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BUDDY JOHNSON

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1 CD / BUDDY JOHNSON / 1940 - 1950 / THE WALK' EM RHYTM BAND / WITH ELLA JOHNSON 

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BUDDY JOHNSON

THE WALK' EM RHYTM BAND

1940 - 1950 

WITH ELLA JOHNSON 

1 PLEASE MISTER JOHNSON
2 BOOGIE WOOGIE'S MOTHER-IN-LAW
3 IN THERE
4 SOUTHERN EXPOSURE
5 WHEN MY MAN COMES HOME
6 SOUTH MAN
7 THAT'S THE STUFF YOU GOTTA WATCH
8 ONE OF THEM GOOD ONES
9 FINE BROWN FRAME
10 OPUS TWO
11 SINCE I FEEL FOR YOU
12 WALK' EM
13 YOU'LL GET THEM BLUES
14 HEY SWEET POTATO
15 LIL' DOG
16 DOWN YONDER
17 SHAKE' EM UP
18 SATISFY MY SOUL
19 DOCTOR JIVE JIVES
20 NO MORE LOVE
21 YOU CAN'T TELL WHO'S LOVING WHO
22 KEEP ME CLOSE TO YOU
 











Woodrow Wilsoon "Buddy" Johnson est né le 10 janvier 1915 à Darlington (South Carolina). Dès 4 ans, il étudie le piano et jeune adolescent il écrit et compose des chansons et même des petites revues pour son école. Il part pour New York à 23 ans et se trouve engagé par le Tramp Washboard Band qui partait pour l'Europe dans la revue du "Cotton Club" qui se produisit à Londres, Paris, Bruxelles et Berlin. Il réalise vite qu'il était risqué de rester dans la capitale allemande au milieu de l'année 39, quelques semaines avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale! Il se fait rapatrier grâce à l'Ambassade des Etats-Unis. De retour à New York, il est repéré par un agent de la marque Decca et il enregistre en Novembre 1939 ses premiers disques à la tête de sa petite formation, qui n'est pas sans rappeler celle de Louis Jordan. C'est à ce moment qu'il fait venir sa jeune sœur Ella. Ils gravent ensemble leur premier grand succès Please Mr Johnson et ne se quitteront plus jusqu'au moment où Buddy arrêtera sa carrière musicale et licenciera son orchestre au début des années 60.

En 1940-41, Buddy Johnson est à la tête d'un combo de 7 à 9 musiciens, on y relève les noms de Shad Collins, Don Stovall, Joe Eldridge, Leonard Ware et également de Kenneth Hollon excellent saxo-ténor au style original. C'est l'arrangeur de In There titre qui lui donne l'occasion de se mettre avantageusement en évidence. Leonard Ware pionnier de la guitare électrique est au premier plan dans le bouillonnant Boogie-Woogie Mother-in-Law. Quant à Southern Exposure c'est un blues avec défilé de divers solistes.

Pendant le recording-ban (l'interdiction d'enregistrer décrétée par le syndicat des musiciens de 1942 à 1944), Buddy fait passer sa formation de 8 à 16 musiciens. Il est, dorénavant, le leader d'un classique big-band avec 4 trompettes, 3 trombones, 5 saxophones et une section rythmique complète avec piano, guitare, basse et batterie! Mais, Buddy Johnson est un leader très différent de tous les autres sur de nombreux points.

- Il n'a jamais fait reposer le succès de sa formation sur la présence de quelques solistes en renon, de grandes stars confirmées, mais au contraire il a toujours recruté de jeunes et dynamiques musiciens peu connus, mais très talentueux, dont certains lui resteront fidèles pendant de nombreuses années…

- De même, il n'a jamais fait appel à des arrangeurs extérieurs à l'orchestre aussi réputés soient-ils! Au contraire, c'est lui qui alimente le répertoire de l'orchestre avec ses propres compositions et ses arrangements. C'est, en effet, un compositeur qui sait écrire des mélodies attrayantes, au déroulement naturel, qui ne manquent jamais de toucher son public. Mélodies tellement bien conçues et structurées qu'elles ont été reprises par de multiples musiciens et orchestres, tels ses Stop Pretending. Fine Brow Frame, That's the Stuff… et surtout le très célèbre Since I Feel For You devenu un vrai "classique".

