- Promo !
Théophile GAUTIER LA MORTE AMOUREUSE
Texte intégral
1CD
VOUS RECEVREZ UN BON D'ACHAT 10% À PARTIR DE 40 € DE COMMANDE
Texte intégral lu par Sabine REVILLET
La morte amoureuse est l’histoire d’une passion romantique, Romuald est ordonné pretre. Or, le jour même il tombe amoureux de Clarimonde, la belle courtisanne.. mais c’est aussi le récit de la relation étrange que cet homme entretient avec une mort-vivante. En effet, la belle courtisanne a besoin pour vivre du sang de son amant ! Ainsi, Clarimonde est un vampire. Mais pas tel qu’on l’imagine… !
Avec la morte amoureuse, Théophile Gautier nous offre une lecture romantique d’un thème diabolique. Son imaginaire exerce encore et toujours son sortilège, puisque le lecteur en sort, malgré l’angoisse positivement charmé
Jules Pierre Théophile Gautier, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, est un poète, romancier et critique d'art français.
Il rencontre le futur Nerval au collège Charlemagne, puis Victor Hugo, en 1829, qu'il reconnaît pour son maître. Il participe activement au mouvement romantique et prend parti dans la bataille d'Hernani, le 25 février 1830, période qu'il évoquera avec humour dans Les Jeunes-France (1833).
Ses premières poésies, publiées en 1831-1832, passent inaperçues mais il se distingue de ses amis romantiques par ses préoccupations formalistes fustigeant les visions moralistes ou utilitaires de la littérature dans la célèbre préface à son roman épistolaire Mademoiselle de Maupin (1835). Il écrit aussi ses premières nouvelles comme La Cafetière (1831), dans une veine fantastique qu'il approfondira dans d'autres œuvres (Avatar en 1856, Le Roman de la momie en 1858).
En 1836, à la demande de Balzac, il donne des nouvelles et des critiques d'art au journal La Chronique de Paris. Il collabore ensuite intensément à d'autres journaux, en particulier La Presse d'Émile de Girardin : certains de ces textes seront regroupés plus tard en volumes (Les Grotesques, Souvenirs littéraires…). Il publie aussi des poèmes (La Comédie de la Mort, 1838) et s'essaie au théâtre (Une larme du diable, 1839). Entre mai et octobre 1840, il accomplit avec le photographe Eugène Piot, un grand voyage au-delà des Pyrénées. Il envoie ses impressions au journal La Presse. Gautier rapporte un carnet d'impressions (Voyage en Espagne) et de nouveaux poèmes (España, 1845). En 1846, il retourne en Espagne, invité par Louis-Philippe pour le mariage du Duc de Montpensier avec l'Infante. La nouvelle romantique Militona voit le jour en 1847. Elle se déroule à Madrid. D'autres voyages en Algérie, en Italie, en Grèce, en Égypte, nourriront aussi diverses publications.
En 1852, paraît Émaux et Camées, recueil de vers qu'il enrichit jusqu'en 1872 et qui fait de son auteur un chef d'école : Baudelaire dédie ses Fleurs du mal au « poète impeccable »2 et Théodore de Banville salue le défenseur de « l'art pour l'art », précurseur des Parnassiens à la recherche du beau contre les épanchements lyriques des romantiques et valorisant le travail de la forme (« Sculpte, lime, cisèle » écrit Gautier dans son poème L’Art, dernière pièce de Émaux et Camées, édition de 1872).
En 1855, Gautier quitte la Rédaction du journal La Presse et entre au Moniteur Universel. Critique d'art et de spectacles, l'auteur fournit chaque mois de nombreux articles sur la peinture et la vie culturelle, ainsi que ses œuvres en avant-première. L’égyptologie est à la mode depuis que Champollion a découvert les secrets de l'écriture hiéroglyphique. Théophile Gautier passionne ses lecteurs, dès le 11 mars 1857, avec Le Roman de la Momie, une histoire d'amour qui se déroule au temps des pharaons. Paru en 1848 dans La Presse sous le titre Les Deux Étoiles, un roman où des aventuriers anglais tentent de délivrer Napoléon Ier de l'île de Sainte-Hélène est publié à partir du 24 juin 1865 dans L’Univers Illustré. Il s’intitulera alors La Belle Jenny.
