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PHILOCTETE / SOPHOCLE
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Pièce de : Jean-Pierre Siméon d'après Sophocle
Mise en scène : Christian Schiaretti
Avec : Laurent Terzieff, Johan Leysen, David Mambouch*, Christian Ruché, Julien Tiphaine* Olivier Borle*, Damien Gouy*, Clément Morinière* *comédiens de la troupe du TNP
Résumé
Parce que l’oracle a parlé : « L’arc et les flèches d’Héraclès sont indispensables pour triompher de Troie », Ulysse est contraint de reprendre la mer pour une mission fort délicate. Les fameuses armes sont en possession de Philoctète, lâchement abandonné il y a dix ans sur une île déserte. Ulysse peut à l’évidence conduire le navire à bon port, il sait aussi qu’il lui est impossible de réapparaître désormais devant Philoctète. La réussite de l’entreprise dépend donc de sa capacité à mettre sur pied une ruse. Néoptolème, âme digne et lumineuse, accepte de seconder Ulysse dans la mesure où ce dernier lui a présenté les choses de façon tout à fait acceptable, c’est-à-dire en occultant une grande partie de la réalité… Jean-Pierre Jourdain
Scénographie, accessoires : Fanny Gamet; costumes Thibaut Welchlin
Lumières Julia Grand / Son Pierre-Alain Vernette
Coiffures, maquillage : Claire Cohen
Création effets spéciaux : Kuno Schlegelmilch, création cuirasse et casques Daniel Cendron; directeur des combats Didier Laval
Répétitrice Maria Saltiri; conseiller littéraire Gérald Garutti; conseiller pour le son Pierre-Jean Horville régisseur général Nicolas Julliand; assistantes à la mise en scène Julie Duchènes, Laure Charvin-Gautherot; assistant à la scénographie Samuel Poncet assistante aux lumières Mathilde Foltier-Gueydan; stagiaires à la dramaturgie Jane Dziwinska,
CRITIQUES
LIBERATION
Laurent Terzieff, «Philoctète» d’or Par René Solis
C’est un drôle de pied de nez qu’adresse Laurent Terzieff aux spectateurs de l’Odéon. Un salut du vieux théâtre au nouveau, lancé par un gamin de 74 ans en pleine forme. Il faudrait dire à tous les apprentis comédiens qui, on le souhaite, vont se presser ces prochaines semaines aux représentations de Philoctète, que Terzieff est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire sur une scène : surtout pas ce jeu inspiré, ces mimiques redondantes, ces mains...
RUE 89
Jeu du corps et pouvoir des mots / Par Jean-Pierre Thibaudat
On l’attend. Mais au théâtre, qui attend-on au juste? On l'attend. Ulysse et le fils d’Achille, Néoptolème, ont chauffé la salle. Ils n’ont cessé de nous parler de lui. De cet homme au corps pourrissant (morsure de serpent) abandonné sur une île, dix ans auparavant, par Ulysse et ses compagnons, mais possédant l’arme nucléaire : un arc invincible. Il arrive enfin, venant du noir, tel un fantôme. C’est Philoctète.
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Sophocle (en grec ancien Σοφοκλῆς / Sophoklễs), né à Colone en -495 et mort en -406, est l'un des trois grands dramaturges grecs dont l'œuvre nous est partiellement parvenue, avec Eschyle et Euripide. Il est principalement l'auteur de cent vingt-trois pièces (dont une centaine de tragédies), mais dont seules huit nous sont parvenues. Cité comme paradigme de la tragédie par Aristote, notamment pour l'usage qu'il fait du chœur et pour sa pièce Œdipe roi, il remporte également le nombre le plus élevé de victoires au concours tragique des grandes Dionysies (dix-neuf), et n'y figure jamais dernier.
Son théâtre rompt avec la trilogie « liée » et approfondit les aspects psychologiques des personnages. Ses pièces mettent en scène des héros, souvent solitaires et même rejetés (Ajax, Antigone, Œdipe, Électre) et confrontés à des problèmes moraux desquels naît la situation tragique. Comparé à Eschyle, Sophocle ne met pas ou peu en scène les dieux, qui n'interviennent que par des oracles dont le caractère obscur trompe souvent les Hommes, sur le mode de l'ironie tragique.
Les détails de la vie de Sophocle sont connus, bien qu'assez mal, grâce à une compilation anonyme1, la Souda2 et aux mentions d'auteurs comme Plutarque de Chéronée ou Athénée3. Il est le fils d'un certain Sophilos et naît en 496 av. J.-C. selon la chronique de Paros4, ou en 495 av. J.-C. selon son biographe anonyme1, à Colone, village proche d'Athènes, où il situera sa dernière pièce Œdipe à Colone. Il reçoit une éducation très soignée, notamment en musique, où il profite des leçons du célèbre Lampros, et en gymnastique : à seize ans, il lui revient de conduire le chœur du triomphe de Salamine5,1.
