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Stephane GRAPPELLI
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2 CD - 46 TITRES / STÉPHANE GRAPPELLI 1937 -1961 / AVEC DJANGO REINHARDT, GEORGE SHEARING, JEAN-FRED MELE... JAZZ ARCHIVES COLLECTION
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STÉPHANE GRAPPELLI 1937 -1961 / AVEC DJANGO REINHARDT, GEORGE SHEARING, JEAN-FRED MELE... JAZZ ARCHIVES COLLECTION CD 1 1937 – 1944 Stéphane’s tune
1 IT HAD TO BE YOU2 NOCTURNE3 JE VEUX CE SOIR4 OUT OF NOWHERE5 BABY6 I GOT RHYTHM7 IN THE MOOD8 OH ! LADY BE GOOD9 THE SHEIK OF ARABY10 AFTER YOU’VE GONE11 STEPHANE’ TUNE12 SWEET SUE - JUST YOU13 TUGER RAG14 STEPHANE BLUES15 NOEL BRINGS THAT SWING16 DINAH17 BODY AND SOUL18 JIVE BOMBER19 LIZA20 THREE O’CLOCK IN THE MORNING21 THAT OLD BLACK MAGIC22 STAR EYES23 CONFESSIN’24 SOMEDAY SWEETHEART CD 2 1954 – 1961 Stéphane in Paris 1 SWING 39 2 MANOIR DE MES REVES3 DJANGOLOGY4 BELLEVILLE5 HAVE YOU MET MISS JONES ?6 THIS CAN'T BE LOVE7 ALEMBERTS’8 MARNO 9 YOU TOOK ADVANTAGE OF ME 10 PENNIES FROM HEAVEN11 CAN'T HELP LOVIN' DAT MAN 12 A GIRL IN CALICO13 THE WORLD IS WAITING FOR THE SUNRISE14 I CAN'T RECOGNIZE THE TUNE15 THE FOLKS WHO LIVE ON THE HILL16 LOOKING AT YOU17 BLUE MOON18 DINAH19 A FOGGY DAY IN LONDON TOWN20 I WON'T DANCE 21 SOMEONE TO WATCH OVER ME22 LOUISE
STEPHANE GRAPPELLI Sur Stéphane Grappelli, le plus célèbre sans doute des violonistes de jazz, qui naquit dans le dixième arrondissement de Paris (et non point du côté de Basin Street ou de Harlem) le 26 janvier 1908, deux ans jour pour jour avant son complice préféré Django, sur Stéphane Grappelli il a déjà été beaucoup écrit. Notamment dans le livret du premier volume à lui consacré dans cette collection (EPM/Jazz Archives 158582), indispensable complément du présent recueil. Il y manque cependant une date : le 1er décembre 1997…Cet après-midi là, une sèche dépêche de l'AFP vint rappeler au monde que même un Stéphane Grappelli était en somme tout aussi mortel qu'un Socrate… Le vieux monsieur au grand sourire et aux jolies chemises à fleurs aurait dû fêter son nonantième hiver un peu moins de deux mois plus tard. Peut-être, lui qui remerciait chaque jour le Bon Dieu d'avoir "inventé" le jazz, n'en tenait-il plus d'aller rejoindre au Paradis de la musique syncopée tout un tas de vieux copains qui se livrent là-haut, depuis belle lurette, aux joies de la jam-sesion éternelle. Django, Joseph, Vola, Warlop, Chaput, Combelle, Brun, Ekyan bien sûr, qui furent si souvent ses compagnons de route, mais aussi ceux qu'il ne cessa d'admirer, Art Tatum, Fats Waller, Bix, Satchmo, Coleman Hawkins, Joe Venuti, Eddie South, Stuff Smith… Tant qu'il en restait un, nous pensions, naïvement c'est sûr, que le légendaire Quintette à Cordes du Hot Club de France, le seul, le vrai, celui de 34/39, vivait encore quelque part, ailleurs, dans un trou du temps et de l'espace, et que son cœur battait toujours. Quand celui de Stéphane s'est arrêté, on a su que cette déchirure spatio-temporelle chère aux auteurs de science-fiction avait fait long feu, un peu comme quand on commença à parler de Duke Ellington à l'imparfait au printemps de 1974… Encore tout un pan du jazz qui s'effondre, il fallait s'y attendre…Le 5 décembre, il y eut un office religieux en la si laide église Saint Vincent-de-Paul. Son architecture éléphantesque ne sied en aucune manière à la célébration du violon ailé de Stéphane Grappelli. Mais il est vrai que ce vilain lieu de culte se trouve aussi dans le dixième arrondissement de Paris, à trois pas de l'endroit ou Stéphane vit le jour. Il a eu beau se balader dans le monde entier, connaître la gloire à Newport ou à Melbourne, passer des années en Angleterre, être réclamé par Norman Granz, le dixième, tout à côté de Montmartre, était son pays. Il l'a souvent quitté, il y est toujours revenu, lui, le rejeton d'un émigré italien pas très bien vu dans son pays… Et tout ça, ça fait aussi d'excellents Français! En passant par le grand cercle des honneurs, Stéphane Grappelli a fini par boucler sa petite boucle à lui : du dixième au dixième. "Et réciproquement", eût conclu son ami Pierre Dac…Malgré de nombreuses interviews, des tas d'articles et deux gros livres (celui intitulé "Mon Violon pour tout Bagage", chez Calmann-Lévy en 1992, constitue même ses Mémoires officielles), il reste bien des zones d'ombre dans la vie et la carrière de Grappelli. Celui-ci il est vrai, à propos de "mémoire", n'a jamais dû en avoir à revendre! En plus, le temps passant et émoussant encore davantage le souvenir, il avait même fini par la rendre extrêmement sélectives, sa mémoire, Stéphane!… Ainsi, dans les années 60/70, il lui arrivait encore parfois, au détour de la conversation, de mentionner l'un ou l'autre des violonistes de jazz : Venuti, South, Warlop, Stuff Smith, voire Svend Asmussen. Chose au fond d'autant plus normale qu'il avait joué et enregistré en leur compagnie à tous… Par la suite, ces noms-là disparurent à peu près complètement de sa version des choses. Certes, il lui arrive tout de même de citer Venuti, le grand ancêtre, mais c'est pour dire qu'il n'était pas vraiment un violoniste de jazz; Michel Warlop, "ami désintéressé que seule la musique passionnait", était sans doute trop "marqué par la rigueur du moule classique" et eut une "triste fin" ; quand à South, il lui arriva de venir faire le bœuf avec les membres du Quintette… C'est quand même un peu maigre à l'endroit de trois soliste exceptionnels!