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Bernard DIMEY / LA BLESSURE DE L'OGRE

Bernard DIMEY / LA BLESSURE DE L'OGRE

S2015
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GRAND PRIX ACADÉMIE CHARLES CROS /
UN LIVRE ÉDITIONS CHRISTIAN PIROT

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Un livre collection Chrisitan Pirot / 208 pages
La blessure de l'ogre
Auteur : Yvette Cathiard

" Il reste le roi de son village, les frontières du monde s'arrêtent rue Lepic, la muraille de Chine juste derrière. Il en est le poète et pour quelques-uns le bouffon. Pourtant à mesure que sa silhouette s'est alourdie son esprit s'est clarifié, comme une source limpide filtrée par son corps chargé de ses regrets, déjections, colères et amertumes, amours bafouées, petitesses et médiocrités. Il cohabite avec cette intime souffrance devenue douce tant elle est familière de ses propres limites. Mandarin incontesté d'un royaume en trompe-l'œil, il règne sur ses espoirs en friche, ses projets retombés en jachère, les transformant suivant l'heure en richesse ; une chance dans ce monde déclassé d'être inclassable et de s'abandonner aux caprices du hasard qu'on pourrait appeler destin.
Bernard Dimey 1931-1981 Chaque époque a les poètes qu’elle se choisit. Ceux qui lui ressemblent et savent faire la roue ; et puis quelques “ maudits ” qui, se rappelant la fable du loup et du chien, de La Fontaine, la troublent et la séduisent en refusant et la gamelle et le collier. Chaque époque a donc les poètes qu’elle mérite… et, le plus souvent, passe distraitement à côté des autres : des plus fragiles, c’est-à-dire des plus profondément meurtris. Peut-être aussi des plus lucides, si l’on partage le sentiment de René Char selon lequel la lucidité serait “ la blessure la plus rapprochée du soleil. ” Bref, ceux qui ne se voient ni dans la peau d’un loup ni dans celle d’un chien, et qui refuseront toujours de prêter allégeance à ce que Bernard Dimey appelait “ ces dieux moribonds tournant au gré des vents / Que sont l’orgueil, la peur ou le désir de plaire. ” Lucide (c’était d’ailleurs, de manière assez prémonitoire, son troisième prénom), Bernard Dimey le fut jusqu’à pratiquer parfois l’autodérision (“ Ivrogne, et pourquoi pas ? ”, “ Je finirai ma vie à l’Armée du Salut ”) ; lui qui, par interprètes interposés (Salvador, Zizi Jeanmaire, Montand, Jean-Claude Pascal, Mouloudji, Les Frères Jacques, Michel Simon, Gréco, Aznavour, Philippe Clay, Reggiani, Tino Rossi, Jean Sablon, Catherine Sauvage et bien d’autres), connut tous les succès, mais préféra toujours écrire ses vers sur les simples guéridons des bistrots bruyants de Montmartre. Car Bernard Dimey fut le dernier grand poète de la Butte, à une époque où cette dernière, envahie par les cars de touristes, les barbouilleurs de niaiseries et les vendeurs de fanfreluches, était déjà passablement désertée par l’authentique bohème qui avait fait sa réputation. Ceux qui n’étaient pas morts avaient désormais plié bagages ou s’étaient réfugiés dans une distance un peu hautaine. Mais pas Dimey, dont la lourde silhouette, parfois gauche de trop de tangage, à la sortie d’un de ses bars d’attache, faisait à ce point partie du paysage qu’aujourd’hui encore elle manque aux habitués du coin, comme manquent longtemps après leur disparition un monument déboulonné, un cinéma démoli, un bout de square rasé ou une fontaine détruite. Avec sa trogne d’ogre et cette facilité de plume qui le faisait ressembler à une source dont les alexandrins jaillissaient à jet continu, Bernard Dimey n’était pas - ne pouvait pas être - un poète éthéré. Ses thèmes de prédilection étaient le quotidien des petites gens, l’amour rongé par l’usure, les promesses non tenues d’une jeunesse enfuie et l’inlassable combat - gagné chaque jour, mais chaque jour un peu plus difficilement - contre