Alix Combelle est né à Paris le 15 juin 1912, son père était un saxophoniste soliste de la Garde Républicaine. Il commence cependant par le batterie avant de se consacrer au saxo-ténor. Passionné par le jazz, il devient vite un des pionniers de cette musique en Europe avec quelques autres. Mais bientôt, l'occasion lui est donnée de jouer avec tous les musiciens noirs qui passaient par la capitale. Il apprend beaucoup à leur contact et à partir de 1937 participe à de nombreux disques avec les meilleurs d'entre eux. Et c'est le formidable Crazy fihythm enregistré le 28 Avril 1937 avec quatre saxophonistes, les deux Français André Ekyan à l'alto, Alix Combelle au ténor et rien moins côté américain que Coleman Hawkins et Benny Carter! Ce disque, le n°1 de la jeune marque Swing eut une renommée mondiale, tes deux français faisant mieux que bonne figure devant les géants du jazz qu'étaient Hawk et Carter! Lancé par Ekyan, Alix signe un solo magistral qui a laissé pantois de multiples musiciens et amateurs; le jour de gloire est arrivé! Toutes les qualités d'Alix se trouvent dans ce solo : construction exemplaire, maîtrise du développement, vibrato chaleureux, volume sonore énorme, swing implacable! Le jeune Alix peut, maintenant, jouer dans la cour des grands (comme disent les reporteurs sportifs!). Son tempérament fougueux, sa puissance impressionnante font de lui, disons-le une fois de plus, un des rares jazzmen blancs à être l'égal des grands improvisateurs noirs! Il enchaîne les disques (souvent pour la marque Swing) avec d'autre Américains talentueux : Bill Coleman pour un blues nonchalant Hang Over Blues, Benny Carter pour deux titres l'm Corning Virginia et Farewell Blues. Alix est là, de nouveau, à son sommet avec des chorus, au cours desquels il prouve, 6 combien, "il s'est assimilé l'esprit musical des Noirs" comme le faisait justement remarquer Hugues Panassié. Vedette des faces du pianiste Freddy Johnson, il s'impose dès le début de son solo de Big Wig In The Wigwam par son autorité et sa maîtrise, particulièrement heureux dans sa manière décontractée de négocier le middle-part(la phrase du milieu, ou le pont, comme on dit dans notre belle langue). Il est tout aussi convainquant dans The Blue Room. En 1937 et 1938, il se rend deux fois aux USA et le chef d'orchestre, le renommé trombone Tommy Dorsey veut absolument l'engager comme soliste-vedette dans son orchestre, mais Alix préfère rentrer en France. Ses disques avec des musiciens français ne sont pas à négliger car il savait insuffler à se partenaires son punch et son ardeur. Il eut souvent l'occasion de. jouer avec l'incontournable Django Reinhardt, dont il est inutile ici de louer les mérites. Outre ses chorus, merci à Django pour la qualité exceptionnelle de son accompagnement qui, à lui seul, possède l'efficacité de bien des sections rythmiques! Beaucoup d'enregistrements d'Alix Combelle ont été réalisés avec le trompettiste Philippe Brun, le n°1 des trompettes français d'avant guerre. Voici une chance qui nous est donnée de le découvrir et de réaliser qu'il a été un musicien de première importance, grâce à sa magnifique sonorité, éclatante, à ses idées et sa sensibilité. Harlem Swing, Boucin' Around et surtout It Had To Be You où Philippe fait preuve d'une rare maîtrise, prouvant bien sa classe exceptionnelle pour un musicien européen! Riddin' Along The Moscova se signale par un solo sinueux et décontracté d'Alix qui précède un Philippe Brun toujours aussi maître de lui tout au long de son improvisation. Cette fois en quartette pour When You're Smiling et If I Had You, nous retrouvons Alix et Philippe (qui pour cette occasion avait ressorti son cornet). Magnifique entente entre les deux musiciens, Alix joue avec sa puissance et son swing coutumiers, quant à Philippe il en étonnera plus d'un par son aisance et la richesse de ses idées. Pour Al's Idea, Alix est accompagné seulement par le pianiste noir Ray Stokes dont le solo évoque Fats Waller et par le batteur Pierre Fouad. Son inspiration ne faiblit pas un seul instant et dans certains chorus il martèle les notes, les appuie fortement sur le temps, comme il aime le faire du reste assez souvent. Procédé qui engendre un swing