ALLEMAGNE / LES COMEDIAN HARMONISTS
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CHANTENT EN FRANCAIS / INTÉGRALE PARIS-BERLIN 1929-1937
Un talent aux multiples facettes
2 CD epm réédition

VOUS RECEVREZ UN BON D'ACHAT 10% À PARTIR DE 40 € DE COMMANDE

 
Intégrale des enregistrements à Paris & Berlin 1929-1937

Marc Monneray, et Alain Délot vous propose la première réédition des succès
du plus talentueux quintette vocal de l'avant guerre... Un coffret qui va
s'imposer comme LA RÉFÉRENCE en la matière.

CD 1

1 Les gars de la marine. 3'17"
2 Avoir un bon copain. 2'16"
3 La route du bonheur. 2'40"
4 Voila l'travail. 2'49"
5 Quand la brise vagabonde. 3'10"
6 Perpetuum mobile. 2'21"
7 Quand il pleut. 3'19"
8 Die Dorfmusik. 2'56"
9 Tout le jour, toute la nuit. 3'17"
10 Véronique, le printemps est là. 2'30"
11 Sansmännchen. 3'05"
12 Au revoir bon voyage. 2'52"
13 Ali-Baba. 3'14"
14 Amusez-vous. 2'12"
15 Sous le ciel d'Afrique. 3'17"
16 Creole love call. 3'37"
17 G'schichten aus der Wiener Wald. 4'11"
18 Avec les pompiers. 3'05"
19 Guitare d'amour. 3'16"
20 Tea for two. 2'36"
21 Der Onkel Bumba aus Kolumba Tanzt nur Rumba. 2'24"
22 Sonia. 2'50"
23 D'Ajaccio à Bonifacio. 3'12"

CD 2

1 Le barbier de Séville. 5'07"
2 Wir sind von kopf bis fruss auf Liebe Eingestellt. 2'49"
3 Natacha. 2'20"
4 Il pleut sur la route. 3'09"
5 An der schönen blauen Donau. 3'17"
6 Tabou. 2'55"
7 Espabilate. 2'47"
8 Humoresque. 2'41"
9 J'aime une tyrolienne. 2'21"
10 Sur un marché persan. 3'13"
11 Hofsänger serenade 3'08"
12 Il ne faut pas briser un rêve. 2'52"
13 Menuet. 3'16"
14 Si vous m'aimez en secret. 3'16" 
15 Liebeslied. 3'14"
16 Continental. 2'25"
17 Tarentella sincera. 3'18"
18 Les fenêtres chantent. 1'56" 
19 Marie-Marie. 2'36"
20 Qu'importe si tu pars. 2'49"
21 Whispering. 3'07"
22 Ohne dich. 3'10"

Avant même qu'ils ne paraissent sur une scène parisienne, les Comedian Harmonists avaient pris place chez nous parmi les vedettes du disque. Leur premier enregistrement en notre langue Les gars de la marine avait remporté un tel succès que chacun fredonnait l'air, sans même avoir vu le film d'où sortait la ritournelle : "Le Capitaine Craddock" (!), version française d'un "Bomben auf Monte-Carlo" tourné dans les studios berlinois. C'était en 1931. Il sied peut-être de remonter quelques années en arrière.
1927 : un jeune comédien-chanteur, ténor sans emploi, Harry Frommermann, séduit par le groupe vocal américain "The Revellers" (premiers enregistrements en 1925, tournée londonienne dès 1926), décide de former un groupe allemand comparable. A l'image de l'exemple américain, il pense à un quintette vocal avec piano et commence par écrire une quinzaine d'arrangements dans lesquels les voix prennent en charge l'accompagnement orchestral. Reste à recruter : Frommermann, qui à procédé par voie d'annonce pour rencontrer des "chanteurs âgés de moins de 24 ans", reçoit 70 candidatures. La première retenue est de premier choix : la basse Robert Biberti, fils d'un ténor italien de l'Opéra de Berlin, est déjà choriste dans une troupe de revue fameuse, dirigée par Erik Charell. Ceci ne va pas être sans conséquence. Biberti recommande le ténor bulgare Asparuch "Ari" Leschnikoff, ex-militaire dévoyé et le baryton d'opéra polonais Joseph Roman Cycowski. A son tour, Leschnikoff présente le très jeune pianiste Erwin Bootz, étudiant à l'Académie de musique de Berlin (arrangeur, "harmoniseur", il possède au surplus un beau brin de voix et en usera souvent)… qui suggère enfin un troisième ténor, Eric Abraham Collin.
La réaction en chaîne est terminée. Elle a réuni un bel éventail de talents et d'origines, bien à l'image de ce Berlin d'avant les années noires. C'est chez Asta Nielsen, "la Diva", que les cinq chanteurs répètent en secret, accompagnés au superbe Steinway de leur hôtesse. Ils s'acharnent pendant plus de six mois, s'efforçant à la perfection avant d'affronter le public. Une perfection qui n'aura pas l'agrément de la Deutsche Grammophon qui leur refuse un essai (So Blue et Jig Walk, deux titres qui situent bien l'orientation du quintette) le 10 mai 1928. Ils ont choisi de s'appeler les "Melody Makers". La Grammophon a tort : moins de trois mois plus tard le groupe vocal entre dans la carrière par la grande porte, ou plutôt par une grande porte à deux battants : Odeon, la célèbre firme de Carl Lindström, qui publie aussi Beka, Parlophon et Gloria, leur signe un contrat, tandis que le "Berliner Revue Köing", Erick Charell lui même, les incorpore dans son opérette à grand spectacle "Casanova" de Johann Strauss et Ralph Benatzky s'il vous plaît. Les six compères (car Bootz y chante aussi) occupent la scène au cours des trois intermèdes, costumés en musiciens ambulants vénitiens, bohémiens, espagnols. L'ambition est grande, le succès triomphal, la revue se jouera sept mois au Berliner Grossen Schauspielhaus. Charell, qui trouvait trop modeste un titre de "Faiseurs de mélodie" pour cet ensemble auquel il a confié les rôles d'une véritable troupe, leur conseille d'en changer. L'affiche annoncera les "Comedian Harmonists", et les étiquettes Odeon commenteront : "Die Deutschen Revellers". Leur carrière va recevoir une fois encore un utile coup de pouce, car c'est auprès d'Electrola, la branche allemande de His Master's Voice, que Charell a placé les airs de sa revue : le 28 août 1928, les "Comedian" y enregistrent les thèmes de deux tableaux, Spanisches intermezzo et iIalienisches intermezzo. Un an plus tard, ils quitteront Lindström pour signer un contrat avec H.M.V., cette firme britannique née du savoir-faire d'Emile Berliner. Ils y demeureront tout au long de leur carrière. Ils se sont organisés en véritable coopérative, ce que nos Frères Jacques sauront faire à leur tour vingt ans plus tard.
