OFFENBACH / LA FILLE DU TAMBOUR MAJOR
R247
10,00 €
TTC
2 CD / LAFILLE DU TAMBOUR MAJOR / OPÉRA-COMIQUE DE JACQUES OFFENBACH / AVEC LINA DACHARY, CLAUDINE COLLART, WILLY CLEMENT / DIRECTION ORCHESTRE PIERRE TELLIER.
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La Fille du Tambour Major
Opéra-comique en 3 Actes et 4 Tableaux
Livret Alfred Duru et Henri Chivot
Musique de Jacques Offenbach
La distribution
Lina Dachary Stella
Claudine Collart Claudine
Deva Dassy La Duchesse
Renée Castille La Supérieure
Willy Clément Robert
Michel Hamel Griolet
Lucien Lovano Monthabord
Duvalex Le Duc
Jacques Pruvost Bambini
Genio Gregorio
Pierre Roi Le sergent Maurin
Orchestre de la radio Diffusion Française Direction Pierre Tellier
Paris 1955
Les enregistrements
CD1
ACTE I
1 Ouverture
2 Récitant
3 Reçois Sainte-Madone (Chœurs, Stella)
4 Prenez les grappes empourprées... (Stella)
5 Ce bruit... (Stella, Chœurs)
6 Dialogue
7 Par une chaleur aussi forte... (Chœurs, Robert, Griolet)
8 Nous courons tous après la gloire... (Chœurs, Robert)
9 Dialogue
10 Ce n'est pas un âne ordinaire... (Claudine, Chœurs)
11 Dialogue
12 De grâce ayez pitié de moi... (Stella, Robert, Chœurs)
13 Puisque je suis seule en ces lieux... (Stella, Robert, Chœurs)
14 Dialogue
15 Tout en tirant mon aiguille... (Griolet)
16 Dialogue
17 Puisque le couvert est mis... (Chœurs, Stella)
18 Depuis longtemps l'italien... (Stella, Tous)
19 Bravo ! Bravo ! ... (Griolet, Stella, Claudine, Chœurs)
20 Il était une grande princesse... (Claudine, Griolet, Chœurs)
21 On fait l'appel... (Robert, Monthabord, Stella, Chœurs)
22 Final (Le Duc, Bambibi, La Supérieure, Robert, Monthabord, Chœurs
CD2
ACTE II
1 Dialogue
2 Ah vraiment je te déclare ... (Stella)
3 Dialogue
4 C'est un billet de logement... (Giolet, Le duc, Robert, Monthabord)
5 Dialogue
6 Eh bien ! En voilà des manières... (Claudine, Chœurs)
7 Dialogue
8 Dansons et valsons... (Le Duc, La Duchesse, Monthabord, Chœurs)
9 Dialogue
10 Tenez, j'aurai de la franchise... (Stella, Robert)
11Dialogue
12 Le voilà ce bel uniforme... (Griolet)
13 Dialogue
14 Par devant M. le Notaire... (La Duchesse, Le Duc, Stella, Monthabord, Chœurs)
15 Quoi c'est ton père ?...
16 Stella, que prétendez-vous faire ?... (La Duchesse, Le Duc, Stella, Tous)
ACTE III
17 Dialogue
18 D'abord ma nièce... (Gregorio, Claudine, Robert, Chœurs)
19 Nous étions à Novare... (Claudine, Robert, Chœurs)
20 Dialogue
21 Un mariage s'apprête... (Clampas, Robert, Chœurs)
22 Écoutez !... Ces accents militaires...
(Robert, Claudine, Tous)
Argument
Acte I
Jardin d’un couvent à Biella.
Alors que ses consœurs prient, Stella une jeune pensionnaire, fille du duc Della Volta, revient du potager et leur partage son butin. C’est l’enthousiasme parmi les pensionnaires car Stella a réussi à se procurer une chanson interdite sur les Français qui libéreront l’Italie du joug des Autrichiens. Surprise par la prieure, Stella est punie et mise au pain sec et à l’eau. Arrive, affolé, Gregorio, le jardinier, annonçant que les français approchent : les occupantes décident de fuir au couvent de Santa-Maria tout proche.
Une compagnie de soldats français – parmi lesquels le tambour Griolet, le tambour-major Monthabor, le lieutenant Robert et Claudine, la vivandière – entre dans le couvent désert. Alors qu’ils cherchent un dîner, les soldats découvrent Stella. Rassurée par leur bonne figure elle les emmène vers le cellier, le potager et le poulailler promettant « de leur faire les honneurs du monastère ».
Griolet, ancien tailleur, retient Claudine pour laquelle il se meurt d’amour et à qui il promet un nouvel uniforme, mais celle-ci a bien décidé d’aimer Robert. Monthabor les met en garde contre le mariage, lui qui a divorcé, et dont la femme a disparu avec sa fille.
Entre alors le Duc Della Volta accompagné du marquis Bambini, il vient chercher sa fille Stella promise en mariage au marquis. Les soldats, partis au couvent Santa-Maria, reviennent avec les pensionnaires, et malgré les protestations de tous, Stella quitte le couvent emmené par son père et le marquis Bambini.