considérable, à condition d'avoir le volume sonore qui convient, ce qui est bien le cas d'Alix qui brille également dans Don't Get Tired solo insistant, véhément, dont je recommande particulièrement le dernier chorus, enlevé de belle façon. Cet emballage du dernier chorus est un moyen souvent utilisé avec bonheur par les meilleurs musiciens noirs qui ne manquent jamais de "mettre le paquet" pour enlever les dernières mesures! Nous découvrons Alix Combelle arrangeur, car c'est lui qui signe le brillant arrangement de Morning Feeling dans un style qui rappelle l'écriture de Benny Carter pour les quatuors de saxes. Alix s'impose dès le début de son longs solo, une fois de plus, par sa puissance et son attaque. Conception et exécution se rejoignent pour nous donner encore des chorus mémorables! Avec Week-End Stomp nous avons l'occasion d'entendre à la suite, les grands trompettes français de la fin des années 30, chacun jouant des chorus sur le blues de 12 mesures. Après Django, c'est d'abord Alex Renard (qui restera pendant de très nombreuses années le fidèle comparse d'Alix), puis Pierre Allier et enfin Philippe Brun tout de suite reconnaissable à l'ampleur de sa sonorité. Pour Rock-A- Bye, bien que seul saxo, Alix grâce à son étonnant volume sonore, fait face à la masse des 5 cuivres. Outre ses qualités de solistes, de solide arrangeur, Alix est un des rares musiciens européens à savoir diriger et électriser tout un orchestre. Ayant eu l'occasion d'assister à des répétitions, à des mises au point de certains de ses arrangements, je me souviens avec quel soin il faisait répéter chaque section, dosant le volume de chacune, comme il peaufinait avec précision la sonorité d'ensemble des saxes, jusqu'à ce qu'un fini, un fondu sans faille soit obtenu. Il fallait voir, alors, le sourire de tous les participants, lorsque le résultat désiré était atteint! A ce titre, Fariboles nous semble une très brillante réussite du jazz européen. Magnifique swing d'ensemble, section rythmique alerte, attaque précise des cuivres, solistes inspirés, d'abord Hubert Rostaing bondissant à l'alto, puis Christian Beliest excellent à la trompette, avant deux formidables chorus d'Alix en grande forme, avec une entrée digne des plus grands et un début de 2ème chorus d'un swing intense. Voici un beau disque qui mériterait d'être plus connu. C'est Aimé Barrelli qui joue avec autorité dans Holly Smoke avec un solo harcelant d'Alix qui comporte un middle-part parfaitement enchainé qui n'est pas sans évoquer l'aisance d'un Benny Carter! Mais, nous sommes en guerre et dans la France occupée il était difficile pour les musiciens de jazz de pratiquer librement leur art. Le service de la "kultur” des nazis traquait et chassait partout (théâtre, radios, cabarets...) toute cette dangereuse musique "judéo-négro- américaine"! Il fallait ruser, en premier avec les titres des morceaux Joués : cela allait de La Tristesse de St-Louis pour St Louis Blues au splendide Les Bigoudis belle contrepèterie pour Lady Se Good (on laissera ici les amateurs apprécier), le poétique BodyAnd Soûl devenait un bien prosaïque Le Baudet et la Sole... Donc, les vocaux en anglais étaient bannis, bien sûr, c'est ce qui donna l'idée à Combelle de mettre des paroles françaises sur de solides riffs purement jazz. Ecoutez-ça, le dernier titre de cette sélection l'illustre bien. Paroles anodines, amusantes, qui permettaient quand même de swinguer à la barbe des censeurs! C'était également une bonne manière d'amener les amateurs de variétés vers les rythmes du jazz. A ce titre, Alix Combelle a été un précurseur et, sans le savoir, certains artistes de variétés lui doivent, cependant, beaucoup. Quant aux goûts d'Alix, ils allaient vers les musiciens ayant “un gros son”, une belle sonorité ample, au vibrato expressif, c'est ainsi que la première fois qu'il avait eu la gentillesse de m'entrainerchez lui, rue Duperré, le premier disque Joué avait été le magnifique Shuffling At The Hollywood de Lionel Hampton, qui contient une partie renversante de Chu Berry, l'idole d'Alix avec Coleman Hawkins! Son orchestre favori fût, dès 1937, celui de Count Basie dont il reprit avec ses musiciens plusieurs titres. Au passage, il