Compositeur talentueux, c'est un arrangeur qui sait écrire des orchestrations d'une rare efficacité, soignant aussi bien les ensembles puissants et massifs (Dr Jive Jives, Lil'Dog) que les "backgrounds" chaleureux derrière les vocaux de sa sœur Ella (You'ill Get Them Blues, …Who's Loving Who). Dès ses débuts son but, son objectif avoué atoujours été de jouer pour faire danser le public noir et par là lui apporter de la joie et du bonheur. Il se remémorait son enfance où adolescent du Sud il avait constaté combien certains orchestres savaient être près (close) du public, alors que d'autres jouaient une musique qui laissait indifférent et il ajoutait : "Je suis un gars du sud et ma musique à la saveur de ce pays, c'est pourquoi ils comprennent et apprécient ce que je joue". Son activité devenait alors toute tracée, outre de longs séjours, souvent de plusieurs mois au fameux Savoy Ballroom de Harlem, haut lieu, comme l'on sait, de la danse swing, où se pressaient les meilleurs "lindy-hoppers" du monde, le reste de l'année, il organisait de longues tournées dans la sud et le middle-west des USA. Avec ses musiciens et chanteurs, il est le favori de tous les grands dancings du sud. Circuit qui est souvent délaissé par les autres formations qui n'aimaient guère circuler dans ce "deep south" où la discrimination raciale était si forte! Un familier de l'orchestre a même relevé que pour l'année 1949, outre les longs séjours au Savoy, Buddy Johnson et ses boys avaient totalisé 173 soirées réparties dans 23 états du sud! Bien sûr, ce genre de tournée impose de changer chaque jour de ville ce que l'on appelle des "one-night stands" aussi Buddy était-il surnommé : "The King Of The One-Nighters". Un promoteur a même déclaré : "Vous pouvez programmer cet orchestre une fois toutes les semaines de l'année et vous aurez toujours la même foule qui viendra et reviendra sans cesse!". C'est dire l'extraordinaire popularité de Buddy Johnson et son orchestre sur un vaste public qu'il avaient su séduire et fidéliser!!

Cette activité volontairement tournée vers les danseurs et le public noir du Sud des Etats-Unis explique que les noms de Buddy et Ella Johnson aient été ignorés du public blanc américain et même de beaucoup d'amateurs de jazz. C'est particulièrement injuste, car ce big-band par sa cohésion, sa masse sonore, sa mise en place impeccable, le haut niveau de ses solistes et le feeling des vocaux d'Ella Johnson, peut aisément rivaliser avec les meilleurs. Et si l'on veut participer au jeu de la parenté et des influences, on peut dire que cette formation par son punch, sa pulsation reposant sur un énergique after-beat, se rapproche de celle que dirigeait Lionel Hampton à la même époque. (Lil'Dog, Opus 2)

Un titre comme No More Love nous donne l'occasion de souligner à quel point Buddy Johnson savait écrire magistralement pour les différentes sections. Ici, ce sont les trombones qui sont particulièrement mit en évidence : exécution sans faille, sonorité d'ensemble chaleureuse qui rince l'oreille! Un vrai régal que ce trio de trombones tout au long de ce titre. Dr Jive Jives, Lil'Dog ne sont pas moins réussis avec de solides interventions de Purvis Henson au ténor, dans une ambiance très Hamptonienne! Autre titre d'un importance capitale dans la carrière de Buddy : c'est Walk 'Em. Il a rappelé comment lui était venu l'idée de composer un morceau très rythmé permettant même aux danseurs débutant de se sentir à l'aise sur ce tempo simple et efficace. Walk 'Em était né, et devant le succès de ce titre, son orchestre est devenu "Buddy Johnson and his Walk 'Em Rhythm Band". Le répertoire était très varié, des titres consacrés à la danse avec des instruments au swing massif, de nombreux blues avec Ella, des morceaux humoristiques avec vocaux malicieux du chef (Fine Brown Frame, Hey Sweet Potato) et enfin les obligatoires ballades langoureuses servies par des crooners à la voix caressante qui faisaient chavirer les demoiselles! Vous comprendrez que notre sélection ait écarté ces ballades qui sont d'un intérêt bien mince pour l'amateur de jazz.