Il continue à publier des articles ou des poèmes, mais aussi une biographie d'Honoré de Balzac ou des œuvres de fiction comme son roman de cape et d'épée Le Capitaine Fracasse (1863). Il est nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde et fréquente les salons littéraires du Second Empire mais aussi le milieu de l'art, s’intéressant aux musiciens (il écrit sur Berlioz, Gounod, Wagner… et élabore le livret du ballet Giselle) comme aux peintres (Eugène Delacroix, Édouard Manet, Gustave Doré, Théodore Chassériau…).
Il meurt en 1872 laissant l'image d'un témoin de la vie littéraire et artistique de son temps dont les conceptions artistiques ont compté et dont l'œuvre diverse est toujours reconnue.
Fils de Jean-Pierre Gautier et d'Adélaïde Cocard5, Théophile Gautier, né le 30 août 1811 à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, gardera longtemps « le souvenir des silhouettes des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille s'installe à Paris (8, place des Vosges6). Malgré son jeune âge, il éprouve de la nostalgie et s'habitue mal à son nouvel environnement7. Étonnamment précoce, il n'a que cinq ans quand il commence à lire7. Ses premières grandes passions sont Robinson Crusoé ou Paul et Virginie, qui lui font une vive impression ; il rêve alors de devenir marin, avant de se passionner pour le théâtre, notamment pour la peinture des décors Il a deux sœurs, nées à Paris8 : Emilie-Henriette-Adélaïde (1817-1880) et Zoé-Louise-Françoise (1820-1885).
En 1820, à l'âge de neuf ans, il fait un bref séjour comme demi-pensionnaire au lycée Louis-le-Grand. Ses parents doivent l'en retirer au bout d'un trimestre parce qu'il y dépérit7. Plus heureux comme « externe » au collège Charlemagne, Gautier y rencontre le jeune Gérard Labrunie (le futur Nerval). À cette époque, il commence à manifester un goût particulier pour les poètes latins tardifs dont la langue étrange le fascine.
Il est en première lorsqu'il commence à fréquenter l'atelier du peintre Louis-Édouard Rioult (1790-1855), rue Saint-Antoine, et découvre à cette occasion qu'il souffre de myopie.
Le 27 juin 1829, Gautier rencontre celui qui allait devenir son « maître » en littérature, Victor Hugo, auquel le présentent Gérard et Pétrus Borel. Cet évènement précipite sa carrière d'écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la fameuse bataille d'Hernani, vêtu d'un gilet rouge9 qui marquera durablement les esprits. Le soir même, cet hernaniste acharné quitte l'atelier de Rioult.
Il mène « toutes les grandes campagnes romantiques » contre les chiens de garde du classicisme, « toutes ces larves du passé et de la routine, tous ces ennemis de l’art, de l’idéal, de la liberté et de la poésie, qui cherchent de leurs débiles mains tremblotantes à tenir fermée la porte de l’avenir. » Dans le même temps, il écrit un premier recueil de vers, dont son père finance la publication chez Mary. L'œuvre sort en 1830 et passe totalement inaperçue. Ces premières poésies montrent pourtant un jeune poète fort habile, ayant déjà acquis la manière de ses illustres prédécesseurs. Gautier y fait cependant preuve d'une originalité réelle par un sens inné de la forme et une expression nette et précise.