avait tout de suite préréré le chaleureux et véhément Herschel Evans à Lester Young, qui cependant était beaucoup plus "médiatisé" comme on "dirait de nos jours. Toujours son amour des "gros sons". Lionel Hampton qui demanda en 1952 à Alix d'enregistrer avec lui à Paris, ne cessait de lui proposer d'entrer dans son orchestre et- de le suivre aux USA. Ayant eu un engagement pour quelques jours dans un théâtre parisien, Lionel avait demandé à Alix qui était libre à ce moment, de se joindre à sa section de saxophones. Je me souviens avoir rencontré les deux ténors américains de l'orchestre, Clifford Scott (le futur partenaire de Bill Doggett) et Clifford Solomon, qui la mine lassée me demandèrent : "mais qui est donc ce foutu ténor français qui souffle comme un fou et nous oblige tous les soirs à nous défoncer, sinon on n'entend que lui, et Lionel nous en a fait, durement, la remarque!". Tout commentaire semble superflu... Pendant la guerre Alix avait dirigé le Jazz de Paris, puis fondé son propre orchestre qu'il conserva de très nombreuses années jusqu'au milieu des années 60. Il signera encore de remarquables disques, dont une belle série avec Buck Clayton. Il termina par une semi-retraite, composant et écrivant des arrangements avant de s'éteindre le 2 mars 1978. Soliste étonnant, swingman intense, arrangeur efficace, chef d'orchestre attentif et avisé, Alix Combelle a eu aussi un rôle éminent dans le jazz du vieux continent, comme modèle, bien sûr, mais aussi comme mentor de nombreux- jeunes musiciens qu'il a formés, conseillés, et lancés sur la voie du vrai jazz. A tous ces divers titres, Alix Combelle méritait bien d'entrer dans notre série Jazz Archives!
Jacques Morgantini
Alix Combelle
Lorsque l'on évoque le rayonnement du jazz français dans le monde, les deux premiers noms qui sont infailliblement prononcés, et à juste titre, sont ceux du génial guitariste Django Reinhardt et de son compagnon des grands jours du Quintette Du Hot Club De France, le violoniste et pianiste Stephane Grappelli. Quintette du H.C.F. qui fût la seule formation du vieux continent à avoir impressionné les Américains! Mais il y a un autre musicien qui mérite d'être cité avec eux, c'est le saxo-ténor, clarinettiste, arrangeur et chef d'orchestre Alix Combelle, un musicien qui, dans ses meilleures moments, pouvait être mis sur le même plan et soutenir la comparaison avec les grands solistes noirs de l'instrument!
Une fois n'est pas coutume, nous allons consacrer un CD à un musicien français : cela est d'autant plus important pour nous, qu'outre l'admiration pour le jazzman, l'affection pour l'homme qui fût notre ami, nous poussent à rendre hommage à ce formidable musicien, maintenant oublié par beaucoup.
Alix Combelle est né à Paris le 15 juin 1912, son père était un saxophoniste soliste de la Garde Républicaine. Il commence cependant par le batterie avant de se consacrer au saxo-ténor. Passionné par le jazz, il devient vite un des pionniers de cette musique en Europe avec quelques autres. Mais bientôt, l'occasion lui est donnée de jouer avec tous les musiciens noirs qui passaient par la capitale. Il apprend beaucoup à leur contact et à partir de 1937 participe à de nombreux disques avec les meilleurs d'entre eux. Et c'est le formidable Crazy Rhythm enregistré le 28 Avril 1937 avec quatre saxophonistes, les deux Français André Ekyan à l'alto, Alix Combelle au ténor et rien moins côté américain que Coleman Hawkins et Benny Carter! Ce disque, le n°1 de la jeune marque Swing eut une renommée mondiale, les deux français faisant mieux que bonne figure devant les géants du jazz qu'étaient Hawk et Carter! Lancé par Ekyan, Alix signe un solo magistral qui a laissé pantois de multiples musiciens et amateurs; le jour de gloire est arrivé! Toutes les qualités d'Alix se trouvent dans ce solo : construction exemplaire, maîtrise du développement, vibrato chaleureux, volume sonore énorme, swing implacable! Le jeune Alix peut, maintenant, jouer dans la cour des grands (comme disent les reporteurs sportifs!). Son tempérament fougueux, sa puissance impressionnante font de lui, disons-le une fois de plus, un des rares jazzmen blancs à être l'égal des grands improvisateurs noirs!