… A propos de ses engagements dans l'orchestre de Grégor, Stéphane mélange allègrement son emploi de pianiste et celui de violoniste. D'après lui, il aurait d'abord été pris au clavier. Puis, le chef s'étant avisé qu'il pratiquait aussi le violon, on l'a subito prié de changer d'instrument. Cependant, dans un petit film du début de 1930, c'est bel et bien au violon qu'on l'aperçoit, entouré de deux autres spécialistes du "plumier" (probablement Sylvio Schmidt et René Cézard - en tous cas, pas Warlop). En revanche, dans d'autres films datant de 1933 (notamment "Miquette et sa Mère"), c'est bien sur un tabouret de pianiste qu'on le trouve assis… Difficile de s'y retrouver, même en admettant qu'il ait pu de temps en temps passer d'un instrument à l'autre. Dans son livre, Stéphane précise que les premiers enregistrements du Quintette furent produits par la firme Ultrafox; il s'agit en réalité de la maison Ultraphone, Ultrafox étant le titre d'une des compositions du groupe dédiée précisément à la dite firme. Il ajoute à propos de la toute première séance : "Nous avons touché cent francs chacun, un franc actuel, pour l'enregistrement". En réalité, Grappelli toucha un cachet forfaitaire de cinquante francs par face (soit deux cent francs pour quatre faces) et puis, surtout, il ne semble pas avoir remarqué que cent balles de 1934 ne représentent pas, en franc constant, un franc de 1992! Ceux qui ont relu sa copie ne doivent du reste pas le savoir non plus… Il situe la séance en question le 2 décembre 1934. A moi, il avait raconté jadis (vers 1969-70) qu'il se la rappelait fort bien parce qu'il avait une gueule de bois terrible consécutive à l'une des plus belles cuites de sa vie, elle même contractée à l'occasion du réveillon de Noël!… Pour ce qui est des dates, d'ailleurs, Stéphane nage en pleine poésie. Il n'est évidemment pas le seul, mais cela peut être gênant lorsque l'on tente de reconstituer avec précision les étapes d'une carrière aussi remplie que la sienne. Par exemple, on ne saura jamais vraiment quand Django et Steph se rencontrèrent pour la première fois : l'époque la plus souvent admise (fin 1931) ne colle pas, puisqu'à se moment-là, le guitariste était sur la Côte d'Azur et le violoniste à Paris. On apprend aussi avec stupeur qu'au cours de l'été de 1928 (pour une fois qu'il y a une date!) l'orchestre de Paul Whiteman au grand complet se produisit à Paris, au cabaret des Ambassadeurs. Stéphane l'y entendit émerveillé et remarqua particulièrement un des chanteurs, Bing Crosby, interprétant Louise… Il n'existe aucune trace d'un passage parisien fantomatique de l'orchestre Whiteman (pourtant fort volumineux!) cette année-là; Bix Beiderbecke, le cornettiste lunaire, en faisait alors partie et l'on sait qu'il ne mit jamais les pieds en Europe; Crosby de son côté admet n'être venu pour la première fois sous nos latitudes qu'à la fin de la guerre, en 1944; quant à Louise, l'un des premiers succès américains de Maurice Chevalier, sa création date de… 1929. Grappelli cite encore, parmi les membres de l'orchestre, le pianiste-comédien Oscar Levant, grand copain de Gershwin. Oscar ne fut jamais membre de la bande à Paul, même s'il lui arriva d'enregistrer en sa compagnie dans les années 30-40… Il serait fastidieux et d'un intérêt moyen de continuer à énumérer ici des erreurs, des confusions (volontaires ou non), que l'âge permettra sûrement d'excuser. On regrette cependant que les collaborateurs du vieux Maître dans la rédaction de ses souvenirs n'aient pas davantage éprouvé l'envie de vérifier certaines affirmations pour le moins bizarres…Qu'ils nous soit toutefois permis d'ajouter un point d'orgue dans ce concert de mystères, puisqu'il a trait à la présente sélection. Grappelli pour une fois au moins en accord avec lui même affirmait depuis des lustres que son tout premier solo de violon confié à la cire chaude du phonographe pouvait s'entendre sur Fit As A Fiddle, gravé en compagnie des "Grégoriens" de Grégor, alias Krikor Kelekian, père spirituel du grand orchestre de jazz en France. Stéphane disait que ce jour-là, étant pianiste, il n'avait pas apporté son violon au studio et avait dû emprunter celui de Michel Warlop (lequel devait, normalement, jouer les solos sur ce thème). Naturellement, le futur partenaire de Django ne fournissait aucune date : vieille habitude, qui fait que l'on ne saura sans doute jamais non plus quand il commença vraiment à jouer avec ce groupe (probablement dans la seconde moitié de 1928), ni pourquoi il ne se trouve pas parmi les participants lorsque le dit groupe fit ses premiers disques en avril 29… Toutefois, comme Fit As A Fiddle eut un petit succès outre-Atlantique en 1933 et que le violon fut emprunté à Warlop, c'est de cette année-là que l'on peut raisonnablement dater l'enregistrement en question. Ce qui revient à dire qu'il fut réalisé pour la maison Ultraphone (et non Ultrafox!), dans son studio parisien de l'avenue du Maine, proche de la gare Montparnasse… Ce qui n'empêche en rien Stéphane de parler du studio de l'avenue de la Grande Armée, situé à l'autre bout de Paris et propriété de la firme Pathé!… Certes, ce studio-là, Grappelli le fréquenta souvent par la suite, avec ou sans les membres du Quintette, mais à l'époque de Grégor, il n'y mit sans doute jamais le moindre petit doigt de pied! Restons-en là, et écoutons plutôt, reproduit en tête du présent recueil, Fit As A Fiddle, gravé le 4 mai 1933 (selon les indications fournies jadis par le saxophoniste André Ekyan), et, à notre connaissance, réédité ici pour la première fois… Est-ce parce que l'instrument appartenait au Grand Michel? Toujours est-il que cet initial solo grappellien délivre de beaux relents de warlopisme! A tel point que, si l'on n'était pas au courant, on pourrait se demander… Pourtant, ce ne peut être que celui-là. D'ailleurs, il n'y a pas d'autre Fit As A Fiddle dans la fort clairsemée phonographie grégorienne…Nous passerons sous silence les glorieuses années quintétiennes-à-cordes (1934-1939) déjà évoquées mille fois et non représentées ici; en revanche il existe, portant sur cette période et sur cette formation légendaire, au moins deux autres volumes de la collection Jazz Archives fort utiles dans toute bonne discothèque. Pour l'heure, nous nous attacherons plus spécialement à l'époque anglaise de Stéphane Grappelli, moins connue et souvent surprenante. On sait qu'au moment de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, le Quintette était depuis la début juillet en tournée dans les îles britanniques. On sait aussi que sans plus attendre, Django et les autres se rembarquèrent illico pour la France. Le guitariste en oubliant même, paraît-il, son instrument dans sa précipitation. Ce que l'on sait moins en revanche c'est pourquoi Stéphane fut le seul à rester à Londres. Il parle d'une forte grippe et admet que même une déclaration de guerre -la seconde qu'il vivait- ne justifiait pas une telle hâte! Il ajoute que quand il fut rétabli, il n'était plus possible de traverser le Channel. Se doutait-il qu'en restant à Londres, il courait en somme bien plus de risques qu'en regagnant Paris de périr sous une bombe ennemie, sort qui fut