Acte II
Dans le palais du duc Della Volta à Novare. Alors que le duc et la duchesse préparent le mariage de Stella, arrivent Griolet, Monthabor et le lieutenant Robert muni d’un billet de logement. Fâché par l’accueil du duc, Monthabor, souhaite voir la duchesse qu’il reconnaît alors comme sa première femme. Après un moment d’hésitation, elle lui déclare que Stella n’est pas sa fille. Suspicieux, Monthabor tente, auprès de la malheureuse Stella, de faire renaître ses souvenirs d’enfance. Cette dernière découvre avec joie qu’elle est la fille de cet ancien teinturier aux mains « tantôt jaunes… tantôt bleues… ». Les invités arrivés, Stella, plutôt que de signer le contrat, se présente dans le costume de vivandière que Griolet a confectionné pour Claudine et affirme : « je suis mamzelle Monthabor, la fille du tambour-major ! ». Elle quitte précipitamment la maison avec les soldats français.
Acte III
Premier tableau – L’hôtellerie du Lion d’Or à Milan. Robert et Claudine se cachent dans une auberge de conspirateurs tenus par Clampas. Claudine, habillée en paysanne, les quitte pour aller en reconnaissance chez un ami « Rue Bonifacio, 27… » et voir s’il est possible de sortir de la ville. Arrive le duc Della Volta à la recherche de Stella, puis Griolet, en monsignor italien, Monthabor, en capucin et Stella en cocher. Les deux ecclésiastiques recueillent les confidences du duc et lui annoncent qu’ils ont vu une jeune personne ayant le signalement souhaitée « Rue Bonifacio, 27… » afin de l’éloigner. Arrive alors la duchesse qui confie au capucin – Monthabor – qu’elle aime encore son premier mari… Voulant les protéger, elle leur donne un sauf-conduit qui leur permettra de quitter la ville en sécurité. Robert est malheureusement arrêté.
Deuxième tableau – Une place à Milan. Le duc pense avoir retrouvé sa fille alors que c’est Claudine costumée qu’on lui amène. Il accepte de relâcher Robert en échange de la promesse de sa prétendue fille d’épouser le marquis. Robert, amoureux, dénonce cela et révèle sans le savoir que c’est Claudine qui est sous le voile. Heureusement, on entend le Chant du départ au loin : les Français entrent dans Milan. Stella peut épouser Robert, et Claudine se décide à accepter Griolet.
Jacques OFFENBACH Considéré avec Hervé, comme le « Père » de l’opérette, Jacques Offenbach a composé environ 120 œuvres théâtrales. Les puristes (et ils sont nombreux) se refusent à le considérer comme un compositeur d’opérette – genre mineur s’il en est -, et préfèrent associer à sa production les termes d’opéra bouffe, opéra-comique, voire opéra pour certains de ses ouvrages. Coup d’œil sur l’Artiste 1819 : Naissance de Jacques Offenbach, le 21 juin, à Cologne, fils d’un chantre de la Synagogue. 1833 : Arrivée à Paris et entrée au Conservatoire, classe de violoncelle. 1834 : Violoncelliste à l’Opéra-Comique. 1836 : Offenbach se produit dans les salons. Il compose valses et romances. 1839 : Echec de Pascal et Chambord. 1844 : Il épouse Herminie d’Alcain qui devait lui donner 5 enfants. 1847 : Compositeur-chef d’orchestre à la Comédie Française. 1855 : Sa première opérette Oyayaye ou La reine des Iles, anthropophagie musicale1855 à 1858 : Ouverture du Carré Marigny (triomphe des Deux Aveugles), puis directeur des Bouffes-Parisiens : Croquefer, Ba-Ta-Clan, Les deux Pêcheurs, Le Violoneux (début d’Hortense Schneider), Tromb-Al-Ca-Zar, Le mariage aux lanternes, Mesdames de la Halle : Offenbach est célèbre. 1858 : Orphée aux Enfers, la première grande opérette française. 1859 : Geneviève de Brabant (première version). 1860 : Offenbach est naturalisé français. Echec à l’Opéra-Comique de Barkouf. 1861 : Le Pont des Soupirs, La Chanson de Fortunio. 1863 : Lischen et Fritzchen (Ems). Il fait la connaissance de Zulma Bouffar. 1864 : La Belle Hélène (Variétés). 1866 : Barbe-Bleue (Variétés) et La Vie Parisienne (Palais-Royal). 1867 : La Grande Duchesse de Gérolstein (Variétés). Robinson Crusoé à l’Opéra-Comique. 1868 : La Périchole (Variétés). 1869 : Vert-Vert à l’Opéra-Comique, Les Brigands (Variétés). 1870/71 : La guerre franco-allemande et disgrâce d’Offenbach. 1871 : Offenbach se remet au travail. 1872 : Fantasio à l’Opéra-Comique. Offenbach part pour Vienne où il donne Le Corsaire Noir. 1873 : Triomphe à Paris de La fille de Madame Angot de Lecocq qui devient le « chef de file » d’une nouvelle école. Offenbach rentre à Paris : Les Braconniers, Pomme d’Api, La jolie Parfumeuse et Madame l’Archiduc. 1874 : Offenbach se ruine à la Gaîté avec La Haine et une nouvelle version d’Orphée aux Enfers. 1875 : La boulangère a des écus (Variétés), Le Voyage dans la lune (Gaîté). 1876 : Offenbach voyage en Amérique. 1878 : Madame Favart (Folies-Dramatiques). 1879 : La Fille du Tambour-Major (Folies-Dramatiques). 1880 : Mort d’Offenbach, le 5 octobre. 1881 : Triomphe, à l’Opéra-Comique, le 10 février, des Contes d’Hoffmann….
