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JAZZ VIOLIN / 1926 - 1942
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R312
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1 CD - 23 TITRES / VIOLON JAZZ WITH JOE VENUTI, STEPHANE GRAPPELLI, EDDIE SOUTH, STUFF SMITH / JAZZ ARCHIVES COLLECTION

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JAZZ VIOLIN


Juice Wilson & William Roseland 
1 Kansas city Kitty
Joe Venuti
2 Stringing the blues
3 Doin’ things
4 The wild dog
5 Raggin’ the scale
Darnell Howard
6 Cavernism
Stéphane Grappelli 
7 Djangology
8 I’ve found a new baby
9 Minor swing
10 Hungaria
Eddie South 
11 Sweet Georgia brown
12 Somebody loves me
13 Interpretation swing
Michel Warlop 
14 Taj Mahal
15 Christmas swing
16 Tempête sur les cordes
Stuff Smith
17 Upstairs
Emilio Caceres
18 I got rhythm
Svend Asmussen 
19 Limehouse blues
Bob Bermoser
20 Cockail swing
Guillermo Oliva
21 I got rhythm
Georges Effrosse
22 Royal blue
Ray Nance
23 Bakiff
 
Les violonistes
 
Juice Wilson & William Roseland (With Nobble Sissle Orchestra) (1)
Joe Venuti (2-3-4-5),
Darnell Howard (With Earl Hines & His Orchestra)(6)
Stéphane Grappelli (With Django Reinhardt) (7-8-9-10)
Eddie South (11-12-13)
Michel Warlop (With His Orchestra & Septuor) (14-15-16)
Stuff Smith (With His Onyx Club Boys) (17)
Emilio Caceres (Whith HisTrio)(18)
Svend Asmussen (Danish Jazz Session)(19)
Bob Bermoser (With Sarane Ferret & Swing Quintet of Paris)(20),
Guillermo Oliva (With Oscar Aleman)(21)
Georges Effrosse (With Sarane Ferret & Swing Quintet of paris) (22)
Ray Nance (With Duke Ellington)(23).

