Gerry MULLIGAN / MULLIGAN QUARTET
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Gerry MULLIGAN 1952 - 1959 CD 11 Bernies tune 2’54’’.Miller – Stoller2 Lullaby of the leaves 3’15’’J. Young – B. Petkere3 Line for lions 2’34’’G. Mulligan4 Bark for barksdale 3’16’’G. Mulligan5 My funny Valentine 2’57’’Rodgers - Hart6 Nights at the turntable 2’56’’G. Mulligan7 Frenesi 3’12’’A. Dominguez8 Walkin’ shoes 3’16’’G. Mulligan9 Soft shoes 2’42’’G. Mulligan10 The lady is a tramp 3’17’’Rodgers – Hart11 Turnstile 3’01’’G. Mulligan12 Moonlight in Vermont 4’08’’Blackburn13 Blues in time 9’04’’Desmond14 Body and soul 9’42’’Green - Eyton – Heymann -Sour15 Stand still 3’29’’G. Mulligan16 Wintersong 7’01’’Desmond17 Battle hymn of the Republican 7’47’’Desmond CD 21 Fall out 5’53’’G. Mulligan2 Tea for two 8’02’’Youmans – Caesar3 Lover 6’59’’Rodgers – Hart4 What is there to say 4’08’’Harburg – Duke5 Just in time 4’14’’Camden – Green6 News from Blueport 5’08’’A. Farmer7 Festive minor 6’17’’G. Mulligan
8 As catch can 3’58’’G. Mulligan9 My funny Valentine 4’10’’Rodgers - Hart10 Blueport 8’51’’Crow11 Utter cahos 4’25’’G. Mulligan12 Ides sides 3’24’’G. Mulligan13 Kaper 3’16’’G. Mulligan14 Bweebida bobbida 3’05’’G. Mulligan
Les enregistrements CD11 à 12 : Gerry Mulligan Quartet : Chet Baker (tp), Gerry Mulligan (bs), Bob Whitlock (p), Chico Hamilton (dm). Los Angeles 1952 - 195313 à 18 : Paul Desmond Quartet : Gerry Mulligan (bs), Paul Desmond (as), Joe Benjamin (b), Dave Bailey (dm). Los Angeles & New York 1957 CD21 à 3 : Paul Desmond Quartet : Gerry Mulligan (bs), Paul Desmond (as), Joe Benjamin (b), Dave Bailey (dm). Los Angeles & New York 19573 à 11 : Gerry Mulligan Quartet : Gerry Mulligan (bs), Art Farmer (tp), Bill Crow (b), Dave Bailey (dm). New York 195912 à 14 : Gerry Mulligan New Stars : Jerry Lloyd, Nick Travis (tp), Ollie Wilson (vtb), Allen Earger (ts), Gerry Mulligan, Max Elroy (bs), George Wallington (p), Phil Leskin (b), Walter Bolden (dm), Gail Madden (maracas). New york1951
Gerry MULLIGAN
Fils d’Irlandais, Gerry Mulligan avait connu l’école de la rue, les empoignades avec les gamins de son âge, dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, même si les immigrants avaient la peau très claire. De ce temps-là, Mulligan conserva un mauvais caractère bien trempé et une aptitude certaine à affronter les difficultés de la vie, même si le cadre, plus harmonieux, était celui du jazz. Adolescent, il s’essaya à des arrangements pour grande formation, commençant par des orchestres de danse, découvrant dans cette discipline d'écriture la promesse d’un perpétuel dépassement. La dilection de Mulligan trouva très tôt un terrain d'entraînement d'abord grâce à une radio de Philadelphie. Il ne manqua pas ensuite de confier quelques-uns de ses travaux à ses employeurs successifs, chefs d'orchestres de danse où lui-même tenait le baryton, notamment Gene Krupa, Elliot Lawrence, vers le milieu des années 1940, pour citer les plus jazz. C’est probablement au grand orchestre que Gerry Mulligan consacra le plus d’énergie, “son” grand orchestre, mais aussi “ses” arrangements. Comme soliste, spécialiste du baryton, il se considérait comme une sorte de disciple de Lester Young, adaptant le style de son maître au baryton. Nous retiendrons, quant à nous l'éloquence de son jeu, alliant économie et simplicité sans jamais sombrer dans l'abstraction. Inutile de le comparer à Serge Chaloff, à Leo Parker ou à Pepper Adams, Mulligan ne luttait pas dans l'arène des meilleurs solistes. Laissons parler Gerry Mulligan : "J'ai eu la chance d'être au bon endroit quand il le fallait pour faire partie de l'orchestre de Miles. J'avais passé deux ans en tournée avec divers orchestres, mais sur le conseil de Gil (Evans) j'avais décidé de rester à New York (...)." Les jazzmen fervents du jazz moderne se trouvaient dans la ville "et tout le monde semblait graviter autour de l'endroit où vivait Gil. On s'influençait réciproquement et Bird était l'influence n°1 pour nous tous. Gil vivait dans une pièce en sous-sol sur la 55e Rue, près de la 5e Avenue." Là, Mulligan rencontra Miles Davis et le gratin d'une nouvelle avant-garde (John Lewis, George Russell, John Carisi; Max Roach, Lee Konitz et dix autres au moins) dont certains allaient participer directement aux fameuses séances Capitol dites de la "Birth of the Cool" Cette "naissance" d'un jazz dit cool, en tout cas frais et léger comme une douce brise, sûrement pas froid comme un glaçon, donna à Mulligan l'occasion d'enregistrer, au sein de l'orchestre dirigé par Miles Davis mais se n’est qu'en 1951 que Mulligan enregistra sous son propre nom, dans un cadre résolument orchestral chez Prestige, la formation comportant deux