Jacques OFFENBACH
Jacques ou Jakob Offenbach est né en 1819 dans une famille juive, à Cologne dans la province de Juliers-Clèves-Berg, qui à cette époque faisait partie de la Prusse. Sa maison natale se trouve sur le Großer Griechenmarkt, proche de la place qui porte maintenant son nom, l'Offenbachplatz. Il est le deuxième fils des dix enfants d'Isaac Juda Offenbach né Eberst (1779-1850)5 et de son épouse Marianne, née Rindskopf (vers 1783-1840).
La rive gauche du Rhin étant devenue française par le traité de Bâle, Isaac, issu d'une famille de musiciens, abandonne son métier de relieur et gagne sa vie itinérante comme chantre dans les synagogues et violoniste dans les cafés. Il est connu sous le nom de der Offenbacher, d'après sa ville natale, Offenbach-sur-le-Main, près de Francfort-sur-le-Main. En 1808, en vertu du décret de Bayonne, il adopte Offenbach comme patronyme. En 1816, la rive gauche du Rhin ayant été donnée au royaume de Prusse par le congrès de Vienne, il s'établit à Cologne, où il devient professeur, donnant des leçons de chant, de violon, de flûte et de guitare, ainsi que de composition musicale.
Lorsque Jakob a six ans, son père lui apprend à jouer du violon. En l'espace de deux ans, le garçon compose des chansons et des danses. À neuf ans, il commence l'étude du violoncelle. Isaac est à ce moment le chantre permanent de la synagogue locale. Il peut se permettre de payer à son fils des leçons auprès du célèbre violoncelliste Bernhard Breuer. Trois ans plus tard, Jakob interprète ses propres compositions, dont les difficultés techniques impressionnent son maître. Avec son frère Julius (violon) et sa sœur Isabella (piano), Jakob joue en trio dans des salles de bal locales, des auberges et des cafés. Ils y interprètent de la musique de danse populaire et des arrangements d'opéras. En 1833, Isaac décide que les deux plus talentueux de ses enfants, Julius (alors âgé de 18 ans) et Jakob (14 ans), quitteront la scène musicale provinciale de Cologne pour étudier à Paris. Avec le soutien généreux des mélomanes locaux et de l'orchestre municipal, avec qui ils ont donné un concert d'adieu le 9 octobre, les deux jeunes musiciens, accompagnés de leur père, font un voyage de quatre jours à Paris en novembre 1833.
Isaac parvient à persuader le directeur du conservatoire de Paris, Luigi Cherubini, de faire passer une audition à Jakob. Mais l'âge et la nationalité du garçon étaient deux obstacles à l'admission. Cherubini avait déjà refusé plusieurs années auparavant l'admission de Franz Liszt, âgé de 12 ans, pour des motifs similaires, mais il accepte finalement d'entendre le jeune Offenbach. Il écoute son jeu et l'arrête en disant : « Assez, jeune homme, vous êtes maintenant un élève de ce Conservatoire ». Julius est également admis. Les deux frères adoptent des formes françaises de leurs prénoms, Julius devenant Jules et Jakob devenant Jacques.
Isaac espère obtenir un emploi permanent à Paris. Cela ne se réalise pas, et il retourne à Cologne. Avant de partir, il trouve un certain nombre d'élèves pour Jules. Les revenus modestes de ces leçons, complétés par les honoraires gagnés par les deux frères en tant que membres des chœurs de la synagogue, leur permettent de poursuivre leurs études. Au conservatoire Jules est un étudiant assidu. Il est diplômé et devient professeur de violon et chef d'orchestre connu. Il dirigera l'orchestre de son jeune frère pendant plusieurs années. En revanche, Jacques s'ennuie et part après un an, le 2 décembre 1834.
