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Dexter GORDON / GO! & DOIN' ALLRIGHT
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R603
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1 CD / Dexter GORDON / GO! & DOIN' ALLRIGH / WITH SONNY CLARK AND FREDDIE HUBBARD
ALBUM CLASSÉ DANS LES 100 MEILLEURS ENREGISTREMENTS DE JAZZ

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DEXTER GORDON

Album classé dans les 100 meilleurs enregistrements de Jazz

GO!

1 CHEESE CAKE                                                        6'34''

D. Gordon

2 I GUESS I'LL HANG MY TEARS OUT TO DRY       5'23''
J. Styne
S. Cahn

3 SECOND BALCONY JUMP                                      7'07''

B. Eckstine / G. Valentine

4 LOVE FOR SALE                                                      7'40''

E. Garner

5 WHERE ARE YOU                                                    5'21''

S. Rooney

6 THREE O'CLOCK IN THE MORNING                      6'41'

D. Terriss / J. Robledo

DOIN' ALLRIGHT


7 I WAS DOING ALL RIGHT                                       9'23''

G. & I. Gershwin

8 YOU'VE CHANGED                                                  7'30''

B. Carey / C. Fisher

9 SOCIETY RED                                                          17'25''

D. Gordon

10 IT'S YOU OR NO ONE                                           6'18

J. Styrne / S. Cahn

11 I WANT MORE                                                        6'11

D. Gordon

LES ENREGISTREMENTS

Titres 1-6: Dexter Gordon (ts), Sonny Clark (p), Butch Warren (b), Billy Higgins (dm) 1962

Titres 7-11: Freddie Hubbard (tp), Dexter Gordon (ts), Horace Parlan (p),

George Tucker (b), AL Harewood (dm) 1961


Dexter Gordon

Dexter Keith Gordon, né le 27 février 1923 à Los Angeles, est le fils du docteur Frank Gordon, diplômé de l'université de Howard à Washington D.C. et qui fut aussi l'un des premiers grands médecins afro-américains dans la « Cité des Anges ». Sa mère, Gwendolyn Baker, est la fille d'Edward Baker, capitaine afro-américain dans la troupe des « Buffalo Soldiers », qui fut récompensée de la médaille d'honneur après la guerre hispano-américaine (1898).

Son entrée dans le monde de la musique commence à l'âge de 13 ans, où il étudie la clarinette, avant d'opter pour le saxophone alto à 15 ans et, enfin, le ténor à 17 ans. Il est au début suivi par deux professeurs, Lloyd Reese et Sam Browne, et étudie la musique dans l'école Jefferson. Lors de la dernière année de son cursus scolaire, Marshall Royal lui propose de rejoindre le groupe de Lionel Hampton. Gordon accepte et quitte Los Angeles en 1940, pour partir avec la troupe de Hampton. Avec celle-ci, il voyage dans le Sud et poursuit son apprentissage auprès de Joe Newman et Illinois Jacquet. Le groupe d'Hampton décroche un contrat de plusieurs mois au « Grand Terrace » de Chicago, en janvier 1941. Quelques enregistrements radio seront réalisés durant les mois suivants, et deviendront les premiers enregistrements de Dexter.

C'est lors d'un voyage à New York en 1943 avec le groupe d'Hampton, que Dexter Gordon rencontre ceux qui seront ses deux influences majeures : Lester Young, et Ben Webster. Avec eux il effectuera quelques sessions au mythique « Minton's Playhouse ».

La même année, il quitte la troupe de Hampton et retourne à Los Angeles. Là, il joue avec le frère de Lester Young, Lee Young, puis rejoint pour quelques semaines l'orchestre de Fletcher Henderson ainsi que celui du grand maître de la trompette, Louis Armstrong. À partir de cet instant, « Dex » dispose d'une certaine expérience, qui va lui permettre pour la première fois d'enregistrer sous son nom. Cela se produit en 1943, lorsqu'il enregistre « I've Found A New Baby »  et « Sweet Lorraine », avec comme sideman de luxe Nat King Cole. En 1944, il s'installe à New York et rejoint le célèbre orchestre de Billy Eckstine (véritable école, où se sont retrouvés les plus grands représentants du bebop, notamment Charlie Parker et Dizzy Gillespie). Il enregistre avec l'orchestre plusieurs morceaux arrangés par Tadd Dameron dont le célèbre "Blowin' The Blues Away" où il échange des chorus avec le saxophoniste Gene Ammons.