Désormais, cabarets et théâtre ne vont cesser de les accueillir. Au nouvel An 1929, ils sont les vedettes du Grand Théâtre de Cologne, puis ils chantent dans toutes les grandes villes d'Allemagne. Et ils enregistrent. En ce début des années 30, c'est, malgré "la crise", l'explosion du cinéma qui parle et qui chante. Dans la moitié au moins des films produits à Berlin et à Paris, le metteur en scène place quelques couplets. Les Comedian Harmonists jouent sur deux tableaux : ils participent à 12 films et ils enregistrent nombre des airs les plus célèbres des productions de la U.F.A., franchissant avec bonheur l'obstacle des langues : Das ist die liebe der Matrosen deviendra Les gars de la marine ou bien The way with every sailor. Un rien d'humour s'introduit, sinon dans les textes, au moins dans les titres : Wenn der Wind weht über das Meer, c'est notre romantique Quand la brise vagabonde ou le bref Over the blue d'Outre-Manche. On retrouvera ici des airs bien connus de films souvent oubliés : "La chanson d'une nuit" "Le chemin du Paradis", "Le vainqueur", "Un rêve blond", "Les bohémiens de la nuit", "Les nuits moscovites". La vente des disques atteint des sommets.
Dès 1930, Electrola leur suggère de transporter leur concerts dans les hauts lieux du "classique". L'idée est révolutionnaire : comment va réagir ce nouveau public aux chansons, succès de films ou de comédies musicales, qui constituent l'ossature de leurs prestations? Elargissez votre répertoire et adaptez à votre manière les airs populaires de grands compositeurs ou de grands moments du jazz ! En 1933, ils enregistrent leur premières "chansons sans paroles", Menuet de Boccherini, Creole love call de Duke Ellington (mais oui, en 1933!), Perpetuum mobile de Johann Strauss. Le public de la Berliner Philarmonie les applaudit ; le 19 octobre, à Paris, la salle Gaveau leur fait un triomphe. Ils en rapportent la photo dédicacée d'un jeune auditeur enthousiaste, elle est signée Yehudi Menhuin. Plus tard, ce sera la Reale Filarmonica romana.
Les enregistrements en français se multiplient tant à Paris qu'à Berlin.
Mais là, un certain Adolf Hitler occupe le devant de la scène. Frommermann, Collin et Cykowski sont juifs : les pressions pour que le groupe ne se produise plus en public deviennent sérieuses. Le 22 février 1935, la Reichsmusikkamer du Docteur Goebbels, présidée par Richard Srauss, interdit aux trois "aryens" de paraître sur scène avec "les juifs", le label "Comedian Harmonists" est interdit : "étranger" ! Le 1er mars, ils sont pour la dernière fois dans les studios d'Electrola pour enregistrer la Danse hongroise n°5 de Brahms et la Barcarolle d'Offenbach ; ils donnent leurs derniers concerts le 2 mars à Berlin, le 25 à Munich, puis ils se séparent. Au revoir bon voyage, du 9 novembre 1934, devient un titre prémonitoire.
Biberti, Leschnikoff et Bootz demeurent à Berlin où ils s'adjoignent deux ténors et un baryton pour relancer "Das Meister Sextett".
Les trois "non aryens" se fixent à Vienne et recrutent eux aussi trois nouveaux : Hans Rexeis, ténor, Rudolf Mayreder, basse, Ernst Engel puis Fritz Kramer, piano ; c'est ainsi que les "Comedian Harmonists" poursuivent leur carrière. De toute évidence, Paris les attire, ils y enregistrent en 1935 les succès du jour : Guitare d'amour, iI pleut sur la route, Il ne faut pas briser un rêve, ou ces airs dans lesquels ils excellent : Sur un marché persan, Ouverture du Barbier de Séville (on n'y mettra des paroles que beaucoup plus tard). Ces enregistrements rares, jamais réédités même au temps du microsillon, sont présents dans ce double compact. Les Comedian Harmonists sont aussi sur scène à Paris à l'A.B.C. aux côtés de Joséphine Baker, au Palladium de Londres, à Copenhague, à Vienne, au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Australlie et Nouvelle Zélande, en Afrique du Sud. L'Anschluss les chassera à nouveau, pour Londres cette fois. Ils y sont des fidèles de la B.B.C. depuis leur première émission le 11 avril 1936, ils enregistreront encore une dizaine de disques, la déclaration de guerre les séparera définitivement… Encore qu'en 1947, Frommermann et Collin tenteront une dernière résurrection des Comedian ; l'aventure ne durera que deux ans. Il en subsistera un disque enregistré à Zurich : The donkey serenade et You and the night and the music.
Eric Collin est décédé en 1961, Ari Leschnikoff avait regagné Sofia, Erwin Bootz, Hambourg après un long séjour au Canada, Biberti était resté à Berlin. Harry désormais Frohman, bien que devenu citoyen américain, était revenu à Brême. Seul Joseph Roman Cykowski s'était fixé définitivement aux Etats-Unis, kantor apprécié d'une synagogue de Palm Springs (Californie) célèbre dans la communauté juive américaine.
Alain Délot & Marc Monneraye
Remerciements à JohnW. Booth, rédacteur en chef de "Talking Machine Review" et à Ralf Harvey pour la communication d'une  correspondanc avec Harry Frohman.
Discographie :
enregistrements à Berlin : in "Die deutsche 78er discographie der Hot-Dance un Jazz-Musik, 1903-1958" - Horst H. Lange, Colloquium Velag Berlin, 2 erweiterte Auflage 1978.
•enregistrement en français : "The Comedian Harmonists in Paris" Alain Délot et Marc Monneraye, in "Talking Machine Revieux" n°89, 1995 (John W. Booth publisher).
 
UN TALENT AUX MULTIPLES FACETTES
Le quintette vocal, avec piano, des Comedian Harmonists, naît à la charnière des années 20 et 30. Leur répertoire sera l'un des miroirs de ces temps : en 1929 le jazz venu d'Amérique avec Jim Europe et son 369e d'Infanterie, a déjà fêté pour ce côté-ci de l'Atlantique son dixième anniversaire, 1929, le cinéma sonore vient de naître. Les exégètes qui ne vont pas manquer de se pencher sur l'histoire d'un certain septième art, frapperont d'ostracisme, hélas pour beaucoup plus de dix ans, la majorité de sa production : dans la décennie des années 30, plus de la moitié des films projetés en France parlent et chantent. Qu'on n'en cherche pas la cause dans les arcanes de la philosophie : si les artistes du muet vivent mal la révolution du parlant, ceux de la scène du music-hall, qui savent tout faire, parler, chanter, danser, sont prêts à jouer leur destin sur l'écran.