En quittant le conservatoire, Offenbach se libère de l'académisme sévère du programme de Cherubini, mais, comme l'écrit son biographe James Harding, « il était libre, lui aussi, de mourir de faim ». Il obtient quelques emplois temporaires dans des orchestres de théâtre avant d'occuper en 1835 un poste permanent de violoncelliste à l'Opéra-Comique. Il n'y est pas plus sérieux qu'il l'avait été au conservatoire, et se voit privé régulièrement de sa paye pour avoir fait des farces pendant les représentations. À une occasion, lui et le violoncelliste principal ont joué des notes alternées de la partition imprimée. Une autre fois, ils sabotent certains pupitres de leurs collègues pour les faire s'effondrer à mi-représentation. Néanmoins, les revenus de son travail d'orchestre lui permettent de prendre des leçons avec le célèbre violoncelliste Louis Norblin. Il fait une impression favorable sur le compositeur et chef d'orchestre Fromental Halévy, qui lui donne des leçons de composition et d'orchestration. Certaines des premières compositions d'Offenbach sont programmées par le chef à la mode Louis-Antoine Jullien. Offenbach et un autre jeune compositeur, Friedrich von Flotow, collaborent sur une série d'œuvres pour violoncelle et piano. Mais l'ambition d'Offenbach est de composer pour la scène, or il n'est pas programmé par les théâtres parisiens. Avec l'aide de Flotow, il se bâtit une réputation pour composer et jouer dans les salons à la mode.
Parmi les salons qu'il fréquente, il y a celui de la comtesse de Vaux. Il y rencontre Herminie d'Alcain (1827-1887), fille d'un général carliste. Ils tombent amoureux, mais il n'est pas encore dans une position financière assez brillante pour proposer le mariage. Pour étendre sa renommée et se faire connaître ailleurs qu'à Paris, il entreprend des tournées en France et en Allemagne. Il y interprète des œuvres d'Anton Rubinstein et, dans un concert dans sa Cologne natale, de Liszt. En 1844, probablement soutenu par des parents anglais d'Hérminie, il entreprend une tournée en Angleterre. Il est immédiatement engagé pour se produire avec certains des musiciens les plus célèbres de l'époque, y compris Mendelssohn, Joseph Joachim, Michele Costa et Julius Benedict. La presse britannique relate un concert prestigieux. L'Illustrated London News écrit : « Herr Jacques Offenbach, l'étonnant violoncelliste, s'est produit jeudi soir à Windsor devant l'empereur de Russie, le roi de Saxe, la reine Victoria et le prince Albert avec un grand succès ». L'utilisation de « Herr » plutôt que « Monsieur » reflète le fait qu'Offenbach reste un citoyen prussien. L'ambiguïté de sa nationalité lui causera plus tard des difficultés dans la vie.
Jacques Offenbach rentre à Paris avec une réputation et un compte en banque améliorés. Le dernier obstacle à son mariage avec Hérminie est d'ordre religieux. Il se convertit au catholicisme, avec la comtesse de Vaux comme marraine. On ne connaît pas la réaction de son père Isaac sur la conversion de son fils et l'abandon du judaïsme. Le mariage a lieu le 14 août 1844, la fiancée a 17 ans et lui 25. Le mariage durera toute leur vie et sera heureux, malgré quelques aventures extra-conjugales du mari. Après la mort d'Offenbach, un ami a dit qu'Hérminie « lui a donné du courage, a partagé ses épreuves et l'a réconforté toujours avec tendresse et dévotion ».
Revenant à Paris, Offenbach fréquente à nouveau les salons à la mode mais compose aussi de plus en plus. Il publie beaucoup de partitions, et certaines d'entre elles se vendent bien. Il écrit, joue et produit des burlesques musicaux pour les présenter dans les salons. Il amuse ainsi les 200 invités de la comtesse de Vaux avec une parodie du Désert de Félicien David. En avril 1846, il donne un concert où sept pièces d'opéra de sa propre composition sont créées devant un public comportant des critiques musicaux. Après quelques encouragements et quelques déceptions, il semble sur le point de se consacrer entièrement à la composition théâtrale, quand Paris subit la révolution de 1848, qui renverse Louis-Philippe dans une effusion de sang. Offenbach emmène précipitamment Herminie et leur fille récemment née, pour rejoindre sa famille à Cologne.
De retour à Paris en février 1849, Offenbach trouve les grands salons fermés. Il reprend son travail de violoncelliste et de chef occasionnel à l'Opéra-Comique. Il est cependant remarqué par le directeur de la Comédie-Française, Arsène Houssaye, qui le nomme directeur musical du théâtre, avec un mandat pour agrandir et améliorer l'orchestre. Début 1850, Offenbach compose des chansons et de la musique de scène pour onze drames classiques et modernes. Certaines de ses chansons sont devenues très populaires, et il acquiert une expérience précieuse dans l'écriture pour le théâtre. Houssaye écrira plus tard qu'Offenbach avait fait des merveilles pour son théâtre. Mais la direction de l'Opéra-Comique, cependant, ne lui commande rien.
Entre 1853 et 1855, Offenbach écrit trois opérettes en un acte et réussit à les monter à Paris. Elles sont bien reçues, mais les autorités de l'Opéra-Comique restent impassibles. Il est encouragé à continuer par le compositeur, chanteur et impresario Florimond Ronger, plus connu sous le nom d'Hervé. Dans son théâtre, les Folies-Nouvelles, qui avait ouvert l'année précédente, Hervé est le pionnier de l'opéra-comique français. Il accepte de présenter une nouvelle opérette en un acte sur un livret de Jules Moinaux avec la musique d'Offenbach, Oyayaye ou La reine des îles. Créée le 26 juin 1855, l’œuvre est bien reçue par la critique et le public. Le biographe d'Offenbach, Peter Gammond, la décrit comme « une charmante bêtise ». La pièce dépeint un contrebassiste, joué par Hervé, naufragé sur une île de cannibales et qui, après plusieurs périlleuses rencontres avec la cheffe des cannibales, s'échappe en utilisant sa contrebasse comme bateau. Offenbach décide de produire ses pièces dans son propre théâtre et abandonne l'idée de les voir à l'Opéra-Comique.
