.Né à Paris le 21 janvier 1920 d'Alice Lamoureux et de père inconnu (pourtant comme il le dit dans son livre de souvenirs, "ma mère connaissait parfaitement mon père"), Robert Lamoureux passe son enfance à Paris puis à Saint-Mandé où grand-père Félix est horticulteur. Maman Lamoureux travaille comme receveuse de tramway tandis que le petit Robert s'ennuie ferme à l'école. A l'âge de 14 ans, certificat d'études en poche, il entre dans la vie active et exerce une kyrielle de petits métiers (plongeur, maçon, moniteur, porteur aux Halles…). C'est peut-être de ces diverses expériences qu'il gardera cette verve gouailleuse avec ce supplément de fleur bleue qui pousse dans certaines banlieues.
Après la guerre, on retrouve notre héros en Algérie où il est comptable dans les houillères du sud orannais. C'est là qu'il écrira ses premiers poèmes et chansons. De retour à Paris, il devient réparateur de machines à écrire. C'est ainsi qu'un beau jour de septembre 1948 il se trouve aux Editions Musicales Maurice Vandair. Dans sa serviette, entre les prospectus concernant les machines à écrire, il a glissé quelques uns de ses textes. Il les montre sans trop y croire à Georges Helian (Le frère de Jacques) qui se trouve là. Celui-ci les présente à sa sœur, madame Legrand, elle aussi éditeur. Tous deux semblent séduits par les œuvres du réparateur de machines mais lui conseillent d'écrire des chansons "plus Parisiennes". Le soir même, Lamoureux écrit alors une chanson qui a pour titre Métro. Emballé l'éditeur la propose à Yves Montand qui l'enregistrera peu de temps après. La chanson n'aura pas de succès mais avoir Montand comme interprète pour un auteur débutant c'est une jolie carte de visite. Par la suite, ses chansons seront interprétées par André Dassary, Maurice Chevalier, Mouloudji, Patachou…
Sa gouaille, sa voix éraillée, ses formules ("Y'en a j'vous jure") font mouche. Ses monologues racontent avec humour la vie quotidienne de ses contemporains, le public s'y reconnaît et lui réserve à chaque fois un accueil triomphal. A l'aube des années 50, Robert Lamoureux devient l'humoriste numéro 1 que les Français attendaient après les années noires de l'occupation.
En ce temps-là, la télévision n'était pas encore présente dans les foyers français. C'est la T.S.F. (le gros poste en merisier) que la France entière découvre hilare, les facéties de notre ex-réparateur de machines à écrire. Robert Lamoureux devient un pilier de la radio des années 50.
Les émissions se font en direct et en public. Et il faut de l'inédit chaque jour. Parfois l'inspiration tarde à venir. Ainsi un jour, peu de temps avant l'enregistrement d'une émission, dans l'urgence (et sur l'insistance d'Henri Kubnick), il s'enferme dans les toilettes pour écrire une chanson qu'il interprétera quelques minutes plus tard. Son titre : Papa, Maman, le bonne et moi. Un triomphe! Le stetch sera régulièrement diffusé sur les ondes entre le Cerisier rose de Claveau et la Chanson Douce de Salvador. Portrait humoriste et tendre d'une famille de français moyens, le succès sera tel que Jean-Paul le Chanois en fera un film (sur un scénario signé Marcel Aymé et Pierre Very) avec Gaby Morlay, Fernand Ledoux, Nicole Courcel, Louis de Funés et… Robert Lamoureux.
Plus tard, il y aura La chasse au canard ("et le canard était toujours vivant") qui fera aussi les beaux jours de la TSF . Mais ces deux grands succès ne doivent pas occulter des chansonnettes telles que "Viens à la maison" ou "Histoires de roses" où se dévoile un Lamoureux sensible, humaniste, attendri qui sait dire avec des mots simples la fuite du temps, la chaleur de l'amitié ou la complicité amoureuse d'un vieux couple.
A la fin des années 50, Robert Lamoureux délaissera le music-hall pour le cinéma et le théâtre.