En 1945, il quitte l'orchestre d'Eckstine et commence à enregistrer pour Savoy. Ces enregistrements deviendront des références pour les grands ténors à venir, tels que John Coltrane et Sonny Rollins. Durant ces séances, il enregistre avec le pianiste Bud Powell et le batteur Max Roach. En 1947, Gordon enregistre « The Chase » avec le saxophoniste ténor Wardell Gray, un morceau où le duel entre les deux ténors va devenir très populaire. À la fin des années 1940, Dexter apparaît à plusieurs reprises sur la scène de la 52e rue, avec Fats NavarroMax Roach et Charlie Parker.

Dans les années 1950, Dexter Gordon connaît de longues périodes d'inactivité en raison de problèmes de drogue. À cette époque, il est emprisonné pour possession d'héroïne. Il enregistre néanmoins trois albums en 1955 pour les labels Bethlehem et Dootone.

En 1960, après avoir rencontré Alfred Lion, il signe un contrat et commence à enregistrer chez Blue Note. « Doing Alright » et « Dexter Calling » seront ses deux premiers disques pour la mythique note bleue. En 1962, juste avant de partir pour l'Europe, il enregistre « GO » et « Swingin' Affair ».

Il part donc en 1962 pour l'Europe où il restera près de 15 ans. Il s'installe principalement à Paris, puis à Copenhague, où il joue avec d'autres jazzmen expatriés (Ben Webster, Bud PowellKenny Drew). Néanmoins, il retourne aux États-Unis lors de plusieurs séjours et enregistre des disques pour le label Blue Note ( « Gettin' Around », 1965; « Clubhouse », 1965). Deux autres albums importants de cette période européenne, tous deux enregistrés à Paris, sont à retenir: « Our Man In Paris », 1963 avec Bud PowellPierre Michelot et Kenny Clarke, et « One Flight Up », 1964 avec Donald Byrd et Kenny Drew. Il enregistre aussi durant cette même période, des disques certes moins connus, mais d'une qualité avérée, pour le label danois « Steeplechase » (« The Appartment », 1974; « Something Different », 1975; « Bouncin' With Dex », 1975... )

En 1965, Dexter Gordon arrive chez Prestige où il restera jusqu'en 1973. Il continue alors, comme pour Blue Note, d'enregistrer des disques durant plusieurs séjours aux États-Unis. Musicalement parlant, on pourrait placer cette période sous le signe d'un certain « maintien de la tradition ». Gordon se pose dans ces enregistrements en véritable défenseur d'un jazz plus « traditionnel », plus « bop », qui s'oppose alors (non sans liens, toutefois) au free jazz, qui est avec Ornette ColemanBill DixonArchie Shepp, en pleine effervescence. Puis au jazz-rock du début des années 1970, avec Miles Davis et les autres (Herbie HancockChick Corea, etc.)

Durant son périple de plusieurs années en Europe, Dexter Gordon, n'a pas uniquement joué avec des sidemen américains expatriés, il a aussi été accompagné par des musiciens européens, tels que le contrebassiste danois Niels-Henning Ørsted Pedersen et le pianiste espagnol Tete Montoliu.