Violon Jazz
 
L'histoire du violon dans le jazz a presque un caractère provincial si l'on admet que la France, excentrée par rapport au grand centre ricain, y joue un rôle important. Pourtant c'est bien au États-Unis que tout avait démarré avec Joe Venuti, Italien d'origine, dont on dit même, afin de mettre tout le monde d'accord, qu'il était né sur un bateau entre le vieux continent et le nouveau. Bien entendu Venuti n'avait pas été le tout premier à jouer du violon dans le jazz mais il fut le premier musicien d'envergure à se spécialiser sur cet instrument, d'autres en effet de sa génération ne pratiquaient pas exclusivement le violon, Darnell Howard et Juice Wilson par exemple.
Eddie South et Stuff Smith commencèrent à se produire vers la même époque mais il n'eurent pas un rayonnement aussi considérable, du moins à ce moment-là et d'ailleurs Smith ne signe ses premiers disques qu'en 1936.
En fait, à partir des années 1930 c'est d'Europe que provint la nouveauté. De Svend Asmussen, d'abord, à qui l'on songe trop rarement à l'heure de tresser les couronnes de lauriers et qui depuis son lointain Danemark le disputait en lyrisme aux fameuses sirènes. Remarquable technicien, Asmussen n'était pas homme à se limiter à des imitations de Venuti -qu'il appréciait,  comme tout le monde- il possédait ce sens du blues, que l'on dit réservé aux Noirs, et aussi celui de l'humour, pas toujours apprécié. Il ne dédaignait pas les clowneries, ce qui ne fait pas très sérieux quand on s'occupe de jazz, ni les expériences orchestrales (il n'était jamais à court de formules sonores), ce qui n'est pas toujours très apprécié car c'est trop sérieux! Clown, saltimbanque, intello, quoi encore ? Sven avait tout pour ne pas toujours être apprécié à sa juste (et très grande) valeur.
Le Français Stéphane Grappelli connut un sort assez différent. Associé à Django Reinhardt au sein du Quintette du Hot Club de france, il bénéficiera du grand prestige national et international que connut l'ensemble. Il pâtit parfois de la comparaison assez absurde avec le légendaire guitariste manouche. Si Grappelli ne fut peut-être pas un génie brut, taillé dans la tripe du jazz, il fut et demeure cet immense musicien qui donna naissance, pratiquement à lui seul, à toute l'école du violon moderne, celle qui démarre avec Jean-Luc Ponty. Et, même sans aller chercher jusque là, il exerça une influence énorme sur ses suiveurs immédiats, à commencer par le grand et malheureusement si peu connu, Vivian Villerstein, un Manouche.
La France, d'ailleurs, occupa à partir des années 1930 une position singulière sur l'échiquier du violon car Grappelli n'y était pas le seul grand homme et Michel Warlop, son contemporain, occupe aujourd'hui encore une place importante dans les mémoires des jazzophiles. Sa démarche n'était pas la même que celle de Grappelli qu'il admirait et il ne sut peut-être pas assumer sa dualité, le fait d'être partagé entre le monde de la musique classique dont il était issu et celui du jazz qui le fascinait tant. Il ne se sentit jamais assez jazz et son jeu, dans ce qu'il a de meilleur (ce qui nous fend l'âme aujourd'hui), traduit cette formidable tension.
La France était curieusement riche en spécialistes de cet instrument relativement rare dans le jazz et, parmi les plus doués, Georges Effrosse apparut comme un météore dans ce ciel-là. Il signa ses faces les plus jazz sous la houlette du guitariste gitan Sarane Ferret en 1942 et mourut deux ans plus tard, victime de la barbarie nazi, au camp de Dora. Superbe technicien, à l'instar de Warlop, remarquable concertiste, il mettait dans son jazz quelque chose de tzigane.
Robert Bermoser, batteur de son métier, n'était pas violoniste de profession mais nous avons tout de même retenu un morceau qu'il joue lui aussi sous la houlette de Sarane Ferret, Cocktail Swing.
Nous avons fait un petit détour en Amérique du Sud, en Argentine plus précisément où officiait le quasi-légendaire Guillermo Oliva, qui fut notamment associé au fabuleux guitariste Oscar Aleman. Leur formation, telle qu'elle apparaît au début des années 1940, était parmi les meilleures entre toutes celles qui copiaient le modèle Quintette du Hot-Club de France un peu partout dans le monde.
Nous avions évoqué plus haut le cas des violonistes d'occasion en citant d'abord Darnell Howard et Juice Wilson, le second étant en effet avant tout clarinettiste et les quelques morceaux où on l'entend au violon dans l'orchestre de Noble Sissle nous laissent quelques regrets. Daniel Nevers définit ainsi son approche : "un jeu fort original, à la fois délié et dur, gorgé de swing, qui conserve des accents primitifs tout en annonçant la manière d'un Stuff Smith." (in Dictionnaire du Jazz).
Quant à Darnell Howard, il fut d'abord un clarinettiste au jeu élégant. Il semblerait qu'en tant que violoniste il bénéficiât d'une très bonne réputation, au point de compter Eddie South parmi ceux qui l'appréciaient.
Emilio Caceres, lui, fit une carrière de violoniste et il est pourtant moins connu que Darnell Howard et que son propres frère Ernie avec qui il enregistra des disques sympathiques et jouait du saxophone et de la clarinette. Emilio fut un disciple de Venuti et pas des moins intéressants, ainsi que le demontre, entre autres, sa version de I Got Rhythm que nous avons choisi comme exemple de son art.
Aux Etats-Unis Joe Venuti n'eut pas de véritable rival jusqu'aux années 1930 et Eddie South et Stuff Smith qui débutèrent pourtant vers la même époque font figure de musiciens appartenant à la génération suivante. Eddie South commença sa carrière dès le milieu des années 1920, lui que ses brillantes études destinaient à la carrière de concertiste classique dut en raison de la couleur de sa peau se tourner vers le jazz ! On le critiqua parfois à cause de son relatif manque de swing, certains laissant entendre qu'au plan du jazz il faisait montre d'une certaine raideur. Sans aller jusque-là on doit reconnaître que, paradoxalement, si l'on aligne côte à côte South et Grappelli, à l'écoute le plus noir n'est pas forcément celui que l'on attendrait.
Chez Stuff Smith, en tout cas, la véhémence est au premier plan et l'auditeur n'a aucun mal à imaginer l'ambiance qui devait régner à l'Onyx Club lorsqu'il s'y produisait, jouant avec un petit singe juché sur son épaule. En cette seconde moitié des années 1930, le violon de Stuff (machin) Smith dispensait sans compter humour, énergie et swing, de quoi réconcilier avec le violon jazz ceux qui le trouvaient encore trop distingué à leur goût.
On connait l'histoire, telle qu'elle fut racontée par Yehudi Menuhin et dont il fut le héros : un jour qu'aux Etats-Unis il se trouvait dans un grand hôtel, le garçon d'ascenceur lui fit observer qu'il ne pouvait le laisser emprunter son engin muni d'un bagage. Menuhin lui expliqua qu'il ne s'agissait pas d'un bagage à proprement parler mais de son violon, qu'il était concertiste et se présenta. Le garçon rétorqua, sans se départir de son sang froid : "Vous seriez même Stuff Smith, vous n'auriez pas le droit de monter dans mon ascenseur avec votre instrument!"
Tout le monde n'est pas Stuff Smith et c'est pourquoi nous avons préféré laisser le dernier mot et les dernières notes à un violoniste d'occasion et pas des moins connus, Ray Nance. Il resta auprès de Duke plus de vingt ans et y fut le seul violoniste en titre même s'il maniait plus souvent la trompette. Duke appréciait et utilisait également ses talents de chanteur, de danseur et d'amuseur. Nance avait décidément plus d'une corde à son violon, condition quasi-inévitabe pour nous régaler avec un Bakiff de derrière les fagots et dans un style résolument peu orthodoxe. Allons, au violon!
François Billard

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