Les Comedian Harmonists, tout juste sortis de l'opérette à grand spectacle, vont mettre à leur répertoire, et sans coup férir, les chansons des films, quand le cinéma ne les invite pas à chanter sur les écrans. Voici donc une première facette de leur miroir. Avant que ne soient au point les techniques du doublage, on tourne à Berlin, dans les studios de la U.F.A., les films en deux ou trois versions, allemand, français, anglais, avec deux ou trois équipes qui se relaient sur les plateaux, mais dans lesquels les "grands" reviennent souvent plusieurs fois. Tout comme Lilian Harvey ou Jean Kiépura, les Comedian interprètent en trois langues. Ils chantent.
On retrouvera ici les inévitables Gars De La Marine qui naviguaient dans les eaux du "Capitaine Craddock", titre pas très heureux de la version française (Max de Vaucorbeil et Jean Boyer, 1931) d'un film de Hanss Schwartz "Bomben Auf Monte-Carlo". C'était leur premier enregistrement en notre langue. Retournez le disque pour un brin de nostalgie Quand La Brise Vagabonde, 250 000 exemplaires vendus en quelques mois. Dans "Le chemin du Paradis", Henri Garat, René Lefèvre et Jacques Maury inauguraient leur station-service, à vrai dire guère plus qu'une pompe à essence, en chantant Avoir un bon copain. Vaucorbeil et Boyer, encore, pour la v.f., Wilhelm Thiele pour la v.a. (version allemande) : "Die drei von der tankstelle", Berlin 1930, dans laquelle on entendait Ein Freund, ein guter Freund. D'autres chansons de films ne manqueront pas d'exciter notre curiosité. Voilà l'travail, tout comme La Route du bonheur illustraient un film dont il ne reste peut-être plus de copie intacte, "Le Vainqueur" de Hans Heinrich et Paul Martin ("Der Sieger", Berlin 1932), et pourtant Jean Murat, Pierre Brasseur et Adrien Le Gallo y donnaient la réplique à Kate de Nagy en personne ! Hofsänger Serenade, quelque chose comme "Les Chanteurs de cours" chers à la Miss et à Boucot et Marie-Marie, trouvaient leur place dans le dernier film (1931) du mystérieux Lupu-Pick (en allemand "Gassenhauer", en français "Les quatre Vagabonds"), Natacha vantait le charme d'Annabella dans Les Nuits moscovites d'Alexis Granowsky (1934). Sonia n'était pas là, elle dansait pourtant quelque chose de très russe. Puis ne voilà-t-il pas que les chemins des Comedian et de Joséphine baker se croisent Sous Le ciel d'Afrique, un air de l'invraisemblable "Princesse Tam-Tam", d'Edmond T. Gréville, dans lequel notre Joséphine joue le rôle d'une jeune Nord-Africaine, fausse princesse d'origine tunisienne nostalgique des Tropiques, courtisée par un maharadjah. Rien de plus. Sur le second CD : Espabilate, que d'aucuns disent issu d'une opérette jamais citée par les étiquettes. Le plus étonnant peut-être de cette aventure en bande son, c'est la présence d'un succès de Marlène, mis au pluriel pour l'occasion Wir sind von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt (Amoureux de la tête aux pieds) : imaginons nos chanteurs en Anges bleus ! Film encore "Gay Divorcee", le Continental et cette version française de Night ansdDay, Tout le jour, Toute la nuit, celle que chanta Damia.
Deuxième facette, les Comedian Harmonists interprètent des… "Romances sans paroles". Pour notre plaisir, ils deviennent les instruments de musique de Perpetuum mobile, de Creole Love Call, dès qu'ils viennent pour la première fois à Paris en octobre 1933. Le Menuet avait été enregistré un mois auparavant à Berlin. Le groupe en exil enregistrera dans la même veine l'ouverture du Barbier de Séville et le divertissant Sur un marché persan dans lequel nos derviches tourneurs, accompagnés d'une flûte, soulignent le rythme d'un seul mot.
Facette encore, antithèse de la précédente : paroles sur des airs célèbres. C'est un divertissement souvent pratiqué. On reconnaîtra Les Histoires de la forêt viennoise et Le beau Danube bleu (Johann Strauss), Humoresque (Dvorak), Chant d'amour, (Kreisler) et Le Marchand de sable de Brahms. Une prestation qui n'est pas dépourvue d'histoire : un premier enregistrement avait eu lieu à Vienne à la mi-avril 1936, publié sur His Master's Voice en compagnie d'un Im stiller Nachtt aussi célèbre. Les instruments de pressage, parvenus à Paris en mai, n'avaient jamais été utilisés pour un disque "Gramophone"… C'est ainsi que les Comedian furent invités à réenregistrer le premier titre dans les studios de la rue Albert (Paris) le 27 avril 1937. Mais ce sont les enregistrements autrichiens qui furent, in fine, tardivement inscrits au catalogue français de 1939 ! Vous entendrez ici un pressage-test de l'enregistrement parisien, jamais édité sur quelque support que ce soit.
Et les rythmes du jazz ou de la comédie musicale dans tout cela? Les voici. Avec des paroles françaises souvent, ce qui ne contribue peut-être pas au swing mais permet de chanter : Quand il pleut, Ohne dich, deux adaptations de Stormy weather créé par Ethel Waters au Cotton Club en 1933, Tea for Two, Whispering et les chansons de "Gay Divorcee".
Des air à la mode, Ali-Baba du temps de l'exposition coloniale, Tabou des Lecuona Cuban Boys, des airs d'opérettes Amusez-vous, ou de revues Véronique le printemps est là, Folies-Bergère dans "L'Usine à folies", des moments d'humour J'aime une Tyrolienne, à tel point que l'on se prend à regretter que les Comedian Harmonists ne se soient pas intégrés à l'un de ces orchestres chantants qui réjouirent, envers et contre tout, nos années 30/40 : Avec les pompiers, n'est-ce pas Fred Adison, et Die Dorfmusik (Fête villageoise), un véritable sketch à la Ray Ventura ? Des souvenirs lorsque nos cinq de la chanson (avec piano) piétinent avec un indiscutable plaisir les sentes de nos "crooners", de nos sussureurs vedettes : Guitare d'amour (sur une mélodie de l'allemand Schmidseder, d'ailleurs), DAjaccio à Bonifacio, Il pleut sur la route, Il ne faut pas briser un rêve, Qu'importe si tu pars, cela doit vous rappeler quelque chose.
Allons, versons un pleur. Au revoir, bon voyage, traversez ce miroir aux chansons, il vous reste encore d'autres titres à découvrir.
Marc Monneraye & Alain Délot
 
Bibliographie
Pour retrouver la chanson au cinéma :
Alain Lacombe : L'Ecranchanteur : le cinéma françaie et la chanson - L'Avant-Scène Cinéma n°369 - Paris, 1988.