L'artiste trouve en Europe une sorte de refuge. Un refuge contre le racisme, les drogues dures et les conditions de vie misérables, qui sont réservées à la communauté afro-américaine aux États-Unis. De plus, son art, le jazz, est bien mieux accepté en Europe qu'en Amérique, il y jouit donc d'une plus grande reconnaissance de la part du public. On peut donc clairement dire que ses conditions de vie se sont nettement améliorées lors de sa période européenne, contrairement à celles qu'il a pu connaître dans son pays natal (problèmes d'addiction à la drogue, plusieurs emprisonnements... )

Durant les années passées à Copenhague, au Danemark, il rencontre la famille du futur batteur de MetallicaLars Ulrich, dont Dexter sera le parrain.

Cependant, malgré les nombreux avantages qu'il a connus en Europe, « Dex » décide en 1976 de retourner de façon définitive en Amérique. Il a droit à un accueil triomphal pour son retour et est contacté par l'immense maison de disques Columbia, avec laquelle il signe un contrat. On le voit au Village Vanguard au cours de l'année 1977, puis il forme son propre groupe avec Rufus Reid (basse), George Cables (piano), et Eddie Gladden (drums). C'est avec ces derniers qu'il effectuera plusieurs tournées et enregistrements, notamment « Live at the Manhattan Symphony » et « Live at the Keystone ».

Dexter Keith Gordon apparaît alors encore meilleur, fort de l'expérience qu'il a acquise durant son périple européen. Il est reconnu dès lors comme l'un des plus grands ténors. Il sera d'ailleurs élu meilleur musicien de l'année à deux reprises par le magazine DownBeat, en 1978 et 1980.

En 1986, le maître aborde une nouvelle phase dans sa grande carrière d'artiste et se met au cinéma. Cette année-là, il joue dans le film de Bertrand Tavernier, grand amateur et connaisseur de jazz, Autour de Minuit, avec entre autres François CluzetLonette McKee et Herbie Hancock (qui compose aussi la musique du film). Dexter Gordon est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du personnage de Dale Turner.

« Dex » fera une dernière apparition à Ellingtones, où il jouera avec le New York Philharmonic. Il meurt d'une insuffisance rénale et d'un cancer du larynx, le 25 avril 1990 à Philadelphie.

Wikipédia

Dexter Keith Gordon, né le 27 février 1923 à Los Angeles, est le fils du docteur Frank Gordon, diplômé de l'université de Howard à Washington D.C. et qui fut aussi l'un des premiers grands médecins afro-américains dans la « Cité des Anges ». Sa mère, Gwendolyn Baker, est la fille d'Edward Baker, capitaine afro-américain dans la troupe des « Buffalo Soldiers », qui fut récompensée de la médaille d'honneur après la guerre hispano-américaine (1898).

Son entrée dans le monde de la musique commence à l'âge de 13 ans, où il étudie la clarinette, avant d'opter pour le saxophone alto à 15 ans et, enfin, le ténor à 17 ans. Il est au début suivi par deux professeurs, Lloyd Reese et Sam Browne, et étudie la musique dans l'école Jefferson. Lors de la dernière année de son cursus scolaire, Marshall Royal lui propose de rejoindre le groupe de Lionel Hampton. Gordon accepte et quitte Los Angeles en 1940, pour partir avec la troupe de Hampton. Avec celle-ci, il voyage dans le Sud et poursuit son apprentissage auprès de Joe Newman et Illinois Jacquet. Le groupe d'Hampton décroche un contrat de plusieurs mois au « Grand Terrace » de Chicago, en janvier 1941. Quelques enregistrements radio seront réalisés durant les mois suivants, et deviendront les premiers enregistrements de Dexter.

C'est lors d'un voyage à New York en 1943 avec le groupe d'Hampton, que Dexter Gordon rencontre ceux qui seront ses deux influences majeures : Lester Young, et Ben Webster. Avec eux il effectuera quelques sessions au mythique « Minton's Playhouse ».