celle qu’il appelait “ La Vieille ”. Cette mort devant laquelle il joue à faire le brave (“ Fini le mal de vivre et de gagner son pain… ”), et qui, finalement, le rattrapera à la veille de ses cinquante ans. Bernard Dimey, né Bernard Georges Lucide Dimey le 16 juillet 1931 à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne) et mort le 1er juillet 1981 dans le 18e arrondissement de Paris, est un poète, auteur de chansons et dialoguiste français. Biographie Maison natale de Bernard Dimey, à Nogent (France). Il commence à faire de la radio, puis écrit dans la revue Esprit. Il s'intéresse à la peinture (il a peint sous le nom de Zelter). Il s'installe à Paris à 25 ans sur la Butte Montmartre dont il sera un « amoureux ». Il ne la quittera plus. Il y fréquente les bistrots où il rencontre les artistes qui deviendront ses amis : Jean-Claude Annoux, Francis Lai, Charles Aznavour, Léo Ferré. Christian Laborde raconte ainsi avoir vu Claude Nougaro à quatre pattes dans l'appartement de Bernard Dimey, y « tondant le gazon » (la moquette du salon) avec une lime à ongles. C'est aussi ce «père de mots» qui prit sous son aile Jean-Louis Foulquier, quand ce dernier débarqua à Paris : « J'étais un gamin venant de La Rochelle, avec une histoire turbulente qui aurait pu mal finir. J'étais plutôt rock and roll dans ma tête. Et voilà que Dimey passait sous ma fenêtre et m'invitait à le suivre chez le bouquiniste. Aujourd'hui encore, quand j'hésite pour prendre une décision, je me demande ce que dirait Dimey si je le croisais dans les rues de Montmartre. » Et il commence à écrire ses poèmes, dont beaucoup deviendront des chansons, et des textes de chansons, dont certaines mises en musique par Jean Bertola. Quelque-unes de ces chansons ont obtenu un grand succès et sont restées dans les mémoires : Syracuse, Mémère, Mon truc en plume. Henri Salvador racontait ainsi la naissance de Syracuse : « Bernard Dimey avait débarqué un soir. Il a vidé mon frigidaire, il était saoul. Il m'a dit : "On va faire la plus jolie chanson du monde, avec les plus belles paroles du monde." Je me suis mis au piano. Il avait fini les paroles avant la musique : "Les voiles des bateaux qui s'en allaient aux îles". » Il est ainsi chanté par de nombreux interprètes, dont Yves Montand, Charles Aznavour, Serge Reggiani, Henri Salvador, Patachou, Juliette Gréco, Les Frères Jacques, Mouloudji, Jean-Claude Pascal, Michel Simon (Mémère), Jean-Claude Annoux, Jehan, Véronique Soufflet, sa fille Dominique Dimey et Iggy Pop. Plusieurs de ses poèmes sont en argot dans la tradition gouailleuse de Bruant. Quelques-uns sont des monologues faisant s'exprimer des personnages du vieux Montmartre qu'il a connus, par exemple des travestis Au cinéma, il écrit ou co-écrit quelques dialogues dont Le Magot de Josefa. Il est aussi acteur dans Tant qu'on a la santé de Pierre Étaix. Le dernier domicile de Bernard Dimey (13 rue Germain-Pilon, à Paris)8 Un autre aspect de Bernard Dimey est rarement évoqué : son talent de dessinateur et de peintre. Il signe quelques toiles sous le pseudonyme de Zelter pendant quelques années à Troyes. À vingt-cinq ans, il abandonne ses pinceaux. En outre, il ne souhaitait pas que soient publiés ses romans de jeunesse, ouvrages très influencés par les écrits de Jean Giono. Il partage sa vie avec Yvette Cathiard, artiste-peintre, sculpteur, qui écrira La Blessure de l'Ogre, ouvrage retraçant leurs quatorze ans de vie commune. Ce livre publié en 1993 aux éditions Christian Pirot a obtenu le grand prix de littérature Charles Cros. En 1977, il retrouve par hasard, à Montmartre, sa fille, Dominique, artiste elle aussi. Ils ne se connaissent pas, c'est un pur hasard qui les fait se rencontrer. Cela est décrit dans le spectacle de sa file Dominique Bernard Dimey père et fille. En 1978, il se produit au théâtre de Dix