LISZT / RHAPSODIES HONGROISES
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LES RHAPSODIES HONGROISES
CD1
1 N° 1 En mi majeur 12’40’’
2 N° 2 En ut dièse mineur 10’10’’
3 N° 3 En si bémol majeur 4’20’’
4 N° 4 En mi bémol majeur 5’18’’
5 N° 5 En mi mineur 9’00’’
6 N° 6 En ré bémol majeur 6’56’’
7 N° 7 En ré mineur 5’07’’
8 N° 8 En fa dièse mineur (Cappriccio) 6’38’
9 N° 9 En mi bémol majeur (Carnaval de Pesth) 11’44’’
CD2
1 N° 10 En mi majeur (preludio) 5’00’’
2 N° 11 En la mineur 5’16’’
3 N° 12 En ut dièse mineur 10’04’’
4 N° 13 En la mineur 8’30’’
5 N° 14 En fa mineur 12’09’’
6 N° 15 En la mineur (Marche de Rakoczy) 4’45’’
7 Rhapsodie Espagnole 12’20’’
Georges CZIFFRA piano
LES RHAPSODIES HONGROISES
Les Rhapsodies hongroises, S.244, R106, (allemand : Ungarische Rhapsodien, hongrois : Magyar rapszódiák) sont un ensemble de 19 pièces pour piano basées sur des thèmes folkloriques hongrois composées par Franz Liszt entre 1846 et 1853 puis plus tard en 1882 et en 1885. Liszt en fit des arrangements pour orchestre, duo avec piano et trios avec piano. Dans leur forme originale pour piano, les Rhapsodies hongroises sont réputées pour leur grande difficulté (Liszt ayant été un des plus grands pianistes virtuoses de son temps). Elles demeurent aujourd'hui parmi les pages les plus populaires de la musique de Liszt.
Les Rhapsodies hongroises incorporent beaucoup de thèmes que Liszt avait entendus dans sa contrée natale hongroise et qu'il croyait être de la musique folklorique. Ceux-ci étaient en fait des airs écrits par des membres de la classe moyenne hongroise, ou par des compositeurs tels que József Kossovits (en), souvent joués par des Roms (des "Tsiganes"). La structure de chaque Rhapsodie hongroise a été influencée par la verbunkos, une danse hongroise en sept parties, chacune avec un tempo différent. Dans cette structure, Liszt a conservé les deux principaux éléments structurels de l'improvisation typique "Gitane" : le lassan (« lent ») et la friska (« rapide »). Dans le même temps, Liszt intègre un certain nombre d'effets uniques au son des orchestres tsiganes, en particulier l'équivalent pianistique du cymbalum. Il utilise également beaucoup la gamme tzigane hongroise.
Autres versions
Les Rhapsodies nos 2, 5, 6, 9, 12 et 14 furent arrangées pour orchestre par Franz Doppler ainsi qu'avec des révisions de Liszt lui-même. Ces orchestrations sont cataloguées S.359 dans le catalogue Searle, mais les numéros donnés à ces versions étaient différents de ceux d'origine : les versions orchestrales des rhapsodies numérotées de 1 à 6 correspondent respectivement aux versions pour piano des nos 14, 2, 6, 12, 5 et 9.
En 1874, Liszt arrangea ces mêmes six rhapsodies pour piano à quatre mains (S.621). En 1882, il fit un arrangement pour piano quatre mains de la 16e (S.622) puis en 1885 un arrangement pour piano quatre mains de la 18e (S.623) et de la 19e (S.623a). Liszt arrangea également sa 9e (S.379) et sa 12e (S.379a) rhapsodie pour piano, violon et violoncelle.
La 14e servit également comme base pour sa Fantaisie hongroise (S.123) pour piano et orchestre. Certaines rhapsodies sont plus connues que d'autres, la 2e étant sans doute la plus fameuse de toutes. Les 6e et 10e comptent également parmi les populaires.
Georges CZIFFRA
György Cziffra (Georges Cziffra) (Budapest, 5 novembre 1921 – Longpont-sur-Orge, 15 janvier 1994) est un pianiste virtuose hongrois naturalisé français en 1968.