réservé à plusieurs de ses ami(e)s? Certainement pas, sinon il n'eût point manqué de trouver un moyen de passer la Manche…Toujours est-il qu'il n'eut guère de difficultés à décrocher de l'embauche dans ce pays où il était déjà une vedette. Le syndicat si protectionniste des musiciens ne se fit point tirer l'oreille et, dès décembre 39, il intégra en qualité de soliste exceptionnel le groupe que dirigeait alors au Hatchett's, à Piccadilly, le pianiste Arthur Young. Il devint l'un des plus fermes piliers de ce restaurant huppé pendant plus de quatre ans, soit au sein de ce "Hatchett's Swingtette", soit à la tête, à partir de 1941, de ses propres formations à géométrie variable… C'est donc en compagnie de ces deux séries de groupes qu'il eut l'occasion de faire des disques entre la fin de 1939 et 1945. On notera que plusieurs musiciens eurent souvent l'occasion de passer, tout comme le violoniste lui-même, de l'une à l'autre formation, à commencer par la chanteuse Beryl Davis, suivie par les guitaristes "Chappie" D'Amato et Jack Llewelyn, le remarquable pianiste George Shearing (appelé à faire par la suite une jolie carrière en Amérique), ou encore le violoniste/saxophoniste Dennis Moonan, qui reprit la direction du "Hatchett's Swingtette" quand Arthur Young fut blessé par l'explosion d'une bombe, justement.On a souvent reproché au Hatchett's Swingtette d'être davantage, malgré la présence de son illustre invité, un groupe de musique de genre que de jazz proprement dit. Il est vrai que le son du "novachord", piano électrique quelques peu vaseux, alors pratiqué par Young donnait à l'ensemble une sonorité plutôt "novelty", très comme il faut, aux antipodes du féroce expressionnisme du défunt Quintette. Même le Roi des discographes britanniques Brian Rust, jamais en retard pour inclure dans ses ouvrages consacrés au jazz des orchestres anglais n'ayant qu'assez peu de rapport avec ce genre de musique, renâcle et n'inclut point les gravures du Hatchett's Swingtette. Pourtant, certaines d'entre elles ne sont nullement dénuées de subtilité et de charme, comme Scatter Brain, Ma! et surtout Mind, The Handel's Hot, interprété à la manière d'une fugue en référence à un compositeur classique célèbre et révéré outre-Manche.
Les enregistrements réalisés directement sous la houlette du violoniste présentent cependant un intérêt plus grand, même si, là encore, le ton s'est radouci par rapport à celui de la glorieuse période de l'avant-guerre. Sans Django et l'accompagnement parfois un peu raide du Quintette, Stéphane trouve davantage matière à s'émanciper, à alléger son jeu, à découvrir sa propre "modernité". Nul doute que la présence quasi constante à ses côtés de George Shearing ne lui ait été dans ce domaine d'un grand secours. Celui-ci donne sur plusieurs thèmes la mesure de son talent alors que, curieusement, les guitaristes (le plus souvent au nombre de deux) ne se voient guère autorisés à jouer en solistes… De toute évidence, son attirance avouée pour l'harmonie a permis à Grappelli de trouver d'emblée dans ce jeune pianiste aveugle un complice aussi passionnant que Django… Beryl Davis, la gentille chanteuse, n'est point dépourvue de feeling (Blue Skies, How Am I To Know?, Weep No More My Lady), même si l'on est en droit de préférer les faces purement instrumentales, comme Margie,Star Dust ou J'attendrai. Par définition, le Quintette dit "à cordes" ne pouvait admettre de batteur dans ses rangs; or, dès que ses deux solistes se retrouvèrent chacun de son côté, ils n'eurent de cesse que de s'offrir un percussionniste, comme si cet ustensile leur avait terriblement manqué jusque là sans qu'ils osent l'avouer. Des batteurs bien moins convaincants, admettons-le, que leurs collègues d'Amérique, mais qui leur permirent de modifier sensiblement le cap. Celui de Stéphane, Dave Fullerton, était même doté d'une voix agréable susceptible de conférer une jolie couleur à une belle mélodie de Cole Porter comme The Folks Who Live On The Hill… Autre point intéressant, les séances de juillet 40 et de février 41, dont est issu I Never Knew (les autres titres, After You've Gone, Sweet Sue, Tiger Rag, Stéphan's Tune… figurent déjà au volume 1), font irrésistiblement songer, avec leur ribambelle de violons, au fameux "Septuor à cordes" que dirigea Michel Warlop en France de 1941 à 1944. Pourtant, Michel n'avait pu entendre les disques de Stéphane ni Stéphane ceux de Michel. Mais peut-être leur était-il arrivé, avant la guerre, de rêver de conserve d'un groupe de jazz entièrement constitué de cordes avec forte prédominance des violons? Un rêve qu'ils finirent par réaliser l'un et l'autre, chacun à sa façon.Quand le bruit des canons se fut enfin apaisé, on tenta bien tout de même de le reconstituer, le vieux Quintette. Fort occupés l'un à Paris l'autre à Londres, Django et Stéphane n'avaient pu se retrouver en 1945. C'est donc au début de l'année suivante, à Londres, qu'eut lieu la réunion. Non seulement on en profita pour graver cette Marseillaise en jazz qui déchaîna la ire de quelques "patriotes" mal embouchés, mais le violoniste put aussi prendre contact avec de récentes compositions du guitariste qu'il ne connaissait pas, comme Belleville et Nuages… A l'automne de 1947, Grappelli revint enfin en France, tandis que Django, passablement dépité, rentrait d'un séjour peu satisfaisant aux Etats-Unis. De nouveau on tenta de remettre le Quintette sur ses rails en récupérant cette fois quelques anciens (Joseph Reinhardt, Eugène Vées) parmi les accompagnateurs. Quelques disques furent réalisés et, surtout, la productrice de l'émission radiophonique "Surprise-Partie", Anne-Marie Duvernet, s'empressa de faire appel aux deux complices. Le vieux I Love You et surtout l'éblouissant Ol' Man River comptent au nombre des plus belles réussites de la série, cette version d'Ol' Man River se révélant nettement supérieure à celle gravée une semaine plus tôt pour le phonographe… Un peu comme s'il s'agissait d'un chant du cygne. Comme si Django et Steph avaient d'un coup compris qu'ils ne joueraient plus très souvent ensemble. Bien sûr, il y eut tout de même quelques rencontres, telle celle qui se déroula à Rome au début de 1949. Mais déjà l'atmosphère était tout autre. Le vieux Quintette avait vécu. Le 1er décembre 1997, il est définitivement entré dans l'Eternité. D. N.
