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LETTRES DE ALFRED de VAISSIÈRE...
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LETTRES DE ALFRED de VAISSIÈRE (1859-1862) / ALFRED de VAISSIÈRE

754405
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Temps restant
Entre 1859 et 1862, plongeons avec délectation dans les tribulations d'un gentilhomme auvergnat embarqué de son plein grès dans les "grandes campagnes" de la France du second Empire !
Heureux qui comme Alfred a voyagé d'Italie en Cochinchine et puis est retourné plein d'usage et raison vivre au fin fond du Cantal !

Livre 100 pages ( cahier central 4 pages - photo )

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Les 5 premières pages


Chaque fois que j’entre dans ma maison de Ferrières-Saint Mary j’ai une pensée pour Alfred de Vaissière, mon arrière-grand-père, dont il y a la photo dans le vestibule près de celle de son épouse Caroline. C’est lui qui, il y a plus d’un siècle, l’a construite parce que la Gazelle, la maison de famille à Anglard de Saint-Flour, lui avait échappé au profit de son frère René. C’est dans cette maison, entre mon grand- père, Pierre, un fils d’Alfred et ma mère Elisabeth, que j’ai passé près de mon frère et ma sœur aînés les quatre premières années de ma vie. De cette époque, j’avais trois ans et demi, je ne me souviens que de la joie et de l’émotion de maman le beau jour de novembre 1943, où mon père, Michel Rochette de Lempdes, est revenu, de sa longue captivité en Allemagne. C’est dans cette maison qu’avec mes frères et sœurs, Jean-Blaise, Marguerite, Arnaud (qui y est né) et Sabine, nous avons passé toutes nos vacances avant d’y revenir, tous les ans, à mon tour mère de famille, avec mes cinq enfants. C’est là aussi que j’ai aujourd’hui le bonheur d’accueillir mes treize petits-enfants (dont trois ont été baptisés dans l’église du village).
A ma reconnaissance s’est ajouté un sentiment de complicité lorsque, lisant ces lettres (recopiées et annotées par Yves) tour à tour pleines de fureurs guerrières, de la tendre douceur des sentiments familiaux et des mélancolies de l’absence, je suis tombée sur une phrase qui m’a semblé m’être adressée personnellement. « Ma principale occupation est la boustifaille » écrit de Pavie mon arrière-grand-père, le 17 sepembre 1859 alors qu’il se remet à peine des horreurs de Solferino. Eh bien en cela je lui ressemble ! Moi aussi quand je suis à Ferrières avec mes enfants et mes petits-enfants (nous sommes vingt-quatre autour de la table) « ma principale occupation est la boustifaille » !
Plus que la reconnaissance pour la bonne idée d’avoir construit Ferrières, cette complicité dans « la boustifaille » fut le déclic. C’est elle qui m’a donné l’idée de « faire suivre » à ses nombreux descendants, les lettres, retrouvées au grenier, qu’il a adressées à sa famille de l’autre bout du monde il y a cent soixante ans. Je voudrais que chacun d’eux, même, s’il n’a pas la chance, comme moi, de lui dire un petit bonjour en entrant dans sa maison, trouve dans les lignes tracées par notre aïeul commun une phrase, une réflexion, l’expression d’un sentiment qui s’adresse personnellement à lui. La famille c’est ça : une continuité nourrie par le dialogue avec ceux qui nous ont précédés comme avec nos enfants.

Marie-Laure de Tarlé



Lettres d’Italie

Direction générale des Postes  Paris le 26 avril 1859

Chère Maman, je viens d’être désigné en qualité de commis de trésorerie pour faire partie de la première expédition de l’armée des Alpes (qui partait aider Victor-Emmanuel, le roi de Piémont-Sardaigne à libérer le nord de l’Italie de la tutelle autrichienne, ce qui sera à l’origine de l’unité italienne). J’ai fait adresser ma demande avant-hier et à l’instant même je reçois l’ordre d’être rendu à Marseille vendredi. Je n’ai pu, bonne Mère, et vous cher Papa, vous demander le moindre conseil et c’est la seule chose qui me contrarie en cette circonstance, mais vous voyez, le temps m’a manqué. Cependant je suis assuré que vous me savez assez raisonnable pour n’avoir pris cette détermination qu’en toute connaissance de cause et après examen.

J’ai échangé mes 1500 F d’appointements contre 2400 F. J’ai en outre une somme pour l’entrée en campagne mais je ne connais pas encore le chiffre, et puis des frais de bureau. Mon dossier n’est plus à l’administration des Postes. Je suis rayé des cadres et je relève directement du ministère des Finances, aussi à mon entrée en France il me sera très facile d’avoir une perception. C’est du reste ce que l’on m’offrira. C’est donc, vous le voyez, dans l’intérêt de mon avenir que j’entre- prends cette expédition.