Offenbach choisit son théâtre : la salle Lacaze, sur l'avenue des Champs-Élysées. L'emplacement et le moment sont idéaux pour lui : Paris, entre mai et novembre, attend de nombreux visiteurs de France et de l'étranger pour l'Exposition universelle de 1855, et la salle Lacaze se situe à côté du site de l'exposition. Il écrit plus tard :
« Aux Champs-Élysées, il y avait un petit théâtre à louer, construit pour le magicien Lacaze mais fermé pendant de nombreuses années. Je savais que l'Exposition de 1855 amènerait beaucoup de monde à cet endroit. En mai, j'avais trouvé vingt commanditaires et le 15 juin j'ai obtenu le bail. Vingt jours plus tard, j'ai réuni mes librettistes et j'ai ouvert le Théâtre des Bouffes-Parisiens. »
Le théâtre est en effet « petit » : il ne peut accueillir qu'un auditoire de 300 places au maximum. Cependant, il convient bien pour les spectacles qu'on y joue : Offenbach se limite à trois voix dans les pièces en un acte. Avec un effectif aussi réduit, de grandes œuvres sont impossibles, et Offenbach, comme Hervé, présente des soirées de plusieurs pièces en un acte. Entre la délivrance de la licence et la soirée d'ouverture, le 5 juillet 1855, c'est un mois d'activités frénétiques. Pendant cette période, Offenbach doit équiper le théâtre, recruter des acteurs, l'orchestre et le personnel, trouver des auteurs pour écrire les livrets pour le programme d'ouverture et composer la musique. Parmi ceux qu'il recrute, il y a Ludovic Halévy, le neveu du premier mentor d'Offenbach, Fromental Halévy. Ludovic est un fonctionnaire respectable mais a aussi une passion pour le théâtre et un don pour le dialogue et les vers. Tout en poursuivant sa carrière dans la fonction publique, il collaborera (parfois sous des pseudonymes discrets) avec Offenbach dans 21 œuvres au cours des 24 années suivantes.
Halévy écrit le livret d'une des pièces du programme d'ouverture, mais l'œuvre la plus populaire de la soirée est écrite par Jules Moinaux : Les Deux Aveugles. C'est une comédie dans laquelle deux mendiants feignent la cécité. Pendant les répétitions, on a pu craindre que le public soit choqué par le sujet, mais l’œuvre obtient un franc succès. On la joue même à Vienne et à Londres. Cet été là, Le Violoneux révèle au public la cantatrice Hortense Schneider dans son premier rôle pour Offenbach. Âgée de 22 ans lorsqu'elle auditionne pour lui, elle est immédiatement engagée. À partir de 1855, elle est un des éléments clés des productions d'Offenbach auxquelles elle consacre la plus grande partie de sa carrière.
En 1855, les Champs-Élysées ne sont pas encore la grande avenue aménagée par le baron Haussmann dans les années 1860. C'est une allée non pavée. Le public qui afflue au théâtre d'Offenbach à l'été et à l'automne de 1855 ne désire pas s'y aventurer en hiver. Offenbach trouve un lieu plus approprié près du passage Choiseul : le théâtre des Jeunes Élèves, connu également sous le nom de salle Choiseul ou théâtre Comte. En partenariat avec son propriétaire, il y installe les Bouffes-Parisiens pour la saison hivernale. La compagnie retourne à la salle Lacaze pour les saisons d'été 1856, 1857 et 1859, se produisant à la salle Choiseul en hiver. En mars 1861, il abandonne les représentations à la salle Lacaze.
La première pièce d'Offenbach pour son nouveau théâtre est Ba-ta-clan (décembre 1855), une «chinoiserie» fort bien accueillie, sur un livret de Halévy. Suivent 15 autres opérettes en un acte au cours des trois années suivantes. Les distributions sont toujours très réduites, bien qu'à la salle Choiseul, on passe de trois à quatre chanteurs.
Sous la direction d'Offenbach, les Bouffes-Parisiens mettent en scène des œuvres de nombreux compositeurs. Parmi eux, Léon Gastinel et Léo Delibes. Quand Offenbach demande à Rossini la permission de monter sa comédie Il signor Bruschino, Rossini lui répond qu'il est heureux de pouvoir faire n'importe quoi pour le « Mozart des Champs-Élysées ». Offenbach, qui porte une vénération particulière à Mozart, a l'ambition de présenter Der Schauspieldirektor, un petit opéra comique en un acte. Il acquiert la partition à Vienne. Avec un texte traduit et adapté par Léon Battu et Ludovic Halévy, il le présente lors des célébrations du centenaire de Mozart en mai 1856 sous le nom de L'impresario. À la demande de l'empereur Napoléon III, la troupe exécute cette œuvre aux Tuileries peu de temps après la première aux Bouffes-Parisiens.