STÉPHANE GRAPPELLI 1937 -1961 / AVEC DJANGO REINHARDT, GEORGE SHEARING, JEAN-FRED MELE... JAZZ ARCHIVES COLLECTION CD 1 1937 – 1944 Stéphane’s tune
1 IT HAD TO BE YOU2 NOCTURNE3 JE VEUX CE SOIR4 OUT OF NOWHERE5 BABY6 I GOT RHYTHM7 IN THE MOOD8 OH ! LADY BE GOOD9 THE SHEIK OF ARABY10 AFTER YOU’VE GONE11 STEPHANE’ TUNE12 SWEET SUE - JUST YOU13 TUGER RAG14 STEPHANE BLUES15 NOEL BRINGS THAT SWING16 DINAH17 BODY AND SOUL18 JIVE BOMBER19 LIZA20 THREE O’CLOCK IN THE MORNING21 THAT OLD BLACK MAGIC22 STAR EYES23 CONFESSIN’24 SOMEDAY SWEETHEART CD 2 1954 – 1961 Stéphane in Paris 1 SWING 39 2 MANOIR DE MES REVES3 DJANGOLOGY4 BELLEVILLE5 HAVE YOU MET MISS JONES ?6 THIS CAN'T BE LOVE7 ALEMBERTS’8 MARNO 9 YOU TOOK ADVANTAGE OF ME 10 PENNIES FROM HEAVEN11 CAN'T HELP LOVIN' DAT MAN 12 A GIRL IN CALICO13 THE WORLD IS WAITING FOR THE SUNRISE14 I CAN'T RECOGNIZE THE TUNE15 THE FOLKS WHO LIVE ON THE HILL16 LOOKING AT YOU17 BLUE MOON18 DINAH19 A FOGGY DAY IN LONDON TOWN20 I WON'T DANCE 21 SOMEONE TO WATCH OVER ME22 LOUISE
STEPHANE GRAPPELLI Sur Stéphane Grappelli, le plus célèbre sans doute des violonistes de jazz, qui naquit dans le dixième arrondissement de Paris (et non point du côté de Basin Street ou de Harlem) le 26 janvier 1908, deux ans jour pour jour avant son complice préféré Django, sur Stéphane Grappelli il a déjà été beaucoup écrit. Notamment dans le livret du premier volume à lui consacré dans cette collection (EPM/Jazz Archives 158582), indispensable complément du présent recueil. Il y manque cependant une date : le 1er décembre 1997…Cet après-midi là, une sèche dépêche de l'AFP vint rappeler au monde que même un Stéphane Grappelli était en somme tout aussi mortel qu'un Socrate… Le vieux monsieur au grand sourire et aux jolies chemises à fleurs aurait dû fêter son nonantième hiver un peu moins de deux mois plus tard. Peut-être, lui qui remerciait chaque jour le Bon Dieu d'avoir "inventé" le jazz, n'en tenait-il plus d'aller rejoindre au Paradis de la musique syncopée tout un tas de vieux copains qui se livrent là-haut, depuis belle lurette, aux joies de la jam-sesion éternelle. Django, Joseph, Vola, Warlop, Chaput, Combelle, Brun, Ekyan bien sûr, qui furent si souvent ses compagnons de route, mais aussi ceux qu'il ne cessa d'admirer, Art Tatum, Fats Waller, Bix, Satchmo, Coleman Hawkins, Joe Venuti, Eddie South, Stuff Smith… Tant qu'il en restait un, nous pensions, naïvement c'est sûr, que le légendaire Quintette à Cordes du Hot Club de France, le seul, le vrai, celui de 34/39, vivait encore quelque part, ailleurs, dans un trou du temps et de l'espace, et que son cœur battait toujours. Quand celui de Stéphane s'est arrêté, on a su que cette déchirure spatio-temporelle chère aux auteurs de science-fiction avait fait long feu, un peu comme quand on commença à parler de Duke Ellington à l'imparfait au printemps de 1974… Encore tout un pan du jazz qui s'effondre, il fallait s'y attendre…Le 5 décembre, il y eut un office religieux en la si laide église Saint Vincent-de-Paul. Son architecture éléphantesque ne sied en aucune manière à la célébration du violon ailé de Stéphane Grappelli. Mais il est vrai que ce vilain lieu de culte se trouve aussi dans le dixième arrondissement de Paris, à trois pas de l'endroit ou Stéphane vit le jour. Il a eu beau se balader dans le monde entier, connaître la gloire à Newport ou à Melbourne, passer des années en Angleterre, être réclamé par Norman Granz, le dixième, tout à côté de Montmartre, était son pays. Il l'a souvent quitté, il y est toujours revenu, lui, le rejeton d'un émigré italien pas très bien vu dans son pays… Et tout ça, ça fait aussi d'excellents Français! En passant par le grand cercle des honneurs, Stéphane Grappelli a fini par boucler sa petite boucle à lui : du dixième au dixième. "Et réciproquement", eût conclu son ami Pierre Dac…Malgré de nombreuses interviews, des tas d'articles et deux gros livres (celui intitulé "Mon Violon pour tout Bagage", chez Calmann-Lévy en 1992, constitue même ses Mémoires officielles), il reste bien des zones d'ombre dans la vie et la carrière de Grappelli. Celui-ci il est vrai, à propos de "mémoire", n'a jamais dû en avoir à revendre! En plus, le temps passant et émoussant encore davantage le souvenir, il avait même fini par la rendre extrêmement sélectives, sa mémoire, Stéphane!… Ainsi, dans les années 60/70, il lui arrivait encore parfois, au détour de la conversation, de mentionner l'un ou l'autre des violonistes de jazz : Venuti, South, Warlop, Stuff Smith, voire Svend Asmussen. Chose au fond d'autant plus normale qu'il avait joué et enregistré en leur compagnie à tous… Par la suite, ces noms-là disparurent à peu près complètement de sa version des choses. Certes, il lui arrive tout de même de citer Venuti, le grand ancêtre, mais c'est pour dire qu'il n'était pas vraiment un violoniste de jazz; Michel Warlop, "ami désintéressé que seule la musique passionnait", était sans doute trop "marqué par la rigueur du moule classique" et eut une "triste fin" ; quand à South, il lui arriva de venir faire le bœuf avec les membres du Quintette… C'est quand même un peu maigre à l'endroit de trois soliste exceptionnels!… A propos de ses engagements dans l'orchestre de Grégor, Stéphane mélange allègrement son emploi de pianiste et celui de violoniste. D'après lui, il aurait d'abord été pris au clavier. Puis, le chef s'étant avisé qu'il pratiquait aussi le violon, on l'a subito prié de changer d'instrument. Cependant, dans un petit film du début de 1930, c'est bel et bien au violon qu'on l'aperçoit, entouré de deux autres spécialistes du "plumier" (probablement Sylvio Schmidt et René Cézard - en tous cas, pas Warlop). En revanche, dans d'autres films datant de 1933 (notamment "Miquette et sa Mère"), c'est bien sur un tabouret de pianiste qu'on le trouve assis… Difficile de s'y retrouver, même en admettant qu'il ait pu de temps en temps passer d'un instrument à l'autre. Dans son livre, Stéphane précise que les premiers enregistrements du Quintette furent produits par la firme Ultrafox; il s'agit en réalité de la maison Ultraphone, Ultrafox étant le titre d'une des compositions du groupe dédiée précisément à la dite firme. Il ajoute à propos de la toute première séance : "Nous avons touché cent francs chacun, un franc actuel, pour l'enregistrement". En réalité, Grappelli toucha un cachet forfaitaire de cinquante francs par face (soit deux cent francs pour quatre faces) et puis, surtout, il ne semble pas avoir remarqué que cent balles de 1934 ne représentent pas, en franc constant, un franc de 1992! Ceux qui ont relu sa copie ne doivent du reste pas le savoir non plus… Il situe la séance en question le 2 décembre 1934. A moi, il avait raconté jadis (vers 1969-70) qu'il se la rappelait fort bien parce qu'il avait une gueule de bois terrible consécutive à l'une des plus belles cuites de sa vie, elle même contractée à l'occasion du réveillon de Noël!