Marion Vidal, Isabelle Champion : Histoire des plus célèbres Chansons du Cinéma. M.A. Edition - Paris, 1990.
Giusy Basile, Marc Monneraye : Le cinéma qui chante et le disque, in "Le Cinéma au Rendez-vous des arts; France, années 20 et 30". Bibliothèque Nationale de France - Paris, 1995.
Les enregistrement des Comedian Harmonists proviennent sans exception des 78 tours originaux des collections d'Alain Délot et Marc Monneraye.
 
Avant même qu'ils ne paraissent sur une scène parisienne, les Comedian Harmonists avaient pris place chez nous parmi les vedettes du disque. Leur premier enregistrement en notre langue Les gars de la marine avait remporté un tel succès que chacun fredonnait l'air, sans même avoir vu le film d'où sortait la ritournelle : "Le Capitaine Craddock" (!), version française d'un"Bomben auf Monte-Carlo" tourné dans les studios berlinois. C'était en 1931. Il sied peut-être de remonter quelques années en arrière. 1927 : un jeune comédien-chanteur, ténor sans emploi, Harry Frommermann, séduit par le groupe vocal américain "The Revellers" (premiers enregistrements en 1925, tournée londonienne dès 1926), décide de former un groupe allemand comparable. A l'image de l'exemple américain, il pense à un quintette vocal avec piano et commence par écrire une quinzaine d'arrangements dans lesquels les voix prennent en charge l'accompagnement orchestral. Reste à recruter : Frommermann, qui à procédé par voie d'annonce pour rencontrer des "chanteurs âgés de moins de 24 ans", reçoit 70 candidatures. La première retenue est de premier choix : la basse Robert Biberti, fils d'un ténor italien de l'Opéra de Berlin, est déjà choriste dans une troupe de revue fameuse, dirigée par Erik Charell. Ceci ne va pas être sans conséquence. Biberti recommande le ténor bulgare Asparuch "Ari" Leschnikoff, ex-militaire dévoyé et le baryton d'opéra polonais Joseph Roman Cycowski. A son tour, Leschnikoff présente le très jeune pianiste Erwin Bootz, étudiant à l'Académie de musique de Berlin (arrangeur, "harmoniseur", il possède au surplus un beau brin de voix et en usera souvent)… qui suggère enfin un troisième ténor, Eric Abraham Collin. La réaction en chaîne est terminée. Elle a réuni un bel éventail de talents et d'origines, bien à l'image de ce Berlin d'avant les années noires. C'est chez Asta Nielsen, "la Diva", que les cinq chanteurs répètent en secret, accompagnés au superbe Steinway de leur hôtesse. Ils s'acharnent pendant plus de six mois, s'efforçant à la perfection avant d'affronter le public. Une perfection qui n'aura pas l'agrément de la Deutsche Grammophon qui leur refuse un essai (So Blue et Jig Walk, deux titres qui situent bien l'orientation du quintette) le 10 mai 1928. Ils ont choisi de s'appeler les "Melody Makers". La Grammophon a tort : moins de trois mois plus tard le groupe vocal entre dans la carrière par la grande porte, ou plutôt par une grande porte à deux battants : Odeon, la célèbre firme de Carl Lindström, qui publie aussi Beka, Parlophon et Gloria, leur signe un contrat, tandis que le "Berliner Revue Köing", Erick Charell lui même, les incorpore dans son opérette à grand spectacle "Casanova" de Johann Strauss et Ralph Benatzky s'il vous plaît. Les six compères (car Bootz y chante aussi) occupent la scène au cours des trois intermèdes, costumés en musiciens ambulants vénitiens, bohémiens, espagnols. L'ambition est grande, le succès triomphal, la revue se jouera sept mois au Berliner Grossen Schauspielhaus. Charell, qui trouvait trop modeste un titre de "Faiseurs de mélodie" pour cet ensemble auquel il a confié les rôles d'une véritable troupe, leur conseille d'en changer. L'affiche annoncera les "Comedian Harmonists", et les étiquettes Odeon commenteront : "Die Deutschen Revellers". Leur carrière va recevoir une fois encore un utile coup de pouce, car c'est auprès d'Electrola, la branche allemande de His Master's Voice, que Charell a placé les airs de sa revue : le 28 août 1928, les "Comedian" y enregistrent les thèmes de deux tableaux, Spanisches intermezzo et iIalienisches intermezzo. Un an plus tard, ils quitteront Lindström pour signer un contrat avec H.M.V., cette firme britannique née du savoir-faire d'Emile Berliner. Ils y demeureront tout au long de leur carrière. Ils se sont organisés en véritable coopérative, ce que nos Frères Jacques sauront faire à leur tour vingt ans plus tard. Désormais, cabarets et théâtre ne vont cesser de les accueillir. Au nouvel An 1929, ils sont les vedettes du Grand Théâtre de Cologne, puis ils chantent dans toutes les grandes villes d'Allemagne. Et ils enregistrent. En ce début des années 30, c'est, malgré "la crise", l'explosion du cinéma qui parle et qui chante. Dans la moitié au moins des films produits à Berlin et à Paris, le metteur en scène place quelques couplets. Les Comedian Harmonists jouent sur deux tableaux : ils participent à 12 films et ils enregistrent nombre des airs les plus célèbres des productions de la U.F.A., franchissant avec bonheur l'obstacle des langues : Das ist die liebe der Matrosen deviendra Les gars de la marine ou bien The way with every sailor. Un rien d'humour s'introduit, sinon dans les textes, au moins dans les titres : Wenn der Wind weht über das Meer, c'est notre romantique Quand la brise vagabonde ou le bref Over the blue d'Outre-Manche. On retrouvera ici des airs bien connus de films souvent oubliés : "La chanson d'une nuit" "Le chemin du Paradis", "Le vainqueur", "Un rêve blond", "Les bohémiens de la nuit", "Les nuits moscovites". La vente des disques atteint des sommets. Dès 1930, Electrola leur suggère de transporter leur concerts dans les hauts lieux du "classique". L'idée est révolutionnaire : comment va réagir ce nouveau public aux chansons, succès de films ou de comédies musicales, qui constituent l'ossature de leurs prestations? Elargissez votre répertoire et adaptez à votre manière les airs populaires de grands compositeurs ou de grands moments du jazz ! En 1933, ils enregistrent leur premières "chansons sans paroles", Menuet de Boccherini, Creole love call de Duke Ellington (mais oui, en 1933!), Perpetuum mobile de Johann Strauss. Le public de la Berliner Philarmonie les applaudit ; le 19 octobre, à Paris, la salle Gaveau leur fait un triomphe. Ils en rapportent la photo dédicacée d'un jeune auditeur enthousiaste, elle est signée Yehudi Menhuin. Plus tard, ce sera la Reale Filarmonica romana. Les enregistrements en français se multiplient tant à Paris qu'à Berlin. Mais là, un certain Adolf Hitler occupe le devant de la scène. Frommermann, Collin et Cykowski sont juifs : les pressions pour que le groupe ne se produise plus en public deviennent sérieuses. Le 22 février 1935, la Reichsmusikkamer du Docteur Goebbels, présidée par Richard Srauss, interdit aux trois "aryens" de paraître sur scène avec "les juifs", le label "Comedian Harmonists" est