Surtout connu pour son interprétation des œuvres virtuoses de Franz Liszt, György Cziffra a également enregistré plusieurs compositions de Chopin et de Schumann. Son interprétation du Carnaval de Vienne de ce dernier a été particulièrement appréciée par Alfred Cortot. Considéré comme un des meilleurs pianistes du xxe siècle, il est également connu pour ses transcriptions pour piano de différentes œuvres, dont Le Vol du bourdon de Nikolaï Rimski-Korsakov qui présente une stupéfiante imbrication d'octaves alternées.
La vie de Cziffra comprend deux grandes périodes : la première se déroule essentiellement en Hongrie et s'achèvera par la fuite du pays lors de l'insurrection d'octobre 1956 ; la seconde période commence avec l'exil vers l'Autriche puis la France qui deviendra sa patrie d'adoption.
Jusqu'à octobre 1956[
György Cziffra est le benjamin de trois enfants d'une famille de musiciens tziganes. György Cziffra père est cymbaliste et joue durant les années 1910 dans les restaurants et cabarets parisiens. Survient la Première Guerre mondiale. Le père est emprisonné en tant que citoyen d'un pays en guerre contre la France et la mère expulsée dans son pays d'origine. Elle vivra chichement avec ses deux filles dans une chambre de Budapest. Son mari, libéré de prison après la fin de la guerre, rejoint sa famille. Les retrouvailles se soldent par la naissance du petit György Cziffra le 5 novembre 1921.
Dès son enfance, ce dernier montre un don particulier pour la musique. Son père lui donne ses premières leçons de piano, et à l'âge de quatre ans, il reproduit à l'oreille ce que joue sa sœur aînée. À cinq ans, il interprète des airs suggérés par le public d'un cirque itinérant dont il est, pendant quelques semaines seulement, la vedette. Il est, à neuf ans, le plus jeune élève jamais admis dans la prestigieuse Académie Franz-Liszt de Budapest. Il y est formé par István Thomán et Ernő Dohnányi. À treize ans, il finit l'opérette d'un autre compositeur en un temps record. Dès l'âge de seize ans il débute les tournées à travers l'Europe, notamment en Hongrie, Pays-Bas et Scandinavie.
György Cziffra épouse Soleilka, une femme d'origine égyptienne, en 1941. Elle lui donnera un fils, également nommé György Cziffra, qui deviendra chef d'orchestre.
La Deuxième Guerre mondiale contraint Cziffra à cesser d'étudier la musique. Il est envoyé combattre sur le front de l'Est avec l'Armée hongroise. La Hongrie est alors alliée de l'Allemagne. Il est fait prisonnier par des partisans soviétiques. Transféré quelques mois plus tard dans un camp de prisonniers, il est enrôlé dans la nouvelle armée hongroise qui se forme à la libération du territoire hongrois par l'Armée Rouge. Après avoir servi pendant plus d'un an comme instructeur, il est démobilisé et rejoint en 1946 sa femme et son fils qu'il n'avait pas revus depuis 1942.
Il reprend l'étude du piano en 1947 auprès de György Ferenczy tout en gagnant sa vie en se produisant dans des bars de Budapest, en particulier avec son ami Elek Bacsik. Opposé au régime communiste hongrois, il est arrêté lors de sa tentative de traverser la frontière clandestinement avec sa famille. Il reste prisonnier politique de 1950 à 1953, condamné aux travaux forcés où il exécute la dure tâche de porteur de pierres. Il lui en restera des séquelles qui lui vaudront, à sa libération, de longs mois de rééducation et des douleurs persistantes aux articulations. D'où son fameux bracelet de cuir au poignet droit qu'il portera plusieurs années encore après son exil.
Il est alors enfin reconnu comme un pianiste exceptionnel par le ministère hongrois des Affaires culturelles qui lui permet entre 1953 et 1956 d'accéder à une carrière d'interprète virtuose et de donner de nombreux concerts en Hongrie, sans pouvoir encore jouer à l'étranger. En 1955, il obtient le prix Franz-Liszt de la virtuosité pianistique remis pour la première fois à un pianiste qui n'est pas lui-même compositeur. Le 22 octobre 1956, à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la révolution d'Octobre, il donne au théâtre Erkél de Budapest une interprétation magistrale du 2e Concerto de Bartók, un concerto d'une difficulté extrême qu'il a appris en à peine six semaines grâce à un labeur acharné. Les spectateurs, enthousiastes, en sortent transportés : "Ces quelque deux mille personnes, d'ordinaire si disciplinées, se ruèrent hors de la salle en scandant l'hymne national, arrachant sur leur passage dans les rues et boulevards avoisinants tout ce qui ne portait pas les couleurs nationales seules"2. C'est alors le début de l'insurrection de Budapest.