Il enchaîne les disques (souvent pour la marque Swing) avec d'autre Américains talentueux : Bill Coleman pour un blues nonchalant Hang Over Blues, Benny Carter pour deux titres I'm Coming Virginia et Farewell Blues. Alix est là, de nouveau, à son sommet avec des chorus, au cours desquels il prouve, ô combien, "il s'est assimilé l'esprit musical des Noirs" comme le faisait justement remarquer Hugues Panassié. Vedette des faces du pianiste Freddy Johnson, il s'impose dès le début de son solo de Big Wig In The Wigwam par son autorité et sa maîtrise, particulièrement heureux dans sa manière décontractée de négocier le middle-part (la phrase du milieu, ou le pont, comme on dit dans notre belle langue). Il est tout aussi convainquant dans The Blue Room.
En 1937 et 1938, il se rend deux fois aux USA et le chef d'orchestre, le renommé trombone Tommy Dorsey veut absolument l'engager comme soliste-vedette dans son orchestre, mais Alix préfère rentrer en France. Ses disques avec des musiciens français ne sont pas à négliger car il savait insuffler à se partenaires son punch et son ardeur. Il eut souvent l'occasion de jouer avec l'incontournable Django Reinhardt, dont il est inutile ici de louer les mérites. Outre ses chorus, merci à Django pour la qualité exceptionnelle de son accompagnement qui, à lui seul, possède l'efficacité de bien des sections rythmiques!
Beaucoup d'enregistrements d'Alix Combelle ont été réalisés avec le trompettiste Philippe Brun, le n°1 des trompettes français d'avant guerre. Voici une chance qui nous est donnée de le découvrir et de réaliser qu'il a été un musicien de première importance, grâce à sa magnifique sonorité, éclatante, à ses idées et sa sensibilité. Harlem Swing, Boucin' Around et surtout It Had To Be You où Philippe fait preuve d'une rare maîtrise, prouvant bien sa classe exceptionnelle pour un musicien européen! Riddin' Along The Moscova se signale par un solo sinueux et décontracté d'Alix qui précède un Philippe Brun toujours aussi maître de lui tout au long de son improvisation. Cette fois en quartette pour When You're Smiling et If I Had You, nous retrouvons Alix et Philippe (qui pour cette occasion avait ressorti son cornet). Magnifique entente entre les deux musiciens, Alix joue avec sa puissance et son swing coutumiers, quant à Philippe il en étonnera plus d'un par son aisance et la richesse de ses idées.
Pour Al's Idea, Alix est accompagné seulement par le pianiste noir Ray Stokes dont le solo évoque Fats Waller et par le batteur Pierre Fouad. Son inspiration ne faiblit pas un seul instant et dans certains chorus il martèle les notes, les appuie fortement sur le temps, comme il aime le faire du reste assez souvent. Procédé qui engendre un swing considérable, à condition d'avoir le volume sonore qui convient, ce qui est bien le cas d'Alix qui brille également dans Don't Get Tired solo insistant, véhément, dont je recommande particulièrement le dernier chorus, enlevé de belle façon. Cet emballage du dernier chorus est un moyen souvent utilisé avec bonheur par les meilleurs musiciens noirs qui ne manquent jamais de "mettre le paquet" pour enlever les dernières mesures!
Nous découvrons Alix Combelle arrangeur, car c'est lui qui signe le brillant arrangement de Morning Feeling dans un style qui rappelle l'écriture de Benny Carter pour les quatuors de saxes. Alix s'impose dès le début de son longs solo, une fois de plus, par sa puissance et son attaque. Conception et exécution se rejoignent pour nous donner encore des chorus mémorables! Avec Week-End Stomp nous avons l'occasion d'entendre à la suite, les grands trompettes français de la fin des années 30, chacun jouant des chorus sur le blues de 12 mesures. Après Django, c'est d'abord Alex Renard (qui restera pendant de très nombreuses années le fidèle comparse d'Alix), puis Pierre Allier et enfin Philippe Brun tout de suite reconnaissable à l'ampleur de sa sonorité. Pour Rock-A-Bye Basie, bien que seul saxo, Alix grâce à son étonnant volume sonore, fait face à la masse des 5 cuivres.
