en 1791, La Flûte enchantée (dit « opéra maçonnique ») KV. 620, qui serait une transcription de l'initiation à la franc-maçonnerie avec ses épreuves, son maître de cérémonie, la répétition de thèmes avec trois notes et une musique évoquant l'idéal maçonnique.
En 1786, Mozart fait la connaissance du librettiste Lorenzo da Ponte, « poète impérial » à Vienne avec un rang directorial comparable à celui de Salieri directeur musical du Théâtre d'opéra impérial et kappelmeister. Da Ponte, alors bien en cour, contrairement à Mozart, convainc l'empereur d'autoriser la création d'un opéra basé sur Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, alors qu'il avait fait auparavant interdire la pièce, jugée subversive. Mozart met en musique le livret de Lorenzo da Ponte, et la première de Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) a lieu le 1er mai 1786 à Vienne. Son succès n'empêche pas son retrait rapide de l'affiche, l’œuvre mécontentant la noblesse viennoise. Mozart part alors à Prague, où Le nozze connaît un grand succès. En hommage à cette ville, il compose la Symphonie no 38 en ré majeur.
Il reçoit alors du directeur du théâtre de Prague, ville qui lui a fait fête, la commande d'un opéra pour la saison suivante. Mozart fait à nouveau appel à Lorenzo da Ponte librettiste à succès, pour créer le livret de Don Giovanni. Il s'inspire d'un opéra buffa italien de Gazzaniga produit à Venise sur un livret de Bertati quelques mois auparavant. Le 28 mai 1787, son père, Léopold, meurt. Il avait rompu avec lui. Ce décès bouleverse Mozart, et va influencer la composition de son opéra alors en chantier. Don Giovanni est créé au théâtre des États de Prague le 28 octobre 1787 avec un grand succès, mais qui ne se confirmera cependant pas à Vienne. Mozart note Don Giovanni comme un opéra buffa, sans doute en raison du genre d'opéra, dans son catalogue, mais cet opéra sera publié et produit comme dramma giocoso, mêlant le comique et le tragique.
Le 7 décembre 1787, Joseph II, satisfait de Mozart, le nomme musicien de la chambre impériale et royale avec un traitement confortable de 800 florins par an. Il le charge de la musique de danse. Mozart tentera en vain d'obtenir le poste de Konzertmeister impérial, la fonction occupée par Gluck. À ce traitement, Mozart ajoute ses cours privés donnés à la noblesse ou à la bourgeoisie de Vienne, le fruit des concerts par souscription qu'il organise et qu'il dirige et des gratifications pour chacun de ses opéras. Des opéras qui ne connaissent pas un grand succès selon Robbins Landon, la Cour et le public préférant l'opéra napolitain de Paisiello et Martin y Soler notamment, bien qu'il s'inspire de ce style dans la trilogie, mais à sa manière. C'est cette manière qui à cette époque ravit les amateurs. Même Goethe qui admire Mozart, lui préfère Cimarosa. Après la mort de son protecteur Joseph II, Léopold II lui succède. Ce dernier ne semble pas apprécier Mozart qui perd sa situation, puis les faveurs de la noblesse, sans doute à cause du procès pour dettes intenté par le prince Lichnowsky à l'issue d'un voyage effectué en commun.
Durant les dernières années de sa vie, Mozart est souvent malade et chroniquement endetté, ceci malgré de nombreux succès très bien rétribués, car il mène grand train de vie. Il compose beaucoup : sonates, concertos, symphonies, opéras (dont Così fan tutte, sa dernière collaboration avec Lorenzo da Ponte). L'année 1790, qui voit le décès de l'empereur Joseph II (son successeur Léopold II n'est pas favorable aux francs-maçons) et le départ de Joseph Haydn pour Londres, est peu productive.
En 1791, Emanuel Schikaneder, franc-maçon comme lui, mais d'une autre loge, directeur d'un petit théâtre populaire de la banlieue de Vienne, le Freihaustheater auf der Wieden, sollicite sa participation à un opéra populaire en allemand. Il en écrit le livret, et Mozart écrit la musique de son avant-dernier opéra, Die Zauberflöte (La Flûte enchantée). Sa création le 30 septembre dans le théâtre privé de Schikaneder est un triomphe. Ce dernier a prévu de mettre en scène plusieurs opéras populaires de langue allemande inspirés de Lulu, ou La Flûte enchantée et les Garçons judicieux, tirés du recueil de contes intitulé Dschinnistan, de Wieland et Johann August Liebeskind (1786-1789). Le livret de La Flûte enchantée (Die Zauberflöte) représente un opéra féérique, mi-chanté, mi-parlé. D'après des recherches récentes, les airs de l'opéra émaneraient de compositeurs divers collaborant avec Schikaneder et pas seulement de Mozart, mais toute la musique aurait été attribuée à ce dernier. Il s'agirait donc d'une production collective qui se serait poursuivie dans un autre opéra féérique Der Stein der Wiese. La Flûte enchantée passe pour avoir créé un « style d'opéra allemand complètement formé fondé sur l'étrange mélange et d'humour vernaculaire qui caractérise le texte. »
En juillet, un inconnu lui aurait commandé un Requiem (KV. 626), qui devait rester anonyme. On sait aujourd'hui qu'il était commandité par le comte Franz von Walsegg, et on suppose que celui-ci souhaitait soit faire deviner à ses amis le nom de l'auteur, soit s'en attribuer la paternité. On a retrouvé le contrat entre le comte et Mozart selon le Dictionnaire Dermoncourt. Celui-ci, affaibli par la maladie et les privations, doit, en outre, faire face à une surcharge de travail, car il a reçu (début août) la commande d'un opéra (La Clemenza di Tito, KV. 621) pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II, qu'il doit composer21 en trois semaines. L'opéra est mal accueilli, l'impératrice qualifie l’œuvre « porcheria tedesca » et de « musique très mauvaise » ; quant à la cour, elle lui est hostile dès le départ (elle avait « une aversion fortement préconçue pour la composition de Mozart ») et n'aimait que l'opéra italien
Mozart meurt le 5 décembre 1791, cinq minutes avant une heure du matin, à l'âge de trente-cinq ans, sans avoir pu achever ce Requiem (qui sera terminé à la demande de Constance par trois de ses élèves, Franz Xavier Süssmayer, Joseph Eybler, Freystadler et probablement l'abbé Stadler d'après Robbins Landon). Les raisons de sa mort restent inconnues. Il était alors fiévreux, le corps gonflé et alité.