… Pour ce qui est des dates, d'ailleurs, Stéphane nage en pleine poésie. Il n'est évidemment pas le seul, mais cela peut être gênant lorsque l'on tente de reconstituer avec précision les étapes d'une carrière aussi remplie que la sienne. Par exemple, on ne saura jamais vraiment quand Django et Steph se rencontrèrent pour la première fois : l'époque la plus souvent admise (fin 1931) ne colle pas, puisqu'à se moment-là, le guitariste était sur la Côte d'Azur et le violoniste à Paris. On apprend aussi avec stupeur qu'au cours de l'été de 1928 (pour une fois qu'il y a une date!) l'orchestre de Paul Whiteman au grand complet se produisit à Paris, au cabaret des Ambassadeurs. Stéphane l'y entendit émerveillé et remarqua particulièrement un des chanteurs, Bing Crosby, interprétant Louise… Il n'existe aucune trace d'un passage parisien fantomatique de l'orchestre Whiteman (pourtant fort volumineux!) cette année-là; Bix Beiderbecke, le cornettiste lunaire, en faisait alors partie et l'on sait qu'il ne mit jamais les pieds en Europe; Crosby de son côté admet n'être venu pour la première fois sous nos latitudes qu'à la fin de la guerre, en 1944; quant à Louise, l'un des premiers succès américains de Maurice Chevalier, sa création date de… 1929. Grappelli cite encore, parmi les membres de l'orchestre, le pianiste-comédien Oscar Levant, grand copain de Gershwin. Oscar ne fut jamais membre de la bande à Paul, même s'il lui arriva d'enregistrer en sa compagnie dans les années 30-40… Il serait fastidieux et d'un intérêt moyen de continuer à énumérer ici des erreurs, des confusions (volontaires ou non), que l'âge permettra sûrement d'excuser. On regrette cependant que les collaborateurs du vieux Maître dans la rédaction de ses souvenirs n'aient pas davantage éprouvé l'envie de vérifier certaines affirmations pour le moins bizarres…Qu'ils nous soit toutefois permis d'ajouter un point d'orgue dans ce concert de mystères, puisqu'il a trait à la présente sélection. Grappelli pour une fois au moins en accord avec lui même affirmait depuis des lustres que son tout premier solo de violon confié à la cire chaude du phonographe pouvait s'entendre sur Fit As A Fiddle, gravé en compagnie des "Grégoriens" de Grégor, alias Krikor Kelekian, père spirituel du grand orchestre de jazz en France. Stéphane disait que ce jour-là, étant pianiste, il n'avait pas apporté son violon au studio et avait dû emprunter celui de Michel Warlop (lequel devait, normalement, jouer les solos sur ce thème). Naturellement, le futur partenaire de Django ne fournissait aucune date : vieille habitude, qui fait que l'on ne saura sans doute jamais non plus quand il commença vraiment à jouer avec ce groupe (probablement dans la seconde moitié de 1928), ni pourquoi il ne se trouve pas parmi les participants lorsque le dit groupe fit ses premiers disques en avril 29… Toutefois, comme Fit As A Fiddle eut un petit succès outre-Atlantique en 1933 et que le violon fut emprunté à Warlop, c'est de cette année-là que l'on peut raisonnablement dater l'enregistrement en question. Ce qui revient à dire qu'il fut réalisé pour la maison Ultraphone (et non Ultrafox!), dans son studio parisien de l'avenue du Maine, proche de la gare Montparnasse… Ce qui n'empêche en rien Stéphane de parler du studio de l'avenue de la Grande Armée, situé à l'autre bout de Paris et propriété de la firme Pathé!… Certes, ce studio-là, Grappelli le fréquenta souvent par la suite, avec ou sans les membres du Quintette, mais à l'époque de Grégor, il n'y mit sans doute jamais le moindre petit doigt de pied! Restons-en là, et écoutons plutôt, reproduit en tête du présent recueil, Fit As A Fiddle, gravé le 4 mai 1933 (selon les indications fournies jadis par le saxophoniste André Ekyan), et, à notre connaissance, réédité ici pour la première fois… Est-ce parce que l'instrument appartenait au Grand Michel? Toujours est-il que cet initial solo grappellien délivre de beaux relents de warlopisme! A tel point que, si l'on n'était pas au courant, on pourrait se demander… Pourtant, ce ne peut être que celui-là. D'ailleurs, il n'y a pas d'autre Fit As A Fiddle dans la fort clairsemée phonographie grégorienne…Nous passerons sous silence les glorieuses années quintétiennes-à-cordes (1934-1939) déjà évoquées mille fois et non représentées ici; en revanche il existe, portant sur cette période et sur cette formation légendaire, au moins deux autres volumes de la collection Jazz Archives fort utiles dans toute bonne discothèque. Pour l'heure, nous nous attacherons plus spécialement à l'époque anglaise de Stéphane Grappelli, moins connue et souvent surprenante. On sait qu'au moment de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, le Quintette était depuis la début juillet en tournée dans les îles britanniques. On sait aussi que sans plus attendre, Django et les autres se rembarquèrent illico pour la France. Le guitariste en oubliant même, paraît-il, son instrument dans sa précipitation. Ce que l'on sait moins en revanche c'est pourquoi Stéphane fut le seul à rester à Londres. Il parle d'une forte grippe et admet que même une déclaration de guerre -la seconde qu'il vivait- ne justifiait pas une telle hâte! Il ajoute que quand il fut rétabli, il n'était plus possible de traverser le Channel. Se doutait-il qu'en restant à Londres, il courait en somme bien plus de risques qu'en regagnant Paris de périr sous une bombe ennemie, sort qui fut réservé à plusieurs de ses ami(e)s? Certainement pas, sinon il n'eût point manqué de trouver un moyen de