Il continue à fréquenter Victor Hugo et ses proches. C'est dans ce cénacle qu'il fait la connaissance de Célestin Nanteuil, qui trois ans plus tard, lorsque Gautier réimprime ses premiers vers dans un nouveau recueil, Albertus, l'illustre d' « une eau-forte ultra-excentrique ». Il rencontre également l'éditeur romantique Eugène Renduel, qui vient de publier les Soirées de Walter Scott, de Paul Lacroix. À sa demande il écrit en 1833 Les Jeunes-France, qui rendent compte avec truculence de la vie des artistes qui forment le Cénacle. Dans cet ouvrage « baroque », Gautier se fait le témoin lucide et ironique de ces « Précieuses Ridicules du Romantisme ». Deux ans plus tard, il publie également chez Renduel Mademoiselle de Maupin (1835), qui fait un véritable scandale.
Quittant le domicile familial, place des Vosges, Théophile Gautier s'installe impasse du Doyenné, à côté de l'emplacement de l'actuelle place du Carrousel, dans un hôtel particulier en ruine, où il côtoie Camille Rogier, Arsène Houssaye, et Nerval. Il partage un appartement avec Eugène Piot.
Honoré de Balzac, qui apprécie ces jeunes talents, envoie Jules Sandeau leur proposer de contribuer au journal La Chronique de Paris en 1836. « Balzac, qui daignait me trouver du talent et le dire, m'envoya chercher par Jules Sandeau » Gautier y publie des nouvelles comme La Morte amoureuse et La Chaîne d'or et des critiques d'art. Il sera fort impressionné par le « maître » et plus tard, il contribuera à sa légende avec des portraits biographiques d'Honoré de Balzac13.
Il travaille également pour le magazine de Charles Malo, La France littéraire, et pour le quotidien d'Émile de Girardin, La Presse. Dans ce journal, Gautier se charge d'abord de la critique d'art. On évalue à plus de deux mille le nombre des feuilletons et articles qu'il aurait rédigés pour ce journal. Un nombre restreint de ces articles est recueilli en volumes : Les Grotesques, L'Histoire des peintres, l’Art moderne, Les Beaux-Arts en Europe, l’Histoire de l'art dramatique depuis vingt-cinq ans, Trésors d'art de la Russie, Portraits contemporains, Histoire du romantisme, Souvenirs littéraires, etc. Tous ces articles sont allègrement écrits dans une langue nette, souple, impeccable et brillante. Gautier invente à sa manière une écriture de critique d'art qui ne vise pas seulement au jugement, à l'analyse, mais aussi à recréer la justesse du sentiment esthétique. Il cherche à rendre, au moyen de mots, la sensation visuelle, musicale produite par la perception directe de l'œuvre d'art. Cette tâche de chroniqueur l'occupe toute sa vie.
« J'ai travaillé à La Presse, au Figaro, à La Caricature, au Musée des Familles, à la Revue de Paris, à la Revue des Deux Mondes, partout où l'on écrivait alors. » Souvent pesante, cette besogne quotidienne ne l'empêche pas de faire du sport (de la boxe et du canotage) et de continuer à créer des œuvres poétiques et dramatiques. Ainsi en 1838 paraît La Comédie de la Mort, un recueil de poèmes assez différent des précédents où, sous l'influence de Shakespeare, Goethe et Dante, Gautier sculpte avec vigueur le spectre de la Mort.
En 1839, Gautier cède à la tentation du théâtre qu'il admire depuis toujours et écrit Une larme du diable puis Le Tricorne Enchanté et Pierrot Posthume. Ce sont des fantaisies, des pastorales féeriques, un théâtre lyrique, impossible et imaginaire qu'il fait vivre encore dans les livrets de plusieurs ballets, dont le plus célèbre est celui de Giselle, dansé le jour de ses 22 ans par la ballerine Carlotta Grisi à l'Opéra le 28 juin 1841, avec un succès prodigieux.
En juillet 1836, Gautier et Nerval effectuent un voyage en Belgique et en Hollande. Trois ans après, Gautier propose un feuilleton au journal « La Presse » : La Toison d'Or, une belle histoire d'amour romantique. Un récit paraîtra également dans le volume de 1865 : Loin de Paris.