trompettes, un trombone, un saxophone ténor, deux saxos-barytons (dont lui-même), piano, basse et batterie. Nous avons retenu quelques morceaux de cette séance, tous de la plume de Mulligan. L'ensemble enregistré, soulignons-le, à New York, donc sur la côte Est, préfigure parfois ce que l'on appelle le "style West Coast“ (Kaper tout particulièrement) associé à la Californie. Rappelons d'ailleurs, pour nous limiter au style orchestral et comparer ce qui est comparable, que Shorty Rogers grava son premier album avec ses Géants le 8 octobre 1951 à Los Angeles. La séance mulliganienne n'est pas d'un intérêt permanent, on peut penser que Bweebida Bobbida est le thème le plus intéressant et en tout cas le plus mulliganesque, et que Ide's Side annonce par certains aspects la petite formation avec le trompettiste Chet Baker. En ce qui concerne les solistes, Mulligan s'exprime longuement dans tous les morceaux, Allen Eager sur son versant le plus lestérien se montre égal à lui-même, autant dire passionnant plus souvent qu'à son tour ; le pianiste George Wallington contribue très sensiblement à la réussite de l'ensemble, démontrant, entre autres, qu'il n'est pas seulement un powellien d'obédience, mais aussi et surtout qu'il joue bebop dans un style personnel, très aéré, minimaliste au besoin, avec une autorité précieuse à l'architecture de la grande formation. De cette époque et parfois même de toute la carrière de Gerry Mulligan on a surtout retenu son association avec le trompettiste Chet Baker, ce qui est injuste. Le célèbre quartette sans piano, né au début des années 1950, connut fort rapidement le succès et l’on peut penser que l'indéniable présence physique des deux hommes, l'aura de Chet Baker en James Dean du jazz, contribua aussi à imposer leur formation. Toutefois leur succès dépassa très vite les États-Unis, au-delà donc d'une quelconque image scénique. Cet ensemble présentait une formule sonore séduisante, efficace, reposant sur quelques éléments déterminants tel que le choix d'un répertoire agréable, varié et même assez hétérogène, puisqu'il comportait aussi bien des succès éprouvés tels que Carioca, des standards alors peu connus comme Bernie's Tune, que des compositions écrites par Mulligan. Le principe d'exposé des thèmes était assez simple et, pour les deux souffleurs, le recours au contrepoint était une solution privilégiée. La part d'improvisation était plus ou moins importante, mais assurément l'un et l'autre en solo développaient avec une indéniable fraîcheur une approche mélodique vivifiante. La belle présence de la rythmique, réduite au noyau basse-batterie apportait son assise aux solistes et le travail du batteur Chico Hamilton, souvent aux balais, mariait subtilement souplesse et autorité. Pour ce qui est de la contrebasse, Mulligan expliqua bien son rôle : "Je considère la contrebasse comme l'assise du son de notre groupe ; la base sur laquelle le solo construit son développement, le fil conducteur autour duquel les deux instruments mélodiques tissent leur discours contrapuntique." (notes de pochette traduites par Alain Tercinet in West Coast Jazz). Chet Baker avait fait partie fugitivement d'un quintette de Charlie Parker et développerait dans les années à venir une fascination pour l'art de Miles Davis. Quant à Mulligan, il avait joué avec Parker au cours d'une jam session et ce dernier l'avait fortement encouragé à développer son style. Le jeu de baryton de Mulligan se référait fort explicitement au style de saxophone de Lester Young (dit Prez), mais non seulement il était loin d'être le seul à se placer dans l'orbite présidentielle, mais lui le faisait avec beaucoup de modestie. "Je préférerais", dit-il, "me trouver au sommet du groupe des arrangeurs mais dans l'ombre qu'au même rang sur la scène, dans la lumière des projecteurs." Ses solos ne manquent pas pour autant d'intérêt, de loin s'en faut (le très délicat premier solo de Line For Lyons), même s'ils servaient d'abord la musique comme unité collective Et, en effet, jusque dans la formule du quintette abondent les trouvailles : chaque thème ou presque, est l'objet d'une attention toute particulière et le mode d'exposé varie assez sensiblement autour de quelques principes tel que le fameux contrepoint ou d'un chant-contre-chant à la fois efficace et léger. My Funny Valentine permet à Chet Baker de donner son plein caractère dramatique à un thème romantique qu'il rejouerait toute sa vie. Las, les deux hommes possédaient deux personnalités par trop incompatibles, les querelles se multiplièrent entre un Mulligan cabochard et volontaire et un Chet pas très accommodant. La rupture fut rapidement consommée (moins de deux ans d'existence).
François Billard