À partir d'octobre 1956
Lors de la répression qui suit l'insurrection, et la fuite de dizaines de milliers de Hongrois, il profite de la brève ouverture de la frontière pour fuir le régime communiste et s'échapper vers l'Autriche avec sa famille. Profitant de ce qu'il se produit à Vienne, il demande l'asile politique et part pour la France avec sa femme et son fils de 14 ans. Il est apprécié par le public dès son arrivée à Paris (« Pianiste du siècle, réincarnation de Liszt, pianiste des pianistes, virtuose au bracelet de cuir… ») où il enregistre sa fameuse interprétation des Rhapsodies hongroises de Liszt (1956) qui restera son compositeur de prédilection avec Chopin. Certains critiqueront à ses débuts l'étroitesse d'un répertoire de saltimbanque. À cette époque, Liszt n'était pas considéré comme un compositeur suffisant pour remplir une carrière de pianiste. Cziffra s'essaiera, avec brio, à de nombreux autres compositeurs : Chopin bien sûr, Beethoven, et aussi Bartók, Ravel, Rachmaninov, Balakirev, Grieg, Rameau, Couperin…
Cziffra dans de nombreuses œuvres, allait plus loin que l'interprétation, il s'est aussi prêté au jeu de l'arrangement, par exemple avec les Danses hongroises de Brahms, dont il a fait beaucoup plus qu'une simple transcription pour piano à deux mains, ou encore avec Le Vol du bourdon (extrait de l'opéra Le Conte du tsar Saltan de Rimsky-Korsakov). On lui a souvent reproché une certaine excentricité, l'influence de son humeur sur son jeu lors de ses concerts, sa recherche d'un public populaire, avec le côté « classiques favoris » de ses récitals. En fait, son immense talent, sa virtuosité hors du commun, avaient réussi à le propulser au premier plan, mais en dehors des chemins traditionnels qui mènent les pianistes au panthéon de la renommée…
Il s'intéresse de près à la facture instrumentale des pianos de concert, ce qui n'est pas tellement fréquent chez les pianistes virtuoses. Il apprécie particulièrement le son des pianos français, avec leur sonorité romantique typique dite « à la française ». Aussi, est-ce dans cet esprit qu'en collaboration étroite avec la Manufacture de pianos Gaveau, il conçoit en 1961 avec M. Gaveau, une modification significative des marteaux du grand queue de concert nº 5 de la marque, dont il possède en outre un exemplaire personnel qu'il joue à son domicile de Cormeilles-en-Parisis. G. Cziffra possédait en réalité deux exemplaires de ce piano Gaveau nº 5, chacun dans les tout derniers fabriqués par la marque en 1959–1960, le second se trouvait à l'auditorium de Senlis. L'un comme l'autre lui avaient été offerts par les pianos Gaveau à la promotion desquels il se trouvait associé, celui de Senlis est en outre visible sur un beau cliché disponible en ligne en note
En 1966, il fonde le festival de musique de La Chaise-Dieu en Auvergne avec l'aide du Dr Georges Mazoyer et de son épouse Suzanne Chaleyé-Mazoyer, et donne l'impulsion nécessaire pour restaurer les grandes orgues Marin Carouge de l'abbaye. Il est naturalisé français en 1968 et devient Georges Cziffra.
En 1975, il crée la Fondation Cziffra (toujours en activité) qui a pour but de soutenir de jeunes talents qui deviendront des pianistes talentueux comme Jean-Gabriel Ferlan. Il achète alors l'ancienne chapelle royale Saint-Frambourg à Senlis, laissée à l'abandon et tombée en totale décrépitude. Après d'énormes travaux de restauration, il y crée l'auditorium Franz-Liszt. La même année, il signe l'avant-propos du livre de Michel Sogny, L'admiration créatrice chez Liszt.