passer la Manche…Toujours est-il qu'il n'eut guère de difficultés à décrocher de l'embauche dans ce pays où il était déjà une vedette. Le syndicat si protectionniste des musiciens ne se fit point tirer l'oreille et, dès décembre 39, il intégra en qualité de soliste exceptionnel le groupe que dirigeait alors au Hatchett's, à Piccadilly, le pianiste Arthur Young. Il devint l'un des plus fermes piliers de ce restaurant huppé pendant plus de quatre ans, soit au sein de ce "Hatchett's Swingtette", soit à la tête, à partir de 1941, de ses propres formations à géométrie variable… C'est donc en compagnie de ces deux séries de groupes qu'il eut l'occasion de faire des disques entre la fin de 1939 et 1945. On notera que plusieurs musiciens eurent souvent l'occasion de passer, tout comme le violoniste lui-même, de l'une à l'autre formation, à commencer par la chanteuse Beryl Davis, suivie par les guitaristes "Chappie" D'Amato et Jack Llewelyn, le remarquable pianiste George Shearing (appelé à faire par la suite une jolie carrière en Amérique), ou encore le violoniste/saxophoniste Dennis Moonan, qui reprit la direction du "Hatchett's Swingtette" quand Arthur Young fut blessé par l'explosion d'une bombe, justement.On a souvent reproché au Hatchett's Swingtette d'être davantage, malgré la présence de son illustre invité, un groupe de musique de genre que de jazz proprement dit. Il est vrai que le son du "novachord", piano électrique quelques peu vaseux, alors pratiqué par Young donnait à l'ensemble une sonorité plutôt "novelty", très comme il faut, aux antipodes du féroce expressionnisme du défunt Quintette. Même le Roi des discographes britanniques Brian Rust, jamais en retard pour inclure dans ses ouvrages consacrés au jazz des orchestres anglais n'ayant qu'assez peu de rapport avec ce genre de musique, renâcle et n'inclut point les gravures du Hatchett's Swingtette. Pourtant, certaines d'entre elles ne sont nullement dénuées de subtilité et de charme, comme Scatter Brain, Ma! et surtout Mind, The Handel's Hot, interprété à la manière d'une fugue en référence à un compositeur classique célèbre et révéré outre-Manche.
Les enregistrements réalisés directement sous la houlette du violoniste présentent cependant un intérêt plus grand, même si, là encore, le ton s'est radouci par rapport à celui de la glorieuse période de l'avant-guerre. Sans Django et l'accompagnement parfois un peu raide du Quintette, Stéphane trouve davantage matière à s'émanciper, à alléger son jeu, à découvrir sa propre "modernité". Nul doute que la présence quasi constante à ses côtés de George Shearing ne lui ait été dans ce domaine d'un grand secours. Celui-ci donne sur plusieurs thèmes la mesure de son talent alors que, curieusement, les guitaristes (le plus souvent au nombre de deux) ne se voient guère autorisés à jouer en solistes… De toute évidence, son attirance avouée pour l'harmonie a permis à Grappelli de trouver d'emblée dans ce jeune pianiste aveugle un complice aussi passionnant que Django… Beryl Davis, la gentille chanteuse, n'est point dépourvue de feeling (Blue Skies, How Am I To Know?, Weep No More My Lady), même si l'on est en droit de préférer les faces purement instrumentales, comme Margie,Star Dust ou J'attendrai. Par définition, le Quintette dit "à cordes" ne pouvait admettre de batteur dans ses rangs; or, dès que ses deux solistes se retrouvèrent chacun de son côté, ils n'eurent de cesse que de s'offrir un percussionniste, comme si cet ustensile leur avait terriblement manqué jusque là sans qu'ils osent l'avouer. Des batteurs bien moins convaincants, admettons-le, que leurs collègues d'Amérique, mais qui leur permirent de modifier sensiblement le cap. Celui de Stéphane, Dave Fullerton, était même doté d'une voix agréable susceptible de conférer une jolie couleur à une belle mélodie de Cole Porter comme The Folks Who Live On The Hill… Autre point intéressant, les séances de juillet 40 et de février 41, dont est issu I Never Knew (les autres titres, After You've Gone, Sweet Sue, Tiger Rag, Stéphan's Tune… figurent déjà au volume 1), font irrésistiblement songer, avec leur ribambelle de violons, au fameux "Septuor à cordes" que dirigea Michel Warlop en France de 1941 à 1944. Pourtant, Michel n'avait pu entendre les disques de Stéphane ni Stéphane ceux de Michel. Mais peut-être leur était-il arrivé, avant la guerre, de rêver de conserve d'un groupe de jazz entièrement constitué de cordes avec forte prédominance des violons? Un rêve qu'ils finirent par réaliser l'un et l'autre, chacun à sa façon.Quand le bruit des canons se fut enfin apaisé, on tenta bien tout de même de le reconstituer, le vieux Quintette. Fort occupés l'un à Paris l'autre à Londres, Django et Stéphane n'avaient pu se retrouver en 1945. C'est donc au début de l'année suivante, à Londres, qu'eut lieu la réunion. Non seulement on en profita pour graver cette Marseillaise en jazz qui déchaîna la ire de quelques "patriotes" mal embouchés, mais le violoniste put aussi prendre contact avec de récentes compositions du guitariste qu'il ne connaissait pas, comme Belleville et Nuages… A l'automne de 1947, Grappelli revint enfin en France, tandis que Django, passablement dépité, rentrait d'un séjour peu satisfaisant aux Etats-Unis. De nouveau on tenta de remettre le Quintette sur ses rails en récupérant cette fois quelques anciens (Joseph Reinhardt, Eugène Vées) parmi les accompagnateurs. Quelques disques furent réalisés et, surtout, la productrice de l'émission radiophonique "Surprise-Partie", Anne-Marie Duvernet, s'empressa de faire appel aux deux complices. Le vieux I Love You et surtout l'éblouissant Ol' Man River comptent au nombre des plus belles réussites de la série, cette version d'Ol' Man River se révélant nettement supérieure à celle gravée une semaine plus tôt pour le phonographe… Un peu comme s'il s'agissait d'un chant du cygne. Comme si Django et Steph avaient d'un coup compris qu'ils ne joueraient plus très souvent ensemble. Bien sûr, il y eut tout de même quelques rencontres, telle celle qui se déroula à Rome au début de 1949. Mais déjà l'atmosphère était tout autre. Le vieux Quintette avait vécu. Le 1er décembre 1997, il est définitivement entré dans l'Eternité. D. N.