La même année, il quitte la troupe de Hampton et retourne à Los Angeles. Là, il joue avec le frère de Lester Young, Lee Young, puis rejoint pour quelques semaines l'orchestre de Fletcher Henderson ainsi que celui du grand maître de la trompette, Louis Armstrong. À partir de cet instant, « Dex » dispose d'une certaine expérience, qui va lui permettre pour la première fois d'enregistrer sous son nom. Cela se produit en 1943, lorsqu'il enregistre « I've Found A New Baby »  et « Sweet Lorraine », avec comme sideman de luxe Nat King Cole. En 1944, il s'installe à New York et rejoint le célèbre orchestre de Billy Eckstine (véritable école, où se sont retrouvés les plus grands représentants du bebop, notamment Charlie Parker et Dizzy Gillespie). Il enregistre avec l'orchestre plusieurs morceaux arrangés par Tadd Dameron dont le célèbre "Blowin' The Blues Away" où il échange des chorus avec le saxophoniste Gene Ammons.

En 1945, il quitte l'orchestre d'Eckstine et commence à enregistrer pour Savoy. Ces enregistrements deviendront des références pour les grands ténors à venir, tels que John Coltrane et Sonny Rollins. Durant ces séances, il enregistre avec le pianiste Bud Powell et le batteur Max Roach. En 1947, Gordon enregistre « The Chase » avec le saxophoniste ténor Wardell Gray, un morceau où le duel entre les deux ténors va devenir très populaire. À la fin des années 1940, Dexter apparaît à plusieurs reprises sur la scène de la 52e rue, avec Fats NavarroMax Roach et Charlie Parker.

Dans les années 1950, Dexter Gordon connaît de longues périodes d'inactivité en raison de problèmes de drogue. À cette époque, il est emprisonné pour possession d'héroïne. Il enregistre néanmoins trois albums en 1955 pour les labels Bethlehem et Dootone.

En 1960, après avoir rencontré Alfred Lion, il signe un contrat et commence à enregistrer chez Blue Note. « Doing Alright » et « Dexter Calling » seront ses deux premiers disques pour la mythique note bleue. En 1962, juste avant de partir pour l'Europe, il enregistre « GO » et « Swingin' Affair ».

Il part donc en 1962 pour l'Europe où il restera près de 15 ans. Il s'installe principalement à Paris, puis à Copenhague, où il joue avec d'autres jazzmen expatriés (Ben Webster, Bud PowellKenny Drew). Néanmoins, il retourne aux États-Unis lors de plusieurs séjours et enregistre des disques pour le label Blue Note ( « Gettin' Around », 1965; « Clubhouse », 1965). Deux autres albums importants de cette période européenne, tous deux enregistrés à Paris, sont à retenir: « Our Man In Paris », 1963 avec Bud PowellPierre Michelot et Kenny Clarke, et « One Flight Up », 1964 avec Donald Byrd et Kenny Drew. Il enregistre aussi durant cette même période, des disques certes moins connus, mais d'une qualité avérée, pour le label danois « Steeplechase » (« The Appartment », 1974; « Something Different », 1975; « Bouncin' With Dex », 1975... )

En 1965, Dexter Gordon arrive chez Prestige où il restera jusqu'en 1973. Il continue alors, comme pour Blue Note, d'enregistrer des disques durant plusieurs séjours aux États-Unis. Musicalement parlant, on pourrait placer cette période sous le signe d'un certain « maintien de la tradition ». Gordon se pose dans ces enregistrements en véritable défenseur d'un jazz plus « traditionnel », plus « bop », qui s'oppose alors (non sans liens, toutefois) au free jazz, qui est avec Ornette ColemanBill DixonArchie Shepp, en pleine effervescence. Puis au jazz-rock du début des années 1970, avec Miles Davis et les autres (Herbie HancockChick Corea, etc.)

Durant son périple de plusieurs années en Europe, Dexter Gordon, n'a pas uniquement joué avec des sidemen américains expatriés, il a aussi été accompagné par des musiciens européens, tels que le contrebassiste danois Niels-Henning Ørsted Pedersen et le pianiste espagnol Tete Montoliu.