Et son talent d'auteur et de comédien va s'épanouir. Il serait trop fastidieux d'énumérer ici les titres des pièces à succès qu'il a créées. Rappelons nonobstant qu'il joua en 1951 aux côtés d'Edith Piaf dans La p'tite Lily à l'ABC; qu'il fut l'interprète de Marcel Achard (Turlututu), de Sacha Guitry (Désiré); que sa première pièce écrite en 1956 s'appelait "La brune que voilà" et qu'elle remplie la salle du Théâtre des Variétés pendant deux ans. Depuis lors, il est l'auteur d'une quinzaine de pièces qui ont toutes fait au moins quatre cent représentations. La dernière en date, "Si je peux me permettre", se joue toujours à guichets fermés depuis deux ans.
Voilà donc brièvement évoqué la carrière d'un artiste qui sait écrire des chansons, les chanter, écrire des sketches, les dire, jouer la comédie au cinéma comme au théâtre.
Dans le panthéon des grands humoristes du vingtième siècle, Robert Lamoureux tient une place de choix, quelque part entre Noël-Noël, Fernand Reynaud et Coluche. Et, comme le rappelle Michel Leeb, il a ouvert la voie..
Biographie
Né dans un milieu modeste, Robert Lamoureux met fin à sa scolarité à la fin de l'école primaire puis effectue des petits boulots, dès l'âge de 19 ans. En 1940, il est mobilisé à Issoire, puis aux Chantiers de jeunesse, avant de reprendre la vie civile dans Paris occupé. Après la fin de la guerre, il devient comptable dans la Société des Houillères du Sud-Oranais de Kenadsa, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Colomb-Béchar, en Algérie. Il fait ses premières armes de bonimenteur sur le plateau de théâtre de la salle des fêtes des Houillères de Kenadsa. Il revient ensuite à Paris, pour exercer la profession de représentant commercial pour des machines à écrire.
Robert Lamoureux commence sa carrière au Théâtre des Trois Baudets où le producteur Jacques Canetti le fait débuter en 1949, dans le spectacle 39,5° une revue montée par Pierre Dac et mise en scène par Yves Robert. Lamoureux commence son numéro, assis dans la salle, puis grimpe sur scène pour interprèter ses propres chansons et réciter des monologues cocasses. Il touche dès 1950 toutes les facettes du spectacle : music-hall, disque, radio, théâtre, etc. Il est l'auteur de quatorze pièces plaisantes, drôles et non exemptes d'une certaine critique sociale, dont certaines tiennent l'affiche plusieurs années et font l'objet de multiples reprises comme La Soupière en 1971 ou L'Amour foot en 1993.
En 1950, il enregistre son premier disque qui reçoit le Grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros pour la chanson Papa, Maman, la Bonne et moi avant que le cinéma ne s'intéresse à lui. De cette année date le sketch qu'il a écrit et interprété, La Chasse au canard, dans lequel se trouve la fameuse phrase : « Et le canard était toujours vivant... », rapidement devenue une expression qui signifie désormais : « Le problème est toujours présent ».
Il connaît de gros succès dans les années 1950, avec des comédies de théâtre de boulevard, où il impose un personnage mince, séduisant et drôle. De cette époque, on peut aussi retenir les films Papa, Maman, la Bonne et moi (1954) de Jean-Paul Le Chanois, inspiré d'un de ses numéros de cabaret, et Papa, Maman, ma Femme et moi (1955), du même réalisateur. En 1955, il joue avec Betsy Blair dans Rencontre à Paris. Il incarne deux fois un Arsène Lupin plein de gouaille (Les Aventures d'Arsène Lupin, 1956, de Jacques Becker ; Signé Arsène Lupin, 1959, d'Yves Robert).
En 1960, il passe derrière la caméra pour réaliser des films adaptés de pièces de boulevard dont il est l'auteur (Ravissante et La Brune que voilà), qui connaissent des succès en salles mais rebutent la critique. Après une longue éclipse au cinéma, Robert Lamoureux réinvente le vaudeville militaire avec notamment la série de la Septième Compagnie, dont les exploits remplissent les salles : Mais où est donc passée la septième compagnie ? (1973), On a retrouvé la septième compagnie (1975), La Septième Compagnie au clair de lune (1977). On le retrouve dans L'Apprenti salaud (1977) de Michel Deville. Mais Robert Lamoureux avoue que le cinéma l'ennuie : il préfère le théâtre auquel il consacre l'essentiel de sa carrière.