En 1981, la mort soudaine de son fils György, chef d'orchestre, dans l'incendie possiblement volontaire de son appartement à Paris, a des répercussions très négatives sur les apparitions en public de Georges Cziffra. Ses concerts se font de plus en plus rares et plus jamais il ne rejouera avec orchestre. « La seule vue d'un piano me donnait envie de vomir, la nuit, j'agressais les passants, whisky, vodka, deux bouteilles par jour... Jusqu'en 1984, je ne me suis pas relevé, et brusquement j'ai compris que tout cela ne changerait rien à la mort de mon fils, j'ai eu terriblement honte, j'ai cessé de boire et de manger, je me suis imposé, sans l'aide de personne, d'avoir faim sept jours sur sept. J'ai perdu vingt-trois kilos et j'ai recommencé à travailler, quatre à cinq heures par jour, jamais je n'avais eu faim de musique à ce point. » Il a tout repris à zéro, musculairement, mentalement et son grand retour a lieu en 1986. « On m'a dit que c'était un concert magnifique, mais je sais bien que je n'étais pas moi-même. Autrefois j'étais d'une sûreté absolue ; je ne suis plus qu'à quatre-vingt pour cent. J'ai perdu bien de ma virtuosité, mais je la retrouve, petit à petit, j'ai gagné ! »
En mai 1985 et novembre 1986, il enregistre à Senlis plusieurs œuvres de Liszt (EMI Pathé Marconi 2704171 / PM 375) dans un disque qu'il dédiera - de sa main - à la mémoire de son fils Gyorgy.
Il retrace les étapes significatives de sa vie mouvementée dans son livre Des canons et des fleurs avec, à la fois, beaucoup d'émotion, de simplicité, d'authenticité et de ferveur. On y découvre comment il s'en est fallu de peu que le destin ne prive la communauté musicale du xxe siècle d'un de ses plus grands interprètes. Cependant sa carrière musicale n'y est pas retracée. L'un de ses disciples, le pianiste Pascal Amoyel a créé un spectacle-hommage, Le pianiste aux 50 doigts, retraçant sa vie, de l'enfance jusqu'à son premier grand concert.
Atteint d'un cancer du poumon, il meurt, selon son entourage, d'un infarctus du myocarde le 15 janvier 1994 à Longpont-sur-Orge, à l'âge de 72 ans. Il est enterré avec son fils au cimetière de Senlis.
En 2019, Jean Dherbey a publié un roman intitulé : « 1956, Le jour où Cziffra… ».
On peut légitimement le considérer comme l'un des plus grands pianistes du xxe siècle.
FRANZ LISZT
Franz Liszt (Liszt Ferenc en hongrois) est un compositeur, transcripteur et pianiste virtuose hongrois né le 22 octobre 1811 à Doborján en Hongrie (empire d'Autriche) et mort le 31 juillet 1886 à Bayreuth en Bavière (Empire allemand).
Liszt est le père de la technique pianistique moderne et du récital. Avec lui naissent l'impressionnisme au piano, le piano orchestral — Mazeppa, la quatrième Étude d'exécution transcendante — et le piano littéraire — les Années de pèlerinage. Innovateur et promoteur de l'« œuvre d'art de l'avenir » (la « musique de l'avenir » étant une invention des journalistes de l'époque), Liszt influence et soutient plusieurs figures majeures du xixe siècle musical : Frédéric Chopin, Hector Berlioz, Richard Wagner, César Franck, Camille Saint-Saëns, Bedřich Smetana, Edvard Grieg et Alexandre Borodine. Aussi féconde que diverse, son œuvre a inspiré plusieurs courants majeurs de la musique moderne, qu'il s'agisse de l'impressionnisme, de la renaissance du folklore, de la musique de film ou du dodécaphonisme sériel.
Franz Liszt grandit dans un milieu familial plutôt mélomane. De 1804 à 1809, son père, Adam Liszt, sert comme deuxième violoncelle dans l'orchestre Esterházy. Chargé à partir de 1809 de l'administration du cheptel ovin de Raiding, Adam Liszt organise des soirées musicales avec quelques interprètes locaux.
En 1833 commence sa liaison avec la comtesse Marie d'Agoult (connue sous son nom de plume Daniel Stern, dans son roman Nélida notamment) qui lui donne trois enfants :
- Blandine (1835-1862), qui épousera en 1857 Émile Ollivier, avocat et homme politique français. Ils auront un fils, Daniel ;
- Cosima (1837-1930), qui épousera le chef d'orchestre Hans von Bülow, puis le compositeur Richard Wagner ;
- Daniel (1839-1859).
En 1836, Liszt entreprend une tournée à travers l'Europe (Suisse, Italie, Russie, etc.) et donne des concerts dans toutes les grandes villes. Outre ses propres œuvres — ses Rhapsodies datent de cette époque — il joue des œuvres de Chopin et de la musique allemande. Il est adulé : on lui demande la permission de baiser ses doigts à la fin de ses concerts, on récolte le fond de ses tasses dans des fioles. Ce phénomène restera célèbre sous le nom de « lisztomanie ».