L'artiste trouve en Europe une sorte de refuge. Un refuge contre le racisme, les drogues dures et les conditions de vie misérables, qui sont réservées à la communauté afro-américaine aux États-Unis. De plus, son art, le jazz, est bien mieux accepté en Europe qu'en Amérique, il y jouit donc d'une plus grande reconnaissance de la part du public. On peut donc clairement dire que ses conditions de vie se sont nettement améliorées lors de sa période européenne, contrairement à celles qu'il a pu connaître dans son pays natal (problèmes d'addiction à la drogue, plusieurs emprisonnements... )

Durant les années passées à Copenhague, au Danemark, il rencontre la famille du futur batteur de MetallicaLars Ulrich, dont Dexter sera le parrain.

Cependant, malgré les nombreux avantages qu'il a connus en Europe, « Dex » décide en 1976 de retourner de façon définitive en Amérique. Il a droit à un accueil triomphal pour son retour et est contacté par l'immense maison de disques Columbia, avec laquelle il signe un contrat. On le voit au Village Vanguard au cours de l'année 1977, puis il forme son propre groupe avec Rufus Reid (basse), George Cables (piano), et Eddie Gladden (drums). C'est avec ces derniers qu'il effectuera plusieurs tournées et enregistrements, notamment « Live at the Manhattan Symphony » et « Live at the Keystone ».

Dexter Keith Gordon apparaît alors encore meilleur, fort de l'expérience qu'il a acquise durant son périple européen. Il est reconnu dès lors comme l'un des plus grands ténors. Il sera d'ailleurs élu meilleur musicien de l'année à deux reprises par le magazine DownBeat, en 1978 et 1980.

En 1986, le maître aborde une nouvelle phase dans sa grande carrière d'artiste et se met au cinéma. Cette année-là, il joue dans le film de Bertrand Tavernier, grand amateur et connaisseur de jazz, Autour de Minuit, avec entre autres François CluzetLonette McKee et Herbie Hancock (qui compose aussi la musique du film). Dexter Gordon est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du personnage de Dale Turner.

« Dex » fera une dernière apparition à Ellingtones, où il jouera avec le New York Philharmonic. Il meurt d'une insuffisance rénale et d'un cancer du larynx, le 25 avril 1990 à Philadelphie.