Je suis désigné pour Gênes et toute l’Italie. Je ne suis pas mal partagé vous le voyez. Maintenant la question principale pour moi est de venir vous embrasser à Saint-Flour. Ne me serait-il permis d’y rester une heure ou deux ? Je vais soulever ciel et terre pour cela. C’est demain qu’on me délivre ma feuille de route. C’est le ministère de la Guerre à qui je vais avoir à faire et je vais être traité comme un officier : mili- tairement. Je vous écrirai demain et vous donnerai d’autres détails et vous annoncerai le jour de mon passage à Saint-Flour. Je vous assure que j’ai extrêmement à faire, je ne sais où donner de la tête mais j’ai toujours commencé par penser à vous.

Alfred.



Paris le 27 avril 1859

Ma chère maman, à l’heure du départ du courrier je ne puis savoir encore s’il me sera permis de passer par Saint-Flour pour me rendre à Marseille. Si j’ai le bonheur de vous embrasser avant de partir je serais à Saint-Flour vendredi soir avec le courrier. Si donc vous ne me voyez arriver par cette voie veuillez, je vous prie, m’écrire poste restante à Marseille à Monsieur A de Vaissière, commis de trésorerie à l’Armée des Alpes. Vous devez penser combien je serais impatient d’avoir quelques bonnes paroles de vous.

Si vous saviez combien j’ai fait de marches et de contremarches de- puis hier matin et cela pour avoir enfin ma feuille de route. C’est mon-sieur Delouvrier qui m’a fait nommer ce qui ne m’a pas empêché de solliciter à droite et à gauche, chez des chefs de division de bureau de l’Administration des Postes et au Ministère.

J’ai, entre mes courses auprès de mes chefs futurs et passés, pas mal à faire pour mes affaires personnelles. Mais enfin je vous assure que j’en ai pris mon parti et ce que je ne pourrai pas faire je le laisserai. J’ai l’espoir de vous voir et, si vouloir signifiait pouvoir, vous le pensez bien, je serais certain de mon affaire. A vendredi donc, espérons-le, le plaisir de vous donner de plus amples détails et de vive voix.

A de V.

 


Marseille 3 mai 1859

Chère Maman, nous sommes à Marseille depuis samedi soir et nous nous embarquons ce soir à trois heure. Les exigences du service nous ont forcés de rester ici tout ce temps-là. Nous serons à Gêne demain dans l’après-midi et de là nous irons rejoindre nos divisions respec- tives. Maintenant je vais aborder la grande question, celle des finances : j’ai touché en quittant Paris 1200 francs. Les deux costumes avec l’épée me reviennent 600 fracs. J’ai maintenant la selle de mon che-val, mon départ de Paris, les frais de route qui m‘ont absorbé pas mal d’argent. J’arriverai donc à Gêne avec 200 francs à peu près dans ma poche mais j’aurais mon cheval à payer 650 francs. J’ai pris une bête solide et tranquille qui m’aurait couté bien plus cher si je l’avais achetée ailleurs qu’à la remonte. Il faut que je verse l’argent d’ici une dizaine de jours. Vous voyez que j‘ai bien besoin de votre secours et que 600 francs me sont indispensables. Maintenant cette somme n’est qu’une avance car en rentrant de la campagne je vendrai mon cheval et vous rembourserai cette avance de fonds Vous me demanderez comment font mes collègues ? Ils font tous comme moi. J’espère donc, chère maman, que vous comprendrez que si je vous demande cette somme ce n’est point une affaire de jeune-homme mais une question sérieuse. Je donnerai de ma poche 50 francs et il me faudra bien la vôtre pour passer mon mois. En campagne ce n’est pas comme à Paris, il faut au moins avoir une centaine de francs devant soi car il faut tout prévoir. Pour l’envoi vous n’avez qu’à m’envoyer des billets de banque dans une lettre chargée avec l’adresse ainsi : M de V., commis de trésorerie 1er corps d’armée, troisième division, par Marseille ; Rien que ça et elle m’arrivera. Je vous ai dit que d’ici une dizaine de jours il me fallait verser l’argent ; vous comprenez combien il me tardera de recevoir cette somme.

Voici une chose qui va vous faire plaisir, je m’embarque ce soir avec le capitaine de Brives (1) qui va à Gêne. Nous nous portons tous les deux parfaitement et aussi heureux l’un que l’autre de partir.
Je vous écrirai souvent, chère maman, car après mon installation sous la tente j’aurais très probablement beaucoup de temps à moi. Je vous donnerai de longs détails sur mon genre de vie etc. J’ai, outre les dépenses dont je vous ai parlé, acheté deux cantines, un lit de campe- ment et des peaux de moutons. Vous voyez que j’ai employé utilement mes 1200 francs et que si je vous demande cette somme c’est qu’il m’est impossible de faire autrement. Je vous embrasse comme je vous

aime, de tout mon cœur.

A de V.