Comme en témoignent notamment ses correspondances, Liszt est un grand séducteur et connaît de nombreuses et célèbres femmes avant d'embrasser la carrière religieuse.
Après s'être séparé de Marie d'Agoult en 1844, il rencontre à Kiev en 1847 la princesse Carolyne de Sayn-Wittgenstein qui lui conseille d'interrompre ses tournées de concert pour se consacrer à la composition. C'est en 1848 qu'il s'installe à Weimar en tant que maître de chapelle où le grand-duc Charles-Alexandre l'avait nommé en 1842. Débute alors une nouvelle période pendant laquelle il compose ses poèmes symphoniques, avec l'aide de son secrétaire particulier Joseph Joachim Raff et d'un matériel unique : le piano-melodium. Il se consacre également à la direction des œuvres de ses contemporains. Autour de lui se rassemblent de nombreux élèves — parmi lesquels Hans von Bülow, qui deviendra son gendre — auxquels il fait découvrir Berlioz, Wagner, Saint-Saëns. Toutefois, son talent et ses idées novatrices n'étant pas du goût de tout le monde, les conservateurs ne manquent pas de lui mener la vie dure, ce qui le conduit à démissionner de son poste le 18 décembre 1858. Jusqu'à cette date, Weimar est grâce à lui un centre exceptionnel de création et d'innovation.
Après avoir tenté sans succès d'obtenir auprès du pape la nullité de son mariage religieux, Carolyne se sépare de Liszt, qui reçoit les ordres mineurs en 1865. Il profite de son séjour à Rome pour découvrir la musique religieuse de la Renaissance.
Liszt se retire à Rome en 1861, et après avoir déjà rejoint le tiers-ordre franciscain6 en juin 1857, il reçoit en 1865 la tonsure et les quatre ordres mineurs de l'Église catholique, lui donnant en France le qualificatif d'abbé. Il retourne à Pest où il doit diriger la création de son premier oratorio, Die Legende von der heiligen Elisabeth. Il se fait confectionner au couvent de Pest un habit franciscain dont il souhaite être revêtu au tombeau. Sa mère, Anna, meurt le 6 février 1866.
À partir de 1869 et jusqu'à sa mort, l'abbé Liszt partage son temps entre trois capitales : Budapest, Rome et Weimar qui correspondent à trois tendances : sa sentimentalité hongroise, son mysticisme religieux et sa musique d'influence allemande. À Budapest, pendant trois mois en hiver (source : Musée et Académie Ferenc Liszt, Budapest), il continue à recevoir des élèves gratuitement, y compris Alexander Siloti. Il met alors de côté son activité de virtuose pour se consacrer essentiellement à la composition et à l'enseignement, notamment à l'Académie royale de musique de Budapest dont il est l'un des fondateurs en 1875 (et qui sera d'ailleurs rebaptisée plus tard « Académie de musique Franz-Liszt »).
Le dimanche 25 juillet 1886, Liszt, à bout de forces, assiste à la représentation d'un opéra de son gendre Richard Wagner : Tristan und Isolde. Le lendemain, il est au plus mal et se voit privé par les médecins de son cognac quotidien. Le vendredi, les tremblements et le délire le frappent : il a pour ce jour la superstition des Italiens, or l'année 1886 commence un vendredi et son anniversaire tombe cette année-là un vendredi. Le samedi, vers deux heures du matin, après un sommeil anormalement agité, le compositeur hongrois se lève en hurlant, renverse son domestique accourant pour le recoucher, puis s'effondre. Malgré les soins apportés par les docteurs Fleischer et Landgraf, qui restent à son chevet jusqu'au soir, Liszt passe la journée du 31 dans une quasi-inconscience et s'éteint à 23 h des suites d'une pneumonie.
Il est enterré le 3 août 1886 à Bayreuth. Par de nombreuses tractations, Cosima Wagner parvient à s'assurer que la dépouille de son père, avant tout considéré comme le beau-père de Wagner, soit inhumée à Bayreuth dans l'ombre de ce dernier. Le choix de ce lieu d'inhumation donna lieu à de nombreuses contestations et demandes de rapatriement, notamment à Weimar et Budapest.