interdit : "étranger" ! Le 1er mars, ils sont pour la dernière fois dans les studios d'Electrola pour enregistrer la Danse hongroise n°5 de Brahms et la Barcarolle d'Offenbach ; ils donnent leurs derniers concerts le 2 mars à Berlin, le 25 à Munich, puis ils se séparent. Au revoir bon voyage, du 9 novembre 1934, devient un titre prémonitoire. Biberti, Leschnikoff et Bootz demeurent à Berlin où ils s'adjoignent deux ténors et un baryton pour relancer "Das Meister Sextett". Les trois "non aryens" se fixent à Vienne et recrutent eux aussi trois nouveaux : Hans Rexeis, ténor, Rudolf Mayreder, basse, Ernst Engel puis Fritz Kramer, piano ; c'est ainsi que les "Comedian Harmonists" poursuivent leur carrière. De toute évidence, Paris les attire, ils y enregistrent en 1935 les succès du jour : Guitare d'amour, iI pleut sur la route, Il ne faut pas briser un rêve, ou ces airs dans lesquels ils excellent : Sur un marché persan, Ouverture du Barbier de Séville (on n'y mettra des paroles que beaucoup plus tard). Ces enregistrements rares, jamais réédités même au temps du microsillon, sont présents dans ce double compact. Les Comedian Harmonists sont aussi sur scène à Paris à l'A.B.C. aux côtés de Joséphine Baker, au Palladium de Londres, à Copenhague, à Vienne, au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Australlie et Nouvelle Zélande, en Afrique du Sud. L'Anschluss les chassera à nouveau, pour Londres cette fois. Ils y sont des fidèles de la B.B.C. depuis leur première émission le 11 avril 1936, ils enregistreront encore une dizaine de disques, la déclaration de guerre les séparera définitivement… Encore qu'en 1947, Frommermann et Collin tenteront une dernière résurrection des Comedian ; l'aventure ne durera que deux ans. Il en subsistera un disque enregistré à Zurich : The donkey serenade et You and the night and the music. Eric Collin est décédé en 1961, Ari Leschnikoff avait regagné Sofia, Erwin Bootz, Hambourg après un long séjour au Canada, Biberti était resté à Berlin. Harry désormais Frohman, bien que devenu citoyen américain, était revenu à Brême. Seul Joseph Roman Cykowski s'était fixé définitivement aux Etats-Unis, kantor apprécié d'une synagogue de Palm Springs (Californie) célèbre dans la communauté juive américaine. Alain Délot & Marc Monneraye Remerciements à JohnW. Booth, rédacteur en chef de "Talking Machine Review" et à Ralf Harvey pour la communication d'une correspondanc avec Harry Frohman. Discographie : • enregistrements à Berlin : in "Die deutsche 78er discographie der Hot-Dance un Jazz-Musik, 1903-1958" - Horst H. Lange, Colloquium Velag Berlin, 2 erweiterte Auflage 1978. •enregistrement en français : "The Comedian Harmonists in Paris" Alain Délot et Marc Monneraye, in "Talking Machine Revieux" n°89, 1995 (John W. Booth publisher). UN TALENT AUX MULTIPLES FACETTES Le quintette vocal, avec piano, des Comedian Harmonists, naît à la charnière des années 20 et 30. Leur répertoire sera l'un des miroirs de ces temps : en 1929 le jazz venu d'Amérique avec Jim Europe et son 369e d'Infanterie, a déjà fêté pour ce côté-ci de l'Atlantique son dixième anniversaire, 1929, le cinéma sonore vient de naître. Les exégètes qui ne vont pas manquer de se pencher sur l'histoire d'un certain septième art, frapperont d'ostracisme, hélas pour beaucoup plus de dix ans, la majorité de sa production : dans la décennie des années 30, plus de la moitié des films projetés en France parlent et chantent. Qu'on n'en cherche pas la cause dans les arcanes de la philosophie : si les artistes du muet vivent mal la révolution du parlant, ceux de la scène du music-hall, qui savent tout faire, parler, chanter, danser, sont prêts à jouer leur destin sur l'écran. Les Comedian Harmonists, tout juste sortis de l'opérette à grand spectacle, vont mettre à leur répertoire, et sans coup férir, les chansons des films, quand le cinéma ne les invite pas à chanter sur les écrans. Voici donc une première facette de leur miroir. Avant que ne soient au point les techniques du doublage, on tourne à Berlin, dans les studios de la U.F.A., les films en deux ou trois versions, allemand, français, anglais, avec deux ou trois équipes qui se relaient sur les plateaux, mais dans lesquels les "grands" reviennent souvent plusieurs fois. Tout comme Lilian Harvey ou Jean Kiépura, les Comedian interprètent en trois langues. Ils chantent. On retrouvera ici les inévitables Gars De La Marine qui naviguaient dans les eaux du "Capitaine Craddock", titre pas très heureux de la version française (Max de Vaucorbeil et Jean Boyer, 1931) d'un film de Hanss Schwartz "Bomben Auf Monte-Carlo". C'était leur premier enregistrement en notre langue. Retournez le disque pour un brin de nostalgie Quand La Brise Vagabonde, 250 000 exemplaires vendus en quelques mois. Dans "Le chemin du Paradis", Henri Garat, René Lefèvre et Jacques Maury inauguraient leur station-service, à vrai dire guère plus qu'une pompe à essence, en chantant Avoir un bon copain. Vaucorbeil et Boyer, encore, pour la v.f., Wilhelm Thiele pour la v.a. (version allemande) : "Die drei von der tankstelle", Berlin 1930, dans laquelle on entendait Ein Freund, ein guter Freund. D'autres chansons de films ne manqueront pas d'exciter notre curiosité. Voilà l'travail, tout comme La Route du bonheur illustraient un film dont il ne reste peut-être plus de copie intacte,"Le Vainqueur" de Hans Heinrich et Paul Martin ("Der Sieger", Berlin 1932), et pourtant Jean Murat, Pierre Brasseur et Adrien Le Gallo y donnaient la réplique à Kate de Nagy en personne ! Hofsänger Serenade, quelque chose comme "Les Chanteurs de cours" chers à la Miss et à Boucot et Marie-Marie, trouvaient leur place dans le dernier film (1931) du mystérieux Lupu-Pick (en allemand "Gassenhauer", en français "Les quatre Vagabonds"), Natacha vantait le charme d'Annabella dans Les Nuits moscovites d'Alexis Granowsky (1934). Sonia n'était pas là, elle dansait pourtant quelque chose de très russe. Puis ne voilà-t-il pas que les chemins des Comedian et de Joséphine baker se croisent Sous Le ciel d'Afrique, un air de l'invraisemblable "Princesse Tam-Tam", d'Edmond T. Gréville, dans lequel notre Joséphine joue le rôle d'une jeune Nord-Africaine, fausse princesse d'origine tunisienne nostalgique des Tropiques, courtisée par un maharadjah. Rien de plus. Sur le second CD : Espabilate, que d'aucuns disent issu d'une opérette jamais citée par les étiquettes. Le plus étonnant peut-être de cette aventure en bande son, c'est la présence d'un succès de Marlène, mis au pluriel pour l'occasion Wir sind von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt (Amoureux de la tête aux pieds) : imaginons nos chanteurs en Anges bleus ! Film encore "Gay Divorcee", le Continental et cette version française de Night ansdDay, Tout le jour, Toute la nuit, celle que chanta Damia. Deuxième facette, les Comedian