Gênes 14 mai 1859

Chère maman, j’ai eu un assez triste début dans ma campagne. Je viens d’avoir un panaris au médium de la main droite. J’ai beaucoup souffert mais je vais beaucoup mieux, la preuve c’est que je puis vous tracer ces lignes. Je vous écris de l’hôpital où je suis depuis dimanche dernier. J’ai été soigné parfaitement et mon mal a été mené militaire- ment, les coups de bistouri m’ont été prodigués. Je sors demain et en somme ces huit jours de séminaire m’auront fait beaucoup de bien, j’ai été purgé deux jours de suite et me voila frais et dispos. J’en ai encore pour une huitaine de jours pour que la plaie se cicatrise et pour ne pas être gêné mais c’est une affaire de patience. Lundi matin je quitte Gênes pour aller rejoindre ma division qui est en avant. Je vais à Arquata pour quelques heures peut-être et de là probablement j’irai à Novi.

A part ce fâcheux contretemps je suis enchanté, ravi de mon voyage. Quel beau pays et que de grands évènements je vais voir se dérouler. Nous avons eu une très mauvaise mer ce qui nous a forcés de mouiller à Nice. Je n’avais jamais rêvé un pays aussi beau : quelle délicieuse ville ! Comme je commençais à souffrir de mon doigt et que j’avais eu le mal de mer assez fort, à Nice j’ai abandonné le navire et suis venu à Gênes par Monaco et la Savoie. Arrivé à destination j’ai aperçu la ville et ses splendides palais, mais le mal l’a emporté et le surlendemain je suis entré à l’hôpital. Je suis avec quelques officiers qui, comme moi, sont libres toute la journée. Nos fenêtres donnent sur la ville et sur la mer quel beau coup d’œil ! Et avant-hier nous avons vu arriver l’Empereur. Je n’ai jamais vu à Paris une illumination semblable à celle qui resplendissait ici le soir.

Je pourrais et désirerais vous en dire bien plus long mais ce sont les premières lignes que je trace et je crains de me fatiguer. Du reste je n’ai pas encore la main bien sûre et je ne sais si vous pourrez me lire. Je n’ai pas encore reçu de vos nouvelles depuis que je vous écrivais de Marseille mais je trouverai mon courrier à Arquata où je suis atten- du depuis deux ou trois jours. Veuillez faire savoir à toute la famille la cause si majeure de mon silence et leur dire à tous qu’aussitôt que j’irai mieux je leur écrirai. Agréez, Chère maman et Cher Papa, les caresses

de votre fils.

A.de V.



Ponte Corone, le 18 mai 1859

Mon cher Papa j’arrive à l’instant de ma division où l’on m’a remis la lettre de maman contenant les 600 francs que vous avez bien voulu m’envoyer. Je vous remercie beaucoup, cher et bon père, mais j’espère, aussitôt la campagne finie, vous prouver que ce n’est qu’une avance de fonds. J’ai voulu être bien guéri en sortant de l’hôpital et je suis resté jusqu’à lundi soir. Je vais très bien maintenant et physi-quement et moralement. Cette indisposition m’aura fait du bien. C’est, en débutant, le « mémento pulvises » ! Je suis donc parti hier, mardi, de Gênes avec armes et bagages jusqu’à Saravasse et, là, je suis monté à cheval et j’ai commencé ma première étape de neuf lieues et suis arrivé le soir à Costona, petite ville de 7 ou 8000 âmes où se trouvaient trente mille hommes de troupes françaises. Les Autrichiens 4 ou 5 jours avant, avaient occupé la ville et ils avaient largement usé du droit de guerre. Après une bonne nuit de repos je suis reparti pour Ponte-Corone où je suis arrivé ce matin à huit heure. Nous repartirons probablement ce soir. Mon cheval a très bien marché et je crois que j’ai fait une bonne affaire. J’ai un excellent payeur et un charmant collègue et nous nous entendons très bien tous les trois. Je me suis mis à la be- sogne aussitôt après mon arrivée et j’aurai, à ce qu’il parait, beaucoup à faire. Sous ce rapport j’en ai vu bien d’autres.

Le quartier général du maréchal Baraguey d’Hilliers est ici en ce moment mais nous ne sommes pas aux avant-postes et le bruit cours qu’il y a eu cette nuit un accrochage avec les Autrichiens. C’est un spectacle bien curieux que l’on voit dans ces petites villes de cinq ou huit mille habitants âmes où tombent à la fois trente ou quarante mille hommes. Ponte Corone est occupée depuis hier et toutes les auberges sont fermées faute de vivres de sorte que nous sommes obligés de vivre avec les rations que le gouvernement nous donne : du pain, du bœuf, du sel, du café et une légère ration de vin. Nous sommes logés dans un palais splendide décoré de peintures ravissantes, mais ces beaux salons sont peu respectés. En revanche hier à Cortona j’ai eu un billet de logement pour une église où j’ai couché et bien dormi grâce à mon lit de camp. Voila, cher Papa, quelques détails. Je vous promets de vous écrire à chaque courrier cependant ne soyez pas inquiet si vous ne recevez pas exactement de mes nouvelles : le service postal est très mal organisé.

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