Robert Lamoureux écrit des chansons comme Papa, Maman, la Bonne et moi ou Histoire de roses, ainsi que quelques poèmes comme L'Éloge de la fatigue, écrit après avoir vu Cyrano de Bergerac au théâtre. En 1972, il a un différend avec Claude François : Robert Lamoureux avait écrit le texte d'une chanson Viens à la maison et Claude François interprète alors une chanson portant le même titre (paroles : Frank Thomas, Jean-Michel Rivat, musique : Jean-Pierre Bourtayre, Claude François, Jean-Michel Rivat). Robert Lamoureux et le compositeur (Henri Bourtayre, père de Jean-Pierre Bourtayre) portent plainte pour plagiat et obtiennent gain de cause, Claude François portera finalement le titre Y'a le printemps qui chante (Viens à la maison) De sa première femme, une amie d'enfance, épousée à 22 ans, il a eu trois enfants. Robert Lamoureux épouse, en secondes noces, Magali Vendeuil, pensionnaire de la Comédie-Française, morte le 12 janvier 20096 et dont il a eu une fille.
Décédé le 29 octobre 2011 des suites d'un coma, il est inhumé le 4 novembre 2011 auprès de sa femme Magali Vendeuil à Neauphle-le-Vieux (Yvelines), après des obsèques religieuses en l'église de Boulogne-Billancourt. Il a quatre enfants.
Cinéma
Réalisateur
1960 : Ravissante
1960 : La Brune que voilà
1973 : Mais où est donc passée la septième compagnie ?
1974 : Impossible... pas français
1975 : On a retrouvé la septième compagnie
1975 : Opération Lady Marlène
1977 : La Septième Compagnie au clair de lune
Acteur
Cinéma
1951 : Le Roi des camelots d'André Berthomieu : Robert
1951 : Le Don d'Adèle d'Émile Couzinet : lui-même
1951 : Au fil des ondes de Pierre Gautherin
1951 : Chacun son tour d'André Berthomieu : Robert Montfort
1952 : Allô... je t'aime d'André Berthomieu : Pierre Palette
1953 : Lettre ouverte d'Alex Joffé : Martial Simonet
1953 : Pattes de velours (L'incantevole nemica) de Claudio Gora : Roberto Mancini
1953 : Virgile de Carlo Rim : François Virgile
1954 : Escalier de service de Carlo Rim : François Berthier
1954 : Papa, Maman, la Bonne et moi de Jean-Paul Le Chanois : Robert Langlois
1955 : Le Village magique de Jean-Paul Le Chanois : Robert
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry : Latude
1956 : Papa, maman, ma femme et moi de Jean-Paul Le Chanois : Robert Langlois
1956 : Rencontre à Paris de Georges Lampin : Maurice Legrand
1956 : Une fée… pas comme les autres de Jean Tourane : le narrateur
1957 : L'amour est en jeu de Marc Allégret : Robert Fayard
1957 : Les Aventures d'Arsène Lupin de Jacques Becker : Arsène Lupin
1958 : La Vie à deux de Clément Duhour : Thierry Raval
1959 : Signé Arsène Lupin d'Yves Robert : Arsène Lupin
1960 : La Française et l'Amour La Femme seule de Jean-Paul Le Chanois : Désiré
1960 : Ravissante de Robert Lamoureux : Thierry
1960 : La Brune que voilà de Robert Lamoureux : Germain
1973 : Mais où est donc passée la septième compagnie ? de Robert Lamoureux : colonel Blanchet
1974 : Impossible... pas français de Robert Lamoureux : le jardinier
1975 : On a retrouvé la septième compagnie de Robert Lamoureux : colonel Blanchet
1975 : Opération Lady Marlène de Robert Lamoureux : le général
1977 : L'Apprenti salaud de Michel Deville : Antoine Chapelot
1991 : Le Jour des rois de Marie-Claude Treilhou : Albert
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