Dans un long article paru dans Le Figaro en juillet 1856, Offenbach retrace l'histoire de l'opéra comique. Pour lui, le premier ouvrage digne d'être appelé opéra comique est Blaise le savetier de Philidor, datant de 1759. Il disserte sur les différences entre les visions italienne et française à propos de l'opéra comique, comparant l'imagination et la gaieté des compositeurs italiens et l'intelligence, le bon sens, le bon goût et l'esprit des compositeurs français. Il conclut que l'opéra comique est devenu trop monumental. Cet article est un préliminaire à l'annonce d'un concours ouvert aux jeunes compositeurs. Un jury de compositeurs et de dramaturges français, comprenant Daniel-François-Esprit Auber, Fromental Halévy, Ambroise Thomas, Charles Gounod et Eugène Scribe, examine 75 partitions. Les cinq candidats présélectionnés sont invités à mettre en musique un livret, Le Docteur Miracle, écrit par Ludovic Halévy et Léon Battu. Les gagnants de ce concours sont Charles Lecocq et Georges Bizet, avec qui Offenbach se lie d'une amitié durable.
Bien que les Bouffes-Parisiens jouent régulièrement salle comble, le théâtre est constamment au bord de la faillite, principalement à cause de ce que son biographe Alexander Faris appelle « l'extravagance incorrigible d'Offenbach en tant que manager ». Un autre de ses biographes, André Martinet, écrit qu'il dépense l'argent sans compter, en costumes ou en renouvelant les velours de la salle. En outre, Offenbach est personnellement généreux et hospitalier. Pour rehausser les finances de la compagnie, on organise une saison à Londres en 1857. Une moitié de la troupe reste à Paris pour jouer à la salle Choiseul et l'autre moitié au St James's Theatre dans le West End de Londres.
En 1858, le gouvernement lève les restrictions sur le nombre d'artistes dans les spectacles, et Offenbach est enfin en mesure de présenter des travaux plus ambitieux. Sa première opérette, Orphée aux Enfers, est présentée en octobre 1858. Offenbach, comme d'habitude, dépense largement pour la production, avec des décors de Gustave Doré, des costumes somptueux, un casting de vingt protagonistes, un grand chœur et un orchestre.
La troupe est particulièrement à court d'argent à la suite d'une mauvaise saison à Berlin. Il est urgent d'obtenir un grand succès pour rémunérer les comédiens. Au début, la production est destinée à être un succès modeste. Une critique outragée de Jules Janin, le critique du Journal des Débats, fustige l'opérette pour profanation et irrévérence (ostensiblement à la mythologie romaine, mais en réalité à Napoléon et à son gouvernement, considérés comme les cibles de sa satire). Offenbach et son librettiste Hector Crémieux s'emparent de cette publicité gratuite et participent à un débat public animé dans les colonnes du quotidien parisien Le Figaro. L'indignation de Janin rend le public impatient de voir la pièce. Les recettes sont prodigieuses. Parmi ceux qui voulaient voir la satire de l'empereur, il y avait l'empereur lui-même, qui réserve une représentation en avril 1860. Malgré de nombreux succès pendant le reste de la carrière d'Offenbach, Orphée aux Enfers reste le plus populaire. Les raisons de son succès sont les valses qui rappellent Vienne mais avec une nouvelle saveur française, les chansons similaires aux patter songs, largement pratiqués par Gilbert et Sullivan Patter song (en), et par-dessus tout le cancan final.
En 1859, les Bouffes-Parisiens présentent de nouvelles œuvres de Flotow, Jules Erlanger, Alphonse Varney, Léo Delibes et Offenbach lui-même. Parmi les nouvelles pièces d'Offenbach, Geneviève de Brabant est la plus populaire.
Les années 1860 sont la décennie la plus réussie d'Offenbach. Au début de 1860, il reçoit la nationalité française par ordre personnel de Napoléon III, et l'année suivante, il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur. Il écrit son seul ballet, Le papillon, produit à l'Opéra en 1860. Parmi d'autres opérettes écrites la même année, il produit à l'Opéra-Comique une pièce en trois actes intitulée Barkouf. Ce n'est pas un succès. Sur une intrigue politique tournant autour d'un chien nommé premier ministre, Offenbach tente dans sa musique des imitations canines qui ne convainquent ni le public ni les critiques. La pièce ne connaît que sept représentations et son arrêt est lié à la censure.
Malgré tout, Offenbach, dans les années 1860, obtient de nombreux succès qui font oublier quelques échecs. En 1861, il se rend à Vienne pour une saison estivale. Il reçoit un accueil enthousiaste du public et des critiques. Il trouve Vienne fort à son goût. Il reprend, pour une seule soirée, son ancien rôle de virtuose du violoncelle lors d'un concert devant l'empereur François-Joseph Ier. Mais ce succès est suivi d'un échec à Berlin. Il retourne à Paris. On y joue Le pont des soupirs et Monsieur Choufleuri restera chez lui le...
