EDDIE HEYWOOD / BEGIN THE BEGUINE
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EDDIE HEYWOOD
BEGIN THE BEGUINE 1939 - 1946
WITH BENNY CARTER, EDMOND HALL, COLEMAN HAWKINS... BARNEY BIGARD
LE CD
1 SHUFFLEBURG SHUFFLE
2 SLEEP
3 FISH FRY
4 DOWNTOWN CAFE BOOGIE
5 GET HAPPY
6 STEP STEPS DOWN
7 THEM THERE EYES
8 ON THE SUNNY SIDE OF THE STREET
9 NIGHT AND DAY
10 DUTCH TREAT
11 TAIN'T ME
12 BLUE LOU
13 CARRY ME BACK TO OLD VIRGINY
14 I CAN'T BELIEVE THAT YOU'RE IN LOVE WITH ME
15 JUST YOU JUST ME
16 BEGIN THE BEGUINE
17 PLEASE DON'T TALK ABOUT ME WHEN I'M HOME
18 COQUETTE
19 THE MAN I LOVE
20 ON THE ALAMO
21 WHO'S SORRY NOW
Edward "Eddie" Heywood Junior est né le 4 décembre 1915 à Atlanta (Georgie). Son père Eddie Heywood Senior était un pianiste et chef d'orchestre renommé dans les années 20 et 30. C'est vers 8 ans que le jeune Eddie reçoit des leçons de piano de son père. Il joue dans divers orchestres avant de rejoindre en janvier 1939 et pour un an et demi, l'orchestre de Benny Carter. C'est pour lui l'occasion de graver ses premiers disques. Il quitte Benny en juillet 1940, joue brièvement avec divers musiciens comme Zutty Singleton ou Don Redman, avant de fonder en 1941 son propre sextet qui se produira dans divers clubs de New York. Par ailleurs, il participe à plusieurs séances avec des grands du jazz, dont nous avons sélectionné ici certains des meilleurs titres. On le trouve en compagnie de Coleman Hawkins, Barney Bigard, Johnny Hodges ou Rex Stewart! Son sextet régulier est enfin enregistré par une marque new yorkaise indépendante Commodore. Dans cette formation on trouve les noms de Doc Cheatham, Lem Davis et surtout Vic Dickenson qui sera avec le piano du chef, l'attraction du sextet. Il accompagne souvent Billie Holiday toujours pour Commodore.
Certains titres enregistrés par son orchestre deviennent de très honorables succès et lorsqu'il passera chez Decca, il réenregistrera ses hits les plus connus qui atteindront alors des chiffres de vente considérables, notamment Begin The Beguine, Blue Lou, ou Just You Just Me… la puissance commerciale et la diffusion des disques Decca étant très supérieure à celles de Commodore.
Sa renommée est alors enviable, son style particulier, sa manière toute personnelle d'interpréter certains classiques du jazz connus de tous, de les marquer de son empreinte devient vite sa signature. Pour cela deux moyens principaux : son jeu de piano et les arrangements très soignés, très élaborés dont il est l'auteur et qui sont conçus pour être le support idéal de ses interventions au clavier! Ce style très léché, très préparé peut sembler manquer de spontanéité pour certains, mais c'est un travail bien fait qui évoque des orchestres tout aussi "polis" comme celui de John Kirby. Heureusement, il possède en Vic Dickenson un trombone au style naturel, gut-bucket qui secoue par moment l'atmosphère raffinée et bien organisée de l'ensemble : Please Don't Talk About Me, Just You Just Me, Coquette…
Des ennuis de santé assez graves obligent Eddie à quitter la musique en 1947, mais il refait surface en 1950 à la tête d'un trio. Il se consacre à la composition et une de ses œuvres comme Canadian Sunset lui apporte une solide renommée. Une paralysie partielle des mains l'handicape énormément, et sa carrière musicale ne peut qu'en souffrir… Il décédera à Miami le 2 janvier 1989.