Le 5 mai 1840, il part en compagnie d'Eugène Piot pour l'Espagne, qu'il connaît à travers les Contes d'Espagne et d'Italie d'Alfred de Musset et les Orientales de Victor Hugo. Son Voyage en Espagne, sorte de carnets d'impressions vigoureux, est marqué par la fraîcheur du regard, l'étonnement de la vision et le souci toujours exacerbé de la justesse du dire. Ces visions donnent lieu à de nouveaux vers, España, qui paraissent dans le recueil des Poésies complètes en 1845.
Ce premier voyage en amène bien vite d'autres. En 1845 c'est l'Algérie, en 1850 l'Italie, en 1852 la Grèce et la Turquie, en 1858 la Russie et en 1869 l'Égypte (envoyé par le Journal Officiel pour l'inauguration du canal de Suez). Chacun de ces voyages donne lieu à des publications : Italia, Constantinople, mais surtout ils nourrissent ses œuvres littéraires, romans, nouvelles ou poésies.
Très intéressé par la photographie, il devient membre en 1851 de la Société héliographique.
Dans la revue L’Artiste du 8 mars 1857, Théophile Gautier, tout en donnant un aperçu de l’exposition photographique de Paris, expose ses idées sur cette récente découverte. D’après lui, elle ne fera pas concurrence à la peinture et l’on reconnaît le style de chaque pays.
« On a prétendu que la photographie nuisait à l’art et en abaisserait le niveau. Jamais allégation ne fut plus dénuée de fondement. La photographie est au contraire la très humble servante, l’esclave dévouée de l’art ; elle lui prend des notes, elle lui fait des études d’après nature ; pour lui, elle se charge de toutes les besognes ennuyeuses et pénibles ; sa boîte sur le dos, elle parcourt la vallée et la montagne, le désert et la cité, le vieux monde et le nouveau monde, encapuchonnant sa tête du voile de lustrine noire à chaque beau site, à chaque édifice curieux, à chaque ruine racontant les secrets du passé ; au paysagiste, elle rapporte des groupes d’arbres, des entassements de roches bizarres, des lacs aux eaux diaphanes, des étangs endormis sous le manteau des plantes aquatiques, des chalets dans la montagne, des vagues déferlant sur la grève, et jusqu’à des archipels de nuages fixés avec leurs jeux de lumière ; à l’architecte et au décorateur, elle fournit des coupes, des élévations et des perspectives de monuments que ne saurait jamais égaler le lavis le plus habile et le plus poussé, des temples d’Égypte et de Grèce, des cathédrales romanes et gothiques… à l’érudit, elle apporte des panneaux hiéroglyphes copiés sans erreurs, des inscriptions d’une authenticité indiscutable ; car elle déchiffre tout couramment, cette photographie, accusée d’être stupide… pour le savant, elle représente, démesurément grossi et traversé de lumière électrique, l’infini de la petitesse que le microscope révèle comme le télescope l’infini de l’énorme… »
En 1840, Théophile Gautier se rend au théâtre de la Renaissance à Paris où se produit la ballerine Carlotta Grisi dont il rapporte la prestation avec quelque tiédeur. Un an plus tard, elle est à l'Opéra et le voilà conquis par sa grâce qu'il vante dans de nombreux articles critiques. Il la place au rang des plus grandes ballerines de son temps : « Elle rase le sol sans le toucher. On dirait une feuille de rose que la brise promène » ; il s’extasie sur ses pieds qui « feraient le désespoir d’une « maja » andalouse. ». Il tombe amoureux, elle devient sa muse et il lui vouera toute sa vie une admiration et une fidélité sentimentale sans faille. Tout le séduit chez elle ; outre son talent, il vante ses autres qualités : « son teint est d'une fraîcheur si pure, qu'elle n'a jamais mis d'autre fard que son émotion ».
Après le ballet Giselle et les Willis dont il écrit le livret pour elle avec Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges, sur une musique d'Adolphe Adam et une chorégraphie de Jean Coralli et Jules Perrot en 1841 — œuvre considérée comme l’apothéose du ballet romantique —, il conclut : « Ce rôle est désormais impossible à toute autre danseuse et le nom de Carlotta est devenu inséparable de celui de Giselle ».