Outre ses qualités de solistes, de solide arrangeur, Alix est un des rares musiciens européens à savoir diriger et électriser tout un orchestre. Ayant eu l'occasion d'assister à des répétitions, à des mises au point de certains de ses arragnements, je me souviens avec quel soin il faisait répéter chaque section, dosant le volume de chacune, comme il peaufinait avec précision la sonorité d'ensemble des saxes, jusqu'à ce qu'un fini, un fondu sans faille soit obtenu. Il fallait voir, alors, le sourire de tous les participants, lorsque le résultat désiré était atteint! A ce titre, Fariboles nous semble une très brillante réussite du jazz européen. Magnifique swing d'ensemble, section rythmique alerte, attaque précise des cuivres, solistes inspirés, d'abord Hubert Rostaing bondissant à l'alto, puis Christian Bellest excellent à la trompette, avant deux formidables chorus d'Alix en grande forme, avec une entrée digne des plus grands et un début de 2ème chorus d'un swing intense. Voici un beau disque qui mériterait d'être plus connu. C'est Aimé Barrelli qui joue avec autorité dans Holly Smoke avec un solo harcelant d'Alix qui comporte un middle-part parfaitement enchainé qui n'est pas sans évoquer l'aisance d'un Benny Carter!
Mais, nous sommes en guerre et dans la France occupée il était difficile pour les musiciens de jazz de pratiquer librement leur art. Le service de la "kultur" des nazis traquait et chassait partout (théâtre, radios, cabarets…) toute cette dangeureuse musique "judéo-négro-américaine"! Il fallait ruser, en premier avec les titres des morceaux joués : cela allait de La Tristesse de St-Louis pour St Louis Blues au splendide Les Bigoudis belle contrepéterie pour Lady Be Good (on laissera ici les amateurs apprécier), le poétique Body And Soul devenait un bien prosaïque Le Baudet et la Sole… Donc, les vocaux en anglais étaient bannis, bien sûr, c'est ce qui donna l'idée à Combelle de mettre des paroles françaises sur de solides riffs purement jazz. Ecoutez-ça, le dernier titre de cette sélection l'illuste bien.
Paroles anodines, amusantes, qui permettaient quand même de swinguer à la barbe des censeurs! C'était également une bonne manière d'amener les amateurs de variétés vers les rythmes du jazz. A ce titre, Alix Combelle a été un précurseur et, sans le savoir, certains artistes de variétés lui doivent, cependant, beaucoup.
Quant aux goûts d'Alix, ils allaient vers les musiciens ayant "un gros son", une belle sonorité ample, au vibrato expressif, c'est ainsi que la première fois qu'il avait eu la gentillesse de m'entrainer chez lui, rue Duperré, le premier disque joué avait été le magnifique Shuffling At The Hollywood de Lionel Hampton, qui contient une partie renversante de Chu Berry, l'idole d'Alix avec Coleman Hawkins!
Son orchestre favori fût, dès 1937, celui de Count Basie dont il reprit avec ses musiciens plusieurs titres. Au passage, il avait tout de suite préréré le chaleureux et véhément Herschel Evans à Lester Young, qui cependant était beaucoup plus "médiatisé" comme on dirait de nos jours. Toujours son amour des "gros sons". Lionel Hampton qui demanda en 1952 à Alix d'enregistrer avec lui à Paris, ne cessait de lui proposer d'entrer dans son orchestre et de le suivre aux USA. Ayant eu un engagement pour quelques jours dans un théâtre parisien, Lionel avait demandé à Alix qui était libre à ce moment, de se joindre à sa section de saxophones. Je me souviens avoir rencontré les deux ténors américains de l'orchestre, Clifford Scott (le futur partenaire de Bill Doggett) et Clifford Solomon, qui la mine lassée me demandèrent : "mais qui est donc ce foutu ténor français qui souffle comme un fou et nous oblige tous les soirs à nous défoncer, sinon on n'entend que lui, et Lionel nous en a fait, durement, la remarque!". Tout commentaire semble superflu…
Pendant la guerre Alix avait dirigé le Jazz de Paris, puis fondé son propre orchestre qu'il conserva de très nombreuses années jusqu'au milieu des années 60. Il signera encore de remarquables disques, dont une belle série avec Buck Clayton. Il termina par une semi-retraite, composant et écrivant des arrangements avant de s'éteindre le 2 mars 1978.