Buddy Johnson était un excellent pianiste, à ses débuts dans la lignée d 'Earl Hines, cependant à partir de 1945, il est évident qu'il n'est pas resté insensible au "block-chord style" initié par Milton Buckner (Lil' Dog). Mais, très souvent il s'effaçait derrière ses solistes qu'il tenait à présenter au public, vedettes comme sidemen. Il voulait que chacun reçoive sa part d'applaudissements, car "Chacun à son poste participe au succès de l'ensemble", disait-il!

L'orchestre a toujours compté dans ses rangs d'excellents saxo-ténor, d'abord Kenneth Hollon, puis Franck Henderson et à un moment deux souffleurs de talent avec David Van Dyke et surtout Purvis Henson. Solistes au volume impressionnant qui s'inscrivent tous deux dans la lignée Illinois Jacquet- Arnett Cobb. A l'alto le quasi-inconnu Joe O'Laughlin puis Harold "Greezil" Minerve qui prendra la place de Johnny Hodges chez Duke Ellington. Quant à Steve Pulliam c'est un trombone dont le nom est injustement ignoré. Il joue avec maîtrise et assurance dans Shake 'Em Up. Sonorité pleine, majestueuse, c'est 'un trombone de grande classe. De même que le trompettiste Dupree Bolton et d'autres qu'il a souvent été difficile d'identifier. Notamment quels sont avec certitude le ou les auteurs des excellents solos de trompette des faces de 1949 et 50??

Ella Johnson (né en 1923) avait débuté comme beaucoup de jeunes noires, par chanter à l'église et participer à des petites revues montées par son frère. Elle le rejoint à New-York en 1940 et grave avec lui Please Mr Johnson, un blues qui devint un solide succès pour elle et l'orchestre, sans toutefois que cela le propulse sur le devant de la scène, car, personnage timide, effacé, "Absolument non showbizz" suivant ce qu'avait dit d'elle une autre chanteuse célèbre, elle ne s'épanouissant qu'aux cotés de son frère, qu'elle ne voulut jamais quitter, sans jamais chercher à faire une carrière en solo, malgré plusieurs sollicitations et c'est elle qui le recueillera malade pour s'occuper de lui jusqu'à sa fin le 9 février 1977.

A ses début, Ella avait pris pour modèle l'autre Ella (Fitzgerald) mais rapidement son frère, en fait son mentor, la pousse à être tout simplement elle même et à n'imiter personne! Sa voix chaude , sensuelle, un peu traînante, plutôt nonchalante (n'est-elle pas une enfant du Sud?) fait merveille dans le blues et les blues ballades que son frère composait pour elle et dont elle donne des versions fort accomplies Satisfy My Soul, You'll Get Them Blues et bien sûr le magnifique Since I Feel For You et tous les autres que l'on trouvera ici!

Buddy Johnson a su offrir à un très large public noir ce qu'il aimait, car cette population était toujours avide de swing et de danse! Ce genre de musique n'était plus offert à partir de 1950 à la clientèle des petites formations de Rhythm and Blues ou par… Buddy Johnson à son gang! Les orchestre be-bop et autres "Jazz Progressistes"" n'ayant jamais eu pour vocation de faire danser! Buddy Johnson dirigeait en fait le seul grand orchestre de Rhythm And Blues. Cela explique la longévité exceptionnelle de cette formation pendant près de 20 ans. Souvenons nous qu'à partir de 1950 lors du déclin des big-bands de nombreux et glorieux leaders avaient été contraints, devant le manque d'engagements de licencier leurs orchestres. Buddy fut le seul à franchir le cap des années 60, aux cotés des derniers rescapés : Count Basie, Duke Ellington et Lionel Hampton!

Tous les musiciens qui ont eu le plaisir de jouer pour lui étaient unanimes, tel Kenneth Hollon dans une lettre à Johnny Simmen : "Buddy était un chef agréable, moderne, aimable, qui n'a jamais cherché à se mettre en avant ou à faire sentir qu'il était le patron" et il ajoutait "Ella, Buddy et l'orchestre signifiaient beaucoup pour le public noir de ces temps là", Alors, mettez en route votre belle chaîne… and Walk 'Em.

 

Jacques Morgantini

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