Harmonists interprètent des… "Romances sans paroles". Pour notre plaisir, ils deviennent les instruments de musique de Perpetuum mobile, de Creole Love Call, dès qu'ils viennent pour la première fois à Paris en octobre 1933. Le Menuet avait été enregistré un mois auparavant à Berlin. Le groupe en exil enregistrera dans la même veine l'ouverture du Barbier de Séville et le divertissant Sur un marché persan dans lequel nos derviches tourneurs, accompagnés d'une flûte, soulignent le rythme d'un seul mot. Facette encore, antithèse de la précédente : paroles sur des airs célèbres. C'est un divertissement souvent pratiqué. On reconnaîtra Les Histoires de la forêt viennoise et Le beau Danube bleu (Johann Strauss), Humoresque (Dvorak), Chant d'amour, (Kreisler) et Le Marchand de sable de Brahms. Une prestation qui n'est pas dépourvue d'histoire : un premier enregistrement avait eu lieu à Vienne à la mi-avril 1936, publié sur His Master's Voice en compagnie d'un Im stiller Nachtt aussi célèbre. Les instruments de pressage, parvenus à Paris en mai, n'avaient jamais été utilisés pour un disque "Gramophone"… C'est ainsi que les Comedian furent invités à réenregistrer le premier titre dans les studios de la rue Albert (Paris) le 27 avril 1937. Mais ce sont les enregistrements autrichiens qui furent, in fine, tardivement inscrits au catalogue français de 1939 ! Vous entendrez ici un pressage-test de l'enregistrement parisien, jamais édité sur quelque support que ce soit. Et les rythmes du jazz ou de la comédie musicale dans tout cela? Les voici. Avec des paroles françaises souvent, ce qui ne contribue peut-être pas au swing mais permet de chanter : Quand il pleut, Ohne dich, deux adaptations de Stormy weather créé par Ethel Waters au Cotton Club en 1933, Tea for Two, Whispering et les chansons de "Gay Divorcee". Des air à la mode, Ali-Baba du temps de l'exposition coloniale, Tabou des Lecuona Cuban Boys, des airs d'opérettes Amusez-vous, ou de revues Véronique le printemps est là, Folies-Bergère dans "L'Usine à folies", des moments d'humour J'aime une Tyrolienne, à tel point que l'on se prend à regretter que les Comedian Harmonists ne se soient pas intégrés à l'un de ces orchestres chantants qui réjouirent, envers et contre tout, nos années 30/40 : Avec les pompiers, n'est-ce pas Fred Adison, et Die Dorfmusik (Fête villageoise), un véritable sketch à la Ray Ventura ? Des souvenirs lorsque nos cinq de la chanson (avec piano) piétinent avec un indiscutable plaisir les sentes de nos "crooners", de nos sussureurs vedettes : Guitare d'amour (sur une mélodie de l'allemand Schmidseder, d'ailleurs), DAjaccio à Bonifacio, Il pleut sur la route, Il ne faut pas briser un rêve, Qu'importe si tu pars, cela doit vous rappeler quelque chose. Allons, versons un pleur. Au revoir, bon voyage, traversez ce miroir aux chansons, il vous reste encore d'autres titres à découvrir. Marc Monneraye & Alain Délot Bibliographie Pour retrouver la chanson au cinéma : Alain Lacombe : L'Ecranchanteur : le cinéma françaie et la chanson - L'Avant-Scène Cinéma n°369 - Paris, 1988. Marion Vidal, Isabelle Champion : Histoire des plus célèbres Chansons du Cinéma. M.A. Edition - Paris, 1990. Giusy Basile, Marc Monneraye : Le cinéma qui chante et le disque, in "Le Cinéma au Rendez-vous des arts; France, années 20 et 30". Bibliothèque Nationale de France - Paris, 1995. THE COMEDIAN HARMONISTS Before even setting foot on a Parisian stage, the Comedian Harmonists were big stars in France by virtue of their recordings. Their first song in French, Les gars de la marine, had proved such an immense hit that it was on everybody’s lips — no matter whether or not people had seen the film from which it came, "Le Capitaine Craddock", French version of the Berlin-made "Bomben auf Monte Carlo". This was in 1931, but our story goes further back than that. In 1927, a young, unemployed actor-singer, a tenor by the name of Harry Frommermann, had been so fascinated by the American vocal group “The Revellers” (first recordings in 1925, London appearances in 1926) that he decided to form a similar group in Germany. Based on the American example, he had in mind a vocal quintet with piano backing, and he set about writing some fifteen arrangements in which the voices took care of the orchestral accompaniment. All he now had to do was recruit. Frommermann duly advertised for “singers below the age of 24” and received seventy replies. The first man he took on proved a vital choice, for bass Robert Biberti, son of a Berlin Opera Italian tenor, was already member of a famous show-business chorus directed by Erik Charell. A recruitment not without its consequences, for Biberti then recommended Bulgarian tenor Asparuch “Ari” Leschnikoff, ex-soldier in search of something different, and Polish baritone Joseph Roman Cykowski. Leschnikoff in turn introduced the very young pianist Erwin Bootz, a student at the Berlin Academy of Music (an arranger and “harmoniser”, he also had a pleasant voice of which he would often make use), and Bootz finally went on to suggest a third tenor, Eric Abraham Collin. The chain reaction was thus complete. Here was a fine array of talent from varying backgrounds, very much in the image of the artistically thriving Berlin of the day. It was at the home of prima donna Asta Nielsen that the five singers rehearsed in secret, accompanied by Bootz on their hostess’s magnificent Steinway. They worked doggedly for a full six months, determined to be perfect before appearing in public. But perfect they did not yet seem to the ears of the people at Deutsche Grammophon, who refused their test recording of 10 May 1928, So Blue and Jig Walk, two titles that admirably illustrate the orientation of the group. But DG’s judgment proved sadly wrong, for the “Melody Makers” (as they were now calling themselves) made a grand entry into the recording industry just three months later: Odeon, the famous firm headed by Carl Lindström that also had Beka, Parlophon and Gloria in its pack of labels, took them under contract. On top of which, the “Berliner Revue König”, Erik Charell himself, included the group in his operetta spectacular, Casanova, by Johann Strauss and Ralph Benatzky no less. The six men (for Bootz sang as well) were featured in three intermezzos, dressed as itinerant musicians, first Venetians, then Bohemians, then Spanish. The show was an ambitious one, its success enormous, and it played for seven months at the Berliner Grossen Schauspielhaus. Charell found the vocal group’s name too banal for such an ambitious enterprise, and they were thus billed as the “Comedian Harmonists”, while Odeon record labels referred to them as “Die Deutschen Revellers”. Their careers were now about to receive a further fillip in that Charell granted rights to the show’s tunes to Electrola, the German branch of His Master’s Voice. As