C'est l'époque où une vive amitié s’installe alors entre Gautier et Carlotta, qui est fort probablement allée un peu plus loin lors d'une tournée à Londres pour la première de Giselle outre-Manche en 1842 et malgré la présence de l'amant d'alors, Jules Perrot ; Gautier et Carlotta rentrent ensemble en France.
Il écrit encore pour elle d’autres livrets de ballets dont La Péri en 1843, sur une musique de Friedrich Burgmüller, qui n'obtiendra pas le succès escompté, peut-être du fait de la controverse sur « l'apologie des mœurs orientales » dans la vague orientaliste de l'époque. Dans son poème « À une jeune italienne » de mars 1843, c'est à Carlotta que Gautier pense :
Février grelottait blanc de neige et de givre [...]
Tes yeux bleus sont encor les seules violettes,
Et le printemps ne rit que sur ta joue en fleur !
Gautier fréquente assidûment et discrètement le foyer de l'Opéra mais peu après, il semble alors avoir reporté son sentiment contrarié sur la cantatrice Ernesta Grisi (avec laquelle il aura deux filles), sœur aînée de Carlotta. Il se met en ménage avec Ernesta en 1844, afin de toujours figurer dans l'entourage familial de la danseuse. Même s'ils furent amants un temps, sa passion pour la ballerine recevra peu d'encouragements ; alors déjà à un âge avancé pour l'époque, quand Carlotta lui dit qu'elle l' « aime bien », il lui répond : « Que faut-il faire pour gagner tout à fait votre cœur. Quelle parole dire, quel philtre employer ? Il y a si longtemps que je vous aime ! N’attendez pas que je sois mort pour avoir pitié de moi... laissez-moi me figurer que je vous tiens entre mes bras contre mon cœur que j’aspire votre âme sur vos lèvres et que vous ne refusez pas la mienne ».
En 1845 et 1846, Carlotta reçoit la visite de Théophile Gautier accompagné d'Ernesta à Londres1. Au début des années 1850, l'écrivain amateur de voyages suit sa muse qui se produit en tant que Prima Ballerine dans les plus grands théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg en Russie.
Ce sentiment passionné de Gautier à l'égard de sa « chère âme » ne sera jamais démenti tout au long de sa vie et ce, jusqu'à sa mort, à travers des lettres qu'il signe souvent « votre esclave dévoué »: « quoique je ne puisse pas vous exprimer mes sentiments vous sentez que je vous aime, que je n’ai pas d’autre pensée que la vôtre, que vous êtes ma vie, mon âme, mon éternel désir, mon adoration que rien ne lasse et ne rebute et que vous tenez entre vos mains mon malheur et mon bonheur ».
La ballerine prend sa retraite en 1856 à Saint-Jean de Genève où elle élève sa fille que Théophile Gautier couvre d'attentions et de présents quand il ne lui rend pas visite.
En 1861, la famille de Gautier séjourne chez leurs sœur et tante Carlotta Grisi pendant que Gautier voyage en Russie. À son retour, leur amitié se ravive et s'entretient par le biais d'une relation épistolaire nourrie et d'un long séjour annuel donnant lieu à des rassemblements d'admirateurs de Gautier dans la villa de Saint-Jean où Gautier se plaint de n'avoir pas assez de temps en tête-à-tête avec elle. Il lui rappelle les images du passé où elle triomphait sur scène « Fraîche comme une fleur, légère comme un papillon, gaie comme la jeunesse, lumineuse comme la gloire... ». Il lui écrira jusqu'à ses derniers jours en 1872, elle âgée de 53 ans et lui de 61 ans, toujours avec passion et admiration, quémandant encore un regard, un baiser.
À côté de son travail de critique, qu'il poursuit au Moniteur universel, Gautier garde toujours une prédilection pour la poésie : elle demeure, comme en témoignent ses amis comme Émile Bergerat ou Maxime du Camp par exemple, sa passion, sa distraction, son exercice quotidien. Ainsi, le 17 juillet 1852, alors que Gautier est à Constantinople, paraît chez E. Didier la première version de Émaux et Camées, recueil qui jusqu'en 1872 s'enrichit de poésies nouvelles.