Eddie Heywood possède une vraie personnalité, son style caractéristique est tellement typé, original, qu'on le reconnaît très aisément dès les premières mesures. Mais certains effets faciles et un jeu trop systématique ont détourné de lui beaucoup d'amateurs. Notre sélection est d'abord centrée en premier sur le pianiste jouant dans diverses sessions aux côtés de grands jazzmen et ensuite, sur les faces importantes gravées avec son sextet de 1944 à 1947.
Pour ses débuts Eddie Heywood est très en valeur dans Sleep, célèbre arrangement de Benny Carter qui, outre la partie de piano, contient un sinueux solo d'alto de Benny et une robuste intervention de Coleman Hawkins, invité exceptionnellement pour cette séance. En compagnie aussi relevée, Eddie se montre très convainquant, démontrant qu'il n'était pas insensible au jeu du prestigieux Earl "Father" Hines, qui semble l'avoir influencé à ses débuts.
Durant le recording ban interdiction d'enregistrer pour les musiciens aux USA de 1942 à 1944, les grandes compagnies étaient très surveillées, mais les petites compagnies indépendantes qui commençaient à fleurir, dès fin 1943, n'eurent aucun mal à décider des jazzmen et non des moindres, à graver des disques. Outre un petit revenu complémentaire, les musiciens étaient contents de retrouver le chemin des studios. C'est ainsi que le propriétaire de la marque Signature organisa, en temps prohibé, plusieurs séances avec des grands du jazz, soutenus par Eddie Heywood au clavier. Le pianiste a ainsi l'occasion de jouer aux côtés d'un bouillonnant Coleman Hawkins dans Get Happy. Il confirme le niveau de ses prestations avec Barney Bigard tout au long du blues sur tempo vif Step Steps Down. Toujours pour la même marque il dirige une séance de studio avec notamment Ray Nance, le trompettiste dont le nom est étroitement associé à celui de Duke Ellington et la chaleureux ténor de Don Byas. Oublions la faiblesse du clarinettiste Aaron Sachs… Séance en trio avec Monsieur Johnny Hodges lui-même! On n'a pas à présenter le Maître suprême du saxo-alto qui se montre, comme toujours, au sommet de son art, inspiré, serein, aérien, dominant son sujet. C'est sur un titre comme On The Sunny Side… prit sur un tempo plus rapide qu'à l'accoutumée, que l'on doit apprécier Eddie Heywood, beaucoup plus spontané que dans certains titres au sein de son orchestre régulier, où il semble que la recherche d'effets préparés, de phrases destinées à étonner et séduire, le préoccupe beaucoup. Night & Day semble une vraie récréation pour Hodges qui a longuement l'occasion de démontre que naturel et grandeur font bon ménage.
Avec Rex Stewart, autre Ellingtonien célèbre, Eddie est tout aussi à l'aise dans Dutch Treat qui contient un solo de ténor d'Al Sears d'une exceptionnelle qualité, un des meilleurs de sa carrière! Alors qu'Eddie jouait au Café Society Downtown en compagnie de Vic Dickenson, la marque Commodore organisa une rencontre avec d'autres musiciens du Café Society Uptown, Edmond Hall, Emmett Berry et Big Sid Catlett! Faisant preuve d'une belle technique et d'une grande conviction, Eddie flirte avec le style boogie woogie d'excellente manière au cours de Downtown Café Boogie avec défilé de brillants solistes, soutenus par une section rythmique de qualité, peut-il en être autrement avec des Al Casey, Billy Taylor et Sid Catlett?