a result, on 28 August 1928 the Harmonists made studio recordings of songs from two of the tableaux, the Spanisches Intermezzo and the Italienisches Intermezzo. A year later, the group left Lindström to join HMV, the British firm born of the savoir-faire of Emile Berliner. They would remain with the company for the rest of their existence, an existence they managed as a veritable co-operative. Henceforth, cabarets and theatres welcomed the Comedian Harmonists with open arms. At the New Year of 1929, they starred at the Grand Théâtre de Cologne, then toured major cities throughout Germany. And they recorded. By the outset of the 1930s, sound films were defying economic crisis to take the world by storm, and, in at least half the films shot in Berlin and Paris, the director would slip in a couple of vocal sequences. The Comedian Harmonists were thus able to benefit from two parallel openings, for in addition to taking part in twelve films they also had the opportunity to record many of the most famous tunes from the screen productions of the eminent UFA. Making light of the language barrier, they would transform songs at will, taking Das ist die Liebe der Matrosen, for example, and turning it into Les gars de la marine or The Way With Every Sailor. Indeed, they seemed to revel in playing with words and titles, Wenn der Wind weht über das Meer becoming the romantic French Quand la brise vagabonde or the curt English Over The Blue. The present album offers us numerous well-known tunes from films often long-since forgotten, among them "Le chemin du paradis", "Le vainqueur", "Un rêve blond", "Les bohémiens de la nuit" and "Les nuits moscovites". The Comedian Harmonists’ record sales were now at a peak, and as early as 1930 Electrola were suggesting they present their concerts in the venerable halls usually reserved for classical music. The idea was revolutionary, for how would this new public react to the popular songs or screen and musical-comedy hits that formed the backbone of the group’s performances? The Harmonists decided the answer was to expand their repertoire by adapting some of the most popular jazz and classical-music tunes to their own ends. By 1933, they were recording their first “songs without words”, Boccherini’s Menuet, Duke Ellington’s Creole Love Call and Johann Strauss’s Perpetuum Mobile. The audience at the Berliner Philharmonie responded warmly, while on 19 October at Paris’s Salle Gaveau the group scored a triumph. From Paris, they took home the signed photograph of a young enthusiast by the name of Yehudi Menuhin. It would not be long before the Harmonists were ready to tackle the Reale Filarmonica Romana. Meanwhile, their recording activities proliferated, both in Paris and Berlin. But at this point a certain Adolf Hitler began to take over front-stage. Frommermann, Collin and Cykowski were Jews, and there was now serious pressure to prevent the group from appearing in public. On 22 February 1935, Dr. Goebbels’ Reichsmusikkammer, presided by Richard Strauss, forbade the three “Aryans” from performing on the same stage as the “Jews”, and the Comedian Harmonists name was forbidden as “foreign”. By 1st March, the group was making its final visit to the Electrola studios, recording Brahms’ Danse hongroise No. 5 and Offenbach’s Barcarolle. The six men gave their final concerts on 2nd March in Berlin and 25 March in Munich, then split up. Their 9 November 1934 Au revoir, bon voyage had become a premonitory title. Biberti, Leschnikoff and Bootz remained in Berlin, where they added two tenors and a baritone to turn themselves into “Das Meister Sextett”. The three non-Aryans settled in Vienna, where they too took on three new cohorts: tenor Hans Rexeis, bass Rudolf Mayreder, and pianist Ernst Engel the Fritz Kramer. And they continued life as the Comedian Harmonists. These re-formed Harmonists had not lost a taste for Paris, where in 1935 they recorded a mix of hits of the day (Guitare d’amour, Il pleut sur la route, Il ne faut pas briser un rêve) and adapted classics (Sur un marché persan, Ouverture du Barbier de Séville, the words to which would come much later). These rare recordings, never reissued even during the LP era, are present in this 2-CD set. The Comedian Harmonists also pursued their international stage activities, appearing at the ABC in Paris with Josephine Baker, at the London Palladium, in Copenhagen and Vienna, then around the world in Canada, the USA, Latin America, Australia, New Zealand and South Africa. The “Anschluss” between Austria and Germany would then again oblige them to flee, this time to London. Here, following a first broadcast on 11 April 1936, they became regulars on the BBC, and also managed to make another ten or so records before the outbreak of war separated them for good. Or not quite for good, since in 1947 Frommermann and Collin made a last-ditch attempt to resurrect the Harmonists. But the adventure would not last beyond a couple of years, and only a single record, made in Zürich, resulted from their endeavours: a coupling of The Donkey Serenade and You And The Night And The Music. Eric Collin died in 1961, by which time Ari Leschnikoff had returned to Sofia and Erwin Bootz (after a long period of residence in Canada) to Hamburg, while Biberti had remained in Berlin. Harry Frommermann, henceforth Frohman, although by now an American citizen, had gone home to Bremen. Only Joseph Roman Cykowski had settled permanently in the USA, the much-appreciated cantor of a Palm Springs synagogue famous among the American Jewish community. Alain Délot & Marc Monneraye Thanks to : • John W. Booth, Editor-in-Chief of the Talking Machine Review. • Ralf Harvey, for providing us with correspondence with Harry Frohman. Discography: • Berlin recordings: Die deutsche 78er Discographie der Hot-Dance und Jazz-Musik, 1903-1958, Horst H. Lange, Colloquium Verlag Berlin, 2 erweiterte Auflage 1978. • Recordings in French: The Comedian Harmonists In Paris, Alain Délot and Marc Monneraye in the Talking Machine Review, No. 89, 1995 (published by John W. Booth). A Multifaceted Talent The Comedian Harmonists, a vocal quintet plus piano, were formed in the late 1920s, their repertoire mirroring the artistic climate of the times. In 1929, jazz, imported from America by Jim Europe’s 369th Infantry Regiment Band in 1917-18, had already celebrated its tenth European birthday, and sound films were becoming the rage of the day. Sound films that analysts eager to expose the virtues of what they called a “seventh art” would, alas, ostracise for more than ten years. No matter: in the 1930s, more than half the films projected in France both talked and sang. Hardly surprising, then, that while stars of silent films struggled to come to grips with talkies, their counterparts of stage and music-hall — with their ability to act, sing