Vers le milieu des années 1940, les saxophonistes ténors qui ressentirent l’appel de la modernité n’avaient pas un Charlie Parker pour leur servir directement de modèle. Bird, qui n’aimait pas le ténor, bien qu’il lui arriva d’en jouer, considérant que l’instrument était peu maniable, avait défini à l’alto des standards de vélocité qui n’étaient pas faciles à transposer sur un autre instrument. Aussi devons-nous admettre que Dexter Gordon, comme tous les ténors de sa génération, ne s’aligna pas immédiatement sur le style be-bop, même à l’époque où il faisait partie du groupe de Charlie Parker et de Dizzy Gillespie en 1945 (vers la même époque, bien que dans un contexte plus classique, nous pouvons entendre la différence entre Bird Parker et Gordon, dans les morceaux où tous deux jouent avec Sir Charles Thompson). En 1945, Dexter Gordon avait déjà établi un palmarès assez éloquent. Né en 1923, il avait commencé par travailler dans l’orchestre de Lionel Hampton en 1940, puis un court moment chez Fletcher Henderson avant d’entrer chez Louis Armstrong (on peut l’entendre prendre quelques solos dans divers enregistrements de 1944 du trompettiste). En 1943, il signa sa première séance sous son nom à Los Angeles (en compagnie de Nat King Cole et de Harry Edison). Chez Billy Eckstine, fin 1944, il trouva en ensemble bouillonnant, réunion de jeunes musiciens, pour la plupart attentifs à l’expression la plus moderne du jazz et, notamment, une section de saxophones particulièrement irrésistible, qui sonnait alors “comme une tornade”, selon l’expression de Gordon. Dexter y affirma un style percutant où, pourtant, l’empreinte de Lester Young était toujours sensible. Dexter Gordon fut désigné par Dizzy Gillespie, sans doute en remplacement de Charlie Parker, pour jouer avec lui lors de sa première séance d’enregistrement chez Guild, le 19 février 1945, il s’y montra assez discret. Le 4 septembre de la même année, c’est auprès de Charlie Parker que Dexter se retrouva convoqué, cette fois pour le compte du pianiste Sir Charles Thompson, dans un contexte relativement traditionnel. Aucune de ces séances ne dément la relation profonde à l’art de Lester; bien que Gordon apportât une vigueur certaine à son expression, il n’avait pas encore développé un véritable style be-bop. La première séance sous son nom chez Savoy, le 30 octobre 1945 reflète le même inter-règne stylistique. Le pianiste engagé, Argonne Thornton, alias Sadik Hakim, a beau être un ami de Thelonious Monk, il ne l’évoque que fugitivement, sans faire preuve de beaucoup d’invention. Dexter Gordon est à peine plus “moderne” lors de la séance suivante chez Savoy, le 29 janvier 1946, toujours comme leader, la différence majeure tient à une rythmique qui se révélerait une des plus exemplaires du be-bop, constituée par Bud Powell au piano, Curley Russell à la contrebasse et Max Roach à la batterie. Pourtant, Gordon avait déjà trouvé sa manière et c’est là le paradoxe, il était moderne avant la lettre, sans être moderne au sens où on l’entend habituellement. François Billard. In the mid-40s, tenor saxophonists who felt drawn to the more modern forms of jazz expression had no Charlie Parker to model themselves on. Bird, even though he occasionally played tenor sax, did not like it considering it more difficult to manipulate than the alto on which he had developed fast tempos that were not easy to adapt to another instrument. This is probably why Dexter Gordon, like many tenor players of his generation, did not immediately adopt the bebop style, not even when he was part of the Charlie Parker-Dizzy Gillespie group in 1945 (it is during this period, although within a more classical context, that the difference between Parker and Gordon can clearly be heard on titles where both play with Sir Charles Thompson). By 1945 Dexter Gordon had already made a name for himself. Born in 1923, his first job was with Lionel Hampton’s Orchestra in 1940, then he played for a short time with Fletcher Henderson before joining Louis Armstrong (some of his solos are featured on several of Armstrong’s 1944 recordings). In 1943 he made his first recordings under his own name in Los Angeles (accompanied by Nat King Cole and Harry Edison). Coming in as sideman for Billy Eckstine towards the end of 1944, he found himself surrounded by an exuberant group of young musicians, most of them influenced by some of the most powerful elements of modern jazz; in particular an explosive sax section which blew “like a tornado” to use Gordon’s own expression. It was here that Gordon developed his own vibrant, forceful style … a style however that always retained echoes of Lester Young. Dizzy Gillespie chose Gordon, probably as a replacement for Charlie Parker, on his first-ever recording for the Guild label on 19 February 1945, a session on which Gordon did not particularly make his presence felt. On 4 September the same year Gordon and Parker were invited to back up Sir Charles Thompson in what turned out to be a fairly traditional context. Both these sessions reveal his undeniable debt to Lester Young. While it is true that Gordon had already developed a rich and vibrant sound he was yet to find a real bebop style. The first session he recorded for Savoy under his own name was on 30 October 1945 and, here again, the overall approach seems to fall between two stylistic stools. For all that pianist Argonne Thornton, alias Sadik Hakim, was a close friend of Thelonius Monk little of the latter’s influence seems to have rubbed off and Hakim’s playing here is far from inventive. While Dexter Gordon’s own playing is scarcely more “modern” on the following Savoy session which he fronted on 29 January 1946, a tremendous difference can be heard in the rhythm section where Bud Powell on piano, Curley Russell on bass and Max Roach on drums provide an exemplary example of bebop. And yet Gordon had by now found his own style and herein lies the paradox. He was a “modern jazz” musician long before the term had been coined, without being “modern” in the sense that this term is usually understood. Adapted from the French by Joyce Waterhouse

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