Eddie Heywood était également compositeur et arrangeur. Dès qu'il fût à la tête de son sextet, c'est lui qui peaufina tous les arrangements, écrivant avec beaucoup de rigueur et de minutie toutes les parties : des exposés des thèmes aux réponses orchestrées aux différents solistes! Il portait une grande attention et un grand soin à ce que tout fût rigoureusement en place, ce qui donnait aux interprétations de se petite formation un fini qui plaisait certainement beaucoup dans les clubs. Il voulait jouer une musique originale, quelque fois inattendue; cela est évident, rien que dans son choix des tempos choisis pour certains thèmes. Beaucoup de classiques du jazz sont interprétés traditionnellement par presque tous les musiciens, dans un tempo admis par tous. Heywood tenait, là aussi, à surprendre, c'est ainsi que sa célèbre version de Begin The Beguine, qui fît sa renommée, est prise dans un tempo beaucoup plus lent qu'à l'accoutumée, alors que On The Alamo usuellemnt joué lentement, est interprété beaucoup plus vite, plus allègrement! De même pour Carry Me Back qui, outre le tempo très lazy, offre une grande place à la trompette très inspirée de Doc Cheatham. Dans son répertoire enregistré, on trouve quelques beaux succès, grâce à des interprétations originales et personnelles de thèmes classiques faisant partie du stock indémodable de tous les jazzmen, les Blue Lou, Coquette, Man I Love, I Can't Believe…
Dans ces sortes de concertos piano-orchestre, le soliste Eddie sait bien comment glisser, avec bonheur, ses interventions de piano, dans l'arrangement conçu par Mr Heywood! On voit bien que partie de piano et arrangement ont été créés par le même artiste (Who's Sorry Now). Certains morceaux donnent une plus grande liberté à des musiciens de l'orchestre, notamment Vic Dickenson, dont les chorus pleins d'humour, goguenards, désinvoltes animent gaiement les Please Don't Talk About Me, Coquette, I Can't Believe,… On peut sa reporter également au CD EPM/Jazz Archives 159882 qui contient quelques pièces maîtresses de la collection Heywood/Dickenson comme Pom-Pom, You Made Me Love You.
Notre pianiste avait toujours une manière très personnelle d'exposer, d'exploiter les thèmes, de broder sur les mélodies connues, en privilégiant les dialogues piano-arrangements, en leur donnant souvent un éclairage inaccoutumé, quelquefois déconcertant par des breaks, des silences, des phrases en décalage, des répétitions de notes ou d'accords joués stacatto… C'est cet humour constant pour "décortiquer" la mélodie qui est pour nous sa signature la plus marquante!
Il a été incontestablement un musicien et chef d'orchestre important sur la scène du jazz des années 40, un artiste souvent différent sur bien des points. Après tout c'est bien ainsi, car c'est cette diversité de personnages, de tempéraments, de créateurs aux conceptions multiples et variées qui a fait la richesse du vrai jazz!
Jacques Morgantini
Edward “ Eddie ” Heywood Junior was born on 4 December 1915 in Atlanta, Georgia. His father, Eddie Heywood Senior, was a well-known pianist and bandleader in the 20s and 30s and when his son was around 8 years old he started to give him piano lessons. Eddie Junior played in several orchestras before joining that of Benny Carter in January 1939 where he stayed for eighteen months. It was during this period that he cut his first records. After leaving Carter in July 1940, he did brief stints with various musicians such as Zutty Singleton and Don Redman, before founding his own sextet in 1941 that appeared in several New York clubs. In addition, he participated in sessions with some jazz greats. We have included the best of these titles here on which we find him alongside Coleman Hawkins, Barney Bigard, Johnny Hodges and Rex Stewart. The independent New York label Commodore finally recorded his regular sextet. This formation included Doc Cheatham, Lem Davis and, above all, Vic Dickenson who, together with the leader on piano, proved the chief attraction of the group. He also often accompanied Billie Holiday for Commodore. Some of the numbers recorded by his group were quite successful and, when he moved over to Decca, he re-recorded some of his more well-known hits, notably Begin The Beguine, Blue Lou and Just You Just Me that, as a result of Decca’s more advanced commercial approach, sold very well.
His reputation was now established as a musician who interpreted certain familiar jazz classics in his own inimitable style that was to become his hallmark. All this was based on his skill as a pianist and the polished arrangements he wrote to back up his piano playing which some listeners may find lacking in spontaneity but it is excellent work, reminiscent of other “ polished ” orchestras, such as John Kirby’s. Fortunately, there was Vic Dickenson’s gut-bucket trombone to add a little spice to the ensemble, Please Don’t Talk About Me, Just You Just Me, Coquette…
However, serious health problems (partial paralysis of his hands) forced Eddie to quit music in 1947 but he reappeared on the scene in 1950 with a new trio. He spent most of his time composing and works such as Canadian Sunset added to his reputation. His musical career was interrupted again by a second attack of paralysis and he died in Miami on 2 January 1989.