Stéphane Grappelli, né le 26 janvier 1908 à Paris et mort le 1er décembre 1997 dans la même ville, est un violoniste, pianiste, et jazzman italo-français. Il fait partie des plus grands violonistes de jazz du xxe siècle et créa le « Quintette du Hot Club de France » avec Django Reinhardt.
Biographie
Les cendres de Stéphane Grappelli reposent au columbarium du Père-Lachaise à Paris.
Stéphane Grappelli naît le 26 janvier 1908, à l'hôpital Lariboisière dans le 10e arrondissement de Paris, de père italien, Ernesto, né à Nettuno, et de mère française, Anna-Émilie Hanocque, née à Saint-Omer. Il est reconnu par ses parents en novembre 1911, un mois avant leur mariage in extremis, et sa mère meurt peu après, alors qu'il n'a que quatre ans. Vers l'âge de douze ans, il commence à jouer du violon dans les rues et les cours d'immeubles, pour rapporter un peu d'argent à la maison. Il débute dans la carrière professionnelle en 1923 comme violoniste et pianiste dans les cinémas, pour accompagner les films muets. En 1931 et 1932, Stéphane Grappelli joue dans l’orchestre du club la Croix du Sud, dirigé par André Ekyan, au côté de Django Reinhardt et Alix Combelle.
En 1934, Stéphane Grappelli et Django Reinhardt créent le Quintette du Hot Club de France avec le contrebassiste Louis Vola, ainsi que Joseph Reinhardt (le frère de Django) et Roger Chaput, tous deux à la guitare. Un violon, une contrebasse et trois guitares : le Quintette ėtait né. Ce dernier aura toujours une existence « intermittente », malgré plusieurs tournées et de très nombreux enregistrements. Parallèlement, Stéphane travaille, durant les années 1920 et les années 1930, avec tous les musiciens du moment et fréquente de nombreux orchestres, plus souvent au piano qu'au violon. Il est notamment très présent d'abord comme pianiste, ensuite comme violoniste dans l'orchestre de Krikor Kelekian (dit Grégor), dont la formation, connue sous le nom de Grégor et ses Grégoriens, fait partie des meilleurs orchestres du moment, regroupant la fine fleur des musiciens de l'époque comme le jeune batteur Jerry Mengo. Il y retrouve notamment son ami le grand violoniste Michel Warlop, mais également Sylvio Schmidt, talentueux violoniste lui aussi, ou encore Stéphane Mougin, un des meilleurs pianistes de jazz dans cette riche "faune" musicale.
Quand la guerre 1939-1945 éclate, il se trouve en tournée avec le Quintette du Hot Club de France en Angleterre. Le 3 septembre, lorsque les sirènes se déclenchent, Django est pris de panique et rentre aussitôt en France, mais Stéphane, malade, reste bloqué à Londres. Il est remplacé à Paris par le clarinettiste et saxophoniste de jazz Hubert Rostaing. Stéphane Grappelli passe la guerre en Angleterre, y jouant notamment avec le pianiste George Shearing. Il y développe sa carrière de manière importante, peaufinant et affinant sa technique, son style, sa musicalité, et y compose beaucoup. Quand il retrouve Django, en 1946, ils jouent et enregistrent spontanément La Marseillaise rebaptisée Echoes of France4 pour cause d'enregistrement en Angleterre. Cet enregistrement fait scandale et la matrice est d'ailleurs détruite. Après son partenariat avec Reinhardt — qui a donné naissance à ce qu'on appelle maintenant le « swing manouche », il enregistre plus d'une centaine de disques avec les grands musiciens de la planète, notamment avec Oscar Peterson, Jean-Luc Ponty, Philip Catherine, Michel Petrucciani, le Rosenberg Trio, le chanteur Paul Simon, David Grisman ou encore Yehudi Menuhin ; sans oublier ses collaborations avec des grands noms de la musique du monde, tel que le violoniste indien Lakshminarayana Subramaniam. Il a également joué du violon sur le titre "Wish You Were Here" de Pink Floyd, mais la prise n'a pas été utilisée dans le mixage final pour la sortie de l'album éponyme original en 1975. Toutefois, la version figure en bonus de la réédition de 2011.
Il est aussi le compositeur et interprète des morceaux originaux constituant la bande-son du film Les Valseuses de Bertrand Blier sorti en 1974, ainsi que de la musique de Milou en mai, film de Louis Malle de 1989. D'après le générique de Milou en mai, les musiciens rassemblés autour de Stéphane Grappelli en 1989 sont Marc Fosset, Maurice Vander, Martin Taylor, Jack Sewing, Pierre Gossez et Marcel Azzola. Ils enregistrent la bande originale du film au studio de la Grande Armée.