En 1862, naît son fils unique, Auguste (mort en 1883). Il est le dernier de cinq enfants. La même année Offenbach démissionne de son poste de directeur des Bouffes-Parisiens, remettant le poste à Alphonse Varney. Il continue à écrire la plupart de ses œuvres pour ce théâtre, et des pièces occasionnelles pour la saison estivale à Bad Ems. En dépit de problèmes avec le livret, Offenbach écrit un opéra sérieux en 1864, Les Fées du Rhin (Die Rheinnixen), un fatras de thèmes romantiques et mythologiques. L'opéra a été présenté avec des coupures substantielles à l'Opéra de Vienne et à Cologne en 1865. Il n'a été repris qu'en 2002, dans son intégralité. Depuis lors, on en a donné plusieurs productions. Il contient un numéro, le Elfenchor, décrit par le critique Eduard Hanslick comme « charmant, attirant et sensuel », et adapté plus tard par Ernest Guiraud dans la Barcarolle des Contes d'Hoffmann. Après décembre 1864, Offenbach écrit moins souvent pour les Bouffes-Parisiens, et beaucoup de ses nouvelles œuvres sont créées dans des théâtres plus importants.
Entre 1864 et 1868,Offenbach écrit quatre de ses opérettes les plus connues : La Belle Hélène (1864), La Vie parisienne (1866), La Grande-duchesse de Gérolstein (1867) et La Périchole (1868). Henri Meilhac rejoint Halévy pour la rédaction des livrets. Offenbach, qui les appelait « Meil » et « Hal » dit de cette « trinité » : « Je suis sans doute le père, mais chacun des deux est mon fils et plein d'esprit ».
C'est Hortense Schneider qui joue le rôle titre de La Belle Hélène. Depuis ses premiers succès, elle devient une des stars de la scène musicale française. Elle a des exigences financières importantes et est notoirement capricieuse, mais Offenbach est persuadé qu'aucune autre chanteuse ne peut l'égaler dans le rôle d'Hélène. Les répétitions pour la création au théâtre des Variétés sont tumultueuses, et émaillées de disputes avec les autres protagonistes. La censure fustige la satire de la cour impériale, et le directeur du théâtre tente de freiner l'extravagance d'Offenbach en réduisant les dépenses. Une fois de plus, le succès de la pièce est, par inadvertance, assuré par le critique Janin. Son avis scandalisé est fortement contré par les critiques libéraux, et la publicité qui suivit amena de nouveau le public à venir en masse à ce spectacle.
Barbe-bleue est le premier succès de l'année 1866. La Vie parisienne, plus tard dans la même année, marque un nouveau départ pour Offenbach et ses librettistes. Pour la première fois dans une pièce de cette importance, ils choisissent un décor moderne, au lieu de déguiser leur satire sous un aspect classique. L'opérette n'a pas besoin d'un coup de pouce accidentel de la part de Janin, car elle est un succès instantané et prolongé auprès du public parisien. Dans sa biographie, Peter Gammond décrit le livret comme « presque digne de William S. Gilbert », et la partition d'Offenbach comme « certainement la meilleure jusqu'à présent ». La pièce met en vedette Zulma Bouffar, qui entame alors une liaison avec le compositeur qui durera au moins jusqu'en 1875.
En 1867, Offenbach obtient son plus grand succès avec La Grande-Duchesse de Gerolstein, satire du militarisme. La première a lieu deux jours après l'ouverture de l'Exposition universelle de 1867. Le public parisien et les visiteurs étrangers se précipitent pour assister à la nouvelle opérette. La royauté étrangère qui a vu la pièce comprend le roi de Prusse accompagné de son ministre Otto von Bismarck. Halévy, avec son expérience de haut fonctionnaire, voit clairement les menaces imminentes de la Prusse. Il écrit dans son journal : « Bismarck aide à doubler nos recettes, cette fois c'est la guerre à laquelle on rit, et la guerre est à nos portes ». La Grande-Duchesse de Gerolstein est rapidement suivie d'une série de pièces à succès : Robinson Crusoé, Geneviève de Brabant (version révisée, 1867), Le Château à Toto, Le pont des soupirs (version révisée) et L'Île de Tulipatan (1868).
En 1868, La Périchole marque une transition dans l’œuvre d'Offenbach. La satire est moins virulente, la partition est charmante. La critique n'apprécie pas ce changement, mais le succès public, dû en grande partie à Hortense Schneider, est immédiat. À la fin de la décennie, Les Brigands sont plus un opéra romantique. Bien accueilli lors de sa sortie, il est cependant moins populaire par la suite.