Eddie Heywood’s original personality and style is easily recognisable from the opening bars he plays. Yet many listeners have been put off by his seemingly over-easy approach and methodical playing. The present selection concentrates mainly on the sessions he made with some great jazzmen and on the outstanding sides he cut with his sextet between 1944 and 1947.
We have a great example of the early Eddie Heywood on Benny Carter’s famous arrangement of Sleep, that also includes outstanding solos from Carter himself and from Coleman Hawkins who was sitting in that day. Eddie’s playing on this session leaves nothing to be desired and shows how much Earl Hines had influenced his early years.
During the 1942-1944 recording ban in the States, while big labels were closely watched, small independent companies that had grown up around the end of 1943 had no difficulty in persuading jazzmen, even well-known ones, to record. Apart from the extra cash they made, musicians were happy to be back in the studios. So it was during the ban that the owner of Signature was able to set up several sessions with some of the greats, backed by Eddie Heywood on piano e.g. alongside an exuberant Coleman Hawkins on Get Happy and with Barney Bigard throughout the up-tempo blues Step Steps Down. Still for the same label he led a session, notably with trumpeter Ray Nance, whose name is closely associated with that of Duke Ellington, and Don Byas on tenor (the least said about Aaron Sachs clarinet contribution the better…). Then came a trio session with the master himself, Johnny Hodges whose relaxed, inspired and soaring alto sax dominates as ever. Eddie Heywood is much more spontaneous here than on some other titles with his regular group, where much of his phrasing seems to have been prepared in advance. Johnny Hodges is beautifully laid-back on Night And Day, while Heywood is equally at ease with that other well-known Ellingtonian Rex Stewart on Dutch Treat which includes an outstanding tenor solo by Al Sears, one of the best he ever played! When Eddie was playing at the Café Society Downtown with Vic Dickenson, Commodore organised a session with musicians from Café Society Uptown: Edmond Hall, Emmett Berry and Big Sid Catlett. Eddie brought his excellent technique into play on the boogie-woogie Downtown Café Boogie with a string of brilliant soloists, backed by a solid rhythm section comprising Al Casey, Billy Taylor and Sid Catlett.
Heywood was also a composer and arranger. As leader of his sextet, he put the finishing touches to all the arrangements, meticulously writing the parts for each soloist. He paid great attention to detail that gave his small group a “polish” that was certainly appreciated in the clubs where they played. The fact that he wanted to play something original, unexpected, is obvious in his choice of tempo for certain themes. Most musicians are content to interpret certain jazz classics in the traditionally accepted tempo but Heywood did not always go along with this idea. His famous Begin The Beguine, with which he made his name, is taken at a much slower tempo than usual, while the normally slow On The Alamo is delivered at a faster pace. The same goes for the lazy tempo of Carry Me Back, featuring an inspired Doc Cheatham on trumpet.
Heywood’s discography includes some very successful original interpretations of jazz classics such as Blue Lou, Coquette, Man I love, I Can’t Believe. In this type of piano-orchestra concerto his arrangements leave plenty of room for himself on piano (Who’s Sorry Now). Other titles feature certain members of the band, notably Vic Dickenson whose humorous, mocking and relaxed choruses enliven Please Don’t Talk About Me, Coquette and I Can’t Believe (see EPM/ Jazz Archives 159882 for further examples of the Heywood/Dickenson collaboration, including Pom-Pom and You Made Me Love You).
Heywood’s interpretations owe their originality to the way in which he took up well-known melodies, giving them his own personal stamp, emphasising the piano arrangements, often throwing a new light on them with occasionally disconcerting breaks, silences, intervals, repeated notes, staccato chords…This ability to “dissect” a melody remains his hallmark.
He was undeniably an important musician and bandleader on the 40s jazz scene although differing from his peers in many ways. But is it not this very diversity in the character and temperament of its various creators that makes the tapestry of jazz so rich?
Adapted from the French by Joyce Waterhouse