Exact contemporain de Périclès, Sophocle connaît l'apogée athénienne, et participe à la vie politique : il est désigné parmi les hellénotames (trésoriers de la ligue de Délos) vers 443-442 av. J.-C., et parmi les stratèges à deux reprises, notamment en 440 av. J.-C. lors de l'expédition contre Samos1. À quatre-vingt-trois ans, il fait également partie des dix conseillers désignés après le désastre de Sicile.
Sophocle meurt en 406 ou 405 av. J.-C.. Il est le père de Iophon, fils de l'athénienne Nicostrata, et d'Ariston, fils de la sicyonienne Thoris1. Suidas mentionne trois autres fils : Léosthénès, Stéphanos et Ménécléidès2. Ariston est le père de Sophocle le Jeune, également doué pour la tragédie, sous les soins de qui est représentée la dernière pièce de son grand-père, Œdipe à Colone, en 401 av. J.-C.
La carrière d'auteur tragique de Sophocle débute au plus tôt en 468 av. J.-C.. Cette année-là, la trilogie dont fait partie son Triptolème est couronnée du premier prix, notamment devant Eschyle. Sophocle est le rival de ce dernier pendant douze ans, avant qu'Euripide le concurrence à son tour dès 455 av. J.-C.
Sophocle est l'auteur de cent vingt-trois tragédies, ainsi que des drames satyriques. La plupart ont été perdues : cent quatorze titres sont parvenus jusqu'à notre époque, mais seulement sept pièces, ainsi que les fragments importants du drame satyrique Les Limiers, retrouvés en 1912. Sophocle remporte en 468 av. J.-C. sa première victoire, pour la trilogie dont fait partie Triptolème, battant Eschyle. Il remporte en tout dix-huit victoires aux grandes Dionysies (auxquelles il ne figure jamais dernier), et six autres aux Lénéennes, pour un total de vingt-quatre victoires, inégalé dans la Grèce classique1. Il remporte la dernière en 409 av. J.-C., à quatre-vingt-sept ans, pour Philoctète7. Seules trois des pièces de Sophocle qui subsistent sont datées avec certitude : Antigone (442 av. J.-C.), Philoctète (409 av. J.-C.) et Œdipe à Colone (représentation posthume en 401 av. J.-C.).
On peut remarquer que sur les pièces subsistantes, trois concernent directement le cycle thébain (Antigone, Œdipe roi et Œdipe à Colone), trois concernent le cycle troyen (Ajax, Électre et Philoctète), la dernière étant consacrée à Héraclès (Les Trachiniennes). Mais une étude sur la récurrence des thèmes mythiques chez Sophocle devrait également prendre en compte les pièces perdues.
Outre ses pièces, Sophocle est l'auteur d'œuvres diverses, comme une ode à Hérodote ou, selon Plutarque, un traité Sur le chœur (Περὶ χοροῦ), dans lequel il discourait sur son propre style et son évolution. On lui attribue aussi un péan pour Asclépios, dont Sophocle participa à introduire le culte.
Ajax
Peut-être représentée vers 445 av. J.-C.12, ce qui en ferait la plus ancienne des pièces de Sophocle conservées13, Ajax (Αἴας / Aias) relate l'épisode de la folie d'Ajax : le guerrier a massacré le bétail de l'armée en croyant assassiner les chefs Atrides. Devant le chœur des marins de Salamine, Ajax revenu à ses esprits, désespéré, refuse la consolation de sa compagne Tecmesse, exhorte son fils Eurysaquès à l'honneur et annonce qu'il va se purifier. Il se suicide sur la scène même, seulement caché par un buisson. Ses proches constatant sa mort se lamentent, et Agamemnon accepte sur les supplications de Teucros la sépulture d'Ajax.
Antigone
Antigone (Ἀντιγόνη / Antigónê) est datée avec précision de 442 av. J.-C.6. Pour avoir enterré son frère rebelle Polynice, tué dans sa lutte avec son frère Étéocle, Antigone qui a enfreint le décret de Créon doit être punie de mort. Le tyran refuse de revenir sur sa décision malgré les lamentations du chœur des vieillards de Thèbes et les supplications de son propre fils Hémon, fiancé d'Antigone. Seuls les présages de Tirésias le font changer d'avis, mais il est trop tard : Antigone s'est suicidée. Hémon l'imite bientôt, suivi d'Eurydice, l'épouse de Créon.