Soliste étonnant, swingman intense, arrangeur efficace, chef d'orchestre attentif et avisé, Alix Combelle a eu aussi un rôle éminent dans le jazz du vieux continent, comme modèle, bien sûr, mais aussi comme mentor de nombreux jeunes musiciens qu'il a formés, conseillés, et lancés sur la voie du vrai jazz. A tous ces divers titres, Alix Combelle méritait bien d'entrer dans notre série Jazz Archives!
Jacques Morgantini
ALIX COMBELLE
Whenever and wherever French jazz is mentioned two names immediately spring to mind, those of the brilliant guitarist Django Reinhardt and violinist and pianist Stephane Grappelli, his faithful companion during the heydays of the Hot Club de France, the only European group to have really impressed the Americans. However, there is another musician worthy of mention, tenor saxophonist, clarinettist, arranger and bandleader Alix Combelle who, at his best, may be ranked alongside Reinhardt and Grappelli and easily bears comparison with some of the greatest black clarinettists.
Exceptionally we are devoting an entire CD to a French musician for, in addition to recognising his qualities as a jazzman, this is also an opportunity to express our affection for a friend while rendering homage to a formidable musician, too often overlooked today.
Alix Combelle was born in Paris on 15 June 1912. His father was a solo saxophonist with the Republican Guard but Alix started out on drums before turning to tenor sax. His love of jazz led him, along with a handful of others, to become pioneer of this type of music in France and soon he was lucky enough to play with all the black musicians who passed through the capital. He learned a great deal from them and, from 1937 onwards, appeared on numerous records with the best of them. The fantastic Crazy Rhythm recorded on 28 April 1937 featured four saxes including two Frenchmen, André Ekyan on alto, Alix Combelle on tenor and, representing the Americans, none other than Coleman Hawkins and Benny Carter! This record, the first issued by the new Swing label, became a world-wide hit, both Frenchmen acquitting themselves admirably in the company of the two American jazz giants. Launched by Ekyan, Combelle turns in a masterly solo that astounded musicians and fans alike and reveals all his outstanding gifts: polished structure, beautifully controlled development, warm vibrato, huge sound and relentless swing. The young Alix was now capable of playing with the big boys! His fiery temperament and impressive power combine to make him one of the rare white jazzmen worthy of being ranked with the best black improvisers.
He continued to record (often for the Swing label) with other talented Americans: Bill Coleman on the laid-back Hang Over Blues, Benny Carter on two numbers I’m Coming Virginia and Farewell Blues. Alix is again at his most eloquent on choruses that reveal, in the words of Hugues Parnassié, how much “he had absorbed of black musical feeling.” Among the sides he cut with pianist Freddy Johnson, he makes his presence felt from the very beginning of his solo on Big Wig In The Wigwam, his dexterity particularly evident in the relaxed manner in which he negotiates the middle part. He is equally convincing on The Blue Room.
In 1937 and 1938, he made two trips to the USA and the renowned bandleader and trombonist Tommy Dorsey wanted to hire him as star soloist in his band but Alix preferred to return to France. The recordings he made with French musicians are also worthy of note, for he had the knack of instilling his partners with his own punch and fervour. He frequently played with Django Reinhardt whose brilliant solo backing surpassed that of many a complete rhythm section.
Many of Alix Combelle’s recordings featured trumpeter Philippe Brun, the leading trumpeter in pre-war France. This CD is an opportunity to discover the beautiful tone, inventiveness and sensitivity of this first-rate musician: Harlem Swing, Bouncin’ Around and, above all, It Had To Be You on which Brun reveals an exceptional talent rare in European jazz players. Ridin’ Along The Moscova opens with a weaving, relaxed solo from Alix, paving the way for a beautifully controlled improvisation from Philippe Brun. The complicity between the two musicians is evident on When You’re Smiling and If I Had You, this time in quartet and with Philippe on cornet. Alix plays with his usual power and swing while Philippe’s fluency and wealth of ideas is truly astonishing.