Après avoir joué en quartet ou trio avec guitares (Diz Disley, Ike Isaac, Martin Taylor, Louis Stewart, Bucky Pizzarelli…) et contrebasse (Patrice Caratini, Jack Sewing, Jon Burr…) depuis le début des années 1970, il termine sa carrière au sein d'un trio comprenant Marc Fosset à la guitare et Jean-Philippe Viret à la contrebasse.
Il meurt le 1er décembre 1997 dans le 11e arrondissement de Paris. Ses cendres reposent au columbarium du Père-Lachaise (case 417).
Grappelli jouait avec un violon fait par Pierre Jean Henri Hel
Discographie
Improvisations (en) (Paris, 1956)
Djangology: Django Reinhardt the gypsy genius (1936 à 1940)
Stéphane Grappelli et Django Reinhart, the Gold Edition (1934 à 1937, copyright 1998)
Stéphane Grappelli 1992 Live (1992, Verve)
Stéphane Grappelli à Tokyo (1991, A & M records)
Just One Of Those Things (1984, EMI Studios)
Stéphane Grappelli Live at the Blue Note (1996, Telarc Jazz)
Bill Coleman avec Django et Stéphane Grappelli 1936 à 1938 (reprise 1985, DRG Records)
Fascinating Rhythm (1986, Jazz Life)
Parisian Thoroughfare (1997, Laserlight)
Martin Taylor Reunion (1993, Linn Records)
The Intimate Grappelli (1988, Jazz Life)
Jazz Masters (20+-year compilation, 1994, Verve)
Michel Legrand (1992, Verve)
Oscar Peterson Skol (1979, reprise 1990 Pablo)
Hommage à Django (1972, reprise 1976 Classic Jazz)
Bach to the Beatles (1991, Academy Sound)
Stéphane Grappelli Plays Jerome Kern (1987, GRP)
How Can You Miss, avec Louis Bellson et Phil Woods (1989, Rushmore)
Young Django (1979, MPS)
Live in San Francisco (1986, Blackhawk)
85 and Still Swinging (1983, Angel)
Vintage 1981 (1981, Concord)
Jean-Luc Ponty Violin Summit (1989, Jazz Life)
Martin Taylor: We've Got The World on a String (1984, EMI)
Stuff Smith: Violins No End (1984, Pablo)
Sonny Lester Collection (1980, LRC)
Stéphane Grappelli et Joe Venuti: Venupelli Blues (1979, Affinity)
Shades of Django (1975, MPS)
Afternoon in Paris (1971, MPS)
Live at Carnegie Hall (1978, Signature)
Jazz 'Round Midnight (1989, Verve)
Unique Piano Session Paris 1955 (1955, Jazz Anthology)
Stéphane Grappelli and Cordes (1977, Musidisc)
Satin Doll (1975, Vanguard)
Manoir de mes rêves (1972, Musidisc)
My Other Love au piano (1990 CBS records)
Grappelli joue George Gershwin (1984, Musidisc)
Stéphane Grappelli (PYE)
Stéphane Grappelli - i got rhythm! (1974, Black Lion Records) avec Diz Disley (en), Denny Wright (en) et Len Skeat (en) enrefgistré au Queen Elizabeth Hall, Londres, 5 novembre 1973
Diz Disley (en) Live at Carnegie Hall (1983, Dr Jazz)
The Rock Peter and the Wolf (en) (1976 RSO Records) (2007 CD Verdant Records) avec Jack Lancaster (en), Phil Collins, Brian Eno, Gary Brooker, Gary Moore, Alvin Lee. Manfred Mann etc.
Stephane Grappelli live in Warsaw with McCoy Tyner, (1999, The Essence TBP 1036).
Collaborations
Stéphane Grappelli et Duke Ellington: Duke Ellington's Jazz Violin Session (1963, Paris)
Stéphane Grappelli et Claude Bolling: First Class (1992, Milan)
Stéphane Grappelli et Gary Burton: Paris Encounter (1972, Atlantic)
Stéphane Grappelli et Hubert Clavecin: Dansez sur vos souvenirs (Musidisc)
Stéphane Grappelli et David Grisman Live (1981, Warner Brothers)
Stéphane Grappelli et Barney Kessel: Remember Django (1969, Black Lion Records)
Stéphane Grappelli et Barney Kessel: Limehouse Blues (1972, Black Lion)
Stéphane Grappelli et Yo Yo Ma: Anything Goes (1989)
Menuhin et Grappelli jouent Berlin, Kern, Porter and Rodgers & Hart (1973 to 1985, EMI)
Stéphane Grappelli et Yehudi Menuhin: Jalousie (1975, EMI)
Stéphane Grappelli et Helen Merrill (1986, Music Makers)
Stéphane Grappelli et Oscar Peterson (1973, Musicdisc)
Stéphane Grappelli et Jean-Luc Ponty: Compact Jazz (1988, MPS)
Stéphane Grappelli et le Trio George Shearing: La Réunion (1977, MPS)
Stéphane Grappelli et Martial Solal, Happy Reunion (1980, MPO)
Stéphane Grappelli et Martial Solal: Olympia 1988 (1988, Atlantic)
Stéphane Grappelli avec Marc Fosset Stephanova (Concord Jazz, 1983)
Stéphane Grappelli et le docteur L. Subramaniam: Conversations (1992, Milestone)
Stéphane Grappelli et Toots Thielemans: Bringing it Together (1984, Cymekob)
Stéphane Grappelli et McCoy Tyner; One on One (1990, Milestone)
Stéphane Grappelli et Joe Venuti: Best of Jazz Violins (1989, LRC)
Violin Summit: Stéphane Grappelli, Stuff Smith, Svend Asmussen, Jean-Luc Ponty (1967, Polygram)
Stéphane Grappelli et Baden Powell: La grande Réunion (1974, Accord)
Stéphane Grappelli et Paul Simon "Paul Simon" (9) 1972 Hobo's Blues (Columbia 1972)
Stéphane Grappelli et Earl Hines: Stéphane Grappelli rencontre Earl Hines
Stéphane Grappelli et Michel Petrucciani: Flamingo (1995)
Stéphane Grappelli et Pink Floyd : Wish You Were Here (1975) (version alternative de la chanson-titre en bonus de la réédition de 2011)
Grappelli en 1991.
Prix et hommages
Grand prix SACEM 1995 : hommage à Stéphane Grappelli6
commandeur de la Légion d'Honneur
commandeur de l'ordre du Mérite
Victoire de la musique du musicien de jazz de l'année 19877
Prix In Honorem de l'Académie Charles-Cros en 1969.
Grammy du couronnement d'une carrière en 1997
Merci Wikipédia