Cette pièce a inspiré de nombreux artistes, notamment Cocteau et Anouilh.
Les Trachiniennes
De datation imprécise mais considérée comme l'une des plus anciennes tragédies de Sophocle, Les Trachiniennes (Tραχίνιαι / Trakhíniai) a pour sujet la mort d'Héraclès. À Trachis, sa femme Déjanire, prévenue par son fils Hyllos du retour d'Héraclès, mais inquiète de voir ce dernier devancé par la jeune Iole pour laquelle il brûle, elle fait envoyer par le messager Lychas une tunique trempée dans le sang du centaure Nessos. Pensant ainsi se garantir l'attachement d'Héraclès elle tue en fait ce dernier. Apprenant l'événement, elle se suicide alors que son époux arrive à Trachis et, entendant de la bouche d'Hyllos la nouvelle de cette mort, ce dernier comprend qu'il meurt par la ruse d'un mort, Nessos, comme l'avait prédit un oracle.
Œdipe roi
Modèle, chef-d'œuvre d'ironie tragique, Œdipe roi (Οἰδίπoυς τύραννoς / Oidípous Tyrannos)14 serait antérieur à 425 av. J.-C., objet d'une brève citation dans Les Acharniens d'Aristophane, et postérieur à l'épidémie athénienne de peste de 430-429 av. J.-C., la pièce en rappelant probablement le souvenir15. À Thèbes ravagé par la peste, Œdipe devenu roi cherche à connaître l'identité du meurtrier de Laïos, cause de la malédiction. Le devin Tirésias, sollicité, apprend la terrible vérité à Œdipe, meurtrier de son père et époux de sa mère Jocaste, mais celui-ci n'y voit qu'une injure inspirée par Créon. Des révélations successives viennent pourtant étayer la révélation, et Œdipe doit admettre qu'en tentant de déjouer l'oracle, il n'a fait que l'accomplir. La pièce s'achève sur le suicide de Jocaste et l'apparition d'Œdipe mutilé après s'être crevé les yeux, le visage ensanglanté, réclamant l'exil car il veut mourir.
Électre
La question de l'antériorité entre l’Électre de Sophocle (Ἠλέκτρα / Êléktra) et celle d'Euripide reste ouverte16,17. Reprenant le thème des Choéphores d'Eschyle (et conservant le chœur de jeunes femmes), Sophocle décrit le retour à Mycènes d'Oreste, vengeur de son père Agamemnon. Il y retrouve sa sœur Électre, qui attend son retour avec un désespoir grandissant et envisage d'accomplir elle-même la vengeance. La scène de reconnaissance intervient dans le dernier épisode et le meurtre de Clytemnestre, puis celui d'Égisthe, sont accomplis en exodos.
Philoctète
Précisément daté de 409 av. J.-C., le Philoctète (Φιλοκτήτης / Philoktḗtēs) remporte cette année-là le premier prix7. Chargé par Ulysse de ramener à Troie Philoctète, blessé et abandonné jadis par Ulysse et les Atrides sur une île déserte, et son arc, le jeune Néoptolème, fils d'Achille, est confronté à un choix moral délicat. Sa mission est indispensable selon l'oracle, mais le jeune homme ne peut se résoudre à trahir le malheureux. Néoptolème rend l'arc après l'avoir volé, et tente de procéder par la persuasion honnête ; mais Philoctète entêté refuse de le suivre et de pardonner aux Atrides, bien qu'il lui fût garanti que sa blessure serait soignée à Troie. C'est l'apparition d'Héraclès qui vient sauver la situation et faire changer Philoctète d'avis.
Œdipe à Colone[modifier | modifier le code]
Pièce jouée à titre posthume en 401 av. J.-C. par les soins du petit-fils de Sophocle, Sophocle le Jeune, et premier prix cette année-là18, Œdipe à Colone (Οἰδίπoυς ἐπὶ Κολωνῷ / Oidípous epì Kolônỗi) décrit l'arrivée du réprouvé, aveugle et maudit, à Colone, près d'Athènes. Rejeté, ne pouvant compter que sur ses filles Antigone et Ismène, il s'efforce de se disculper des crimes dont on l'accuse. Œdipe doit aussi défendre sa liberté face à ses fils : Créon, envoyé par Étéocle, vient pour se saisir de lui et de ses filles, mais l'aide précieuse de Thésée, roi d'Athènes, les sauve. Puis c'est Polynice qui vient quémander son soutien pour la guerre des sept qui se prépare. Rejetant ses fils, Œdipe se prépare à mourir : accompagné de Thésée, il disparaît en un lieu secret en promettant sa protection à Athènes. À l'appel des dieux, le maudit est élevé au rang des héros.
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