Heures quand il ne « beaujolise » pas. La rue Bernard-Dimey est nommée en son honneur dans le 18e arrondissement de Paris. Il est inhumé à Nogent. Chansons Les chansons les plus connues dont Bernard Dimey avait signé les paroles sont : Mon truc en plume, chantée par Zizi Jeanmaire ; Syracuse, créée par Jean Sablon puis reprise par Henri Salvador son compositeur, Yves Montand, François Deguelt, Jacques Bertin et Iggy Pop ; Mémère, chantée par Michel Simon. Il en est d'autres, moins connues : Merci à vous, chantée par Jean Sablon Frédo, chantée entre autres par les Frères Jacques Si tu me payes un verre, chantée entre autres par Serge Reggiani Une soirée au Gerpil, chantée par Mouloudji La Femme du marin, chantée par Francesca Solleville La Salle et la Terrasse, chantée par Charles Aznavour Les Seigneurs, chantée entre autres par Tristan Léa et Serge Reggiani Madame la Marquise a dit, chantée par les Frères Jacques Paris par cœur, chantée par Hélène Martin Le Gavroche, chantée par Serge Grégor La cervelle, chantée par Jean Ferrat et Zizi Jeanmaire Dimitri, chantée par Juliette Gréco Noël d'Aubervilliers, chantée par Mireille Mathieu Quartier des Halles, chantée par les Frères Jacques L'Amour et la Guerre, mise en musique et chantée par Charles Aznavour (1960). En 1960, pendant la guerre d'Algérie, cette chanson pacifiste est interdite sur les ondes nationales. Elle sera la bande son du film de Claude Autant-Lara « Tu ne tueras point ». Après la mort de Dimey, plusieurs interprètes se sont essayés à d'autres mises en musique : Charles Aznavour chante Dimey par Charles Aznavour (1983) Dimey chante Dimey par Dominique Dimey Divin Dimey par Jehan Les Enfants de Louxor, chanté par Véronique Soufflet Le groupe Mon côté punk et Mélanie Dahan interprètent aussi quelques textes de Dimey. Valérie Mischler chante également Dimey (Spectacle et CD Valérie Mischler chante Dimey) Dis moi tout Dimey interprété par Emmanuel Depoix et Delphine Grandsart créé en 2011 avec des musiques originales de Emmanuel Depoix . Ce qu'ensemble on a vu par Rémo Gary (sur l'album Quand le monde aura du talent En 2012 Eric Frasiak met en musique et interprète Ivrogne et pourquoi pas ? (Album : Chroniques. crocodile Productions) L'Homme de la manche : un spectacle « théâtre et chansons » joué et chanté par Jean-Michel Piton. 28 textes de Bernard Dimey dont 12 mis en musique. En 2015, un collectif d'artistes haut-marnais sort l'album Dimey Pluriel avec l'aide de l'association Bernard Dimey. Poésie Le Bestiaire de Paris Le Bestiaire de Paris est sans doute son œuvre la plus ambitieuse et la plus achevée. Cette suite de 66 quatrains en alexandrins passe en revue avec nostalgie les images d'Épinal d'un Paris populaire et bohème, pour déboucher sur une vision apocalyptique. Comme beaucoup de poèmes de Dimey, le Bestiaire de Paris bénéficie d'un accompagnement musical de Francis Lai, que le compositeur interprétait lui-même à l'accordéon. Il fut enregistré à deux reprises : en 1962, par Pierre Brasseur et Juliette Gréco, et en 1974 par l'auteur, Magali Noël et Mouloudji. Le CD présente les deux versions. Autres poèmes À côté de ses paroles de chansons, Bernard Dimey a écrit des poèmes proprement dits. Il a enregistré lui-même plusieurs albums où il interprète, en général sur fond d'accordéon, des textes comme : Au Lux bar Je vais m'envoler Le Regret des bordels Monsieur le duc Les Enfants d'Attila De son vivant ils les avait fait paraître sur plusieurs vinyles (aux disques Déesse) : Ivrogne et pourquoi pas Volume 2 - L'hippopotame Je finirai ma vie à l'Armée du salut Le Bestiaire de Paris Poèmes à bretelles Testament vol. 1 & 2 Il a également participé à : Les bordels comme si vous y étiez - Soirée poétique et musicale de Bernard Dimey (disques Mouloudji) Wikipédia

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