and dance — jumped at the opportunity to exploit the new medium. The Comedian Harmonists, who had just made their name in a musical spectacular, would instantly adapt to the changed situation not only by the obvious ploy of adding screen hits to their stage repertoire, but also by ensuring they too appeared on screen. Here, then, was a chance to demonstrate a first vital facet of their multifaceted talent. In these early days before dubbing techniques had been developed, UFA’s Berlin studios were shooting films in three different versions — German, French and English — using two or three different teams of actors. Some of the big names, however, managed to jump the language barrier and appear in two or even three versions. The Comedian Harmonists were among this élite band: they acted and sang in all three languages. We of course find here the inevitable Gars de la marine from "Le Capitaine Craddock", the clumsily titled French version (by Max de Vaucorbeil and Jean Boyer, 1931) of Hanss Schwartz’s film, "Bomben auf Monte Carlo". This was the Harmonists’ first recording in French. Turn the disc over and you find the nostalgic Quand la brise vagabonde, which sold 250,000 copies within a matter of months. In "Le chemin du paradis", Henri Garat, René Lefèvre and Jacques Maury inaugurated the opening of their service station, in fact little more than a petrol pump, by singing Avoir un bon copain. Once again, Vaucorbeil and Boyer had taken care of this French version, while Wilhelm Thiele had directed its German equivalent, the 1930 "Die Drei von der Tankstelle" that offered the same song as Ein Freund, ein guter Freund. Other songs from the screen can but arouse our curiosity. Voilà l’travail and La route du bonheur were sung in a film of which there probably remains not a single intact copy. And yet "Le vainqueur", by Paul Martin and Hans Heinrich ("Der Sieger", Berlin 1932), was a film that could boast the talents of Jean Murat, Pierre Brasseur, Adrien Le Gallo and Kate de Nagy, no less! Hofsänger Serenade and Marie-Marie were performed in the last film by the mysterious Lupu-Pick in 1931, entitled "Gassenhauer" in German and "Les quatre vagabonds" in French. Natacha boasted the charms of Annabella in Alexis Granowsky’s 1934 "Les nuits moscovites". Sonia was not there, but she danced something very Russian. The paths of the Harmonists and Josephine Baker crossed with Sous le ciel d’Afrique, a tune from Edmond T. Gréville’s quite preposterous "Princesse Tam-Tam", in which Josephine played the role of a young North African girl, a make-believe Tunisian princess nostalgic for the Tropics who finds herself courted by a maharajah! On the other side of the 78 is Espabilate, which some say comes from an operetta, although its title is never cited on the labels. Perhaps the most astonishing of the Harmonists’ screen adaptations is a Marlene Dietrich hit put into the plural for the occasion, Wir sind von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt (the English Falling In Love Again), from Joseph von Sternberg’s legendary 1930 "Der blaue Engel" (alias "The Blue Angel"). Yet another film, "Gay Divorcee", and we have theContinental and the French version of Night And Day, Tout le jour, toute la nuit. Revealing a second facet of their talent, the Comedian Harmonists sang what we might call “love songs without words”. Much to our delight, their voices become instruments for their renderings of Perpetuum mobile and Creole Love Call, recorded on their first trip to Paris in October 1933. They use the same technique on Menuet, cut in Berlin a month earlier. The exiled Harmonists would record further pieces in this same vein, witness the overture to the Barbier de Séville and the entertaining Sur un marché persan on which, accompanied by a flute, they emphasise the rhythm of a single word. A third facet of their art, the very antithesis of the second, was the way they often put words to well-known melodies. We thus recognise personalised versions of Histoire de la forêt viennoise and Le beau Danube bleu (Johann Strauss), Humoresque (Dvorak), Chant d’amour (Kreisler) and Le marchand de sable (Brahms). This last performance has quite a story attached to it. A first recording of the piece had been made in Vienna in mid-April 1936, and released on His Master’s Voice coupled with the equally famous Im stiller Nacht. The pressing parts were supplied to Paris in May, but Gramophone did not use them. The Harmonists’ were thus invited to re-record Le Marchand de sable in Paris on 27 April 1937. Despite which, it was the Austrian recordings that finally turned up in the French catalogue in 1939 ! We have nevertheless included here a test-pressing of the Parisian cut, never previously issued in any form. And the rhythms of jazz and musical comedy in all this? Here they are, too. Often with French words, which does nothing for the swing, but does add to the charm! Quand il pleut and Ohne dich are French and German adaptations of the renowned Stormy Weather, premiered by Ethel Waters at the Cotton Club in 1933. And we also have Tea For Two andWhispering, plus the songs from "Gay Divorcee". In addition to all of which, there are popular tunes of the day (Ali-Baba, from the time of the Colonial Exhibition, and the Lecuona Cuban Boys’ Tabou); tunes from operettas (Amusez-vous) or revues (Véronique, le printemps est là); and tunes so full of fun (J’aime une tyrolienne) that we begin to regret that the Comedian Harmonists never joined forces with those wonderfully entertaining variety bands of the 1930s and ‘40s. Is not Avec les pompiers typically Fred Adison? Or Die Dorfmusik unavoidably reminiscent of a Ray Ventura sketch? We are also subjected to romantic memories as the Harmonists tread the paths of our one-time favourite crooners, offering us their renderings of Guitare d’amour (based on a melody by the German composer, Schmidseder), D’Ajaccio à Bonifacio, Il pleut sur la route, Il ne faut pas briser un rêve and Qu’importe si tu pars. Come, let’s shed a nostalgic tear as we pass through this looking-glass of songs. Au revoir, bon voyage, for there’s more where all this came from. Marc Monneraye & Alain Délot Bibliography (relative to songs on screen): Alain Lacombe: L’Ecranchanteur : le cinéma français et la chanson — L’Avant-Scène Cinéma No. 369, Paris, 1988. Marion Vidal, Isabelle Champion: Histoire des plus célèbres chansons du cinéma — M. A. Editions, Paris, 1990. Giusy Basile, Marc Monneraye: Le cinéma qui chante et le disque, in Le cinéma au rendez-vous des arts; France, années 20 et 30, Bibliothèque Nationale de France, Paris, 1995. These recordings by the Comedian Harmonists have been transferred, without exception, from the original 78rpm records in the collections of Alain Délot and Marc Monneraye.

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