En 1857, après avoir quitté la rue de la Grange-Batelière (Paris), Gautier s'installe avec sa compagne, Ernesta Grisi (sœur de la ballerine Carlotta Grisi dont il sera l'amant), ses filles, Judith Gautier (qui épousera Catulle Mendès et sera la maîtresse de Victor Hugo) et Estelle (qui épousera Émile Bergerat), ainsi que ses deux sœurs, au no 32 rue de Longchamp à Neuilly-sur-Seine, dans une petite maison où il se plaît à recevoir ses amis : Baudelaire qu'il rencontre régulièrement (il n'ira pourtant pas à son enterrement), Dumas fils, Ernest Feydeau, Gustave Flaubert, Puvis de Chavannes ou encore Gustave Doré. La maison est endommagée durant la Commune de Paris (1871), Théophile Gautier vivant un temps à Versailles, avant de s'employer à rénover l'édifice la même année. Une plaque et un buste de l'écrivain par Carrier-Belleuse (autrefois disposé dans une niche sur la façade) rappellent ici sa mémoire.
De sa liaison avec Eugénie Fort, une très belle femme, plus jeune que lui et d'origine espagnole, il avait eu un fils, Théophile Gautier fils, né le 29 novembre 1836, qui suppléera son père plusieurs fois au Moniteur universel.
Lors des salons littéraires de la princesse Mathilde, dont il est nommé bibliothécaire, Gautier rencontre également des écrivains comme Taine, Sainte-Beuve, Prosper Mérimée, les Goncourt ; des peintres comme Paul Baudry, Gustave Boulanger, Jean-Léon Gérôme, Frédérique O'Connell qui fait son portrait en 1857; des sculpteurs comme Carpeaux ; des savants comme Claude Bernard, Pasteur ou Berthelot. À cette époque Gautier fait figure de chef d'école. Baudelaire se déclare son disciple (il lui dédie Les Fleurs du mal, le qualifiant de « poète impeccable »2), Théodore de Banville lui dédie ses vers.
En 1844 Théophile Gautier fonde le club des Hashischins avec Jacques-Joseph Moreau, club voué à l'étude du cannabis. Ce club sera fréquenté par de nombreux artistes de l'époque, dont Charles Baudelaire.
Élu en 1862 président de la Société nationale des Beaux-Arts, il est entouré d'un comité composé des peintres les plus prestigieux : Eugène Delacroix, Pierre Puvis de Chavannes, Édouard Manet, Albert-Ernest Carrier-Belleuse et Gustave Doré. Cette élection à un poste en vue provoque l'envie d'une partie des littérateurs moins connus et il échoue à être admis à l'Académie française, malgré quatre candidatures (en 1856, 1867, 1868 et 1869).
Profondément ému par les événements militaires de 1870, Gautier revient à Paris, où il finit ses jours, rongé par une maladie du coeur, mais conscient du devoir d'enseignement et d'exemple dont il est investi auprès des jeunes générations. Il est invité par Victor Hugo dans sa maison de Guernesey mais il est trop tard] et le 23 octobre 1872 dans la nuit, son cœur cesse de battre. Ses gendres, Catulle Mendès, considéré comme un homme de mauvaise vie par Gautier, et Emile Bergerat, sont témoins signataires de son acte de décès5.
Hugo, Mallarmé ou encore Banville lui rendent un dernier « toast funèbre ». Edmond de Goncourt relate son « enterrement pompeux » au cours duquel Dumas fils lira l'éloge funèbre. Il est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris, 3e division en bordure d’allée. Sa tombe sculptée par Cyprien Godebsky, est surmontée d’une Calliope, la muse de la poésie tenant palme et lyre et s'appuyant sur un écu à l'effigie de Gautier ; par le fait de son placement, ce monument est quasiment constamment dans l’ombre.