On Al’s Idea Alix is accompanied only by black pianist Ray Stokes, whose solo is full of echoes of Fats Waller, and drummer Pierre Fouad. His inspiration never fails and, on some choruses, he hammers away at the beat as he loved to do, using his huge sound to create tremendous swing. His insistent, pungent solo on Don’t Get Tired is equally brilliant, with a particularly spirited final chorus typical of the way the best black musicians put their all into the final bars of a number.
We discover Alix Combelle as arranger on the brilliant Morning Feeling where the writing for the saxophone quartets is reminiscent of Benny Carter’s style. Once more Alix’s punch and attack is evident in the very first notes of his long solo that includes further memorable choruses! Week-End Stomp gives us the chance to hear, in turn, the three great French trumpeters of the late 30s, each playing two choruses of the twelve-bar blues. After Django’s introduction we have Alex Renard (who remained Alix’s faithful side-kick for many years), then Pierre Allier, followed by the inimitable sound of Philippe Brun. Although Alix is the only sax player on Rock-a-Bye Basie his amazing full tone is more than a match for the five horns.
In addition to his gifts as soloist and arranger, Alix was one of those rare European musicians who could lead and electrify an entire orchestra. I was occasionally present at some rehearsals of his arrangements and I remember the care with which he rehearsed each section, paying particular attention to the volume, polishing the sound of the saxes until he obtained a perfectly meshed whole—the whole band breaking into huge grins once the desired effect was obtained! Fariboles is an example of this with its magnificently swinging ensemble, a rhythm section on its toes, precise attack from the brass section and inspired soloists: first Hubert Rostaing’s jumping alto, then an excellent Christian Bellest on trumpet, followed by two tremendous choruses from an Alix on top form, the opening bars of the second chorus swinging superbly. This is an excellent track that deserves to be better known. Aimé Barelli plays on Holy Smoke with an attacking solo from Alix containing a perfectly executed middle-part, worthy of a Benny Carter!
But by now war had broken out and it was difficult for jazzmen to find work in occupied France, the Nazi regime having banned this dangerous “Jewish-Negro-American” music from theatres, on radio and in cabaret. The only way around this was to “doctor” song titles: for example St. Louis Blues became Tristesse de St. Louis while Lady Be Good was re-christened Les Bigoudis (Hair Curlers!) and the poetic Body And Soul became the more prosaic Le Baudet Et La Sole (The Donkey And The Sole)… English vocals were banned and this gave Combelle the idea of putting French words to basic jazz riffs e.g. Ecoutez Ca, the closing title of this compilation. Harmless, amusing lyrics that, nevertheless, enabled a group to swing under the nose of the censors! It was also a means of introducing variety audiences to jazz rhythms. Alix Combelle was a precursor and some variety artists, though not aware of it, probably owe him a great deal.
Alix, himself, preferred musicians with a “big” sound, a full tone, an expressive vibrato. The first time he took me to his home in rue Duperré, he immediately played for me Lionel Hampton’s Shuffling At The Hollywood with that stupendous contribution from Chu Berry who, along with Coleman Hawkins, was Alix’s idol.
By 1937 his favourite orchestra was that of Count Basie from whom he and his musicians borrowed several numbers. He always preferred the warm and compelling Herschel Evans to Lester Young, although the latter was far more in the public eye. In 1952, Lionel Hampton invited Alix to record with him in Paris and continually tried to persuade him to join his band and follow him to the States. When Hampton was appearing at a Paris theatre for several days he asked Alix, who was free at the time, to sit in with the sax section. I remember meeting the orchestra’s two American tenors Clifford Scott (who later played with Bill Doggett) and Clifford Solomon who, looking somewhat the worse for wear, demanded: “Who the hell is this f—— tenor who plays like a crazy guy and makes us burst our guts every night , otherwise you can only hear him as Lionel keeps telling us!”
During the war Alix had fronted the Jazz de Paris before setting up his own band that he kept going until the mid-60s, recording even more outstanding sides, including a great series with Buck Clayton. Finally, he more or less retired before his death on 2 March 1978.
A soloist who never ceases to amaze us, a master of swing, an excellent arranger and skilful bandleader, Alix Combelle played a major role in European jazz, both as a role model and mentor for numerous young musicians that he taught, advised and launched on the road to real jazz. He certainly merits a place among our Jazz Archives!