Offenbach revient précipitamment d'Ems et de Wiesbaden avant le déclenchement de la
guerre franco-prussienne de 1870. Il se rend ensuite chez lui à Étretat puis s'installe avec sa famille, à l'abri du conflit, à San Sebastián, dans le Nord de l'Espagne. Célèbre grâce à Napoléon III, Offenbach est immanquablement associé à l'ancien régime. On le surnomme « l'oiseau moqueur du Second Empire ». Lorsque l'empire s'effondre à la suite de la victoire écrasante de la Prusse à Sedan (1870), la musique d'Offenbach est en disgrâce. La France est traversée par des sentiments violemment anti-allemands, et malgré sa citoyenneté française et la Légion d'honneur, sa naissance et son éducation à Cologne le rendent suspect. Ses opérettes sont considérées comme l'incarnation de tout ce qui était superficiel et sans valeur dans le régime de Napoléon III. La Grande-Duchesse de Gerolstein est interdite en France à cause de sa satire antimilitariste.Alors que son public parisien l'abandonne, Offenbach devient très populaire en Angleterre. John Hollingshead, du Gaiety Theatre, présente ses opérettes à un public nombreux et enthousiaste. Entre 1870 et 1872, le Gaiety monte quinze de ses œuvres. Au théâtre royal, Richard D'Oyly Carte présente La Périchole en 1875. À Vienne aussi des œuvres d'Offenbach sont régulièrement produites. Tandis que la guerre et ses suites ravagent Paris, le compositeur supervise les productions viennoises et voyage en Angleterre en tant qu'invité du prince de Galles (le futur Édouard VII).
À la fin de 1871, la vie à Paris est redevenue normale et Offenbach met fin à son exil volontaire. Ses nouvelles œuvres Le Roi Carotte (1872) et La Jolie Parfumeuse (1873) sont modestement accueillies, mais les reprises somptueuses de ses premiers succès lui rapportent quelque argent. Il décide de reprendre la direction du théâtre et prend le contrôle du théâtre de la Gaîté en juillet 1873. Une nouvelle version d'Orphée aux enfers fait un triomphe, mais celle de Geneviève de Brabant se révèle moins populaire. Avec les coûts de productions extravagants, la collaboration avec le dramaturge Victorien Sardou aboutit à un désastre financier. Une production coûteuse de La haine de Sardou en 1874, avec la musique de scène d'Offenbach, ne réussit pas à attirer le public à la Gaîté, et Offenbach est contraint de vendre ses parts dans ce théâtre et d'hypothéquer les royalties futures. En 1875, Offenbach remporta un grand succès avec l'opéra féerie Le Voyage dans la Lune
En 1876 une tournée réussie aux États-Unis dans le cadre de l'exposition du Centenaire permet à Offenbach de récupérer une partie de ses pertes et de payer ses dettes. Commençant par un concert au Gilmore's Garden devant une foule de 8 000 personnes, il donne ensuite une série de plus de 40 concerts à New York et Philadelphie. Pour contourner une loi de Philadelphie interdisant les divertissements le dimanche, il déguise ses numéros d'opérette en pièces liturgiques et annonce un « Grand concert sacré de M. Offenbach ». « Dis-moi, Vénus » de La belle Hélène devient une litanie, et d'autres numéros tout aussi profanes sont présentés comme « prière » ou « hymne ». Les autorités locales ne s'y trompent pas, et le concert est annulé. Au Booth's Theatre de New York, Offenbach dirige La vie parisienne et La jolie parfumeuse. Il revient en France en juillet 1876.
Les opérettes tardives d'Offenbach ont connu une certaine popularité en France, en particulier Madame Favart (1878), qui raconte un complot imaginaire d'une actrice française célèbre, Justine Favart, et La Fille du tambour-major (1879), la plus réussie de ses opérettes des années 1870.
Accaparé par la composition de La fille du tambour-major, Offenbach a moins de temps pour travailler sur le projet qui lui tient particulièrement à cœur, la création d'un opéra sérieux. Depuis le début de l'année 1877, il travaille sur une pièce de théâtre, Les contes fantastiques d'Hoffmann, de Jules Barbier et Michel Carré. Il souffre de la goutte depuis les années 1860. On est souvent obligé de le porter dans le théâtre sur une chaise. En mauvaise santé, il est conscient de son état et espère passionnément vivre assez longtemps pour compléter l'opéra Les Contes d'Hoffmann. On l'entend même dire à Kleinzach, son chien : « Je donnerais tout pour assister à la première ». Malheureusement, Offenbach ne peut terminer la pièce. Il laisse une partition vocale pratiquement complète et a commencé l'orchestration. Ernest Guiraud, un ami de la famille, assisté par Auguste, le fils d'Offenbach âgé de 18 ans, complète la partition, mais apporte des changements significatifs ainsi que des coupures substantielles exigées par le directeur de l'Opéra-Comique, Carvalho. La première a lieu à l'Opéra-Comique le 10 février 1881. Guiraud ajoute des récitatifs pour la première de Vienne, en décembre 1881. D'autres versions seront réalisées plus tard.
Offenbach meurt à Paris au 8 boulevard des Capucines en 1880 à l'âge de 61 ans. La cause du décès est une insuffisance cardiaque provoquée par la goutte aiguë. On lui fait des funérailles d'État. Même le Times écrit : « La foule des hommes distingués qui l'ont accompagné lors de son dernier voyage, au milieu de la sympathie générale du public, montre que le regretté compositeur était compté parmi les maîtres de son art ».
Il est enterré au cimetière de Montmartre. Sa tombe, réalisée par Charles Garnier, est ornée d'un buste à son effigie dû au sculpteur Jules Franceschi