L'état de santé de Mozart au cours de sa vie et au moment de sa mort ont fait l'objet de nombreuses publications et près de cent quarante causes possibles ont ainsi été citées par Lucien Karhausen, chercheur et psychiatre germanique : grippe, hémorragie cérébrale, trichinose, obésité, syndrome maniaco-dépressif, fièvre rhumatismale aiguë par streptocoque, empoisonnement au mercure par Salieri jaloux (hypothèse peu vraisemblable), par les francs-maçons furieux de voir leurs rites révélés dans La Flûte enchantée (hypothèse peu crédible car la Franc-maçonnerie éditait une gazette librement distribuée et n'était pas secrète à Vienne), ou par prise de la « liqueur de Van Swieten », hypothèse également peu vraisemblable et très peu évoquée qui met en cause Van Swieten père, médecin et ami de l'empereur François Ier d'Autriche. Pour Robbins Landon, les deux hypothèses vraisemblables sont que Mozart est mort « d'une fièvre rhumatismale ou selon un autre diagnostic d'une insuffisance rénale ».
Œuvres majeures
Opéras
- Die Schuldigkeit des ersten Gebots (Le Devoir du premier Commandement), K. 35 (12 mars 1767, Salzbourg) Singspiel spirituel (drame sacré) (premier acte)
- Apollo und Hyacinthus (Apollon et Hyacinthe), K. 38 (13 mai 1767, Salzbourg) C'est le premier véritable opéra de Mozart, alors âgé de 11 ans
- Bastien und Bastienne (Bastien et Bastienne), K. 50 (1768, Vienne)
- La finta semplice (La Fausse Ingénue), K. 51 (1769, Salzbourg)
- Mitridate, re di Ponto (Mithridate, roi du Pont), K. 87 (1770, Milan)
- Ascanio in Alba, K. 111 (1771, Milan)
- Il sogno di Scipione (Le songe de Scipion), K. 126 (1772, Salzbourg
- Lucio Silla, K. 135 (1772, Milan)
- La finta giardiniera, K. 196 (1775, Munich)
- Il re pastore (Le Roi pasteur), K. 208 (1775, Salzbourg)
- Die Gärtnern aus liebe (La Jardinière par amour, version singspiel de La finta giardiniera) K. 196 (1779, Salzbourg)
- Zaide, K. 344 (1780, Salzbourg) (opéra inachevé)
- Thamos, König in Ägypten (Thamos, roi d'Égypte) K. 345 (336a) (entre 1773 et 1780)
- Idomeneo, re di Creta (Idoménée, roi de Crète), K. 366 (1781, Munich)
- Die Entführung aus dem Serail (L'Enlèvement au sérail), K. 384 (1782, Vienne)
- L'oca del Cairo (L'oie du caire) K. 422 (1783, Vienne)
- Der Schauspieldirektor (Le Directeur de théâtre) K. 486 (1786, Vienne)
- Le Nozze di Figaro (Les Noces de Figaro), K. 492 (1786, Vienne)
- Don Giovanni (Don Juan), K. 527 (1787, Vienne et Prague)
- Così fan tutte (Ainsi font-elles toutes), K. 588 (1790, Vienne)
- La clemenza di Tito (La Clémence de Titus), K. 621 (1791)
- Die Zauberflöte (La Flûte enchantée), K. 620 (1791, Vienne)
Symphonies
- Symphonie no 25 en sol mineur, K. 183 (fin 1773)
- Symphonie no 28 en ut majeur, K. 200 (novembre 1773)
- Symphonie no 29 en la majeur, K. 201 (début 1774)
- Symphonie no 31 en ré majeur dite « Paris », K. 297 (mars 1778)
- Symphonie no 34 en ut majeur, K. 338 (août 1780)
- Symphonie no 35 en ré majeur dite « Haffner », K. 385 (juillet-août 1782)
- Symphonie no 36 en ut majeur dite « Linz », K. 425 (novembre 1783)
- Symphonie no 38 en ré majeur dite « Prague », K. 504 (fin 1786)
- Symphonie no 39 en mi bémol majeur, K. 543 (juillet-août 1788)
- Symphonie no 40 en sol mineur, K. 550 (juillet-août 1788)
- Symphonie no 41 en ut majeur dite « Jupiter », K. 551 (juillet-août 1788)